Vingts ans se sont écoulés. Le Duc de Berry a été mis en terre depuis belle lurette. Nicolas ne se souvient plus précisément quand mais une chose est certaine, c'est qu'il lui sera éternellement reconnaissant. A présent, Nicolas a acquis un titre de noblesse, un château, des terres et même une épouse. Tout ceci a été offert par le Duc avant sa mort, pour l'avoir fait tant rire et l'avoir écouté.

Avec ce grand personnage, Nicolas a fini par comprendre que malgré sa très grande autorité, il était aussi pourvu d'une grande générosité et savait se montrer magnanime lorsqu'il nétait pas fourbe avec ses ennemis. Notre héros s'est habitué à lui et toute sa cour. Même le roi Charles VI, mort lui aussi, a fini par rencontrer le bouffon et arrivait à rire dans ses rares moments de lucidité.

Nicolas est heureux mais se sent diminué. Son épouse, Lila, qui n'est autre qu'une ancienne dame de compagnie de l'épouse de feu le Duc, s'est progressivement attachée à lui et encore aujourd'hui c'est une femme dévouée. Mais ces derniers temps, quelque chose cloche. Nicolas éprouve de plus en plus de fatigue et a des difficultés pour se déplacer seul. C'est arrivé brutalement d'ailleurs. Et il lui semble entendre des bruits lointains mais aussi des voix qui crient son prénom sans savoir leur provenance. Et c'est assez familier. Il a même la sensation de connaître ces sons.

Un après-midi, Nicolas informe sa femme qu'il souhaite se reposer dans leur chalbre. Arrivé près de son lit, le bouffon se rend compte que les voix reviennent de plus en plus malgré leur portée lointaine. Allongé dans son lit en essayant de ne pas en tenir compte, Nicolas s'endort paisiblement.

- NICOLAS!!!! MAIS BON SANG OU-ES TU ?

Le protagoniste se réveille en moins de deux secondes comme s'il vient de bondir de son lit.

Sauf qu'il n'est pas dans son lit. Et là, sa mémoire lui revient alors qu'elle s'est estompée avec le temps. Il se trouve dans la salle du Musée Condé de Chantilly, face au livre dans lequel il a vécu une bonne vingtaine d'années. En voyant Sophie, il court tout droit vers elle et lui dit:

- Sophie, si tu savais tout ce que je viens de vivre à l'instant, tu me traiterais de bouffon!