Chapitre 38 : mardi 10 mai 2005 (2ème partie)

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Après la dégustation, ils eurent l'occasion de croiser Meg avant de repartir et Maureen apprécia de faire sa connaissance. Elle avait une petite trentaine d'années. Assez grande, de bonnes épaules, des traits fins, son regard était aiguisé et elle avait un joli sourire. Mickaël était heureux de la revoir et la félicita de prendre la suite de son grand-père. Outre le "cadeau" fait par Al, il repartait avec trois bouteilles, une de trente ans d'âge, et deux de vingt. Ils regagnèrent la maison de Mummy, juste à temps pour le déjeuner. Elle leur avait préparé un plat à base de mouton, en version normande. Avec de la crème.

L'après-midi, Mickaël emmena Maureen jusqu'à Kinlochleven.

- J'aime beaucoup cet endroit, lui expliqua Mickaël, on va pouvoir faire une belle promenade à pied et on regardera le coucher de soleil.

- Ta grand-mère nous attend pour manger...

- Oui, mais elle sait que l'on rentrera à la nuit. Quand je vais là-bas, c'est toujours pour rentrer après le coucher du soleil.

Maureen apprécia en effet la longue promenade, à travers des champs où paissaient tranquillement des moutons, le long d'un petit bras de mer qui se jetait dans le Loch Linnhe.

L'après-midi était déjà bien avancé quand ils s'arrêtèrent, à l'extrémité du loch, et s'allongèrent dans l'herbe un peu grasse de ce début de printemps. Autour d'eux, c'était le calme de la nature, le bruit léger des vaguelettes contre le rivage, le bêlement de quelques moutons, le chant des oiseaux et le crissement des insectes. Il n'y avait quasiment pas de vent, il faisait très bon, presque chaud. Mickaël avait fait tomber son pull et, roulé en boule, il s'en servit comme d'un petit oreiller. Maureen avait ôté sa veste et s'était allongée, la tête sur le ventre de Mickaël. Elle ferma les yeux. Ils étaient bien, au cœur de cette nature généreuse et apaisante. Ils somnolèrent à moitié, se sentant en totale harmonie avec le lieu grandiose qui les entourait. Sur leur gauche, en effet, se dressaient les contreforts de Glencoe, et derrière eux, le massif du Ben Nevis.

La voix de Maureen fut comme un chant léger, dans cette atmosphère de paix. Très vite, Mickaël devina qu'elle n'allait pas lui parler de ce qu'elle voyait. L'heure était propice aux confidences, au récit.

- C'était un jour de fin septembre. J'avais fêté mes dix-huit ans deux mois plus tôt. Je n'avais pas réfléchi. Je n'avais peut-être pas vraiment le choix non plus. Cela arrangeait ma famille. J'allais être à l'abri du besoin, je n'aurais pas à chercher du travail. Et je croyais que j'allais être heureuse pour la vie. J'ai épousé Brian ce jour-là. J'étais amoureuse de lui. Lui... Je crois qu'il n'aime que lui. Je suis la troisième enfant d'une famille de huit. Tu sais, en Irlande, et surtout, dans les familles catholiques, on forme souvent des familles nombreuses. La contraception... ça n'existe pas. Ou très peu. En tout cas, quand on vient d'un milieu plutôt populaire comme le mien, ce sont encore des choses dont on parle peu, ou qu'on dénigre. J'avais fait la connaissance de Brian au printemps précédent. Pour mes parents, c'était un bon parti. Il travaillait à un poste assez important dans une entreprise d'informatique. Le genre de sociétés qui se sont beaucoup développées en Irlande ces dernières années. Moi, je n'y connaissais rien et je voyais tout cela avec un regard si naïf... J'ai déchanté dès les premières heures. Mais c'était trop tard. L'engagement était pris. Pendant deux ans, ça a été à peu près. Il travaillait dur, beaucoup. Pour cela, je ne peux rien en dire. C'est un bosseur. Moi, j'étais femme au foyer. Tout le monde attendait que je tombe enceinte et que j'élève nos enfants. Seulement... je ne suis jamais tombée enceinte. Et ça devenait de plus en plus pénible. Brian le vivait mal et je ne supportais plus les regards de ma mère. Comme des reproches. Elle pensait que c'était du gâchis : un joli petit couple comme Brian et moi, une belle maison, une voiture de marque étrangère... une bonne situation pour mon mari. Mais elle ne voulait pas entendre parler de l'envers du décor, elle n'a jamais voulu en entendre parler... Plus de deux ans de mariage et toujours pas d'enfant ! Les premiers mois, je ressentais une grande déception, quand je comprenais que ce n'était pas encore pour cette fois... Et puis, petit à petit, insidieusement, mais j'aurais alors été bien incapable de l'avouer, cela me soulageait. Au début, je voyais mes amies, comme avant. Ma famille, moins, car nous n'habitions pas du tout du même côté de Dublin. La plupart de mes amies pensaient au mariage. Certaines m'enviaient. Je ne pouvais me confier à aucune, et encore moins à ma mère. J'avais honte... et je ne savais pas dire non plus si ce que je vivais était "normal" ou pas. Je n'avais pas l'impression que mon père se comportait avec ma mère comme Brian se comportait avec moi, mais sait-on jamais ce qui se passe dans le secret d'un couple ? Toujours est-il qu'une fois, j'ai tenté de parler à ma mère, mais j'ai compris que c'était peine perdue... Pour elle, Brian était le gendre parfait et tout ce qu'elle pouvait dire, c'était juste : "ma pauvre fille, tu ne sais pas y faire...". Dans l'intimité, c'était... au début, les premières nuits, difficiles pour moi. Douloureux. Après... après, rien. Le plus souvent, il ne s'occupait que de lui. Je veux dire par là, il ne pensait qu'à lui. J'ai cru que ça venait de moi. De ne rien ressentir ou pas grand-chose. Je crois surtout que je n'avais pas du tout confiance en lui et que je ne m'attendais pas à une relation "à sens unique". Je mesure seulement maintenant ce que c'est que le vrai amour.

Maureen marqua une pause. Son regard s'attarda un instant sur le lent vol de deux rapaces, au-dessus du Pap of Glencoe dont la forme bien caractéristique se détachait sur le ciel d'un bleu magnifique. De temps en temps, un petit nuage blanc flottait, puis disparaissait derrière les montagnes. Les doigts de Mickaël glissaient doucement dans ses cheveux. Il ne disait rien. Les premiers mots de Maureen avaient été pour lui une véritable révélation - jamais il ne l'aurait imaginée mariée ! Il ne voulait pas interrompre le fil de ses pensées, de son récit.

Elle reprit :

- Petit à petit, Brian me coupait de mes amies. Il est le mâle typique irlandais. Une vision encore très patriarcale de la famille, de la société. J'ai mis du temps à comprendre cela. Il était le chef de famille, ou plutôt, le chef du couple, et ne voulait partager cela avec personne. Il n'appréciait guère mes amies, et moi, au début, je voulais lui plaire, je voulais faire comme il en avait envie... Car ça me semblait normal de renoncer à certaines choses pour lui... pour nous. Et puis, mon apparente stérilité m'a aussi beaucoup isolée. Mes deux frères aînés étaient mariés eux aussi, et l'aîné déjà père de deux enfants. La sœur aînée de Brian avait aussi une fille, l'autre s'est retrouvée enceinte deux mois après son mariage... Autour de nous, les voisins, les proches de nos âges, avaient des enfants. Pas nous. Un soir, en voyant que j'avais encore mes règles, il est entré dans une sorte de rage. Mais une rage froide. Il a commencé à me dire des choses très dures. Puis il est parti. Je ne crois pas qu'il m'ait trompée avec cette fille à laquelle Miranda m'a fait penser. Pas ce jour-là en tout cas, c'est arrivé plus tard. Je ne saurais dire où il est allé... Puis il a commencé à s'absenter de plus en plus souvent, pour le travail disait-il, en Angleterre ou à Galway notamment. Je me sentais moche, seule et délaissée. Et surtout... coupable. Coupable de ne pas pouvoir avoir d'enfants, coupable de ne pas savoir lui plaire, de ne pas savoir l'aimer. J'ai eu de la chance, cependant, car c'est à cette époque que Lawra est revenue d'Angleterre où elle avait poursuivi ses études. C'est une de mes meilleures amies d'enfance. Dès son retour, elle a repris contact avec moi. Et les "barrières" ne l'ont pas arrêtée. Elle a très vite perçu qu'il y avait un problème, un malaise. J'ai mis du temps à me confier. A pouvoir lui parler. C'est elle qui m'a fait prendre conscience que je n'étais pas à ma place, qu'il fallait faire quelque chose, et surtout, que j'avais le droit d'être respectée. Tout a vraiment basculé le jour où elle est parvenue à m'emmener à l'hôpital, avec elle - elle est infirmière spécialisée en cardiologie. Elle m'a poussée à faire des examens. Et il s'est avéré que je n'étais pas du tout stérile comme je le croyais. J'ai tenté d'amener Brian à faire de même, j'espérais encore que cela pouvait changer... Il y a parfois des solutions, pour les couples stériles, et pour cela, il fallait savoir exactement ce qui pêchait... Mais c'était beaucoup trop demander. Brian était incapable de faire cela, ce genre de démarche. Envisager qu'il pouvait être à l'origine de notre infécondité... c'était l'atteindre dans son intégrité. Ca a donc été un échec, et il est devenu encore plus... violent. D'une violence verbale, psychologique. Il ne m'a jamais frappée, il savait s'imposer d'une autre manière. Lawra me disait de partir. Je me sentais coincée. Partir, ça voulait dire que je resterais sans ressources, sans travail... Elle m'a aidée à faire les choses dans l'ordre. D'abord, échapper à l'emprise psychologique de Brian, demander le divorce. Tenir bon. Puis m'encourager à suivre une formation, à réfléchir aussi à ce que j'avais envie de faire. Il fallait que je puisse être autonome. C'était important, financièrement et moralement aussi. Je ne voulais dépendre de personne... montrer que je pouvais m'en sortir seule. Retrouver une sorte de fierté, d'intégrité personnelle. Cette formation, ça m'a aussi beaucoup aidée alors que nous étions en attente du jugement de divorce. Parce qu'il va sans dire que Brian l'a refusé, et pourtant, il me trompait ouvertement avec une "vraie" femme, ainsi qu'il disait. Et plus encore, ma famille l'a refusé... Le divorce, c'est comme l'avortement. C'est "contre-nature" pour beaucoup, même si les choses évoluent... Il faut du temps. Après le jugement du divorce, j'ai quitté le domicile conjugal. John et Lawra m'ont accueillie chez eux. Je n'avais nulle part où aller et je ne travaillais pas. Je n'avais pas d'argent. Heureusement, ma formation était gratuite... Et dès que j'ai pu, je suis partie. Je voulais quitter l'Irlande. A part Lawra, John et leur petit Kevin, je n'avais plus aucune attache là-bas. Les ponts étaient quasiment coupés avec ma famille. J'ai hésité, un peu. C'est Lawra qui m'a encouragée à partir. Elle me disait que je serais mieux dans un endroit totalement différent, où personne ne me connaîtrait, personne ne me jugerait. Et que j'aurais au final autant de soutien que si je restais en Irlande. Elle estimait en tout cas que ce serait plus facile pour moi de repartir d'ailleurs. Elle avait raison... parce que très vite, je me suis sentie bien dans mon choix, par rapport au métier que j'avais choisi. Je m'assumais, seule. Ce que je faisais, je le faisais pour moi. Je faisais quelque chose qui me plaisait. Et j'arrivais à en vivre... tout en y prenant plaisir. Et comme elle me l'avait dit : le téléphone, ça existe... On pouvait se parler autant ou aussi aisément qu'avant. Je n'ai jamais regretté d'être partie. Cela fait plus d'un an que j'ai pris la décision de quitter l'Irlande. Il a fallu quelques temps encore avant que je n'arrive finalement à Glasgow, notamment le temps de trouver une boutique, de monter tout le dossier...

Elle se tut, leva les mains devant ses yeux, en tendant les bras, doigts écartés. Au travers, elle pouvait distinguer le ciel.

- J'avais une alliance, j'ai pu l'enlever quand le divorce a été prononcé. Lorsque j'ai pris le bateau, entre Larne, au nord de Belfast - la première fois que je mettais les pieds en Ulster - et Troon, je l'ai jetée par-dessus bord. C'était très symbolique, mais c'était le signe que je reprenais le contrôle de ma vie. Tu te souviens, quand tu m'as dit que j'étais venue me perdre en Ecosse ?

Mickaël hocha la tête. Oui, il se souvenait. Et même très bien.

- C'était totalement à l'opposé…

Elle reposa ses mains le long de son corps, garda le silence. Son regard était lointain, perdu dans le ciel. Les rapaces planaient toujours. Puis elle finit par tourner son visage vers celui de Mickaël. Le jeune homme n'avait encore rien dit. Leurs regards se croisèrent et elle murmura :

- Voilà. Tu sais tout, maintenant. Il n'y a eu que lui. Et toi.

Dans les yeux de Mickaël, elle put lire toutes les émotions qui le traversaient. A commencer par de la fierté, de l'admiration. Non seulement pour le courage dont elle avait fait preuve pour quitter Brian, mais aussi celui dans lequel elle avait puisé pour lui raconter son histoire. Il ressentait aussi une sorte de rage, une colère profonde, contre cet homme, qui l'avait tant blessée et qui aurait pu la détruire. Et tout simplement, beaucoup d'amour pour elle.

Il se redressa, s'assit et la prit contre lui. Là-bas, le soleil déclinait au-dessus des montagnes et, bientôt, le ciel se teinterait d'or et de feu. Pour une fois, Mickaël ne savait trop que dire.

- Mon amour, commença-t-il cependant, j'ai le sentiment d'avoir tant à dire... Et, pourtant, tout pourrait se résumer en un petit mot : bravo. Bravo pour ton courage, je me sens si admiratif de toi... pour être partie, pour avoir pris ton destin en main et pour avoir réussi à me raconter toute ton histoire. Je crois... que je t'aime encore plus fort de la connaître désormais. Et je désire encore plus t'accompagner sur ce nouveau chemin, être à tes côtés.

Maureen le serra plus fort contre elle. Ils restèrent un long moment enlacés, avant que Mickaël s'écarte légèrement pour pouvoir l'embrasser. Puis il releva la tête et dit :

- Regarde, mon amour... Regarde ce que le monde nous offre...

Maureen tourna la tête, tout en restant appuyée contre son torse. Le ciel explosait de couleurs, la montagne était en feu. Chatoiement des lumières, avant la nuit.

**

Quand ils arrivèrent chez Mummy, il faisait quasiment nuit. La vieille dame leur avait préparé une tarte aux lardons et aux poireaux, à la crème, bien entendu. Avec une salade. Et une petite soupe en entrée. Ils dévorèrent, le grand air leur ayant creusé l'appétit. Maureen ne veilla pas très tard avec eux et, s'excusant de tomber de sommeil, elle gagna la chambre. Mickaël resta un moment avec sa grand-mère, c'était leur dernière soirée ici et il voulait en profiter le plus possible. Il lui prépara un thé Doux, puis s'installa avec elle au salon. Il resta un long moment songeur, sa tasse à la main, son regard perdu vers la masse sombre des monts d'Ardgour, de l'autre côté de la baie, qui se dessinaient sur le ciel, éclairé par la lune. Il pensait à ce que Maureen lui avait révélé. Le poids de ce passé, de ce début de vie de femme gâché, meurtri. La bassesse et l'ignominie de celui qui aurait dû prendre soin d'elle, veiller sur elle. Il mesurait aussi ses propres responsabilités, comprenait parfaitement ses premières hésitations, les petits reculs qu'elle avait encore. Mais aussi toute l'importance de leur relation, de leur complicité, y compris et peut-être surtout, dans l'intimité.

- C'était vraiment une belle journée, aujourd'hui, fit Mummy, rompant le silence qui s'était installé et parlant tout naturellement en français maintenant qu'ils n'étaient que tous les deux. Vous avez eu de la chance pour votre séjour.

- C'était en effet une belle journée, Mummy, mais pas seulement.

A son front plissé et son regard grave, elle perçut comme une préoccupation chez son petit-fils qui n'y était pas jusqu'à alors. Il poursuivit :

- Mummy, que penses-tu de Maureen ? Sincèrement ?

- C'est difficile de répondre en ne l'ayant vue que depuis dimanche... Elle me semble bien différente de Betty. Plus... posée. Tu la connais depuis longtemps ?

- Le début du printemps. je me sens bien, avec elle. Heureux.

- Alors, c'est l'essentiel. Cependant quelque chose te chiffonne ?

- Non. Pas vraiment. Simplement... Elle est parvenue aujourd'hui à me raconter ce qui l'avait poussée à s'installer à Glasgow, à quitter l'Irlande. Elle m'a raconté une part importante de sa vie. Et c'est... Elle a vécu des choses douloureuses et difficiles.

- Et maintenant, il faut que tu encaisses.

- Oui. Elle a fait une grande partie du chemin toute seule, je mesure aussi que, ces dernières semaines, depuis qu'on se connaît, je l'ai aidée à avancer encore. Ne serait-ce qu'en lui donnant suffisamment confiance pour qu'elle me fasse ces révélations. Maintenant, je ne dois pas la surprotéger à cause de ce que j'ai appris, alors que je pourrais être tenté de le faire. Je peux l'épauler, mais pas l'enfermer... surtout pas l'enfermer.

- Je pense que tu y parviendras. Est-ce que tu vas te décider à la présenter à tes parents ?

- Tu me disais que Véra se doutait de quelque chose ? Elle et ses fichues antennes...

- Oui, et d'ailleurs, j'ai cru comprendre que c'était toi-même qui l'avais mise sur la piste, sourit Mummy.

- Ah bon ?

- Elle m'a raconté avoir remarqué un petit détail dans ta salle de bain... deux brosses à dents et deux dentifrices différents.

- Ah, tiens, pour une fois qu'elle avait les yeux en face des trous... Mais ok, je crois que ma sœur m'aura vaincu. J'avais proposé à Maureen de lui présenter la famille, pour l'anniversaire de Léony, mais elle n'a pas voulu. Je comprends pourquoi, je comprends mieux pourquoi, aujourd'hui. Parce que le poids d'une famille peut être très lourd, et c'était trop rapide pour elle. Il faut avancer petit à petit.

- C'est mieux que foncer tête baissée, non ?

Mickaël comprit parfaitement l'allusion. Son emballement avec Betty. A la hauteur de sa déconvenue, peu après. Mais il avait mûri, depuis. Il hocha la tête.

- On reviendra cet été. Si elle fait un bon chiffre, durant les deux mois à venir, elle m'a dit qu'elle pourra se permettre de fermer une semaine, peut-être un peu plus. J'aimerais lui faire découvrir plus encore la région. Aller sur les îles, jusqu'aux Hébrides. Et randonner, par ici...

- Tu as toujours beaucoup d'idées et d'envies, Mickaël. Il faut du temps pour les réaliser, dit Mummy avec justesse.

- Je sais. C'est comme la cuisine. Là aussi, j'ai beaucoup d'idées, et pas toujours l'opportunité de les préparer. Alors, je les mets "au frais". Mais je n'oublie pas l'essentiel... un soupçon de crème fraîche.

Son regard avait perdu de son sérieux et s'était fait pétillant. Mummy reprit un peu de thé.

- Je voudrais que vous profitiez de vos dernières heures ici. Je sais que tu vas repartir par Glencoe, demain soir. Mais, demain matin, si vous pouviez m'aider à faire les courses durant une petite heure...

- Bien entendu ! On va te refaire tes provisions.

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