Je reprends l'écriture de ces carnets après quelques mois d'absence, pour vous raconter avec un peu de recul et de distance ces moments difficiles. Dans le dernier chapitre, je vous parlais des choix, certains sont évidents d'autres beaucoup plus compliqués. Malgré plusieurs relances, en propre et via mon assurance professionnelle mes problèmes de site internet sont aujourd'hui en stand by. J'ai tout repris à zéro, un nouveau nom de domaine, un nouvel hébergeur, des centaines d'heures pour réussir à importer en partie mes produits, tout reprendre à la main et heureusement grâce à une association géniale dont je fais partie "femmes des territoires" j'ai rencontré des supers personnes qui ont pu m'aider et ont réussi à rediriger mon ancien site vers le nouveau pour limiter la casse au niveau du référencement. Ce n'est malheureusement que la face visible de l'iceberg. Dans la foulée, j'avais lancé une demande de financement via France Active qui propose une garantie pour les femmes entrepreneuses qui n'a pas aboutie après plusieurs mois d'échanges, et une demande de micro crédit pour laquelle malheureusement je ne rentrais pas dans les cases. Ce qui m'amène à vous transmettre cette info avant de se lancer on envisage des milliers de scénarii, il est rare que cela se passe coimme prévu mais étudier les cases dans lesquelles il faudrait rentrer au cas où peut faciliter les plans b et c si nécessaire. Je me retrouve donc 6 mois après avoir lancé mon activité avec énormément d'investissements et une trésorerie au ras des pâquerettes. La vraie question lorsqu'on se lance n'est pas de savoir si votre rêve est réalisable, une fois le buisness plan et tous les documents établis, on peut espérer que tout fonctionne et c'est ce que je vous souhaite. Dans le cas inverse ou des troncs d'arbres et quelques trous béants apparaîtraient sur votre chemin, la vrai question et je remercie la sage personne qui me l'a posée c'est : jusqu'où es-tu prête à aller pour ton entreprise ? quelle est ta limite ? quel est ton état d'esprit ? L'entrepreunariat est un marathon et double peine pour les femmes qui gèrent majoritairement le foyer, la charge mentale est exponentielle. Bien sûr, je pourrais vous dire c'est génial d'être entrepreneuse, oui tu es libre, oui tu peux faire ce que tu veux, mais tout a un prix. Personne ne fera le job à ta place ni au boulot, ni à la maison, dire que ce sera plus cool est un joli mythe car tu auras sans cesse en tête ton boulot sans interruption les weekends ou les jours fériés. Gérer son entreprise, c'est un peu, si, si je vais le dire comme les enfants ou les animaux, il y a des contraintes vitales pour ta boîte et d'autres moins vitales, mais en termes de charge mentale c'est pareil tu y penses tout le temps, tu te poses mille questions, tu doutes chaque jour et c'est normal. La résilience a ses limites, je suis arrivée au bout de mes limites, accepter que rien ne fonctionne pendant plusieurs mois, prendre sur soi, se serrer la ceinture financièrement, voir les succès des autres et réussir à s'en réjouir, ce n'est pas simple au quotidien et sans résilience, à la première déconvenue la descente sera difficile. Accepter d'apprendre de ses échecs n'est pas simple et remonter la vague pour redescendre plus bas pour remonter un peu sans savoir quelle sera la prochaine galère, voilà une des réalités de l'entrepreneuriat. Bien sûr, pour certains l'autoroute fonctionne parfois sans péage, mais la majorité se contente de la nationale et parfois de petits chemins pour atteindre leurs objectifs souvent jonchés de multitudes d'obstacles. Apprendre à connaître ses limites est vital pour ne pas se perdre, ni finir épuisé moralement et physiquement. C'est une des raisons pour laquelle j'ai attendu de réussir à mettre de la distance avec les évènements de ces derniers mois pour pouvoir les écrire. J'ai pris coup sur coup une multitude de claques en vrac : demandes de fincancement refusées, site web qui ne fonctionne pas, le nouveau site qui ne vend pas, ateliers avec peu ou pas d'inscrits, offres de stage non pourvues, mes factures impayées, partenariats qui tombent à l'eau, trésorerie dans le rouge, participation multiples à des concours et incubateurs en vain... Bref le tableau de rêve de mon buisness plan s'est vite transformé en cauchemar au point de ne plus en dormir la nuit et d'impacter ma situation personnelle. Là se pose la question de notre limite, jusqu'où es tu prête à aller pour ton projet, quels sacrifices peux tu et veux tu faire ? Plusieurs options sont envisageables et c'est ok, chacun est maître de sa propre histoire et je défie quiconque de vivre toutes ces galères et de jeter la pierre à celui qui arrête car le plus dur n'est pas d'arrêter, le plus dur est d'oser. Oser essayer, oser se tromper, oser l'assumer, oser se prendre des claques, car on s'expose au jugement des autres d'autant plus que la plupart du temps on n'est souvent seule dans notre entreprise. Pour l'avoir vécue, je tiens à féliciter toutes celles qui ont osé, même si elles n'ont pas été au bout, même si parfois elles se sont trompées, bravo car rien que ce pas d'oser est déjà un grand pas. Chez moi, difficile de renoncer tant que l'on n'a pas tout tenté, qu'à cela ne tienne, après avoir digéré ces nombreuses claques tant bien que mal, je réfléchis et je me dis : ok cela fait trois ans que tu bosses sur ce projet et tu vas arrêter au bout de six mois ? J'établis un plan de crise, ma stratégie pour faire mes choix, d'un côté les points bloquants et de l'autre des options à tester ou à re tester, et j'élabore un plan d'action avec de petits objectifs. En moins de trois mois, et avec un minimum de trésorerie j'ai négocié un local pour réaliser une vente éphémère en échange de services pour l'entreprise avant la fin de l'année , sur ce point objectif réussi grâce à une facilitatrice qui a cru en mon projet. J'ai relancé mes actions de communication sur les réseaux, j'ai repris les lives et travaillé mes mots clés et toutes les techniques réalisables rapidement pour améliorer mon référencement en le ciblant sur du local, au bout de trois mois j'arrive enfin à trouver mon site sur les moteurs de recherche, et en travaillant mon site web, j'arrive à augmenter le traffic à environ 1000 visites par mois, la majorité des clients m'achètent des produits gratuits, ce sera un autre sujet à travailler mais chaque chose en son temps. J'ai contacté la presse locale sans succès. La saison des fêtes se profile, stratégique pour les petits commerces qui réalisent environ 1/4 de leur chiffre de l'année. Difficile de rater cela, je lance un nouveau produit les kits couture ecoresponsables réalisés à partir de chutes de tissus, et j'arrive à trouver des stagiaires et à mobilier des couturières pour tester les prototypes et me faire des retours. En moins d'un mois il aura fallu concevoir, rédiger, tester, coudre, dessiner et commander les packaging, définir les prix, préparer les tutos, réaliser la communication et en faire la promotion. Mission accomplie, j'ai réussi à obtenir un emplacement dans une boutique éphémère et mes kits sont prêts (juste à temps) pour l'ouverture et les marchés de noëls. Grosse désillusion, malgré les retours positifs des prospects et de l'entourage, qui trouvaient l'idée super, les kits ne se vendent pas ou très peu. J'ai revu les prix quitte à ne plus avoir de marge entre la commission de la boutique éphémère et les charges de l'urssaf, suite au prochain épisode, il reste 15 jours avant les fêtes... Je finis par être acceptée par un incubateur qui démarre le mois prochain. Dans un coin de ma tête, l'idée de fermer est bien présente, j'en parle à quelques collègues entrepreneuses de l'association, et je reçois un soutien inattendu qui me rebooste. Dans cette aventure, c'est un marathon quand tes jambes ne te portent plus, le mental prend la relève, quand le mental ne suit plus, les collegues te soutiennent. Ces rayons de soleil me portent chaque jour et c'est aujourd'hui ce qui me permet d'avancer, le coup de fil d'une entrepreneuse de bon matin, un message de soutien sur les réseaux, un commentaire positif, ces petits riens qui te boostent et te donne l'énergie suffisante pour avancer un pas de plus chaque jour.