Lors d'une nuit sans lune, dans sa chaumière lointaine, une vieille dame mariée se réveille. Elle est enceinte d'un enfant qui mourra bientôt et qui sera le dernier de sa lignée. Elle attend que la mort vienne l'enterrer, car elle ne voudra pas qu'il soit enterré vivant.

« Pourquoi vous préférez qu'il meure avant que je meure? lui demande-t-elle.

– Quand il est encore en vie, il peut mourir de la vie. Quand il est mort, il peut se tuer. »

Elle est d'un autre temps et d'un autre pays, mais les propos qu'elle a entendus aujourd'hui la font penser à sa propre vie. La mort qui l'attend est celle de la mère, mais aussi celle de la fille, car il est une chose que les vieux enfants savent : un enfant est la personne la plus fragile qui soit, et la plus facile à déshabiller.

La vieille dame se résout à s'adapter à sa propre vie. Elle est devenue folle de jalousie. La jalousie est une maladie de la vieillesse, comme la langueur et l'ennui. Elle est la maladie de la vieille dame, et de nombreuses personnes de toute âge sont jalouses de leurs enfants. La jalousie, c'est l'angoisse de l'avenir. Elle est la maladie de la vieille dame, et de nombreuses personnes de tout âge sont jalouses de leur propre vieillesse.

La vieille dame et sa fille n'auront pas de désir, mais la jalousie, elle, est un désir de mort, un désir de mort qui ne peut pas être satisfait.

Un soir, alors que sa fille dort à poings fermé, la vieille dame entend un bruit dans la cuisine. « Ploc ». Elle réussit à ouvrir la porte de la cuisine et découvre un adolescent qui la regarde faire son linge sale.