Chapitre 11 : Promise.

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Parmi notre bande, Michael nous avait habitué à son amour pour la bibliothèque. Chuck, toujours président des délégués, y organisait des réunions lorsque les locaux n’étaient pas libre. Louis, souvent accompagné de ma personne, s’y aventurait de temps à autre pour étudier. Mais Elliot prenait rarement la peine de s’y rendre. Lui, son antre, c’était le gymnase. Il se concentrait plutôt sur le sport et pour étudier, il le faisait dans son immense lit. Il nous avait répété mainte fois qu’il n’y avait rien de plus ennuyeux que de rester coincé entre les rangées de livres. C’est donc avec beaucoup d’étonnement que durant cette période compliqué, je constatai ses allers-retours dans la salle qu’il fuyait autrefois.

Les jours où par chance il n’avait pas à rencontrer d’autres prétendantes, il venait s’installer à une table après les cours. Par pure curiosité, je me décidai à rester plus tard un soir, afin de savoir ce qui le retenait.

Alors que le calme devenait silence au fur et à mesure que les élèves encore présents s’en allaient, il sembla ennuyé que je reste.

- Tu étudies encore ?lui demandais-je avant de partir. 

- Oh, oui, j’essaye de prendre de l’avance puisque je n’ai pas énormément de temps ces temps-ci, répondit-il comme s’il venait de se réveiller.

- Je vais rentrer moi, tu en es où ? Si tu veux on rentre ensemble ?

- Ah non, non ça va, fit-il en faisant signe de la tête. Je crois que ça me fait du bien de rester ici quand c’est vide. Et j’ai de quoi encore réviser, ajouta-t-il en me montrant les cahiers éparpillés sur sa table.

- C’est vrai, il n’y à plus que nous, constatais-je. Enfin, nous et l’aide à la bibliothèque, dis-je en découvrant une jolie vénitienne ranger les livres.

- Hum, ouais, lâcha-t-il en jouant avec ses lèvres nerveusement.

- Tu la connais ? demandais-je en découvrant son malaise.

- Hein, non ! Non, excuse-moi, je suis dans la lune.

- Ce n’est rien, je te laisse. Courage pour étudier !

- Merci…

- Et Elliot, ça ma fait plaisir qu’on parle…

- Ouais, c’est vrai que ces rares ces jours-ci…

D’un visage compatissant, je lui fis un signe de main auquel il répondit avant de quitter la bibliothèque. Dernier coup d’œil avant de partir définitivement, je vis Elliot dévisager cette fille de haut en bas. Je crois qu’il essayait d’être discret, mais il l’était autant qu’un éléphant dans une maison. Finalement, je comprenais pourquoi il étudiait en cet endroit. Qu’une fille en soit la raison me semblait plus logique, mais toujours étonnant. Son amour pour Katerina était si violent que je ne le voyais pas s’intéresser à une autre si rapidement. C’est même à cause de ses sentiments, qu’il n’arrivait pas à occulter, qu’il ne trouvait pas une partenaire. Comment en choisir une ? Alors qu’il venait de perdre Katerina Hodaïbi ? Il ne pouvait trouver une femme à son égale. Là, il avait l’impression d’acheter sa viande au supermarché plutôt qu’à la boucherie.

De toutes les rencontres qu’ils avaient faites en deux semaines, la seule personne qui l’intriguait ne s’avérait pas être sur sa liste. Du moins, il n’en avait pas idée. Tout ce qu’il savait, c’est qu’elle s’appelait Alice. Qu’elle adorait les comptes et l’histoire. Une fois la barrière brisée, elle semblait être une bonne personne qui le laissait toujours vivre ses émotions, caché de tous. Cette scène où il pleurait pour son amour perdu eut lieu à plusieurs reprises. Et à chaque fois, elle lui apportait un mouchoir, voguant à ses occupations par la suite. Il en avait gardé trois, tous décorés de fleurs à peine perceptible. Cette Alice avait de la grâce, une crinière semblable au miel et des yeux miroirs. Quand ils les croisaient, il avait l’impression de se noyer dans un flot de souvenirs douloureux. Elle avait cette aura qui l’apaisait, mais qui l’angoissait par la même occasion. Ce qui le dérangeait plus que tout, c’était qu’elle ne lui avait encore jamais dit son nom de famille.

Lorsque la dernière personne à peur eux deux eut quitté les lieux, il commença à ranger doucement ses affaires. Elle faisait de même, avec une mine totalement impassible, alors que ce dernier gamin avait laissé un sacré bordel derrière lui. Mais elle s’occupait de nettoyer la table et de prendre les livres restant à bout de bras, sans rechigner. S’engouffrant dans une allée, il lança son sac à dos sur son épaule et remit rapidement sa chaise, prenant lui aussi ce qu’il devait remettre en place. Quelques petits pas précipités plus tard, il se trouvait dans son dos, raclant sa gorge pour lui signaler sa présence. Cette sensation le parcourut à nouveau, quand elle planta ses yeux dans les siens. Le tressaillement passé, il lui montra les livres d’un geste.

- Je ne sais pas où je dois les remettre, fit-il d’une moue désolée.

- Ce sont ceux que tu as emprunté la dernière fois ? Suis-moi, je vais te montrer, dit-elle en le baladant jusque quelques allées plus loin.

Une fois remis en place, il ne restait plus rien à dire. Il serra la lanière de son sac à dos et se mit à sautiller légèrement sur place, mal à l’aise. Quand il se lança pour trouver la sortie, elle l’interrompit.

- Tu n’as pas pleuré aujourd’hui, constata-t-elle.

- Parce que tu comptes les jours ? Trop de monde aujourd’hui, répondit-il agacé. Et ah oui, j’ai tes mouchoirs, ajouta-t-il en les sortant de son sac.

- Merci beaucoup, dit-elle en les récupérant soigneusement.

À nouveau, un temps de silence s’installa où ils se regardèrent sans dire un mot. Puis d’un mouvement de tête, Alice lui indiqua qu’elle allait partir. Il lui bloqua le passage de son bras, attrapant le coin de la bibliothèque dans sa main. Ils se cognèrent presque et elle releva ses yeux infinis de son torse jusque dans les siens. Elliot pencha la tête sur le côté et se rapprocha un peu plus, trop proche à son goût.

- Oui ? Qu’est-ce qu’il y a ? fit-elle d’un air qui sonnait faussement indifférent.

- Après tout ce temps, tu ne veux vraiment pas me donner ton nom de famille ? répondit-il en sondant ces plus infimes expressions.

- Pourquoi le ferais-je ?

- Le problème le plus récurrent en amour pour un Richess, c’est toujours le nom. Il est rarement assez puissant, mais ici, je suis sûr que c’est le cas, expliqua-t-il en ondulant de la tête, s’approchant toujours un peu plus de la sienne.

Elle baissa la tête un instant, eut un rire nerveux face à ces mots qui en révélaient bien trop et elle finit par lui lancer un regard honnête. Un regard qui ne mentait pas mais qui semblait avoir abandonné depuis des jours déjà. Il l’encadrait toujours de son bras, presque intimidant.

- C’est important, tu sais que je cherche une femme, dit-il en lui adressant un léger sourire.

- Effectivement, c’est ce que les Richess font en cette période, tout le monde en parle…

- Si j’étais en possession de ton nom, peut-être que je pourrais le changer, ajouta-t-il d’une voix ravageuse.

- Non, tu ne peux pas…

- Arrête, tu sais que tu me plais et je sais que c’est aussi ton cas. Il suffirait…

- Tu ne peux pas, répéta-t-elle d’une voix suppliante.

- Et pourquoi ? fit-il agacé.

- Mon nom n’est pas sur ta liste…

- Donc…

- Elle est sur celle de Chuck, avoua-t-elle enfin d’un air plein de pitié.

Ses yeux s’agrandirent en l’entendant, il tourna la tête, absolument gêné. Il retira également son emprise, la laissant passer. L’air désolée qu’elle portait lui donnait envie d’envoyer valser les livres de l'étagère. Après Katerina, trouver une femme qui lui plaisait semblait impossible et alors qu'il en avait trouver une, il fallait qu'elle ne puisse pas lui appartenir. La colère monta et elle ne pouvait s’empêcher de le plaindre.

- Je suis désolée…

- Chuck, hein, fit-il les mâchoires serrées. Il a toujours tout ce qu’il veut, pas de soucis pour lui, ajouta-t-il dans un rire nerveux.

- Si j’avais pu, je…

- C’est bon, oublie. Même si tu n’es pas choisi, j’aurais déjà choisi quelqu’un d’ici là. Donne-moi ton nom, au moins pour les adieux.

- Alice Meverald, lui répondit-elle après un temps de réflexion.

- Oh, tout prend son sens, fille de geôliers. Eh bien, j’espère qu’il te choisira, dit-il amèrement en s’apprêtant à quitter la salle.

- Elliot…

Mais elle ne sut le retenir, se précipitant vers la sortie en rage et déçu de ne pouvoir obtenir son seul espoir de saisir le bonheur.

***

Dans les jours qui suivirent, Elliot eut la mauvaise surprise que Chuck vienne le trouver, alors qu’ils étaient censés prendre tousdistance. Il le prit entre quatre yeux, après l’avoir réceptionné dans un couloir.

- Je peux savoir pourquoi tu me regardes de ton air de tueur ? lui demanda-t-il sur un ton de rigolade.

- Dégage, répondit sèchement ce dernier en poussant son épaule de la sienne.

- C’est quoi ton problème, Fast ? s’indigna-t-il.

- Ouais, t’as raison de m’appeler Fast, fit-il en se retournant rapidement. Parce que toi et moi, ça rigole plus…

- Dis-moi au moins ce que j’ai fait av…

- Ce que t’as fait ?! Tu t’appelles Chuck Ibiss, voilà le problème. Même ce que monsieur ne veut pas, il l’obtient, rit-il. Ça doit être bien d’avoir tout servis sur un plateau d’argent !

- Et si tu me racontais au lieu de …

- Rends-moi mon bonheur ! Rend-le-moi, répéta-t-il d’un air souffrant.

- C’est une fille qui te mets dans cet état ? Il n’y a qu’une fille pour te mettre dans cet état…

- Oh oui, pour toi ce n’est qu’une fille parmi tant d’autres…

- C’est la liste ? C’est ça ? Dis-moi son nom et…

- La ferme, je n'ai pas besoin de ta fausse bienveillance !

Chuck n’eut le temps d’ajouter quoi que ce soit qu’il le vit partir en furie. Seul un soupir s’échappa de sa gorge serrée. Porter ce nom n’avait pas que du bon. Le regardant s’éloigner tel un bourru, il vit une jolie petite blonde faire de même avec beaucoup d’inquiétude. Tout devint clair lorsqu’il reconnut la fille dont le nom s’affichait sur sa liste de prétendante. D’un signe du doigt, il lui fit signe de s’approcher ce qu’elle fit avec beaucoup d’appréhension.

- Oui ? demanda-t-elle simplement.

Celui-ci ne répondit que par un grand sourire, laissant Alice dans l’incompréhension totale. Ces seulement une semaine plus tard, qu’elle comprit la signification de cette expression joueuse. Il lui annonça le jour même où Elliot rencontrait sa future femme en compagnie de ses parents. Ceux-ci l’avait poussé à choisir ayant parcourut toutes les filles de la liste. Il leur avait demander de le faire à sa place car il n’en aimait aucune. Le seul point positif qu’elles avaient en commun s’avérait être leur physique plutôt agréabke regarder. Ca ne devrait pas être trop dur de faire un enfant à l’une d’entre elles, mais comment la respecter ? Comment traiter correctement cette femme qu’il n’avait pas choisi ? La question ne se posait plus maintenant qu’il l’avait en face de lui. Ses parents avaient fait le chemin jusque l’école, la prétendante ne pouvant louper aucun cours. Elliot fit bien embêter qu’il privatise la bibliothèque pour que cet entretien officiel ait lieu. Les parents de la fille en question avait également prit la peine de se déplacer. Il se retrouvait coincé entre quatres adultes avares et une jeune pucelle prête à donner sa fleur à la fortune qu’il représentait.

- Je pense que nous tombons sur un accord, dit alors la mère d’Elliot en serrant la main de celle de la jeune fille.

Que quelqu’un le sauve de cette situation. Il priait pour qu’elle arrive et à sa plus grande surprise c’est ce qui arriva. Alice déboula dans la bibliothèque, ouvrant les deux portes en grand pour tomber sur eux. Une pointe de désespoir dans ses yeux, elle s’avança tout de même avec conviction vers son père qui s’agaçait d’être interrompu.

- Mademoiselle, vous perturbez nôtre entretien…

- J’ai une proposition, annonça-t-elle sûr d’elle. Si vous le permettez, j’aimerais me proposer en tant que prétendante.

- Et vous êtes ? lui demanda le père Fast avec une pointe d’intérêt.

- Alice Meverald, je crois que c’est suffisant.

- Meverald ?! Mais n’étiez-vous pas une des promises de Chuck Ibiss ? Nous pensions que vous seriez leur premier choix, s’étonna sa mère.

- J’ai refusé leur offre, répondit-elle d’un ton très fier.

- Chéri qu’en penses-tu ? Et toi Elliot ? demanda-t-elle ensuite en voyant le regard avide de son mari qui ne prêtait plus attention à ses invités.

Elliot avait la tête baissée et se mordait légèrement la lèvre inférieure. La joie le consummait de l'intérieur, il eut du mal à la contenir. Un petit sourire en coin vint égayer son visage jusqu’ici sombre et toujours les mains dans les poches, il osa un regard vers Alice. Il y avait une étincelle dans ses grands yeux verts qui se refléta dans ceux de l’impatiente prétendante.

- Éventuellement, répondit-il d’un doux sourire.

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