Neige et feu
Adam sort de la douche et s'assied dans le fauteuil d'osier près de la cheminée. Il n'a mis qu'un boxer noir HUGO BOSS. J'admire sa musculature, son six-pack ; il s'entraîne dur m'a confié Logan, le patron de la salle de remise en forme. Il n'a presque pas de poils, alors que moi je suis velu comme les ours qui rôdent parfois dans le coin.
Je connais Adam depuis longtemps, c'est le fils d'un voisin. J'ai accepté avec enthousiasme quand il m'a demandé s'il pourrait travailler dans mon entreprise de bûcheronnage, lorsqu'il a arrêté l'école à 18 ans. Il ne m'a pas déçu, toujours ponctuel, sobre et motivé.
— Tu ne vas pas avoir froid ? lui demandé-je.
— Non, le feu est parfait maintenant. Mes habits sont encore mouillés.
J'ai été surpris lorsqu'il m'a appelé cet après-midi, un samedi où il a beaucoup neigé. Il m'a demandé si j'avais besoin d'aide pour dégager le toit, il viendrait volontiers me donner un coup de main. D'habitude les gars de son âge sortent en fin de semaine pour se cuiter et baiser tout ce qui porte un jupon (plus de nos jours, vous m'avez compris).
— D'accord, lui ai-je dit, mais il faudra rester sur place pour dormir, ce sera trop dangereux de rentrer pendant la nuit avec ce temps, la route sera une véritable patinoire.
— Tu as deux lits ?
Il y a un petit lac tout près de l'usine où nous débitons les troncs, j'ai aménagé une maisonnette au bord où je reste en été pour pêcher et pour faire des randonnées en forêt. J'aime bien aussi me baigner nu.
— J'ai un canapé convertible.
— Parfait, je prendrai un caleçon de rechange.
Il est maintenant en sous-vêtement devant moi, je ne peux pas détacher les yeux de la bosse de sa bite. Nous avons mis plus de deux heures pour dégager la neige du toit, nous avons ensuite dîné frugalement avec des sandwiches et une canette de bière. Et il m'a demandé s'il pouvait prendre une douche.
— Fais comme chez toi, lui ai-je répondu.
J'ai profité de son absence pour passer une tenue plus légère : pantalon de survêtement et tee-shirt.
La lumière s'éteint soudainement, un arbre a dû tomber sur la ligne électrique. Seul le feu éclaire maintenant le corps presque nu d'Adam qui a l'air pensif.
— Quelque chose ne va pas ? lui demandé-je. Pourquoi n'es-tu pas en ville avec les autres ou dans ta famille ?
— Je ne sais pas si j'ose te le dire.
— Oublie que je suis ton patron, cela restera entre nous et n'aura aucune influence sur le travail.
Adam déglutit.
— Je ne suis pas comme les autres, je ne me sens pas à l'aise avec les gars du village ni dans ma famille.
— Et au boulot ?
— Ici, pas de souci, on me fout la paix.
— J'y compte bien, dis-moi immédiatement si quelqu'un t'embête.
Adam hésite, les mots ont de la peine à sortir de sa bouche, il finit par me dire :
— C'est trop intime, je ne voudrais pas te mêler à ma vie privée.
— Tu es gay, c'est ça ?
— Oui, tu as deviné. Pourtant je ne suis pas efféminé, avec le travail que j'ai choisi.
— Pas de clichés, moi non plus je ne le suis pas, avec mon double-mètre et mon quintal.
— Tu es aussi gay ?
— Tu devais t'en douter, sinon tu ne m'aurais pas fait ces confidences. Tu as déjà baisé avec un autre homme ?
— Non, jamais. J'aimerais bien, mais tous les gars du village sortent avec des filles.
Nous restons silencieux quelques instants, Adam rompt le silence :
— Je ne sais pas comment réagiront mes parents, mon père tient toujours des propos homophobes.
— Ne le leur dis pas pour le moment, rien ne presse.
J'hésite, son corps m'attire, je n'ose pas lui proposer de le dépuceler. Je suis bien plus âgé que lui et c'est mon employé.
Nous nous regardons longuement, un ange passe, sans rien dire je pose ma main sur la bosse de son boxer, sa bite a durci. Il me laisse faire.
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