Préparations

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    Huv lui attrapa l’épaule et failli lui déboîter.

    _Döug’s... Tu peux renoncer tu sais ?

    _Il n’en est pas question ! répondit celui-ci en le repoussant avec hargne. Je ne suis pas un lâche ! Cela fait des années que j’attends cette occasion, ce n’est pas pour tout abandonner maintenant. C’est la chance de ma vie tu comprends ? La chance de ma vie !

    _ Ah ah ! Laisse Huv, s’écria Jasmin en riant, il fait ce qu’il veut, après tout c’est son problème !

    _Ouais j’y arriverais...

    _Mais on t’aura prévenu ! Et encore tu as de la chance qu’il y ait eu ce décret ! Les épreuves n’ont plus à se finir par la mort ! On aurait été en temps de paix, tu serais mort pendant l’une des épreuves...

    _Alors c’est comme ça… Tu penses que je ne vais pas y arriver Huv ?

    _Ce n’est pas ce que j’ai dit ! cria-t-il en retour.

    _Les gars... ce n’est pas le moment de se disputer. Döug’s tu dois te préparer, tu entends le signal ? C’est l’heure de te reposer... On t’accompagne si tu veux.

    _Pas la peine, merci.

 

    Au fond Huv et Jasmin étaient tendus. Ils appréciaient Döug’s, vraiment. Il était un peu comme un petit frère pour eux. Ils avaient conscience que même si les épreuves ne se terminaient pas jusqu'à la réussite ou la mort des concurrents, il pouvait lui arriver pendant les épreuves. Il pouvait se blesser, finir handicapé (et du coup être rejeté des autres) ou mourir. Mais ce sont des Fells, et qui plus est, des soldats, ils ne lui diraient jamais ce qu’ils ressentaient. Chez eux, les sentiments devaient rester à l’intérieur. Des phrases telles que « je t’aime » étaient rarement utilisées et avaient pour eux un sens profond. Si un Fell dit à une Felle ces mots, il s’engage à vie. Il y a parfois des couples Fells qui ne le sont jamais dit même si ça faisait des décennies qu’ils étaient ensemble.

    Un peu étourdi et rêveur, Döug’s alla se préparer, Huv et Jasmin le saluèrent.

 

    Comme il n’était pas très riche et que chaque soldat devait payer la totalité de son équipement lui-même, sa tente était petite. Cela dit, il ne s’en plaignait pas, il ne restait jamais très longtemps à l’intérieur. Celle de Jasmin était bien plus grande et confortable. Cela faisait partie des choses qui le chagrinaient. Non pas qu’il enviait Jasmin mais plutôt qu’il se sentait inférieur à ses amis...

     Une fois à l’intérieur, il ouvrit la petite porte en métal d’un drôle d’appareil qui fumait. On aurait dit une sorte de cheminée portable qui inondait la tente d’une lumière rougeâtre.  Il ouvrit la gourde qui était à l’intérieur et failli se brûler. Il versa son contenu dans un gobelet qu’il but d’un trait. Puis, comme sous le choc il tomba, évanoui, sur le sol meuble de sa tente.

 

    Lorsqu’il reprit conscience il s’aperçu que le temps ne l’avait pas attendu. Il commençait à être tard mais il n’était pas en retard. Il se déshabilla entièrement après s’être levé et avoir passé un peu d’eau fraîche sur son visage. Une fois nu il passa dans un autre coin de sa tente où il y avait un bassin trop étroit pour s’y asseoir correctement. Le liquide qu’il contenait ressemblait à celui qu’il avait bu. Sauf que celui-là semblait gelé et il y flottait même des glaçons.

    Il y plongea le pied et laissa échapper un petit gémissement de douleur, c’était presque insoutenable, non, c’était vraiment insoutenable... puis il y mit l’autre. Ce n’était plus un petit gémissement, ce fut un cri qui sortit s’entre ses dents serrées. Le jeune Fell s’accroupi pour enfin entrer entièrement. Ce liquide glacial le brûlait profondément. Ses tremblements étaient si forts que le bassin débordait. Au contact du liquide sa peau comme sous l’effet d’une brûlure durcissait et elle prit une teinte violette voir bleue. Il y resta cinq minutes, le temps maximal avant que cela ne devienne plus dangereux.

    En sortant il trébucha à cause de ses vertiges et manqua de tomber tête la première sur le coin d’une malle en métal où il rangeait son linge. Sa tête le faisait souffrir et il avait du mal à tenir debout.

 

    Il retourna donc lentement vers ses vêtements, à moitié tordu de douleur, et titubant. Il les rangea et sortit de la malle, des habits propres et neufs qui lui avaient coûté assez cher. Une chemise de soie de couleur orange et terne, et un pantalon court d’un noir mat et sans plis car d’une texture rappelant le caoutchouc. C’était le style Fell typique. Des bottes de cuir et une sacoche de la même matière, sans oublier son équipement militaire : armure et arme. Il les avait choisi plutôt léger, Döug’s n’en utilisait pas d’autre, trop faible. Il s’ajusta et pris sa faux, sa seule arme. Elle appartenait à son père. Lui ne s’en était jamais servi et Döug’s l’avait donc eu neuve. Maintenant elle était rayée, éraflée et à certain endroit l’oxydation avait commencé à agir.

 

    Il prit deux livres d’une petite étagère d’un bois pauvre et sortit.

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