Chapitre 49 : samedi 4 juin 2005

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Maureen arriva les bras chargés chez Mickaël. Elle avait eu une bonne journée, des clients jusqu'à la fermeture. En rangeant ses petites plantes, elle en avait remarqué deux qui s'abîmaient. Elle ne pourrait pas les remettre à la vente et s'était dit qu'elle pourrait les installer sur le balcon de Mickaël, les siens étant déjà bien fleuris. Elle tenait aussi un sac à bout de bras, dans lequel elle rapportait des vêtements pour quelques jours.

- Ah, zut ! s'écria-t-elle en tentant de refermer la porte du pied.

Un des petits pots de fleurs lui échappa des mains et se fracassa au sol, mettant de la terre et des morceaux de terre cuite partout. Sans compter que la plante prit un nouveau coup.

Elle enjamba les dégâts, laissa tomber son sac à l'entrée de la chambre sans y jeter un regard, déposa enfin l'autre pot sur la table de la cuisine. Puis soupira en constatant l'état du sol.

- Je suis rincée. J'ai voulu gagner un voyage en montant tout d'un coup, résultat, j'ai plus de travail que si j'en avais fait deux. Ca m'apprendra...

Elle ôta sa petite veste, repassa dans l'entrée, trouva le balai dans le placard, la serpillière, répara sa maladresse. Enfin, elle ouvrit la grande fenêtre de la cuisine, déposa le pot restant sur le sol du petit balcon, l'arrosa avec soin, enleva quelques feuilles abîmées.

"Elles ne sont pas très belles, mais avec des soins réguliers, elles pourront reprendre de la vigueur et meilleure allure. Je suis vraiment stupide. Je pourrais quand même lui amener des fleurs ou des plantes qui ne soient pas bonnes au rebut..."

Dépitée de ces contrariétés, elle décida de retourner à sa boutique. Les rues étaient animées comme souvent le samedi soir, elle croisa plusieurs groupes de jeunes qui se rendaient au pub, leur sourit parfois en reconnaissant un ou deux visages. Puis elle se retrouva à nouveau devant chez elle. Elle entra par la cour, retourna dans l'arrière-boutique. L'appartement de Mickaël était orienté plein sud, du moins pour la cuisine. Il fallait une plante qui supporterait bien les rayons directs du soleil. Elle voulait aussi quelque chose qui mettrait de la couleur. Son choix se porta sur une pousse d'agapanthe qui n'avait pas encore fleuri, mais qui promettait déjà. Et un rosier grimpant qui pourrait s'entortiller autour des barreaux.

"Voilà, ce sera mieux que ces malheureux iris... dont je pourrai replanter les bulbes. Il faudra que je les emmène demain matin, je les mettrai dans un nouveau pot, on verra bien ce que cela donnera."

Un peu réconfortée par son choix, elle ressortit et remonta tranquillement jusque chez le jeune homme. Elle traversa le boulevard qui redescendait vers les quais de la Clyde, puis emprunta la petite rue où il habitait. Elle déposa cette fois avec précaution les deux plantes devant la porte, fouilla dans sa poche pour sortir les clés, puis entra.

Avant de s'occuper un peu d'elle, elle installa les nouvelles venues sur le balcon, arrangea le tout et, une fois satisfaite, elle se dit qu'elle pouvait enfin se poser. Il était plus de 21h et elle n'avait qu'une envie : soulager ses pieds, se mettre au lit. Elle n'avait même pas vraiment faim, ouvrit machinalement le réfrigérateur. Elle y trouva une boîte sur laquelle Mickaël avait laissé un petit mot :

"Pour ton petit creux de samedi soir. A dans la nuit. Je t'embrasse très fort... Mickaël"

Elle referma le réfrigérateur, ouvrit la boîte. Elle y découvrit des petits dés de poisson froid, du lieu jaune, avec des rondelles de pommes de terre, d'une variété légèrement rosée. Dans une petite alvéole, une sauce. Elle pourrait manger cela froid, en trempant simplement le poisson et les pommes de terre dans la sauce.

"Super pour un plateau repas-télé. Sauf qu'il ne doit rien y avoir à la télé... Je vais plutôt mettre un peu de musique. Bon, le thé maintenant."

Elle se retourna. Sur le grand plan de travail, Mickaël avait laissé trois boîtes. Oriental, Lumineux et Exotique. Elle ne connaissait pas le premier, se dit que le troisième n'irait pas du tout avec le poisson. Lumineux semblait le mieux convenir, mais tout dépendrait de son dessert. Et chez Mickaël, pas de yaourt acheté au supermarché, ni de marmelade en conserve.

"T'es vraiment fatiguée, ma fille. Tu n'as même pas pensé à regarder ce qu'il y avait comme dessert..."

Elle rouvrit le réfrigérateur, trouva sans peine la boîte contenant un reste de marmelade de pommes dont ils avaient déjà mangé une partie le vendredi midi, ainsi que des crèmes.

"Ah, les fameuses de crèmes de Mummy. Je crois que je vais me laisser tenter..."

Elle retourna devant les boîtes de thé, élimina Exotique, ouvrit la boîte d'Oriental. C'était un thé léger en parfum, au jasmin marqué d'un peu de menthe.

"Allons, un peu de folie ! Découvrons celui-là ce soir !"

Elle mit l'eau à chauffer, prépara une petite théière, deux tasses lui suffiraient. Puis elle passa dans la salle de bain, ôta ses vêtements, délassa un moment ses pieds sous la douche. Elle ressortit en enfilant sa petite nuisette aux tons lilas, dont la dentelle en V invitait le regard à plonger jusqu'à la naissance de ses seins. Une perle mauve soulignait la pointe du V. Elle récupéra sa paire de mules et s'installa dans le salon. Elle savoura son repas, repensa à la réflexion de Mummy selon laquelle Mickaël cuisait toujours le poisson à la perfection. Elle se demanda si c'était lui qui avait fait la sauce ou si c'était Sam ou Jonathan, puis elle se souvint qu'en ce moment, le jeune apprenti se voyait confier les desserts. Sauf que les crèmes de Mummy, Mickaël les avait préparées ici et qu'il ne s'agissait pas de restes qu'il avait récupérés, contrairement au poisson.

En rapportant son plateau dans la cuisine, elle jeta un œil à la fenêtre. Les plantes allaient bien.

"Finalement, cette décoration, c'est un peu comme mon menu de ce soir : des restes et du tout frais !"

**

Mickaël rentra tard ce samedi-là, ou plutôt ce dimanche, vers 2h du matin. Machinalement, en rangeant son vélo dans la cave, il leva les yeux vers son balcon, sourit en voyant les plantes apportées par Maureen. Puis il regagna l'appartement, pas mécontent d'arriver au bout d'une longue semaine de travail. Puis il se souvint que, demain, ils devaient garder Léony et qu'il n'aurait pas droit à un réveil un peu coquin, un peu en douceur, de Maureen.

Il déposa quelques restes dans le réfrigérateur, fit un rapide passage dans la salle de bain où il se déshabilla. Puis entra dans la chambre. Maureen dormait profondément, les draps la couvrant à peine.

Il la regarda, toujours ému, quand elle était ainsi, endormie, sereine. La pointe de sa nuisette fit plonger son regard vers sa poitrine qu'il voyait se soulever régulièrement. Elle était couchée sur le dos, légèrement tournée vers la gauche, son bras gauche replié sur l'oreiller, le droit enfoui sous les draps.

En silence, il traversa la chambre, s'approcha du lit du côté de la jeune femme. Il s'accroupit pour la regarder de plus près. Ses cheveux couvraient en partie l'oreiller, en partie ses épaules. Une mèche descendait sur son sein gauche. Doucement, en veillant à ne pas la réveiller, il l'écarta et frémit en voyant apparaître l'arrondi de sa peau blanche. Sans la toucher, il dessina du bout des doigts la forme de son menton, de ses lèvres, de son nez, de son front, puis redescendit au-dessus des tempes, des joues, vers son oreille, sa mâchoire. Il approcha son visage avec l'envie de déposer un baiser dans son cou. Cela ne la réveilla pas, alors il se releva, fit le tour du lit et vint s'étendre à ses côtés, sur le flanc, pour la regarder encore dans la pâle lumière de la rue qui filtrait à travers les rideaux.

A peine quelques minutes plus tard, elle vint se blottir contre lui, encore endormie. Elle faisait toujours cela, depuis la deuxième nuit qu'ils avaient passée ensemble, quand il l'avait rejointe chez lui, après son service. Il se sentait toujours ému de ce geste et, en douceur, il referma ses bras autour d'elle. Betty n'avait pas cette attitude. Il lui arrivait souvent de râler quand il la réveillait en rentrant, même s'il était le plus discret possible. Et il se fit la remarque que Maureen et lui ne s'étaient pas encore disputés une seule fois, qu'ils avaient pu avoir, simplement, par moments, quelques gestes d'agacement qui ne portaient pas à conséquence. En cela aussi, il l'aimait, car il avait le sentiment d'une vraie et profonde entente entre eux. Il avait compris son inquiétude, l'autre jour, quand elle lui avait demandé si elle lui apportait autant que lui. Contrairement à Betty, aussi, Maureen acceptait ce qu'il lui donnait, même si, au début, il avait dû se montrer un peu prudent. Mais à l'inverse de sa précédente petite amie, Maureen était prête, intérieurement, à accepter ce qu'il avait à donner. Il lui avait simplement manqué un peu de confiance en elle et en lui et, surtout, il ne fallait pas aller trop vite, il fallait trouver le bon rythme pour démarrer leur relation.

La main de Maureen se posa sur son torse. "Est-elle vraiment encore endormie ?", se demanda-t-il. Il effleura sa tempe de ses lèvres et elle lui répondit en déposant un baiser à la base de son cou.

- Ca va ? lui souffla-t-elle.

- Oui... Dors... Il est tard.

Elle glissa son bras autour de sa taille, l'attira un peu plus vers elle et il se retrouva couché sur elle. Il pouvait sentir ses seins à travers la nuisette, les tétons déjà pointés. La jambe droite de la jeune femme se replia contre sa hanche.

- J'ai envie de toi, dit-elle en l'embrassant dans l'oreille.

Il chercha son regard, l'embrassa. Il soupira, sentit ses lèvres intimes s'ouvrir et la pénétra lentement. Il ferma les yeux, ivre de la douce chaleur qui l'accueillait, de la caresse de son ventre contre le sien. Elle poussa un premier petit cri, se cambra pour qu'il vienne totalement en elle.

- Je t'aime... lui dit-elle doucement. Je t'aime !

Et elle enroula ses bras autour de sa taille, fit remonter ses deux mains vers ses épaules. Mickaël bougeait à peine, il se sentait bien, là, au creux de son ventre, et il avait envie de s'endormir ainsi, sans aller chercher le plaisir.

- Hum... Moi aussi, je t'aime... On est bien... là.

- Oui... répondit-elle d'une voix qu'il perçut déjà ensommeillée.

Et ce fut ainsi qu'ils s'endormirent, liés l'un à l'autre.

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