Les yeux mi-clos, elle se laissa guider par cet homme fascinant qu’elle ne connaissait que depuis quelques heures, tout en se persuadant qu’elle se devait d’être prudente. Il ne faudrait pas qu’elle mêle les sentiments dans cette relation… Néanmoins, elle était sur un petit nuage et tout ça était tellement excitant !...

Elle en avait pourtant connu des hommes, mais avec celui-là, c’était différent. Elle n’avait pas pensé à cette éventualité parce que, mis à part le côté sexuel, elle n’avait jamais rien ressenti pour eux et donc, n’en attendait absolument rien. Ce n’était vraiment pas de chance !

Elle leva la tête pour le contempler à la dérobée. Une petite voix résonna dans sa tête : « Attention, Emma, attention ! », mais elle l’ignora, du moins pour l’instant. Il baissa la tête vers elle et ils restèrent soudés ainsi une longue minute, ou un siècle ? Elle n’avait plus trop la notion du temps.

Il resserra son étreinte et lui fit comprendre qu’il la désirait. Elle frémit intérieurement et répondit en le serrant plus fort. Sa réaction ne se fit pas attendre : il écrasa sa bouche sur la sienne et l’embrassa fougueusement ; elle lui rendit aussitôt son baiser et se colla encore plus contre lui. Mais la musique s’interrompit et ils se séparèrent. Elle lui prit alors la main et lui dit :

– Viens, allons boire quelque chose !

Elle l’entraîna à quelques mètres de la piste de danse, vers une table où Dora était assise et discutait à bâtons rompus avec un jeune homme blond, vêtu d’une chemise blanche ; Dora présenta Marc, son petit ami depuis quatre ans. Puis, ils se levèrent et retournèrent sur la piste pour aller danser un rock endiablé.

Elle s’assit sur la banquette, suivie de Lucas et finit son verre resté sur la table.

– Tu en veux un autre ?

– Oui, je veux bien. Et toi ? Tu ne bois pas ?

– Si. Attends-moi, je reviens.

Comme si elle allait le planter là ! Elle comptait bien l’attendre maintenant qu’elle avait réussi à l’appâter. De plus, il avait aiguisé ses sens, pourquoi ne pas joindre l’utile à l’agréable ? Elle le trouvait tellement sexy et captivant, mais consciente de jouer à un jeu dangereux.

Il revint s’installer près d’elle en lui tendant son verre et ils trinquèrent, les yeux dans les yeux. La musique et les conversations provenant des tables voisines n’incitaient pas à la discussion, mais elle tenta quand même :

– Tu viens souvent ici ?

– Non, pas vraiment, la dernière fois, c’était l’été dernier, si je me souviens bien.

– Ce n’est pas ton style de boîte ?

– En fait, je n’ai pas de style de boîte, je déteste même les boîtes.

– Ah !

– C’est pour toi que je suis venu, lui dit-il, en se penchant vers elle, lui prenant une mèche de cheveux entre ses doigts. Uniquement pour toi.

Elle se leva d’un bond.

– Allons chez moi ! J’habite à deux pas d’ici. Mais j’ai besoin de me refaire une beauté, je n’en ai pas pour longtemps.

La jeune femme se leva gracieusement, prit son sac à main et s’éloigna en direction des toilettes.

Enfermée dans le cabinet, elle sortit son smartphone et tapa fébrilement : « Plan hameçon activé ». Puis d’un geste déterminé, elle expédia son message, tira la chasse d’eau et effaça aussitôt toute trace de son envoi.