Chapitre 83 : dimanche 24 juillet 2005 (3ème partie)

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Ce fut la sonnerie du téléphone qui interrompit leur baiser qui devenait passionné.

- Humpf... soupira Mickaël. Je parie que c'est ma sœur... Ah, tiens, non, ajouta-t-il en regardant l'écran. C'est Willy.

- Décroche... dit Maureen. Cela fait longtemps que tu ne lui as pas parlé.

Mickaël appuya sur le petit bouton et prit l'appel :

- Allo, Willy ?

- Salut, Micky ! Ah, je me demandais si j'allais rencontrer autant de succès avec toi qu'avec Sam... Je te dérange ?

- Heu... fit Mickaël d'une voix un peu piteuse.

- T'es avec Maureen ?

- Avec qui veux-tu que je sois ? répliqua-t-il en souriant.

- Tu pourrais être chez tes parents, fit William avec justesse.

- Non, dit-il, on est resté à la maison. On se repose.

- Ok, je vois...

Le sourire s'entendit dans la voix de William. Il poursuivit :

- Vous avez prévu quelque chose pour ce soir ?

Mickaël laissa son regard courir sur les hanches et les fesses de Maureen en se disant que, heu, oui, il avait bien quelques idées en tête pour leur soirée... avant de répondre :

- Disons que... Tu as quelque chose à proposer ?

- Le concert de clôture du festival. A Kelvingrove. Super affiche.

- Oui, j'avais vu, dit Mickaël. J'y avais un peu pensé, c'est vrai. Faut insister auprès de Sam. J'en parle à Maureen, je pense que ça peut la tenter. On se retrouve là-bas ?

- Oui, dit William. Comme d'hab' ?

- Ok. J'essaye de joindre Sam, alors, dit Mickaël. On se dit pour 18h ?

- Ca commence à 18h, fit remarquer Willy. Essayez d'arriver une demi-heure plus tôt.

- Ok. A tout à l'heure, dit Mickaël avant de raccrocher.

Puis il expliqua en deux mots à Maureen ce qu'il en était. Elle avait déjà un peu deviné, était partante. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas assisté à un vrai grand concert.

Ils se préparèrent rapidement, Mickaël conseilla à Maureen de prendre un pull pour la fin de soirée. Il était parvenu à joindre Sam qui les retrouverait là-bas. Ils sortirent de l'appartement, Maureen s'installa sur le porte-bagages et, en quelques coups de pédales, ils s'engageaient dans l'avenue.

Mickaël connaissait bien les lieux et évita la grande étendue devant la scène où la foule commençait à se rassembler, pour emmener Maureen vers une petite colline qui leur offrait une vue plongeante sur l'ensemble, même s'ils étaient un peu loin. Willy était déjà installé et ils le retrouvèrent aisément.

- Bonsoir, Maureen, bonsoir, Micky. Ca va ?

- Bonsoir, William, répondit Maureen. Oui, ça va.

- Dis donc, vieux, dit-il en tendant la main à Mickaël, t'as l'air un peu fatigué... Quand je pense qu'on a réveillé Sam ! Vous êtes sacrément décalés en ce moment !

- On finit dur, c'est vrai, dit Mickaël sans vouloir insister.

Ils s'assirent dans l'herbe, Mickaël avait prévu une vieille couverture pour que ce soit plus confortable et surtout pour éviter de ressentir l'humidité quand la soirée serait plus avancée. Sam les rejoignit alors que les premiers musiciens prenaient place sur scène. Il n'était pas venu les mains vides : il avait apporté quatre bouteilles de bière pour commencer la soirée.

C'était la grande chanteuse écossaise, Karen Matheson, qui ouvrait le concert. Aucun souci pour les organisateurs : le public était venu pour elle. Sa voix enchanta Maureen, certains airs qu'elle interprétait lui rappelant aussi l'Irlande. Elle s'étonna que Mickaël, comme Sam et William, apprécient tout autant. Mickaël lui expliqua qu'elle avait fait beaucoup pour la musique traditionnelle écossaise et que, même si elle venait souvent se produire à Glasgow, le public répondait toujours présent.

- C'est la grande fan de Mickaël, précisa Sam. Elle vient toujours manger chez Harris, quand elle passe à Glasgow.

- Elle est venue cette semaine ? demanda William.

- Non, pas encore, mais elle vient dîner mercredi soir, dit Mickaël. Quand ce sera plus calme, aussi pour elle.

- Tu vas encore avoir droit aux félicitations, dit Sam en se balançant légèrement, petit veinard ! Une belle brune, aux yeux magnifiques et à la voix langoureuse... Qui te dira que ton suprême était délicieux, que la sauce accompagnait divinement le tout et... ajouta-t-il en lançant un petit clin d'œil à Maureen.

- Et tu veux me rendre jalouse, c'est ça, Sam, l'interrompit-elle d'un ton faussement chagrin.

- Je connais déjà la réponse de Micky, dit Sam en levant les yeux au ciel. "Aucun risque, il n'y a pour moi aucune femme à avoir d'aussi beaux yeux que ceux de Maureen, et patati, et patata..."

Maureen pouffa. Mickaël soupira :

- C'est à peu près ce que j'allais dire, en effet...

- N'empêche que tu auras droit aux félicitations. C'est pas moi qui aurais cette chance... fit Sam. Diana n'a pas encore eu vent de ma réputation comme second...

Mais, déjà, le groupe suivant montait sur scène, coupant court à la diatribe de Sam. Maureen n'en saurait pas plus, pour l'instant, sur ce qu'il avait voulu dire. C'était un couple de guitaristes qui se produisait maintenant, pour une prestation totalement différente. Une découverte pour tous les quatre, comme pour une grande partie des spectateurs Très vite, l'ambiance monta. Le public était conquis par ce mélange de flamenco, de rock et de musiques sud-américaines.

Après Rodrigo y Gabriella, Sam et Willy se dévouèrent pour aller chercher bières et fishs and chips, pour un repas improvisé sur la colline.

- C'était sympa, les Espagnols, dit Sam en se rasseyant à côté de Maureen.

- Ce sont des Mexicains, Sam, précisa Mickaël.

- Ouais, bon, c'est presque pareil. Je n'ai rien compris à leurs explications sur leurs morceaux.

- Ce n'était pas forcément le plus important...

- Je me demande comment ça va enchaîner, fit remarquer William. Va falloir assurer après eux. Ils étaient impressionnants. Retenir le public après Karen, fallait être fortiches !

- Vous connaissez le groupe qui joue ensuite ? demanda Maureen en croquant dans une frite.

- Des Bretons, dit Mickaël. Je connais un peu. Un pote du lycée hôtelier m'avait envoyé leur premier album. Je ne les ai jamais vus sur scène, par contre.

Mais il fallait plus que deux guitaristes mexicains, même talentueux, pour impressionner Jean-Pierre Riou et ses deux complices de Red Cardell. Et le public vibra tout autant pour le trio que pour le duo qui l'avait précédé.

Ce fut seulement quand la dernière chanteuse monta sur scène que Maureen comprit ce que Sam avait voulu dire en parlant d'une certaine Diana. Willy et Mickaël s'en donnèrent à cœur joie pour charrier leur ami.

- Je suis vraiment content d'avoir vu Red Cardell sur scène, dit Mickaël. Mais pour ce qui est du final, je ne sais pas si elle va assurer.

- Pas touche au final, dit Sam. Elle sera sublime.

- Je connais une blonde qui serait jalouse, renchérit Willy.

Sam le regarda avec malice et Maureen comprit que William avait fait allusion à Jenn. Un regret étreignit son cœur. Elle pensa que cela aurait pu être sympa que Jenn soit là aussi, avec eux. Mais, déjà, Sam renvoyait la balle à son ami :

- Tu peux parler, Willy. Tu vas finir plus célibataire que moi, si tu continues comme ça.

- Je n'ai pas l'intention de continuer comme ça, répondit William en reposant sa bouteille de bière et en s'installant plus confortablement dans l'herbe.

- Ah ouais ? rétorquèrent Mickaël et Sam dans un unisson parfait.

- Je vous en dirai plus après les vacances, les gars. Faut pas mettre la charrue avant les bœufs.

- Blonde, brune, rousse ? insista pourtant Sam, toujours curieux.

- Rousse, répondit William. Mais je ne te donnerai pas d'autres indices.

- T'es presque aussi comique que Micky, dans ton genre... soupira Sam en lançant un clin d'œil à Maureen. Bon, elle se fait attendre, Diana...

C'était en effet pour la dernière chanteuse que Mickaël était parvenu à décider leur ami de venir. La belle Diana Krall, à la voix chaude et langoureuse, avait toujours beaucoup de succès auprès de Sam.

Maureen s'était appuyée contre l'épaule de Mickaël et il avait passé son bras autour d'elle. La voix la berçait elle aussi et, par moments, elle levait les yeux vers le ciel, distinguait quelques étoiles. La nuit était tombée, déposant sa fraîcheur sur la foule. Sentant qu'elle frissonnait, il lui murmura à l'oreille :

- Tu as froid, ma douce ?

- Un peu, oui.

- Viens t'asseoir entre mes jambes, je refermerai ma veste sur toi, tu sentiras moins la fraîcheur de l'air.

Maureen se leva, s'installa et s'appuya contre le torse de Mickaël. Il l'entoura de ses bras et elle se sentit vite mieux, dans sa chaleur. Sam échangea un clin d'œil complice avec Willy en voyant Mickaël poser sa tête sur l'épaule de Maureen.

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