Chapitre 63 : mercredi 29 juin 2005
- Bonjour, Maureen !
- Oh, bonjour !
La mère de Mickaël venait de franchir le seuil de la boutique. Elle était accompagnée de Léony qui se précipita vers la jeune femme pour l'embrasser.
- Comment allez-vous ? demanda Maureen.
- Bien, et toi ?
- Ca va. La matinée a été tranquille. Je vais bientôt fermer.
- Je passais justement à cette heure pour te proposer de déjeuner dans un pub, sur les quais. As-tu le temps ?
- Oui, je ne rouvre qu'à 14h30. Il faut juste que je range les plantes qui sont sur la rue, et nous pourrons y aller.
- Je peux t'aider ? demanda Léony.
- Oui, si tu veux, lui répondit Maureen en souriant. Mais il y a surtout des grands pots. Ils seront un peu lourds pour toi. Tiens, prends celui-ci, cela devrait aller. On va juste le poser là, dans la boutique. Le midi, je ne les range pas dans la réserve. Cela me fait gagner un peu de temps pour les ressortir.
Et Maureen désigna un endroit où elle plaça un papier plastique sur le carrelage, juste pour le temps du midi, pour y déposer les pots et empêcher qu'ils ne salissent le sol. La mère de Mickaël se dit que c'était ingénieux.
- Venez, je ferme toujours par l'intérieur, dit Maureen. On va ressortir par la cour.
- Mamie, j'ai envie de faire pipi... dit Léony en se tortillant un peu.
- Ah, ça, Léony, je m'en doutais... soupira Ingrid.
- On va passer chez moi rapidement, proposa Maureen. J'habite juste au-dessus.
Et la jeune femme les fit monter par le petit escalier. Ingrid découvrit ainsi l'appartement. Elle n'entra que dans la cuisine, et comprit en un seul regard que son fils avait mis sa "patte" ici. Discrètement, mais elle y devina sa présence. Et elle en fut heureuse.
Puis elles ressortirent toutes les trois et descendirent jusqu'aux quais, en discutant joyeusement. Elles prirent place à une table, à l'extérieur, passèrent leur commande.
- Cet après-midi, j'emmène Léony au jardin botanique, dit Ingrid. Elle m'a dit qu'elle avait envie de revoir les oiseaux.
- Nous y étions allés, le dimanche, quand Véra nous avait demandé de la garder, dit Maureen. C'était un bon moment.
- Avez-vous des nouvelles du collègue de Mickaël ? demanda ensuite Ingrid. Il ne nous en a pas donné depuis vendredi...
- Ca semble aller, répondit Maureen. Il devrait pouvoir retourner chez lui dans la semaine. Mais il devra faire des séjours réguliers à l'hôpital, pour les greffes.
- Et au restaurant ? Ils s'en sortent ?
- La semaine dernière, ça a été tendu. Mais Harris a trouvé quelqu'un. Une jeune femme qui va commencer avec eux aujourd'hui. Il paraît qu'elle a déjà de l'expérience et qu'elle a donné satisfaction dans des établissements de bon niveau, m'a dit Mickaël. Ils ont modifié un peu leur organisation, aussi, pour faire face.
- Mickaël nous avait raconté cela, effectivement. Il nous a dit qu'Harris avait changé les jours de criée.
- Oui, dit Maureen. Pour le moment et j'ai l'impression qu'ils vont tourner ainsi jusqu'à la fermeture d'août. Mickaël y va le mardi et le mercredi, et le patron se charge des trois autres jours.
- Cela doit soulager un peu Mickaël. Surtout le samedi matin, fit remarquer Ingrid.
- Oui, parce que le vendredi et le samedi, ils font toujours le plein.
La serveuse déposa devant elles des assiettes copieuses et elles commencèrent à manger.
- Maureen, demanda Ingrid après quelques bouchées, est-ce que tu accepterais d'aller dîner chez Harris, un soir, avec mon mari et moi ?
- Oh, j'en serai enchantée ! répondit la jeune femme.
- Nous espérons faire venir ma mère, en juillet, poursuivit Ingrid. Cela pourrait être l'occasion.
- Ce serait une bonne idée ! sourit Maureen. Vous pensez que Mummy voudra bien quitter Fort William ?
Ingrid sourit doucement. Maureen avait appelé sa mère si spontanément "Mummy" que cela la toucha.
- On y travaille... Mais un petit appel de Mickaël pourrait aider à la décider...
- Je comprends, dit Maureen. Je lui en parlerai.
- Vous avez prévu quelque chose dimanche ?
- Non, pas pour l'instant... Le week-end dernier, nous sommes allés avec Sam sur l'île d'Arran. Je ne connaissais pas encore. Ca nous a fait du bien. Je crois que Sam et Mickaël avaient vraiment besoin de faire une coupure, de changer un peu d'air après ce qui était arrivé.
- Très certainement. Mickaël était encore secoué quand il nous a prévenus. Enfin, si jamais vous voulez passer dimanche...
- Merci, dit Maureen. Je vous tiendrai au courant.
**
- Bon, ça va, chef ? Je me suis bien tenu, non ?
Sam arpentait la ruelle, une cigarette à la main, après le travail. Il n'était pas très tard, ils n'avaient encore assuré qu'un seul service pour ce mercredi. Si les choses se passaient bien et qu'Alisson se mettait dans le rythme, ils reprendraient les deux services le mardi et le mercredi dès la semaine prochaine. Harris espérait que cela serait possible, car en cette période de l'année, le restaurant tournait bien, comme pendant les fêtes de fin d'année.
- Ouais, ça va... Mais tu peux mieux faire ! lui lança Mickaël, appuyé contre le mur, les mains dans les poches de son tablier.
- J'ai pas sorti la moindre horreur ! protesta Sam.
- Elle va être surprise quand tu vas commencer...
- Tu m'emmerdes !
- Je sais ! Allez, toi, t'as besoin d'un whisky, en plus de ta cigarette, fit Mickaël.
Et il rentra dans le restaurant, alla chercher une des bouteilles en réserve, en cuisine. Il servit deux petits verres, puis ressortit.
- Tiens, et ne bois pas d'un coup !
Sam haussa les épaules. Depuis quand se permettait-il de boire cela comme du petit lait ?
- Dis donc, t'es généreux ! répliqua-t-il plutôt. Tu bois même avec moi... Maureen va s'inquiéter, elle va t'attendre.
- T'inquiète pas de Maureen. Elle est habituée à ce que je ne rentre jamais à la même heure. Et je n'ai pas l'intention de traîner, de toute façon. Juste de t'accompagner.
- Je me disais aussi... Négliger ta Princesse, c'est pas dans tes objectifs !
Mickaël sourit en portant son verre sous ses narines pour en apprécier une première bouffée. A la façon dont Sam parlait de Maureen, il savait que son ami appréciait fortement la jeune femme. Et aussi qu'il était heureux pour lui. C'était la première fois que Sam s'inquiétait et prenait autant soin de sa petite amie.
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