Épilogue

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Accoudé à la table, un chocolat chaud entre les mains, Dossan observait les gouttes de pluies frayé leur chemin le long de la porte-fenêtre. Un vrai torrent résidait à l’extérieur en cette journée de septembre. Le beau temps qu’ils avaient promis à la météo s’avéra être un mensonge de plus de la télévision.

Il tentait de faire abstractions des bruits sourds en provenance du plafond et qui résonnait dans tout le salon, soufflant la fumée de sa boisson d’une traite. Le boucan lui fit froncer légèrement les sourcils, se forçant à reprendre son calme immédiatement. Il n’y avait pas de doute sur le fait qu’elle faisait exprès de marteler le sol de ses pas enragés : “L’adolescence”, pensa-t-il en levant les yeux au ciel, l’impression que le plâtre allait s’écrouler sur sa tête. Les portes claquèrent ensuite et il l’entendit se ruer dans les escaliers, lui affichant une mine très contrariée.

  • Je suis prête, plus qu’à mettre mes chaussures, ronchonna-t-elle.
  • Je t’attends dans la voiture, répondit-il d’un air sage, brandissant sa veste en cuir pour l’enfiler.

Quelques minutes plus tard, il lui cria à travers la fenêtre de se dépêcher, tandis qu’elle fermait la porte à clé. À croire qu’elle faisait exprès d’être lente, malgré la pluie qui glissait sur sa longue chevelure blonde. Elle entra dans le petit bolide gris et regarda à peine Dossan qui débutait une marche arrière à l'aide du rétroviseur. Celui-ci, poussa un léger soupir en la voyant croisé les bras d’énervement. Ce qui eut pour réaction de la faire souffler plus fort que lui.

Il ne réussit à lui décrocher un sourire de tout le chemin et ils avaient pourtant une heure de route. Il avait mis la radio pour effacer le silence gênant, tapant ses doigts contre le volant. Il chantonnait dans ses dents : “Call me maybe” de Carly Rae Jepsen, pensant qu’elle le suivrait dans son délire. Mais elle fut plus forte et garda sa colère, jouant à un jeu débile qu’elle n’avait plus allumé depuis longtemps sur son téléphone. Il l’aurait à l’usure.

Arrivant enfin dans la ville, il attendit de tourner au coin de la rue pour tenter une autre approche :

  • On arrive, là-bas c’est l’internat, fit-il en montrant les bâtiments d’un geste.

La blonde décolla à peine ses grands yeux bleus de son appareil pour jeter un regard désapprobateur à ces murs qu’elle voyait comme une prison.

  • Tu sais, je suis entré à Saint-Clair à ton âge, expliqua-t-il en voyant qu'elle ne réagissait pas, et je pensais que je n'y avais pas ma place, mais je m'y suis fait les meilleurs amis du monde.
  • Et ou sont-ils aujourd'hui, ces soi-disant amis ? demanda-t-elle d’un ton ironique.
  • Tu me réponds enfin ! lui tira-t-il la langue alors qu’elle se retournait pour le foudroyer du regard.
  • Dossan ! Je n'avais pas besoin de changer d'école pour avoir les "meilleurs amis du monde", Mike, Nadeije, tout le groupe, c'était amplement suffisant, mais non il a fallu que tu m'inscrives dans cette école de, s'arrêta-t-elle pour jeter un regard sévère à la façade devant laquelle il s’était arrêté.
  • Et ils t'ont poussé à y aller dès qu'ils ont su, ils savent que c'est une chance pour toi et ton avenir…
  • J'en ai rien à faire ! Et c'est bien pour eux que je le fais, pas pour toi ! s’écria-t-elle en envoyant valser la porte de la voiture, prenant soin de la claquer dans l’autre sens quand elle en sortit.

Dossan déposa sa tête contre le volant, les mains toujours de part et d’autre, et mordu compulsivement ses lèvres, agacé. Il ferma les yeux, souffla un grand coup et ressentit tout d’un coup une grande nostalgie.

  • Je ne fais que tenir ma promesse, murmura-t-il.

Il finit par sortir de la voiture à son tour, ne supportant plus de l’entendre se battre davantage avec les valises. Il fit le tour du bolide et la découvrit accroupie, un genou au sol, renouant les lacets de ses converses noires. Sans doute essayait-elle de gagner du temps. Quand elle se releva, elle lança son sac à dos bordeaux sur son épaule, abaissant la tête pour qu’il ne voit pas son expression blessée. Mais il la connaissait par cœur, sachant pertinemment ce qu’elle ressentait et décida de ne pas l’humilier davantage. Il l’arrêta quand elle prit sa valise entre les mains :

  • Kimi ? Qu'est-ce que tu fais ?
  • Bah je prends mon bagage, ça se voit pas ?
  • Non, c’est moi qui vais les porter en repassant devant l’internat, expliqua-t-il en relançant la valise dans le coffre. La cérémonie va bientôt commencer, je t’accompagne jusque l’entrée, la pressa-t-il ensuite.
  • Je peux y aller seule, rechigna-t-elle à cette idée.
  • Alors là hors de question ! Je ne peux déjà pas assister à la cérémonie et aux premiers pas de ma fille chérie dans cette merveeeeilleuse école, donc je t’accompagne, insista-t-il.
  • Arrête, c’est écœurant ! le repoussa-t-elle quand il entreprit de lui faire un gros câlin.
  • Si tu persistes, je te fous la honte devant tout le monde, la menaça-t-il d’un parfait sourire.
  • Ok ! Ok !! s’écria-t-elle en grimaçant du surplus d’amour qu’il lui donnait.

Prenant sa fille par l’épaule, Dossan l’accompagna comme prévu jusqu’à l’entrée de l’auditorium. Il l’observa de haut en bas, fièrement et l’attrapa encore une fois dans ses bras.

  • Je te promets que ça va allez, lui dit-il.
  • Tu en fais trop…
  • Mais non, je suis simplement heureux que tu sois ici !
  • Pas trop eu le choix, ronchonna-t-elle.
  • Kimi Dan’s !! Vous allez me faire le plaisir d’arrêter de raler et d’entrer dans cet amphithéâtre avec le sourire ! lui dit-il en appuyant son index contre son front.
  • Oui, papaaaa, exagéra-t-elle sur ce dernier mot en lui lançant un faux sourire.

Prêt à la laisser prendre son envol, il la regarda disparaitre derrière les grandes portes qu’il avait autrefois franchit et satisfait, il fit demi-tour jusqu’à sa voiture, guilleret d’avoir tenu parole.

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