Chapitre 3 - Effondrement - Partie 6 (fin extrait)
Marchant sans réel but dans ses quartiers, le responsable du site était dans tous ses états. À peine reçu le message de l’archiviste, Tomas Sverson lança une équipe de secours. Il n’allait pas y participer. Sa présence sur le site du puits parélien était superflue. Il préférait commencer tout de suite à préparer sa défense. Ce tragique accident ne devait pas remettre en cause tant d’années d’efforts. Le site d’extraction de comites n’avait jamais connu d’accident d’ampleur, mais la disparition du jeune homme même dans une zone distante allait entacher l’endroit d’un voile funeste. La délégation vardienne lui poserait sûrement un grand nombre de questions, auxquelles il ne savait pour l’instant quoi répondre. Qui avait exactement envoyé ces jeunes ici ? Pourquoi ne pas les avoir rappelés à l’ordre après tant de temps d’absence ? Tomas Sverson restait sans voix sur ces interrogations.
Bien loin des considérations du responsable du site d’extraction, l’archiviste Romani ne savait pas comment se conduire dans une telle situation. Debout dans la petite soute de la navette, regardant sans voir ce qui s’affichait sur un des pupitres de contrôle, il attendait les secours qui ne tarderaient pas.
À quelques mètres de l’archiviste, Zack restait prostré dans le siège de sa navette. Ses pensées étaient confuses. Sa main gauche le faisait souffrir. Il n’aurait su dire pourquoi elle était crispée. Doucement, il desserra les doigts et vit le pendentif de Josh et sa petite chaîne brisée. C’était sa marque de Lekia. Un petit bijou offert au troisième anniversaire d’un enfant. Des images de son jeune frère firent leur apparition. Il n’acceptait pas les récents événements. Une haine profonde naquit au plus profond de lui. Les algues, les Hommes-ombres, Parelia, tous ces beaux contours qu’on lui avait inculqués dès son plus jeune âge volaient en éclats. Désormais, il comprenait mieux les interdits. Il hésita à lancer la marque de Josh. Pourtant, c’était tout ce qu’il restait de lui. Il resserra ses doigts dessus, ignorant la douleur de sa main blessée. Les chemins des ombres, les Hommes-ombres, la voix de l’ombre lui avaient infligé une douleur qu’on ne pourrait jamais soigner. Pour lui désormais, le danger pour l’humanité résidait dans les entrailles de Parelas-d et son frère y reposait.
Sans attendre, l’équipe de secours administra de puissants sédatifs à Zack. Le jeune homme ne protesta pas un seul instant, déjà assommé par la perte de son frère. Deux hommes le transportèrent tranquillement en dehors de l’engin de l’archiviste. Une fois Zack en sécurité dans la navette dont les éléments médicalisés avaient été déployés, deux autres sauveteurs accompagnèrent l’archiviste pour tenter de repérer le plus jeune des deux frères. Après une rapide descente, le constat était sans appel : il était impossible de sonder les algues qui avaient repris leur position initiale. Elles ne reculaient plus devant l’avancée des humains. Les lois étaient claires, il était formellement interdit de progresser dans un puits parélien et elles se matérialisaient devant eux. Il était évident qu’ils ne pourraient retrouver le garçon qui devait se reposer bien plus bas sur le chemin de l’ombre.
Dans le magnifique spectacle des aurores boréales, les trois navettes, dont deux en mode automatique et sans passager, décollèrent en douceur de la zone. Illuminé par l’éclairage de la navette de secours, un léger nuage de poussière se déplaça au gré de la froide brise qui annonçait l’aube. Depuis le puits parélien, l’échappement des tuyères des propulseurs ressemblait à trois fades étoiles. Une ombre les regardait filer vers leur destin au milieu du tableau céleste dont il ne se lasserait jamais.
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