Calamité

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Ceci est un avertissement, ceci est mon histoire.


   Par où commencer ?

   As-tu déjà entendu que si tu faisais un voeu quand tu vois une étoile filante, celui-ci se réalisera ? Je suis au regret de t'annoncer que cela ne marche pas toujours, et c'est avec joie que je te l'annonce. En effet, faire un voeu est dangereux, et pour certains, s'il se réalise, mieux vaut que ce soit grâce à toi et seulement grâce à toi. 

   À cette règle, celle où je dis que les voeux ne se réalisent pas toujours, il y a une exeption. Étyon, ou Calamité pour les Survivants d'Étyon (nom qui vient logiquement du fait de survivre à Étyon). Calamité est une étoile filante qui ne se voit que le jour. Si un jour tu la vois, dis-toi que tu as de la chance, admires la, mais surtout, surtout, ne fais pas de vœu, même pas le plus banal. Ne tente pas le destin. 

~ ¤ - ¤ ~

  C'était un jour de printemps lors des vacances, j'étais toute seule sur une colline. Mon petit frère et ma petite sœur étaient avec mes parents. J'avais réussi à les convaincre de me laisser tranquille ce jour là. Comme je le regrette... 

  L'air était pur, l'herbe verte et pas trop humide, quelques personnes étaient là, en famille, en couple ou seul. En bref, cela aurait pu être un magnifique après-midi sans cette étoile. Certes, elle fut encore plus magnifique, mais je m'en serais bien passée. 

  Allongée, je lisais un livre lorsqu'un cri se fit entendre. Je me souviens très bien, c'était un petit garçon qui l'avait poussé alors qu'il vit, heureux, une étoile filer dans le ciel. Sa joie était compréhensible, l'astre était magnifique : juste assez grosse pour être visible, une bille blanche qui marqua son passage par ruban blanc. Je n'hésitais pas une seconde et fis un vœu, tout excitée. À une époque, je surveillais le ciel afin d'avoir une chance de visiter ne serait-ce qu'un monde des livres.

  Si j'avais su. 

  La semaine suivante fut plus que banale, le paradis avant l'enfer je suppose. L'incroyable, arriva lorsque j'entrai dans le train qui devait me ramener chez moi. Lorsque je traversai la porte du TGV, au lieu de me retrouver dans le train, je me vis surprise sur une plaine plate. De l'herbe à perte de vue avec des hommes plantés dessus, de part et d'autre, de tout âge et différentes origine. Je fis un pas en arrière pensant me retrouver sur le quai. Rien ne se passa, j'étais toujours nulle part. 

  Quelque chose en moi remarqua avec horreur que d'autres personnes apparaissaient, mais je ne compris pas immédiatement pourquoi. Ce fut le lendemain, à l'aube, que je commençai à saisir la gravité de la situation lorsque des corps sans vie furent retrouvés. 

  Perdue et effrayée, je cherchais des réponses. Je ne sais pas si je devrais être contente ou pas de les avoir trouvées. Après avoir tenté de communiquer avec une dizaine de personnes, je trouvais enfin des personnes qui parlaient français. J'appris d'abord que tous les trois soirs, la mort frappait treize personnes complètement au hasard. Le deuxième soir, les cadavres disparaissaient. Le troisième soir, il ne se passait rien, mais le lendemain, huit à quinze personnes arrivaient à divers moments de la journée et le soir, treize personnes mouraient. Les choses se passaient toujours dans cet ordre. 

  Voyant que j'acceuillais cette nouvelle avec effroi - toute personne saine d'esprit ou pas, normalement constituée ou pas (donc la grande majorité des personnes sinon plus) devait en ressentir -, mais sans plus, mes initiateurs continurent leurs explications. 

  La plaine sur laquelle je me trouvais était un monde nommé Étyon constitué d'un disque uniquement couvert d'herbe entouré d'une énorme cascade. Comme Narnia, avais-je pensé. La cascade ne touchait pas le monde. Elle était à environ quatre mètres de la limite d'Étyon et entre les deux se trouve le vide. Ce qui se trouvait en bas est un mystère puisqu'il n'était pas visible d'en haut et ceux qui étaient allés le visiter n'étaient jamais revenus. Les personnes qui atterissaient sur Étyon étaient les imprudents puérils qui avaient eu l'idée saugrenue de faire un voeu à Étyon, la comète qui était aussi appelé Calamité, qu'ils y crussent ou pas. Ils arrivaient ensuite, d'une façon ou d'une autre assez rapidement sur Étyon. Pas tout de suite, mais en moins d'un mois. Ils pouvaient arriver de partout. 

  Derrière précision, sur Étyon, pas besoin de s'inquiéter des besoins primaires : personne n'avait faim ou soif, froid ou chaud. En revanche, tout le monde avait sommeil la nuit et surtout, l'ennui régnait. Lors de la traversée, la personne ne gardait que ce qu'il avait sur elle. Certains eurent la chance d'apporter des jeux, mais pas assez, et il n'y avait pas grand chose à faire sur une plaine. Heureusement qu'il y avait du monde.

  Ce deuxième soir, je m'endormis morte de terreur. À mon réveil, je constatai en effet que personne n'était mort, mais qu'aucun des morts de la veille n'était visible. Je passais une partie de la journée à vérifier cela et une autre à chercher quelqu'un à qui parler. Je rejoignis très vite un groupe de jeunes français. 

  Le lendemain, rien ne s'était passé en effet. Pourtant, je n'ai jamais eu autant peur. Presque autant que le jour lorsqu'un jeune garçon dont je m'occupais avec une autre fille disparut. Nous le cherchâmes partout, mais il n'était visible nulle part. 

  Cela aussi arrivait. Imprévisiblement. Cela arrivait rarement, mais n'importe quel soir et toujours à n'importe qui. Les personnes ne racontaient pas ça à chaque nouvel arrivant parce que ce phénomène là était de loin celui qui effrayait le plus.

  À partir de ce moment, mes souvenirs sont plus flous. Je me souviens de ma nouvelle amie qui me rassurait tandis que je la faisais rire, la mort qui frappait parfois un des amis que je venais de me faire, pas de disparition, mais la peur occupait la majeur partie de mon esprit. Comme tout le monde, je finis par n'être qu'à demi-présente, l'autre partie étant enfouie sous la terreur.

  Je me réveillai entièrement le jour où je trouvai mon amie morte. Cela devait être dû à la tristesse. À partir de ce moment là, je décidai d'essayer de fuir d'Étyon. Sérieusement. Pas juste aller à la limite voir la cascade en me demandant si j'oserais sauter, bien que je ne songeais pas tout de suite à cela. Je commençais par combattre la fatigue, absente en journée, mais qui tombe sur nous le soir. 

  Le premier essai fut un échec total. Les suivants également, mais je persistai, essayant tous les endroits. La dernière nuit, je dépassai mon temps record. Prêt de la cascade, j'alliai le son de la cascade à la douleur physique qui existait toujours. Malgré cela, je me rendis compte m'endormir lorsque je me retrouvai dans le train. 

  Après un moment d'hébétement, j'entendis ma mère me demander d'avancer, ordre auquel j'obéis toujours dans un état second. Je me réveillais lorsque ma mère installa mon frère sur mes genoux. Comprenant que j'étais revenue sur Terre, on ne rêvait pas sur Étyon, je serrais mon frère à tel point qu'il m'accusait de vouloir l'étouffer. 

  Je crus par la suite que c'était mon excursion sur Étyon qui était un rêve, mais je ne pense pas. D'abord parce qu'on ne rêve pas dans la seconde qu'on utilise pour entrer dans un train. Ensuite parce que mes souvenirs de là-bas étaient comme mes souvenirs de mes vacances, flous après coup. Enfin par instinct. 

  Plusieurs jours plus tard, je m'ennuyais seule chez moi et je décidai de faire des recherches sur Étyon. Après avoir fouiller un peu sur Internet, j'en trouvais quelques'uns. Un en particulier me plaisait beaucoup et je voulus le relire plus tard mais il disparut. Après plusieurs recherches, j'eus la conclusion que les témoignages, disparaissaient et réapparaisaient plus tard, probablement re-postés. Je décidai d'en poster un aussi pour partager cette aventure. 


  Voilà, c'est la fin de mon histoire. Non, je n'ai pas découvert tous les mystères autour de Calamité. Je n'ai pas non plus trouvé d'extraterrestre ou d'organisation secrète derrière tout ça qui feraient des expériences avec nous. Rien. D'ailleurs, si un jour quelqu'un cherche et qu'il trouve quelque chose. Si ce qu'il trouve est joyeux et amusant, qu'il le partage. Dans le cas contraire, je préfère ne pas savoir.


  Une dernière chose, certaines personnes signent leurs textes anonymement, je fais de même.

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