Prologue
Zane
— Sérieusement père ! J’ai le droit de savoir qui est ma mère ! À quinze ans, je suis le seul élève du lycée à être dans cette situation d’incertitude. Je ne demande pas la lune !
Si le prendre par les sentiments suffisait à lui faire cracher le morceau, ça fait bien longtemps que j’aurais eu gain de cause concernant la question qui me tourmente depuis toujours. Mon cher papa n’est pas homme à se laisser attendrir ! C’est même tout l’inverse. D’un ton strict et détaché, il daigne réagir, simplement pour que je lui foute la paix ensuite :
— Zane, tu ne vas pas de nouveau m’emmerder de si bon matin avec ces conneries ! Je t’ai déjà dit mille fois qu’il n’y avait pas de mère dans l’équation. Oublie ça et profite un peu de mon statut, ainsi que de tout ce qu’il t’offre.
Ce vieux con campe sur ses positions ! Il ne veut rien lâcher. Même si j’y suis habitué, mon dégoût à son égard s’accroît au fur et à mesure que je grandis dans le sillon de son monde hostile ! Il n’y a que sa fortune et les apparences face à la haute société qui compte. Il est tellement blindé qu’il pourrait se torcher le cul avec ses billets.
Putain, s’il pouvait s’étouffer avec sa fortune qui puela magouille ! Pour une fois, il lui servirait à quelque chose d’utile tout ce fric.
Allez savoir pourquoi, aujourd’hui, j’insiste plus que les autres jours. Sûrement en raison de mon dernier cauchemar qui me bouffe le crâne !
Déterminé comme je le suis depuis mon réveil si on peut considérer le fait que j’ai dormi mon vieux a plutôt intérêt à me donner une explication, s’il ne veut pas faire connaissance avec la noirceur qui s’accroit en moi de plus en plus ces derniers temps.
En grandissant, être dans l’ignorance m’obsède. Je ne connais absolument rien sur ma génitrice. Est-ce qu’il s’agit de l’unique amour de mon père ? Quoique, vu la manière dont il traite la gent féminine, je doute qu’il ait eu, ne serait-ce qu’une seule fois, des sentiments honorables pour une femme. J’ai même imaginé qu’il a peut-être eu recours à une mère porteuse, ou encore, qu’il m’ait adopté. Mais cette dernière option me paraît impossible. Pour mon plus grand malheur, je ressemble comme deux gouttes d’eau à mon paternel.
— Tu pourrais au moins comprendre que pour moi ça a de l’importance ! Avoir un modèle féminin pour un enfant, c’est primordial pour se construire. Tu n’es pas d’accord, père ?
J’en vomirai presque de le nommer ainsi. Mais je ravale mon envie, lorsqu’un gros coup retentit sur l’immense table en bois vieille de plusieurs décennies. Nous y sommes installés comme tous les lundis matin, pour notre petit-déjeuner père-fils instauré selon ses désirs. Je ne saisis même pas pourquoi il continue de m’imposer ce rituel débile, ainsi que celui de devoir l’appeler père. Notre relation est aussi proche que la Corée du Nord et du Sud, c’est pour dire.
— Tu veux de l’attention féminine ? Dans ce cas, va donc solliciter Candice ! Je suis certain qu’elle saura te satisfaire.
Ce mec est un grand malade ! J’espère ne pas comprendre ce que je crois qu’il sous-entend. Il a limite crié cette proposition avec dédain. Normalement, le ton qu’il emploie avec moi ne me permet pas de répliquer. Seulement, plus je grandis, moins je me montre docile. J’aime me rebeller et le défier, pour le seul plaisir de l’emmerder.
— Tu es pire que ce que je pensais, père ! Ta solution est de me pousser dans les bras de ta nana ? Qui au passage, se prend un peu trop pour ma belle-mère.
Un air vicieux passe dans son regard lugubre. Quand je dis que je ressemble à mon père ! On a cela en commun, des yeux d’un noir profond, presque aussi sombre que mon âme. Alors, dans un sourire qui pourrait faire flipper n’importe qui, il m’affirme le plus naturellement du monde :
— Fiston ! Toutes les femmes sont des salopes ! Avec quelques billets, n’importe laquelle écarte les cuisses.
Il ponctue son affirmation misogyne par un ricanement qui pourrait sortir tout droit d’un film de mafieux. Le grand homme d’affaires de l’Indiana, Monsieur Reed Zack, est en réalité complètement cinglé. Il m’en coupe même l’appétit.
— Il ne t’est jamais venu à l’esprit que certaines d’entre elles ont du respect pour elles-mêmes ? rétorqué-je pour la satisfaction de le contredire.
Son foutu sourire vicieux apparaît une nouvelle fois.
— Crois-moi, Zane, je pratique les femmes depuis que j’ai ton âge. Je les utilise dans le monde entier ! Et partout où je me rends, je m’amuse avec elles, dans tous les sens du terme. Le constat que j’en fais depuis le temps est que : si tu es beau, riche et inaccessible, elles sont prêtes à tout pour finir dans ton pieu ! Quitte à ouvrir la bouche ou les cuisses, juste pour pouvoir se vanter auprès de leurs copines qu’elles ont été sautées par des hommes de notre statut.
Ce type fait flipper ! Comment peut-il m’imaginer coucher avec Candice ? Elle est malgré tout une de ses nanas les plus régulières. OK, elle a quoi ? Vingt-cinq ans à tout casser ! Mais je ne suis pas certain qu’elle soit d’accord pour se taper un ado.
Et puis, il est au courant que je n’ai que quinze piges ? Même si je ne suis plus puceau depuis un an, il n’en reste pas moins que je n’ai pas à entendre autant d’indifférence envers les femmes, surtout, venant de mon père.
Assommé par ces propos, je réfléchis quelques secondes avant de lui répondre :
— Tu arrives encore à te regarder dans un miroir ? Je ne suis pas vraiment sûr que ta douce Candice apprécierait ce que tu penses d’elle.
Toujours droit comme une statue de pierre, à l’image de son cœur. Mon père, le redouté Z Reed, carre un peu plus ses épaules pour asseoir sa supériorité et m’annonce d’une octave polaire :
— Respecte-moi, espèce de petit con ! N’oublie pas qui finance toutes tes soirées de débauche ! Tu sais quoi ? Je suis d’humeur joueuse aujourd’hui, je te propose un marché. Si tu arrives à mettre Candice dans ton lit, je te raconterai un truc en ce qui concerne ta conception.
Sur ce défi totalement fou, il se lève de son siège, puis me tape sur l’épaule allant jusqu’à m’étreindre dans une accolade, celle qu’il réserve habituellement à ses meilleurs amis. Ensuite, il disparaît dans notre immense penthouse sans vie, impersonnel et froid, comme lui.
***
Quarante-huit petites heures se sont écoulées depuis ce petit-déjeuner désastreux. C’est peu, et pourtant ça m’a laissé de longues minutes pour réfléchir à la proposition de mon connard de père. Il est parti en déplacement dans l’après-midi qui a suivi, ce qui m’offre quelques jours de tranquillité. D’ailleurs, la fameuse Candice erre sans but dans la maison aujourd’hui, malgré l’absence de son mec. Assis sur le canapé en cuir marron vieilli, avec une bière à la main, mon esprit lorgne un peu trop vers ma pseudo-belle-maman. Dans cette baraque, plus personne ne s’étonne de me voir boire de l’alcool à mon âge.
Si jusqu’à ma dixième année, j’avais une gouvernante pour me cadrer un minimum, depuis, je me gère seul. Un jour, sans prévenir, mon père a estimé que j’étais assez grand pour me débrouiller. Et même si c’était à coup sûr une décision de merde, on ne contredit pas sa majesté de mes deux. Alors, quand je ne suis pas en cours, je traîne avec mes potes ou je reste chez moi à faire ce que je veux, sans personne pour m’interdire quoi que ce soit. Le rêve de tous les gosses !
Ça fait donc une petite heure que je suis les faits et gestes de Candice, déambulant dans une tenue qui semble être plus de la taille d’une gamine de douze ans. Depuis que mon père m’a soufflé cette pensée, je ne vois plus sa meuf de la même façon. Et si ce vieux con avait raison ? Après tout, je ne peux pas nier qu’à vingt-cinq ans, une nana ne se fout pas avec un gars d’une cinquantaine d’années bien tassée, qui n’a pas le moindre respect pour elle, sans avoir une idée derrière la tête et un minimum d’intérêt.
Je sais que ce que je m’apprête à faire est mal, voire ignoble ! Cependant, la carotte que m’a tendue mon père est bien trop attrayante pour que je laisse passer cette opportunité. Du coup, j’attends que la grande blonde peroxydée refasse son apparition dans mon champ de vision, pour mettre à exécution le deal de mon paternel. Je n’ai pas à patienter très longtemps, quelques minutes tout au plus, avant qu’elle réapparaisse devant moi, un verre à la main, une paille coincée entre ses lèvres bien trop gonflées pour être naturelles.
— Candice?
— Hum ?
Allez, courage Zane, au pire elle te colle une baffe que tu auras bien méritée.
— Ça te dit d’aller faire un tour dans ma chambre, histoire de nous amuser un peu ?
Ma proposition l’arrête net devant moi, un sourcil redessiné au crayon levé en signe d’interrogation, une main libre sur sa hanche décharnée et les jambes légèrement écartées. Cette position fait remonter davantage sa minuscule robe de pétasse, me laissant presque entrevoir sa petite culotte, si tant est qu’elle en porte une.
— Très drôle, Zane ! me répond-elle un sourire en coin.
Ouais, ce n’est pas vraiment un non, ça, ma cocotte !
Malgré ce besoin viscéral d’en savoir plus sur ma naissance, j’aimerais qu’elle refuse mes avances avec plus de conviction. Ou au moins, apercevoir sur son visage un air choqué histoire de ne pas donner raison à mon père. Malheureusement pour ma conscience, en digne fils de mon paternel, je ne peux pas m’empêcher d’aller jusqu’au bout de mon idée. Je me lève en prenant bien soin de bander tous mes muscles, puis je me dirige droit sur elle tel un prédateur vers sa proie, qui n’a d’ailleurs pas bougé depuis que je l’ai apostrophé. Je sais que les meufs de mon lycée bavent toutes devant moi. Malgré mes quinze piges, j’ai déjà le corps d’un homme. De prime abord, j’ai plus la dégaine d’un gosse des bas quartiers. Un bon mètre quatre-vingt-huit et une stature travaillée qui ne laisse pas indifférentes les jeunes adolescentes en quête de frissons. Alors, je profite de ma belle gueule et de ce corps béni par les Dieux, pour tenter de faire chavirer la petite Candice. Une fois à sa hauteur, je glisse mon index sur son bras, que je remonte lentement jusqu’à son cou. Sa peau l’a trahie par une chair de poule qui se dessine sur son épiderme trop peu vêtu. Lorsque j’arrête mon doigt sous son menton pour l’obliger à me faire face, cette fois, c’est sa bouche qui réagit. Elle se la lèche comme si elle s’apprêtait à déguster une de ses friandises préférées.
— Zane ? halète-t-elle déjà, prête à défaillir entre mes mains.
— Oui…
En digne héritier de mon père, je prends plaisir à la regarder se débattre avec ce qu’elle devrait ou non faire. Les secondes s’étirent et la miss peine à prendre une décision. Alors pour l’aider un peu, je happe sa lèvre du bas, la suce légèrement juste ce qu’il faut pour la mener au bord de l’envie. Et là, c’est elle qui se jette sur moi. Sans ménagement, elle me bouffe littéralement, s’arrêtant néanmoins aussi vite qu’elle a succombé.
— Non ! Attends ! Je ne peux pas faire ça, je suis avec ton père. Ce n’est pas bien ! Pas vrai ?
Elle n’a pas l’air franchement convaincue en me posant la question. Peut-être espère-t-elle se donner bonne conscience en le disant à haute voix.
— Tu ne peux pas ou tu ne veux pas Candice ? Ce n’est pas la même chose.
Je joue les lover et use de mon sex-appeal. Je me dégoûte presque, putain ! Cependant, je constate rapidement que ses cuisses se frottent l’une contre l’autre, qu’elle a du mal à déglutir et que ses yeux me dévorent comme une crève la dalle. Sa réaction fait considérablement diminuer ma culpabilité. Avant que je ne change d’avis, je mets un terme à ce jeu du chat et de la souris puis l’empoigne par le bras sans protestation de sa part. C’est tellement facile que ça en est déconcertant. Surtout que je n’ai pas besoin de lui faire un dessin quand je claque la porte derrière elle après avoir pénétré dans ma chambre. L’idée de me faire une nana de dix ans mon aînée ne me fait ni chaud ni froid, ce constat devrait me terrifier, et pourtant… Je suis irrécupérable.
Être plus excité par la curiosité de savoir si mon paternel m’a dit vrai, en dit long sur mon esprit tordu. C’est l’unique chose de tordue chez moi. Ma queue, elle, réagit parfaitement à ce qui l’attend !
Je comprends mieux pourquoi mon père la garde sous le coude. Elle a un sacré coup de reins, la presque belle-maman. Seulement, cette victoire me laisse un goût amer. Ce qui n’est pas du tout le cas de Candice, qui rayonne de plaisir sous mon corps.
— Oh mon Dieu, Zane. Tu es… Waouh !
Tu m’étonnes ! Après deux orgasmes, la chaudasse ne peut être que satisfaite. Moi, par contre, c’est un tout autre sentiment qui se répand dans mes veines. Mon aversion pour ce style de nana se fait une place dans mon esprit, surtout quand on sait qu’il m’a fallu seulement cinq minutes pour la mettre dans mon pieu, sans avoir eu besoin de la soudoyer à coup de billets en plus.
***
Cinq jours que je m’amuse avec Candice. Cerise sur le gâteau, j’ai eu le privilège de me taper l’une de ses amies lors d’une petite soirée que j’ai organisée avec mes potes. Un peu limite la supposée belle-mère quand même !
Qu’est-ce que mon père disait déjà ? Ah oui, toutes les mêmes ! De vraies salopes !
Posé paisiblement sur mon plumard, le dos appuyé contre ma tête de lit, un verre de vodka à la main, mes pensées divaguent agréablement. J’ai la sensation de flotter, d’être hors du temps, jusqu’à ce que ma porte s’ouvre sur mon père, qui doit tout juste débarquer de son jet privé. L’atterrissage est violent pour mon esprit. Surtout lorsque je remarque son regard fier, ainsi que son sourire indéchiffrable sur le visage, quand il prononce sans même avoir pris le temps de me saluer :
— Qu’est-ce que je t’avais dit fiston ? En tout cas, bravo ! Tel père, tel fils ! Candice suce comme une professionnelle. Je t’en prie ma chérie, ne t’arrête pas pour moi.
Je suis légèrement refroidi, surpris par mon vieux en pleine gâterie qui, je l’avoue, commençait à me faire décoller. Quel bordel ! Candice s’est stoppée net, le visage blême. Moi, je suis indifférent à la scène qui se joue dans ma chambre, blasé par tout ça.
Fidèle à lui-même, il reste dur, dédaigneux, le regard presque fier de me voir avec sa meuf et lorsque son sourire impétueux s’affiche sur sa tronche, je comprends qu’il va tenir parole :
— Mère porteuse, pas dans notre pays ! Je ne l’ai jamais rencontré, car je suis passé par un réseau clandestin.
Voilà ce que me balance mon enfoiré de paternel, juste avant d’ajouter :
— Finis mon fils comme il se doit, Candice ! Après ça, prends tes affaires et débarrasse le plancher !
Sans attendre, il referme la porte tandis que l’autre pouffiasse me regarde avec des yeux de chien battu. Pour ma part, je n’en ai absolument rien à carrer de ses états d’âme. Je la dégage sans ménagement pendant qu’elle commence à chialer comme si je lui avais mis le couteau sous la gorge. Plus du tout d’humeur, je la fous carrément dehors alors qu’elle a à peine fini de s’habiller.
La rage au bide, je frappe violemment d’un coup de poing le mur noir de ma chambre et balance mon verre de vodka encore à moitié plein, en me laissant tomber sur mon lit.
L’enfoiré ! Il avait raison, elles sont toutes pareilles ! Pour un peu de fric, elles sont prêtes à tout. Même à pondre des gosses, sans se soucier de ce qu’ils vont devenir.
C’est décidé ! À partir d’aujourd’hui, je les hais toutes, sans exception ! Et lui ? Il a voulu un fils, un digne successeur pour que son nom perdure après sa mort. Il ne va pas être déçu. Je jure de le détrôner et de bousiller tout ce qu’il a construit, ainsi que tout ce qu’il est !
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