Chapitre 18 : Tromperie.

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Un tintement résonna dans le grand salon de la demeure Stein, le champagne pétillant à en sortir de leurs verres. Une occasion se fêtait parmi les têtes dorées.

- Trinquons à notre réussite, s’en alla le père en élevant son verre pour ensuite le porter à sa bouche, suivit gaiement par son entourage. Ce soir nous célébrons notre future ascension. Si nous continuons sur cette voie, grâce à notre pression sur les investissements Ibiss, nous les dépasseront définitivement. Le fait d’avoir récupérés leurs terrains nous ramènent maintenant à exæquo. Il ne nous reste plus qu’à frapper fort et nous auront enfin le dessus et ce grâce à ma très chère fille qui avait tous les atouts pour séduire un Ibiss. Il s’agit déjà d’un exploit en soit, je suis fière de toi Marry, finit-il en cognant légèrement son verre au sien.

Celle-ci souriait fièrement, jubilant de la jalousie de sa mère et accrochée au bras de William. Ils quittèrent la petite fête un peu plus tôt que prévu pour rejoindre la chambre, sous les grands encouragements de sa famille. Vêtu d’un long peignoir de soie, elle grimpa sur William qui résidait déjà dans le lit. Légèrement éméché, il déposa ses mains sur ses hanches.

- Est-ce que tu le veux vraiment ? dit-il alors qu’il jouait avec ses boucles blondes.

- Il en va de notre responsabilité, et ça ne peut être que bien, rétorqua-t-elle en s’appuyant plus fort sur son entre-jambe.

- Mais nous n’avons fait que parler des Ibiss toute la soirée…

- Arrête donc d’être aussi franc, rit-elle en défaisant les premiers boutons de sa chemise.

- Mais à propos des investissements, j’avoue que je suis un peu sceptique…

- Est-ce que tu vas te taire, souffla-t-elle à quelques millimètres de ses lèvres déposant son pouce dessus. Pourquoi est-ce que tu ne peux pas juste penser à moi dans cette situation ? fit-elle de son mieux pour le charmer, lui qui semblait ne ressentir aucune excitation.

- Excuse-moi, mais…

- Chuut, faisons simplement un bébé, d’accord ? gloussa-t-elle avant de l’embrasser. Plus fort, dit-elle alors, réclamant un deuxième baiser.

Will répondit par un baiser sincère, plus fougueux, se laissant porter par la passion de Marry. Elle voulait qu’il oublie tout des Ibiss, tout de Chuck et qu’il se réveille. Il ne devait apprendre la vérité et simplement l’aimer. Parce qu’elle cherchait juste désespérément à ressentir cette fièvre que Chuck lui avait fait tant de fois ressentir.

Dans la matinée qui suivit, les journaux s’enflammèrent à propos de la nouvelle. Certains parlaient de vol ou de coup monté. D’autres, adulant les Stein, proclamait qu’ils avaient enfin eu le dernier mot. En gros titre, la presse offrait des : “Le fils Ibiss en mauvaise posture”, “La vengeance des Stein”, ou encore “Déclaration de guerre de la part des Stein à Chuck Ibiss”, “Ses premiers investissements tombe à l’eau, comment le fils prodigue réagira-t-il ?”. Les médias profitaient de cet engouement, annonçant le début de longues péripéties entre les deux familles.

D'un œil amical, je me demandais comment Marry avait-elle pu trahir Chuck ? Avec un peu de réflexion, il allait de soi qu'elle ne l'avait pas vraiment fait. Je ne pouvais y croire et l'explication devait être tout aussi complexe que leurs deux esprits étriqués. Même s'il ne s'agissait pas d'une supercherie, je croyais au fait que mon ami surpasserait ce premier échec dans sa vie. Mon père qui grommelait devant la télévision n’était visiblement pas du même avis.

- Je ne vois pas comment ce merdeux pourrait devenir l'homme le plus fortuné du pays, alors que les Stein l'ont presque déjà doublé, aboya mon père. Tu as vraiment misé sur le mauvais Richess, me renvoya-t-il ensuite. J’aurais préféré que tu sois plus proche des Stein, dit-il sans savoir que j’étais amis de tous.

- Mais je n’ai fait que suivre tes instructions, lâchais-je avec insolence, regrettant tout de suite ces mots sortit trop vite.

Il se leva pour m’arracher du fauteuil où il m’avait presque obligé à m’asseoir. Ma mère silence, émit un cri de derrière la cuisinière, puis se ravisa. Il sonda mon regard, retroussa ses lèvres et jeta un œil à sa montre après m’avoir lâché.

- Ils m’attendent au bar, toi, assure-toi de continuer ton avance dans le cycle où je te fous une denrée, grogna-t-il en écrasant son pied sur le mien. Je n’ai pas entendu, répéta-t-il à ma voix douloureuse.

- Oui ! m’écriais-je plus fort.

Ma mère se jeta sur moi une fois qu’il fut sorti, passa ses mains autour de mon visage et m’embrassa le front. Elle retira ma chaussette de force pour voir l’état de mon pied. Il était simplement rouge. De toutes les douleurs qu’il m’avait infligées, celle-ci se voulait minime. Elle fut prise d’un soulagement et me regarda ensuite d’un air désolé.

- Pourquoi tu ne lui dis pas ? me demanda-t-elle de sa douce voix.

- Lui dire quoi exactement ? répondis-je plus bougon.

- Que tu es ami avec eux et que tu es avec Blear…

- Non ! Il ne doit pas savoir, tu me promets de ne rien lui dire ?

- Si c’est ce que tu souhaites, mais…

- Maman, les Richess, tout ce que je t’ai dit... c’est fini, ils ont tous leurs partenaires et… bientôt…

- N’y a-t-il pas une solution ? Tu es apte à de grandes choses, s’ils voyaient ton potentiel…

- Mais ils ne le verront jamais, la coupais-je.

- Mon corbeau, il est parti, alors sonne-lui. Ça te fera du bien d’entendre sa voix, et tu pourras faire de la guitare par la suite, n’oublies juste pas de la cacher dans le grenier ensuite, fit-elle en déposant sa main sur ma joue tombante.

- Je crois que je vais simplement jouer quelques morceaux, merci de garder le secret.

J’embrassais sa main, orné d’une bague en or d’un mariage catastrophique et me dirigeai vers ma chambre. La peine dans les yeux sombres de ma mère me donna envie de coller des poings dans les murs. Heureusement qu’il y avait la guitare de Louis. J’avais laissé l’électrique à l’internat de peur que mon père la trouve. Ici, je jouais, peu importe l’émotion qui me traversait. Mais surtout quand il s’éclipsait de la maison. Durant ces longues vacances d’été, c’est tout ce que j’avais à faire, quand je ne prenais pas de l’avance dans les cours. Elle voulait que je sonne à Blear car sa voix était la seule chose qui me décrochât un sourire en ces temps. Mais je n’en avais pas le courage. J’étais lâche de ce qu’elle me convierait au téléphone et je savais qu’elle ne m’appelait pas, pour la même raison.

***

Les vacances scolaires touchaient à leurs fins. Malgré l’animation dans mon cabinet privé, je m'impatientais de reprendre les séances avec mes étudiants. En tant que psychologue, je ne pouvais m'attacher personnellement. Mais il y avait un lot d'entre eux auquel je ne pus m'empêcher d'apporter un peu plus d'intérêt.

Je suivis durant l'été les péripéties concernant les Richess. Beaucoup de news à propos de futurs mariages et naissances. Sur des alliances entre les familles et des jeunes couples naissant. Les Ibiss dansaient maintenant avec la noblesse de part leur union avec les Dechâteau. Et aussi étrange que ça puisse paraître Marry avait enfin choisi un prétendant : William Genets. Je ne pus m'empêcher de comparer ce dernier à Chuck. Ils ne se ressemblaient pour rien au monde. Finalement ce n'était peut-être pas aussi étonnant que cela. Je m'inquiétais plus pour leurs partenaires que pour eux-mêmes. Ils savaient parfaitement se débrouiller, ou manipuler les esprits à leurs guises. Aucun d'eux n'aurait une vie de tout repos.

Dans quel état les retrouverais-je à la rentrée ? Bien que la plupart d’entre eux avait déjà vécu le pire, je savais pertinemment que chaque nouvelle concernant les Richess, les plongeaient dans un état de détresse. M’enfin c’est ce que je pensais. Lorsque je leur demandai ce qu’ils pensaient des dernières nouvelles concernant la guerre Stein - Ibiss, ils me rirent tous au nez. Ils ne croyaient tout simplement pas en cette trahison. Je fis part de ces réactions à Marry et Chuck quand je les retrouvai en séance, au début de cette cinquième année. La blonde répondit avec beaucoup plus d’ingéniosité que ce dernier, trop honnête.

- Est-ce que ça vous choque ? Vous savez nos familles ont toujours été destinées à se battre l’une contre l’autre. Depuis ma naissance, ils me rabâchent que nous sommes rivaux. En le quittant, j’ai simplement pris mes dispositions pour le mettre chaos.

- Marry, je suis désolée de te le dire, mais tu te fatigues pour rien, soupirais-je. Ce ne serait pas juste de continuer à t’écouter faire semblant, alors qu’il m’a tout raconté.

- De qui est-ce que vous parler ? fit-elle en fronçant déjà les sourcils.

- Chuck, bien sûr, ne pus-je m’empêcher de rire en voyant sa mine agacée.

Si la première jouait son rôle à la perfection, Chuck ne résista pas quand il apparut dans mon bureau plus frais qu’un poisson fraîchement pêché. Nous commencions par discuter de sa future femme et puis vint le moment de discuter de ses investissements. Lorsque je lui fis part de mes impressions, je ne pus m’empêcher de prendre son léger sourire en coin pour de la satisfaction. Il ne me disait pas tout et j’étais certaine qu’il avait encore fait un sacrifice.

En effet, il avait joué gros en lançant ses plans de constructions si tôt. Je l’avais connu plus malin et ça ne devait pas être sans raison. La claque pour lui fut violente, car une telle erreur ne serrait pas pardonnée facilement dans sa famille. Son père se retint de le déshériter quand il apprit le désastre. Chuck, les bras croisés, la tête haute, acceptait de pleine face les brimades qu’il méritait.

- Est-ce que tu te rends compte ? Vraiment, est-ce que tu te rends compte de ce que ça représente pour notre famille ?! cria-t-il en plaquant un bouquin contre son bureau. Je t’ai fait confiance, je t’ai donné toutes les cartes pour ce premier projet, parce que tu m’avais assuré qu’il serait une réussite. Et j’apprends que les Stein avait les plans ?! Parce que tu t’amusais à monter leur fille ! Oh peu importe la taille de ses atouts, c’est quelque chose qui n’aurait jamais dû arriver. Tu t’es fait piéger Chuck ! Par une femme ! Par une Stein. Non, je crois que tu ne te rends pas compte, souffla-t-il en se pinçant l’arrête du nez. Que vas donc tu faire pour réparer tes bêtises ? Je ne vais pas t’aider, sache-le, finit-il en le regardant droit dans les yeux.

- Je n’aurais besoin de votre aide, sourit-il gentiment alors que son père s’offusquait. Je vous ai demandé de l’aide pour mettre mon plan a exécution et c’est une réussite.

- En quoi…

- On ne coupe un Ibiss quand il parle, le fit-il taire d’un signe de main. Très cher père, avez-vous oublié ce que vous m’avez appris. Donc oui, j’avais besoin de financement pour commencer la construction et je vous remercie de m’avoir donné les fonds. Je vous promets de vous rembourser parce que je suis un homme d’honneur, comme vous me l’avez appris. Pensez-vous réellement que je ne savais pas que la fille des Stein ne me volerait ces plans ? À vrai dire, je les ai presque mis dans ses mains, mais ce n’était qu’un leurre, ricana-t-il. Comme prévu, ils m’ont pris les terrains et construiront dessus, ce qui constitue un avantage pour moi. Je sais maintenant en quoi ils vont investir et comment ils vont les utiliser. Une extension de leur chaîne hôtelière, laissez-moi rire. Les bénéfices seront immenses, mais pas autant que les miens. Encore une fois, vous m’avez appris à toujours avoir une longueur d’avance. Ici, j’en ai une ou deux, sur eux et sur vous. Cela fait des années que j’ai les plans en tête et cela fait un an que je les mets en application. Vous savez ces appartements de luxes, pour ces étudiants de luxe dans les plus grandes universités dans laquelle vous rêviez de m’envoyer et qui vous font autant peur ? demanda-t-il sur un ton d’ironie. J’en suis le propriétaire et vous n’avez rien vu, simplement parce que j’avais une longueur d’avance sur vous et que j’ai dissimulé mon nom derrière un adulte, majeur et établi. Savez-vous en quoi, je suis plus malin que vous ? Mon plan est parfait parce que les Stein y gagne aussi, ils se croiront puissant un court instant et feront face à la dure réalité plus tard. Celle qui montre que les Ibiss sont les vrai barons de l’immobilier. Enfin quand je dis Ibiss, je ne parle que de moi, vous ne faites définitivement pas parti de mes plans. Oh, je sais bien que c’est dur à entendre, vous pouvez me déshériter si vous le souhaiter, je m’en sortirais seul. Cela dit, si c’est le cas, vous ne vous relèverez jamais du trou cosmique qu’il y a dans vos finances. Qu’est-ce qu’il y a ? Je vous ai pourtant toujours dit que je souhaitais investir dans l’éducation, c’est quelque chose que je ne prends pas à la légère, ajouta-t-il en découvrant son père cramoisi de colère et vert de jalousie.

Cette insolence, cette confiance, il n’y avait que Chuck pour agir avec autant de culot. Il assurait ses arrières depuis des années, prouvant qu’il n’avait en fait besoin d’aucune figure paternelle pour le guider dans ses premiers pas. Il s’était servi de l’argent de sa famille pour construire son propre empire et récolterais l’héritage qu’il lui avait toujours été dû en menaçant de sortir son père du marché économique s’il ne lui donnait pas. Malin, très malin et en plus de ça, ce dernier croyait réellement que son impétueux fils avait les Stein dans le viseur. Je le voyais tout autrement.

- Tu as tout mis en place pour que Marry s’en sorte autant que toi ? Parce que tu savais qu’il lui faudrait une bouée de sauvetage quand ses parents apprendraient votre relation. Chuck, ris-je simplement, à quel point es-tu bon ?

- Je ne suis pas bon, Madame, me reprit-il. Je suis tout autant calculateur que mon père. Mais pensiez-vous réellement que je laisserais couler la femme de ma vie ? Vous savez, un jour elle m’a dit que Shad Berkley était l’homme de sa vie. Devinez ce que je lui ai répondu ?

- Avec toi, je ne serais à quoi m’attendre, avouais-je.

- Qu’il ne l’était pas, autrement il ne l’aurait jamais quitter des yeux. J’ai ma réputation à tenir en tant qu’Ibiss, donc la compétition est réelle. Cela dit, garder le dessus sur Marry, me permettra aussi de garder un œil sur elle, vous comprenez ?

Je ne pus décrire le sentiment qui m’envahit :de l’amour ? Je me sentais remplie de tendresse et d’envie par le fait de vouloir connaître une histoire aussi passionnante que celle de Marry Stein et Chuck Ibiss. Quand je racontais à Marry que je savais déjà tout, évitant de lui répéter ces doux mots qu'il lui dirait sans doute à nouveau de lui-même, la dite s’outra.

- Je lui serai toujours reconnaissante, mais s’il croit qu’il restera longtemps sur le trône, il se trompe, assura-t-elle d'un ton triomphant. Ça me prendra plus de temps, mais je vais tout faire pour dépasser mes parents en jouant leur jeu et quand ils s’y attendront le moins, je vais devenir la créatrice de mode la plus connue de tous les temps. Et là Chuck pourra encore venir me lécher les pieds que je le laisserais ramper encore un peu avant de le récupérer ! s’exclama-t-elle dans un rire si perçant qu'il résonna dans tout le couloir.

Alors que j'aspirais à des valeurs profondément bonnes, j'appréciais le côté diabolique de ces deux âmes sœurs. Je ne savais pas combien de temps cela prendrait, mais je n'avais aucun doute sur le fait qu'ils se retrouveraient. Et ce jour-là, le monde tremblerait de leur fougue. Leurs amis y croyaient aussi, plus que pour leurs propres relations. C'est pourquoi, ils ne m'avaient lancé que des rires quand je leur avais demandé pour cette trahison. Le seul qui n'y rit pas, fut Dossan. Pas qu'il croyait en cette vilaine tromperie, mais toutes ses pensées se dirigeait vers autre chose. Si la rentrée de ses amis, en compagnie de leur nouveau bras droit, s'annonçait haute en couleur, la sienne ne lui paraissait n'être que coloré de noir. Après deux mois d'absence, sans un coup de fil, sans une lettre, il allait enfin revoir Blear et cette idée le tétanisait.

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