La rencontre
En ce week-end de la journée du patrimoine de l'année 2025, Nicolas ne sait pas quoi visiter. Il aimerait bien faire des efforts et se tourner vers quelque chose de plus ancien. S'il s'écoutait, il préfèrerait aller à un vide-grenier ou une foire présentant toute une collection de vieux bolides. Mais pas cette fois. Un peu de changement ! D'ailleurs le temps n'est pas superbe et la température n'avoisine que les 18 degrés. Même sa compagne, Sophie, veut visiter un monument ancien, ou quelque chose en lien avec la culture et l'Histoire. Elle a d'abord pensé au château de Versailles mais l'endroit risque d'être bondé, sans compter les étrangers arrivant par armadas de bus.
Une idée vient à l'esprit de Nicolas. Pourquoi pas le Musée Condé à Chantilly ? Ce lieu, qu'ils n'ont jamais eu l'occasion de visiter regorge de toutes sortes de tableaux et autres objets plus anciens les uns que les autres. Après concertation, les deux se décident pour le musée. Le temps risque d'ailleurs de laisser arriver plusieurs averses, surtout le dimanche.
Donc ce jour-là, notre couple se dirige en début d'après-midi vers le Musée Condé. Il y a du monde sur place mais principalement des adultes et des personnes d'un certain âge, curieux de découvrir tout ce qu'abrite ce bâtiment. Le début de la visite les emmène dans plusieurs salles présentant divers objets et toiles. Puis en entrant dans une pièce, légèrement plus petite que les précédentes, Nicolas remarque quelque chose qui attire son attention : un énorme livre enfermé dans sa vitrine. Certes il en a vu d'autres quelques minutes auparavant mais celui-ci affiche une certaine particularité. Selon la légende inscrite à droite de la vitrine, il a été rénové puis remis à l'exposition du grand public depuis fin Août 2025, il s'agit des Très Riches Heures du Duc de Berry, réalisé par les frères de Limbourg à la demande de ce même duc, ou du moins commencé aux alentours de l'année 1413. Il comprend des traités lithurgiques avec des prières à réciter, des chants ou encore des évangiles tout au long de chaque journée. Nicolas s'approche de la vitrine et observe l'ouvrage en question. Le livre est fermé, mais la couverture l'intrigue. On peut y distinguer un château prêt à être assiégé par un groupe de soldats. Nicolas croit alors se souvenir qu'il existe un lien avec une guerre. Comment s'appelle-t'elle déjà ? Ah oui...la Guerre de Cent Ans. Même s'il n'est pas un grand connaisseur de l'Histoire médievale, le quadragénaire ne peut s'empêcher de ressentir une sorte d'admiration pour tout le travail artistique minutieux que cela avait requis en ces temps reculés peuplés de soldats, de rois et autres grands personnages.
Notre visiteur poursuit sa contemplation lorsque soudain, quelque chose qui semble s'apparenter à une lumière très lointaine se manifeste autour du livre. Cette même lumière grandit jusqu'à se rapprocher de Nicolas. Ce dernier a un mouvement de recul jusqu'à ce qu'elle finisse par l'envelopper complètement.
Nicolas ouvre les yeux. Il ne se souvient pas avoir fait de sieste. Réalisant qu'il est étendu sur de l'herbe assez grasse, il se redresse brusquement. Qu'est-ce que c'est que ce bazar ? Se dit-il. Il est dehors, sous un ciel bleu et une chaleur assez pesante. Il se met à scruter les alentours et tout ce qui se trouve à sa proximité. De grandes tables ont été dressées, de type très ancien. Un grand château se trouve à environ cinquante mètres de lui et non loin de là, se trouvent quelques personnes. Ce qui frappe Nicolas, ce sont leurs vêtements. Ils sont habillés..comme à l'époque médiévale. Le groupe réuni a l'air de fêter quelque chose, soit un événement comme un mariage ou un anniversaire. Au vu de leurs costumes, Nicolas opte plutôt pour un mariage. Il n'entend pas de suite un son lointain qui se rapproche de lui. Il remarque l'assistance se tourner vers sa direction si bien qu'il finit par faire volte-face. Il voit un groupe de cavaliers se diriger vers eux au grand galop. Une fois le groupe arrivé, Nicolas réalise que l'un des cavaliers, lui aussi en costume du Moyen-âge, est plus richement vêtu. Peut-être est-ce quelqu'un de très important. Ses yeux noirs d'aigle prenent le temps d'examiner ce grand dadais vêtu d'une façon très étrange, les cheveux courts et noirs et de grands yeux verts un peu hébétés.
Un homme, relativement jeune, et qui doit être surement le marié en question, s'approche du cavalier, avant de jeter un regard en biais à Nicolas.
- Bonjour mon neveu. J'étais sur le point de ne pas pouvoir assister à vos fiançailles. La santé de votre cousin le roi Charles est plus défaillante que jamais, je le crains. Je suis heureux de vous revoir. Mais qui donc est ce vilain présent ici ?
Nicolas n'ose pas faire le moindre mouvement. Le duc De Berry, car c'est de lui dont il s'agit, continue de l'observer attentivement du haut de son destrier gris.
-Bonjour mon oncle. Je l'ignore. Il est vrai que je n'avais point remarqué sa présence à la feste. Que dois-je faire de lui ?
- Non. Je le trouve fort étrange mais une idée me vient à l'esprit. Je vais le faire amener à ma cour. J'ai besoin d'un bouffon pour me divertir.
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