Texte 2 : merci @Lucivar@

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Il+passé :

L’horizon brûlait. Les incendies empourpraient les nuées de reflets infernaux avec plus d’éclat que la plus illuminée des vieilles métropoles. Les flammes dévoraient tout, l’acier et le verre, le béton et le néocarbone. La roche, le sable, l’eau, rien n'arrêtait leur insatiable appétit. La purification du monde par le feu, voilà ce que c’était. Un châtiment, quoi qu’en disent les prophètes de malheur, tout ce qu’il y avait de plus profane. Elle aurait même été jusqu’à le qualifier de propane si elle avait eu le cœur à rire. Mais, les mains contre la vitre encore glacée par la nuit et le regard happé par le lointain rougeoiement, elle n’attendait plus que la fin, noyée d’un insipide fatalisme.

Je+présent :

L’horizon brûle. J’aurais pu fuir mais à quoi bon. Où que j’aille, il y aura toujours un horizon qui crame. L’espace et le temps semblent être de mèche dans cet incendie. Ce n’est pas seulement le monde qui brûle, c'est aussi le passé et le futur. Le présent étouffe, pris entre deux eaux-rizons. Il y a une certaine beauté là-dedans - quand tout le reste a brûlé je veux dire : les espoirs, la peur, les regrets… - reste la beauté des flammes. Est-ce que je devrais ressentir plus ? J’ai l’impression que c’est juste, pourtant. Mérité, je sais pas, mais cohérent. Peut-être que j’aurais dû fuir finalement. Comme ma famille, comme tout le monde. Je n’ai pas pu. Derrière la vitre, derrière la nuit encore fraîche, le feu arrive, bientôt tout sera si chaud. Je n’ai jamais aimé la chaleur et pourtant je suis là, à attendre. C’est marrant non ? Qu’est ce que je cherche à fuir, au fond, en restant là ?

Je+passé :

L’horizon brûlait. Je m’en souviens comme d’hier. Parfois je ferme les yeux et je revois la ligne rouge des flammes. Ce n’était pas juste un incendie, c’était l’horizon. J’habitais un bel immeuble, moderne, haut. Je ne suis plus sûre de l’étage, mais je me souviens de la vue à travers la baie vitrée. Les collines, la mer, les faubourgs piqués de lotissements… Tout brûlait. C’était beau, terrible mais beau, c’était… comment dire ? Il y avait une réelle satisfaction dans le spectacle du monde purifié par le feu. Nous avions tant fait pour l’attiser, je crois, que c’en devenait une récompense. Je dis je crois car j’ai bien vieilli depuis et je me trouve bien sotte d’avoir pensé ainsi. D’être restée aussi. Ma mère ne m’a jamais pardonné de ne pas les avoir suivis. Je regrette nos entêtements, moi d’être restée, elle de m’en avoir voulu. Pourtant, d’avoir ensuite été mère, je comprends ce qu’elle a pu ressentir. J’aurais aimé, qu’ayant été jeune, elle ait pu me comprendre.

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