Une journée au travail

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Mes paupières s’ouvrent, je ne distingue rien dans cette obscurité, pourtant je n’ai toujours pas de rideau à ma fenêtre. Tout le monde le sait, en fin d’année le soleil se lève tard et se couche tôt.

Je dégage la couette qui me couvre, un frémissement m’empêche de quitter mon duvet. Je déteste le froid ! Mais pas le choix, il faut se lever pour aller travailler.

Je m’appelle Lena et je ne suis vraiment pas du genre à me réveiller en dix secondes, mais plutôt en 30 minutes. Et pourtant aujourd’hui, je réussis à me lever rapidement, et ce malgré l’air glacial qui annonce l’approche de l’hiver.

La salle de bain atteinte, je me dévêtis de mon pyjama polaire. Certes, ce n’est pas sexy, mais il a pour particularité de me maintenir au chaud. L’eau froide de la douche me laisse échapper un gémissement de mécontentement et par la même occasion permet de me réveiller plus vite.

Une fois lavée, je traîne devant le miroir pour observer mes imperfections du réveil. Mes cheveux roux sont en bataille. Leur longueur atteignant mes épaules remonte pour former des boucles. Des cernes sous mes yeux et le visage oédématié constituent des preuves concrètes d’une fille sortant de son sommeil. Mais heureusement, le maquillage est là pour les dissimuler.

Je ne prends pas le temps de petit-déjeuner, je suis tellement lente au réveil et à me préparer qu’il me reste à peine le temps d’arriver au boulot à l’heure. Alors direction à toute hâte sur mon lieu de travail.

Bâtiment aussi haut que la tour Eiffel, mais tout vitré, un peu comme la tour Montparnasse à vrai dire. L’accueil était déjà sous l’affluence des nombreux passages d’employés, tous nécessaires à la rentabilité de cette entreprise qui crée des sites web. Chaque niveau comporte un thème particulier. Étant rédactrice web, je me trouve au sixième ! L’étage réservé à la rédaction d’articles divers.

Petit open space qui contient tout ce dont j’ai besoin, un ordinateur, un pot à crayons et même une plante que j’avais ramenée pour titiller mon imagination. Je ne suis pas auteure de romans, mais écrire des articles demande parfois beaucoup d’inspirations. La multiprise qui orne le bureau me permet de pouvoir recharger mon téléphone et brancher d’autres appareils sans que je doive me contorsionner pour l’atteindre.

Assise sur mon fauteuil confortablement, prête à pondre l’article sur la « Nécrophilie » que j’avais pour thème. Oui, ce n’était pas joyeux, mais mon patron avait pour habitude de nous faire piocher au hasard le sujet de notre rédaction.

Un bâillement, puis un deuxième qui s’enchaine, je ne suis vraiment pas du matin et pourtant j’occupe ce poste depuis trois ans maintenant.

Vingt-huit ans est voilà que tu fatigues sans rien faire, mais comment tu vas être à la quarantaine !

— Alors, ton article sur la mort, ça avance ? dit une voix féminine.

Une jolie grande brune toute fine avec de magnifiques yeux bleu océan, une peau parfaite sans défauts ! Des courbes sublimes et une poitrine assez généreuse pour faire craquer tous les mecs qu’elle souhaite ! Et ceux qu’elle ne désire pas d’ailleurs.

Gaëlle ! Je la connais depuis maintenant cinq ans, on a eu l’opportunité unique de travailler au même endroit et se fut une bonne chose pour moi, car cette fille respire la joie de vivre, elle est toujours d’excellente humeur. Présente pour chaque moment difficile de ma vie, une amie en or !

— Ce n’est pas sur la mort, mais sur ceux qui ont des relations sexuelles avec les cadavres !

— C’est vraiment dégueu ! Tu n’as pas eu de chance pour ce tirage.

— Effectivement… dis-je tout en soupirant.

Un homme d’une cinquantaine d’années arrive derrière elle, je lui fais signe avec mes yeux de regagner son espace de travail. Mais trop tard !

— Madame Delace Gaëlle ! lance d’un ton sévère l’homme.

Elle se retourne lentement à l’entente de sa voix et trottine vers son bureau en l’ignorant. L’homme qui est notre chef d’étage, grimace et me regarde comme si j’en étais responsable.

— Bonjour, monsieur ! lui lancé-je avec un sourire.

L’homme s’approche et met ses deux mains à plat sur mon bureau.

— Je veux votre article avant la fin de la semaine ! me rétorque-t-il.

— Oui, monsieur.

Il part sans me répondre et s’arrête un instant, lançant un regard meurtrier vers Gaëlle. Il reste ainsi quelques secondes avant de repartir direction son bureau. Elle s’était retenue de rire, les signes sur son visage la trahissent ! Puis elle me fixe pour me faire un clin d’œil.

Après plusieurs tentatives d’écriture, toujours pas d’inspiration ! J’ai beau fixer la plante, rien ne vient. Comment parler des relations sexuelles avec les morts ? Comment peut-on juste imaginer faire cela ?

À midi, rien à changer, texte vide. J’ai passé la matinée à faire des recherches, mais aucune inspiration ne me transcendait. Il est temps d’aller déjeuner. Direction la cafétéria prendre un sandwich.

Une fois repue, je veux rejoindre mon bureau, mais j’entends des pleures venant des toilettes alors par curiosité, je vais y jeter un coup d’œil. Une fille est devant le lavabo et se regarde dans le miroir en larmoyant. Elle me remarque, essuie les larmes avec ses manches avant de se réfugier dans une des cabines et de verrouiller la porte.

Ce n’est pas ton problème Lena, laisse couler, chacun ses emmerdes !

J’ai l’habitude de voir des filles pleurnicher dans les toilettes, notre chef est un vrai connard qui aime se sentir supérieur et abuser de son pouvoir. Ce genre d’homme qui prend la femme pour un être inférieur, un macho !

De nouveau devant mon écran d’ordinateur, je reprends mes recherches. J’ai un article de merde à terminer. Je fixe mon chlorophytum et l’inspiration me submerge, tout s’organise dans ma tête et je peux enfin écrire.

Le jour va bientôt toucher à sa fin et avec lui ce travail, hâte de me retrouver chez moi à jouer de la guitare pour évacuer tout ce stress et me laisser emporter. Mais en fin de compte, aujourd’hui, c’est juste une journée comme les autres !

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