Une lame dans le néant

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La dernière seconde de vingt heures venait de tomber comme un couperet sur l’illusion d’une soirée romantique en belle compagnie. Mon portable finit de chuter dans mon sac à main dans un bruit étouffé. Il semblerait que ce mystérieux inconnu rencontré sur un site de rencontre m’avait laissée seule dans le froid mordant de la nuit. Tant pis pour lui.

À vrai dire, il n’était que le sixième d’une longue liste de déceptions. Je suis une fille exigeante qui n’aime guère les hommes ordinaires. Leur chaleur sexuelle ne compensait guère la froideur de leur coeur et le degré zéro absolu de leur intellect. Je commençais à me faire à l’idée que le néant serait mon seul amant.

J’aurais pu rentrer directement chez moi ce soir-là, mais j’étais poussé par une envie de noyer mes pensées dans un autre liquide que celui de mes larmes sur l’oreiller. Je ressentais un mélange de tristesse, de peine et aussi un vide terrible qui dévorait toute once de motivation pour aller vers le soleil. J’avais pris la nuit comme habit et la chaleur du jour comme un drap. Ainsi donc, je m’en allais profiter de ma journée, aussi nocturne soit-elle.

J’avançais d’un pas fantomatique dans les ruelles du petit quartier populaire qui entourait le quartier d’affaires où je vivais. Quelques couples et badauds battaient le pavé ancien, Satan des chaussures à talons. Si j’étais vêtu d’une robe noire plutôt moulante, cela ne m’empêchait guère d’arborer fièrement de très masculines baskets. Je toisais donc ces femmes malhabiles chancelant sur la pointe de leur superficialité.

Une ruelle s’enfonçait à ma droite et guidée par le vent froid qui sembla m’y pousser, je m’y engageai. L’odeur humide de la nuit me saisit délicieusement. C’était une petite impasse au charme froid, comme l’amour fantomatique d’une veuve : sans issue, réchauffé par les songes des buveurs.

C’est ce que faisait au loin un petit bar qui projetait une lumière chaude sur le mur opposé. Je m’en approchais, découvrant une lanterne servant de chauffage pour celles et ceux qui sortaient allumer une cigarette. Mais il n’y avait personne. Un soir de semaine, le lieu était moins fréquenté.

Je poussais la porte du bar pour découvrir un lieu finalement plus petit que je ne le pensais. Ce devait être une ancienne cave à vin aménagée, toute en longueur. Une lumière violette emplissait la pièce. Une brume épaisse flottait au niveau des pieds, ce qui donnait un style tout à fait original et « underground » au lieu. Mais contrairement aux boîtes de nuit aux murs criblés de basses, une simple musique douce emplissait les lieux. L’ambiance était calme, presque nébuleuse, hors du temps.

Sans vraiment porter attention aux personnes présentes dans les lieux, je m’avançai vers le comptoir. Un homme robuste au crâne rasé et à la moustache proéminente me salua d’un regard et d’un sourire. Le grand germain avait une tenue qui aurait convenu à une soirée dans les bas-fonds de Berlin.

Un gin sec m’était servi à peine une minute après que je me sois assise sur le tabouret haut. À défaut de bouger mon corps sur la musique, je faisais danser le liquide dans mon verre comme si j’essayais de noyer mes pensées dans un tourbillon.

Je finissais par en boire la moitié avant de le reposer et jeter un oeil au couchant comme au levant. Un couple de jeunes d’à peu près mon âge s’embrassait dans un canapé d’angle à ma gauche. À ma droite, la pièce semblait vide à mes yeux, lorsque je vis un homme attablé dans l’angle, le dos bien droit.

La pièce sembla avaler mon champ de vision aussi vite que j’avais descendu le reste de mon verre. L’homme attira mon regard par l’aura très étrange qui se dégageait de lui. C’était un quadragénaire au visage marqué, mais élégant, les yeux tristes et froids, à la calvitie naissante. Il était habillé simplement, mais élégamment d’une veste et d’un t-shirt uni. Si son physique n’avait en soi rien de particulier, ses seuls habits physiques ne suffisaient pas à vêtir l’étrange sentiment qui prit mon coeur en le regardant plus attentivement.

Une aura sombre cernait ce corps comme si une personne ou une chose l’avait avalé et s’en servait d’hôte. Une présence, une force magnétique, que sais-je ? C’était bien impossible à décrire par des mots, mais mon corps lui semblait avoir un dictionnaire bien plus complet. Ce personnage avait un charisme froid, triste, abyssal. L’abîme du néant semblait ouvrir ses portes dans ses pupilles noires. La lumière semblait être dévorée par sa présence. Et les ténèbres me fixaient alors que je dévisageais leur ambassadeur depuis le bar.

Nombre de personnes auraient eu peur de cet homme. Il était indéniable que peu auraient aimé le croiser dans une ruelle le soir tombé. Mais pourtant je restais hypnotisée par la profondeur de sa personne. J’aurais pu maintenir un temps infini mon orbite autour de ce trou noir, tel un astre condamné à approcher dangereusement d’une mort certaine.

Je fixais plus discrètement ce bel inconnu du coin de l’oeil. Je fus surprise de le voir ne pas bouger d’un centimètre comme si le temps ralentissait à sa vue. Son regard était braqué sur moi comme une carabine dont le verrou se serait armé lorsque nos regards se sont croisés pour la première fois. Je le regarde de biais, happée par son attraction et l’ouverture vers mon verre vide.

Mon réveil sonna alors que je me perdais dans l’instant, me ramenant brutalement à la réalité physique. Minuit. Il fallait que je rentre chez moi pour éviter de ressembler à un zombi. Je laissais quelques pièces sur le comptoir et armais mon sac à main sur mon épaule, sortant en jetant un discret coup d’oeil derrière moi.

Il avait disparu. Comme un fantôme. Dommage...

La nuit me rappela sa dureté lorsque le froid posa un baiser sur mon cou. Je ne devais pas traîner afin de ne pas attraper la crève. Je hâtais mes pas pour me diriger vers la bordure du quartier.

Encore quelques rues et puis...

Le temps se figea. Mon souffle se coupa. J’expiai un dernier soupir de douleur alors qu’on venait de me saisir le cou d’une clé de bras. Une main gantée vint se poser sur ma bouche, m’empêchant de hurler de terreur. L’étreinte froide finit de saisir mon corps qui refusa de se débattre. J’étais piégée...

L’homme ne dit rien. Il n’avait pas besoin. Je reconnaissais la présence délicieusement malaisante de celui que j’avais observé pendant la soirée. Je n’eus guère le temps de réfléchir à la conséquence de mes regards trop appuyés peut- être, qu’il me tira sans mal à l’intérieur d’un immeuble. Sentant que j’étouffais sous la musculature de son bras, il dégagea ma respiration non sans maintenir sa main sur ma bouche. Le froid d’une lame tranchante se substitua à l’étranglement intense.

Il me força à rentrer dans ce qui ressemblait à un appartement au rez-de- chaussée. À cet instant, vous pourriez vous dire que j’aurai dû tout donner pour ne pas y poser le pied. Mais j’étais tétanisée. Incapable d’opposer la moindre résistance.

Il me bâillonna d’un textile inconnu et me plaqua contre un lit aux draps intégralement noirs. Coincée sous son poids, je n’opposai guère de résistance lorsqu’il m’attacha fermement les poignets. Ils étaient tellement serrés que je sentais presque mon sang cesser d’y circuler. À la place, il cognait violemment dans mes tempes. Face contre le drap, je ne voyais plus rien, ni mon agresseur, ni la pièce où je me trouvais. J’entendais juste qu’il semblait fouiller autour de lui. Mon état de vigilance développa mon audition si bien que j’aurais pu entendre un moustique voler au loin dans la pièce humide où je me trouvais. À la place, je n’entendais à présent que le silence...entrecoupé d’un long gémissement plaintif...

Encore une fois, mes pensées ne s’arrangèrent pas assez vite pour former un raisonnement convenable. Le visage de l’agresseur m’apparut alors qu’il me retourna sans mal avec une force qui me surprit. Il y avait dans ses gestes quelque chose d’inhumain : sa seule main aurait pu briser n’importe lequel de ses os par une simple pression.

Ses yeux me percèrent tels des lames. À quelques centimètres de moi, l’homme devint plus net alors qu’il se retira de mon visage. Dans les films d’horreur, le tueur avait toujours un masque terrifiant, un regard sanguinaire. Mais ce n’était pas le cas dans ma réalité.

Il me fixait d’un regard sans émotion. Froid. Vide. C’est ce néant dans son regard, qui faisait écho au mien, qui me saisit le plus. Ma peur s’envola, comme aspirée par ce vortex. Il était à cheval sur moi. Puissant. Le corps à moitié nu, élancé. De très nombreuses cicatrices habillaient sa peau, son torse, ses muscles bien dessinés sans provocation. C’était un bel homme, vieillissant, mais doté d’un magnétisme qui lui donnait un charme atemporel.

Il me sondait des yeux et c’est en me plongeant dans sa réalité noire que j’aperçus la source du gémissement entendu précédemment. Le corps d’une femme encore vivante, bâillonnée, saucissonnée d’une corde noire était pendu à un lustre, son corps parallèle au mien. Son regard croisa le mien et je lus une terreur absolue qui me fit étrangement à peine sourciller. D’ailleurs cette absence de réaction tant à la présence toute en majesté de mon agresseur qu’à celle de cette autre victime ainsi exhibée nue lui arracha un haussement de sourcil.

Il plaqua la lame de son couteau dentelé sur mon cou. Mais je ne bougeai pas plus d’un centimètre. Il regarda mon corps, me caressant de ses pupilles sans vie, avant de revenir à mes yeux comme pour sonder mon âme.

Sa voix déchira le silence, aussi tranchante qu’un fil de rasoir. - « Tu n’as donc pas peur de la mort ? » me questionna-t-il.

Je me contentai de le fixer en sondant cette même mort qui l’habitait. Et ne bougea pas plus à cette menace à peine voilée. Il resta quelques longues secondes à me fixer, attendant sans doute que je panique, que je me mette à pleurer ou à sourciller. Mais rien. Je restais de marbre.

Alors, il approcha sa main de mon bâillon et le sortit de ma bouche, tout en plaquant le tranchant de la lame au niveau de ma jugulaire pour m’enlever toute envie de dépasser le simple murmure.

- « Non. » répondis-je simplement.

Ce n’était pas le « non » de ces héroïnes de films qui provoquaient leur agresseur pour tester sa détermination. Ce n’était pas non plus une vague défense désespérée contre la mort arrivant telle la faux de la faucheuse. Mon sort funeste ne me semblait plus être une simple hypothèse.

Cette négation était en fait une acceptation de mon sort. Sans même demander la permission de continuer à parler, je continuai sur un ton monotone, morne et froid.

- « J’attendais moi-même la mort, car je l’ai appelé plusieurs fois sans avoir eu le courage de l’embrasser. Je n’attends plus rien de la vie. Je me sens vide. Je n’ai plus rien en moi. Tout le reste s’est envolé avec le vent de la déception. Alors, je ne sais quelle mort vous me réservez, mais je l’accepterai sans résister, sans vous repousser, en vous accueillant comme si vous étiez la mort elle-même. »

Un petit éclair de surprise sembla passer comme une étoile filante dans ses yeux morts. Il ne répondit rien. Mais quelque chose sembla changer dans sa manière de me regarder. Il laissa le bâillon pendre à mon cou et dégagea sa lame de mon cou.

Mais sa menace changea simplement de forme. La lame crantée caressa mes épaules, mes bras et mon décolleté. Et d’un coup franc et sec il coupa ma robe, en déchirant ce qu’il restait d’un simple mouvement de poignet. Je me retrouvais nue devant lui, sans que mon expression ne dégage autre chose qu’une forme de consentement.

Il pressa doucement la lame contre mon bras et je la sentie rentrer doucement sous ma peau. Un filet de sang coula sur le drap. Je ne bronchais pas. Je le laissais faire, sans chercher à arrêter son manège. Je le sentais s’exciter d’ainsi jouer avec ma vie.

Il continua de marquer ma peau du tranchant de la lame le long de mes bras, puis autour de mes seins, jusqu’à mon ventre.

Alors qu’il finit de s’occuper de mes mains il prit mon avant-bras pour le regarder de plus près, il trouva sans difficulté les traces de scarification que je m’étais faites seule il y a de cela quelques années.

Il développa son bras en approchant ses lèvres et vint les embrasser avant de faire filer sa langue jusqu’à mon sang pour le goûter et remonter mes blessures. Le feu de sa bouche s’allia au feu de la brûlure ; ce mélange de douleur et de plaisir m’arracha un petit gémissement d’excitation.

Cette réaction sans doute aux antipodes de ce qu’il devait avoir d’habitude avec ses autres victimes sembla l’amuser et le troubler un petit peu. Même s’il le cachait fort bien. Mais suivant son regard, je me sentais connectée à son âme...et lui à la mienne... En goûtant mon sang et en plongeant sa lame dans ma peau, en me scalpant de son regard, il avait sondé en quelques instants ce que même mes ex- compagnons n’avaient pas réussi à deviner en des années de relation.

Sa main remonta de mon ventre jusqu’à mes seins puis ma gorge. Ses doigts serrèrent ma trachée et ma jugulaire. J’agonisais lentement sous son étreinte mortuaire. Mais je décidais de lui offrir un regard aimant en récompense de ma libération.

Et alors que je commençais à perdre conscience, il retira sa main. Je pris une grande respiration, mais j’eus le plus grand mal à revenir à mon corps.

C’est alors qu’il entreprit de retirer doucement sa ceinture tout en me fixant dans le brouillard entre la vie et la mort. Il retira son pantalon puis son boxer, exhibant son sexe vigoureux et puissant.

J’étais offerte à lui. Je ne pouvais pas lui cacher être en feu sous son charme et la situation qui satisfaisait tant l’Eros que le Thanatos.

Impassible, mais visiblement très excité par la situation et sans doute ma réaction, il tira mon bassin vers lui. Je me laissais happer vers lui, serrant doucement mes tibias sur le bas de son dos.

Il rentra en moi d’un coup sec. Terrible. Douloureux. Mais tellement intense que je m’approchai de quelques centimètres pour le sentir encore mieux au prochain coup de reins qui me déchirerait l’entrejambe. J’avais le plus grand mal à accueillir une telle vigueur en moi, mais mon excitation était telle que ce ne fut pas difficile de lui offrir très vite un accueil bien plus hospitalier.

Ses pénétrations étaient sourdes, soudaines, inattendues. Quand il me prenait, c’était comme s’il me plantait un coup de couteau dans le ventre. D’ailleurs, il ne pouvait s’empêcher de fixer le mien avec un intérêt tout particulier. Était-ce son fantasme ?

Il s’inclina vers moi, se préparant à charger encore en moi comme un taureau. Il m’arracha un cri de plaisir mêlé à l’inconfort de tels assauts. Je profitais pleinement de l’instant, mon mental éteint, me laissant subjuguer par mon bourreau dont j’attendais avidement la lame entre mes cuisses.

Il commença à devenir plus gourmand de mon corps et le rythme s’intensifia avec une certaine régularité. Il ne manquait pas l’occasion d’enfoncer chaque cm de sa puissance jusqu’au fond de mon vagin. Sans me risquer à perturber son instant de plaisir, je prenais un plaisir très intense, mes bras ensanglantés attrapant les draps pour contenir mes cris ou ma jouissance.

Je me laissai aller à une bien vilaine insolence. - « Étranglez-moi encore. S’il vous plaît. ».

Son regard se chargea d’une certaine noirceur, d’un plaisir sadique, presque inaperçus, mais qui raisonnaient dans les énergies qui l’entouraient.

Sa main se plaqua brutalement sur mon cou et sa poigne fut aussi terrible que ne devait l’être sa surprise. Je savourais de sentir encore mon souffle de vie s’échapper, mon sang taper violemment dans mes oreilles.

Maintenant fermement son étreinte, il approcha son visage du mien, voyant sans doute ma peau devenir violette et mes lèvres se vêtir de bleu. Il me fit alors entendre sa respiration sourde. Comme l’animal dangereux sur le point d’attaquer. Et alors que son souffle chaud et bruyant glissait sur mon visage, il m’assenait des coups de bassins sans ménagement, me pénétrant longuement dans des râles de plaisir rauques.

Enfin, de l’air. Ses doigts se dégagent de mes voies respiratoires. Je revis. Pour avoir envie de mourir de nouveau entre ses mains. Je profite de prendre une grande bouffée d’air pour oser embrasser ses lèvres, faisant filer ma langue sur la sienne avant de me retirer.

C’est alors qu’il me saisit par les hanches et me retourna sans ménagement comme un bout de viande, maintenant sur le ventre. Je me cambre pour lui offrir la meilleure vue possible et sans doute l’invitation la plus charmante que je puisse lui faire avec le peu de forces qu’il me reste.

Il tire mes fesses et vient m’empaler sur lui. Mes lèvres avalent de nouveau son sexe aussi implacable que sa présence. Il me déchire à l’intérieur en me pénétrant violemment. Mon vagin est en feu. Mais pour rien au monde je ne voudrais qu’il arrête de me traiter comme ça...

Je sens une puissante claque sur mes fesses. Et bientôt je ne suis plus qu’un fétu de paille entre ses mains posées divinement sur mes flancs, me possédant entièrement. Sa présence froide et son silence glacial n’enlevaient rien au fait que je ressentais bien plus de plaisir qu’avec tout autre homme auparavant.

Il s’acharna délicieusement en moi dans une longue levrette finissant dans une vraie sauvagerie. Je crains même un peu qu’il ne brise ma colonne vertébrale d’un coup trop ferme. Mais je serai partie avec le plus délicieux des plaisirs.

Mon bourreau sembla petit à petit ralentir sa cadence infernale pour venir écarter mes fesses. Je sentis alors son gland commencer à forcer le passage. Je fut prise d’un petit mouvement de peur à l’idée qu’il me détruise totalement au premier passage. Pourtant... je le désirais...partout...

Je tentai de me détendre comme je le pouvais. Et finalement, je le sentis faire une sorte d’effort pour ne pas me blesser outre mesure. Néanmoins, il serait difficile de mentir sur l’épreuve que fut la première pénétration jusqu’au fond de mes fesses. Mais une fois qu’il avait atteint son objectif, je respira simplement et le plaisir monta immédiatement. Je recula timidement sur son membre viril pour l’inciter à ainsi continuer d’abuser de moi.

Il n’attendit guère de temps pour prendre ses aises, serrant ma nuque alors qu’il força de nouveau l’étroit conduit qu’il élargissait sans mal. Il lâcha un grand soupir que j’interprétai comme du plaisir. Et je ne pus m’empêcher de sourire à cette idée d’avoir gagné une petite bataille...

Il continua de me sodomiser de longues minutes. Je tentais de faire le moins de bruit possible, mais c’était difficile, tant il m’excitait. Il y avait bien sûr le plaisir que me donnait son corps, la chaleur de sa peau, sa poigne si ferme, mais surtout... son aura. De menace. De froideur extrême. Son imprévisibilité.

Il lui suffisait d’une étreinte, ou d’un simple mouvement de bras pour me briser en mille morceaux et prendre ma vie. Il aurait pu aussi très bien se saisir de son couteau et me larder de coups dans le dos.

Mais c’est à ma grande surprise qu’il n’en fit rien. En lieu et place, il se retira de mes fesses et entra de nouveau dans mon sexe, semblant entamer la dernière phase de son périple vers la jouissance.

Sa sauvagerie avait laissé place à un mélange étrange entre de la magnanimité et la menace imminente de l’arrêt de ma vie après qu’il aurait cessé de jouer avec moi. Mais à cet instant, seul son plaisir semblait compter. Je pressais mes fesses contre lui pour lui montrer que je le désirais bien plus que ma raison ne le permettait.

J’avais envie qu’il jouisse en moi. Qu’il comble ce vide dans mon âme, en me souillant de sa noirceur chaude. J’avais envie de le sentir crier de rage en me prenant sauvagement pour éjaculer profondément. J’avais envie de lui...tout entier...de son corps...de son âme...s’il en avait encore une ?

Il lâcha un râle de plaisir grondant, comme le tonnerre et je sentis qu’il se vida totalement entre mes cuisses, se libérant d’une frustration longuement retenue. J’aurais tant aimé qu’il m’embrasse. Mais je sentais sa présence, sa noirceur, son envie, tels d’innombrables baisers empoisonnés sur mes lèvres.

Il se retira de moi et je sentis sa semence couler abondamment sur mes cuisses, souillant le lit. Je restai de longues secondes à 4 pattes, attendant mon sort. Ne pouvant le regarder, j’étais dans l’expectative la plus totale.

Il me jeta sur le dos et je le vis, ruisselant de sueur, le regard toujours aussi vide, mais l’odeur de ses hormones et de sa transpiration étaient comme les récompenses pour mes efforts...

Il me fixa un long moment. Son regard laissa échapper une once d’hésitation. Il avait saisi son couteau et le tenait fermement. Il était prêt à frapper. Il regardait mon ventre. Avec une avidité...et le regard du Mal.

Je m’offrais à lui, les jambes écartées, mon sexe blanchi par sa jouissance. Je fixais ses yeux d’un mélange d’amour, de vide et de résignation. Quel que soit mon sort, j’avais partagé le plus bel instant de complicité avec un homme.

Alors, soit...

Il frappa. Son couteau fendit l’air et déchira. Il s’enfonça profondément. Le bruit fut terrible. La puissance du coup...imparable et apocalyptique.

Mais seules quelques plumes s’extirpèrent de la blessure. Il retira sa lame du matelas.

Il se contenta de me fixer du regard, sondant le néant dans mes yeux qui était lié au sien dans son coeur.

Je pris sa main armée et déverrouilla ses doigts du manche du couteau. Je sentis son arme dans ma paume et cela me donna un étrange sentiment d’extase. Il s’allongea et sembla me regarder, intrigué par mon drôle de numéro.

A aucun instant je n’avais songé à le retourner contre lui.

Je fixais la lame...et me demanda alors dans combien de ventres, de seins, de hanches, de reins, de poumons ou de coeurs elle s’était plantée. Hypnotisée par cette arme, je finis par y faire glisser ma langue. Sur le fil comme sur tout le plat de l’acier. C’était comme si je voulais goûter à tous les meurtres qu’il avait commis.

Je n’avais pas besoin de regarder son propriétaire pour sentir qu’il me dévorait du regard, comme un oiseau rare.

Je levai mes yeux vers la femme attachée au lustre. Et alors qu’elle devait croiser nos deux regards simultanés, elle hurla dans le bâillon et sembla se débattre.

Trop tard.

Animé par une pulsion noire semblant provenir des strates les plus sombres de mon esprit, je plantai d’un coup sec la lame dans le ventre de la jeune fille. Son cri se teinta d’une douleur qui emplit la pièce d’une vibration particulière. Puis, continuant dans une sorte de rage mêlée d’un plaisir sadique, je fis des mouvements d’avant en arrière pour découper lentement le ventre de ma victime centimètre par centimètre.

Alors qu’elle agonisait dans la douleur et la plainte, ses viscères tombèrent lourdement sur le lit. Je fus prise intégralement dans une cascade de sang qui pulsait hors de son corps alors que les derniers soubresauts de vie s’échappaient d’elle dans une dernière quinte de gémissements.

Je frottai mon visage du sang de cette femme innocente et m’en maculai les seins, le ventre, le sexe, l’anus, les cuisses. Puis lentement je tournai mes yeux vers lui.

Et là, je le vis vraiment. Il était là.
Sans masque.

Pour la première fois, je voyais son sourire. Machiavélique. Diabolique. Maléfique. Il me fixait comme si j’étais sa création. Sa précieuse créature sanguinaire.

Pourquoi avais-je nié si longtemps les mêmes pulsions que les siennes ? Je laisserai ces réflexions existentielles à plus tard.

Tel un félin je me cambrai vers lui et m’approchai à quatre pattes. Entre ses jambes, je vins prendre son sexe en bouche. Je l’avalai entre mes lèvres. Il me laissai faire. Excité à l’extrême. Et pour une fois, c’est lui qui ne bougeai pas.

Je m’appliquai à lui offrir le plus de plaisir que ma langue, ma bouche et ma gorge pouvaient lui offrir. Le peu de réactions qu’il m’offrit en échange ne changeait rien au plaisir que je prenais à honorer cet obscur mentor du crime.

Je pressai mes lèvres plus fort sur son sexe et entama un mouvement de main plus osé alors que je laissais couler sur mon visage et son sexe le sang de notre victime gisant au plafond. Mais son âme était en enfer, avec nous, avalé dans ma bouche et prisonnière du sexe de mon amant, seule sa jouissance lui offrira sa rédemption.

Et il vint. Quel délice de sentir son sexe se durcir et remplir ma bouche de son liquide chaud et brûlant comme le sang dont j’étais simplement vêtue. Une Ève sanglante. Je laissai sa semence maculer mon visage sous son regard plein d’envie.

Je pouvais le contempler dans sa plus ténébreuse splendeur, le regard plein d’admiration et de désir pour lui. Et tel un animal sauvage ne pouvant toutefois se laisser totalement domestiquer, je posai simplement ma tête sur son ventre. Il posa sa main dans mes cheveux. Et par ce simple mouvement, il me fit sienne...

Je lui appartenais... Nous étions maintenant deux anges des ténèbres mariés dans le sang et le plaisir. Offerts l’un à l’autre dans le sacrifice d’une vie. Dieu seul sait qui nous servions, car si notre corps et nos coeurs étaient vides, nos âmes elles, obscures, s’était nourries d’une obscure présence...d’un amour noir comme l’encre...faisait germer un appétit nouveau...

Et ainsi fut sa voix...
- « Tuez en plus. Tuez-les lentement. Et tuez les tous. »

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