Chapitre 114 : mercredi 7 septembre 2005

3 minutes de lecture

C'était un jour spécial que ce 7 septembre pour Maureen. Il y avait un an tout juste, elle ouvrait pour la première fois sa boutique. Elle se souvint avec émotion avoir eu ce jour-là trois clients. C'étaient ses tout premiers clients et elle leur avait offert à chacun une fleur supplémentaire. Elle avait fait de même tout au long de la semaine.

Elle avait donc repris le travail tranquillement. C'était encore assez calme, mais elle savait d'expérience, maintenant, que certaines périodes de l'année étaient plus ou moins propices aux affaires. La rentrée était, pour elle comme pour Mickaël, une période calme, car les clients potentiels avaient d'autres achats ou projets en tête que des fleurs ou un repas au restaurant. Bien vite cependant, avant même la fin du mois, ils reprendraient tous les deux un rythme plus soutenu. Maureen était déjà satisfaite d'avoir deux commandes pour la fin de semaine, une pour le samedi, et une pour le dimanche. Ses voisins commerçants avaient eux aussi tous rouvert leurs boutiques et la rue était maintenant plus animée que la semaine passée. Ils s'étaient salués les uns les autres et donné également quelques nouvelles.

Pour elle, c'était aussi l'occasion de faire un bilan de cette année écoulée et de tout le chemin qu'elle avait parcouru depuis qu'elle avait quitté Dublin. Elle se sentait désormais si différente de la jeune femme fragile qui avait embarqué sur le ferry, par une belle journée d'août ! Elle n'éprouvait bien entendu aucun regret à vivre désormais à Glasgow. Certes, c'était en grande partie lié à sa rencontre avec Mickaël, à cet homme que le destin avait mis sur sa voie, mais aussi à ce qu'elle avait pu faire d'elle-même, pour elle-même.

Elle tenait à cette petite boutique qui avait été, les premiers mois, comme une bouée de sauvetage à laquelle elle s'était accrochée, un projet qui la faisait tenir et vivre. Et pas uniquement parce qu'elle gagnait un peu d'argent pour ses besoins quotidiens, non, aussi parce que moralement, c'était important pour elle d'être autonome.

Aujourd'hui, ce n'était plus une bouée de sauvetage, mais un lieu où elle avait vraiment plaisir à passer ses journées, où elle pouvait rencontrer des personnes différentes. Elle avait souvent le temps, surtout en semaine, de discuter avec les clients, de les écouter. Ils avaient presque tous une petite histoire à raconter et, pour les habitués, un peu plus qu'une petite histoire. Elle aimait prendre de leurs nouvelles, s'inquiétait de la santé d'un parent ou d'un ami auquel ils avaient offert un bouquet, entendait le récit d'un repas de fête ou d'anniversaire. Ces petits moments de vie étaient importants à ses yeux. Elle avait l'impression de compter pour eux, un peu. Et ses clients comptaient pour elle, aussi.

Elle avait reçu sa commande de fleurs la veille, avait fait le rangement seule puisque Mickaël était parti assez tôt pour le restaurant. Elle pouvait proposer de belles compositions et les bouquets étaient colorés, variés. Cela rendait l'intérieur de la boutique très joli. De plus, le temps lui permettait de disposer encore des plantes à l'extérieur, ce qu'elle trouvait toujours agréable. Elle aimait ces touches de couleurs qui attiraient l'œil des passants. Tous, loin de là, ne s'arrêtaient pas, mais elle savait que ces fleurs pouvaient leur apporter un petit instant de plaisir. Et c'était quelque chose d'important pour elle.

Ils avaient maintenant repris leur rythme de vie, Mickaël et elle. Elle ne le voyait plus le soir, mais ils partageraient l'essentiel des repas de midi. Ils pourraient aussi faire quelques projets de sortie, pour le week-end, même si elle envisageait déjà de proposer sa voiture à Sam pour qu'il puisse se rendre plus facilement à Fort William. Elle et Mickaël se contenteraient de sortir dans Glasgow. Elle espérait aussi qu'ils pourraient passer quelques moments avec Shana et William.

Elle repensa à la conversation qu'elle avait eue avec Mickaël au sujet de Sam et de Jenn, à la prudence que Mickaël affichait encore, même si elle avait perçu son soulagement. Il lui avait raconté leur soirée autour du billard, la détermination de Sam, ses aveux aussi. Le fait qu'ils se soient tout dit, tout ce qu'ils avaient sur le cœur. Le bon, comme le mauvais. "Ils s'aiment tous les deux, mais s'aimer et vivre ensemble, finalement, ce n'est pas toujours simple. J'espère qu'ils y arriveront. Je l'espère vraiment".

Maureen ne faisait pas de projets particuliers pour cette nouvelle période qui s'ouvrait devant eux. Elle ne craignait pas le quotidien, les habitudes qu'ils prenaient déjà, car elles lui convenaient bien. Elle aimait tous ces moments qu'ils partageaient, Mickaël et elle, même si c'était juste un simple repas, ou une promenade le long de la Clyde.

Elle aimait tout simplement être avec Mickaël.

Elle aimait tout simplement Mickaël.

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