8- Emma
Midi. Elle était chez Lucas, une villa située sur les hauteurs de Cimiez, un quartier chic de Nice. Confortablement assise sur la terrasse, elle sirotait son apéritif favori.
On était à la mi-février, en pleine période du Carnaval de Nice.
Cela faisait maintenant un mois et demi qu’ils se retrouvaient chez lui, à raison de deux, voire trois fois par semaine. Souvent même, il insistait pour qu’elle reste dormir chez lui.
Il était fou amoureux d’elle. Leurs nuits étaient des nuits d’amour et de sexe, comme elle n’en avait jamais connues. Des nuits où ils s’accordaient pour ne former qu’un ensemble, unique et sublime, fait de sensations extatiques. Il fallait croire qu’elle-même était tombée sous le charme de cet homme séduisant et sombre.
Justement, elle avait dû lutter toute sa vie contre ce côté sombre. Cela remontait à son enfance chaotique, entre une mère nymphomane et un père alcoolique. Elle avait traversé des périodes obscures, se détruisant dans cette drogue qu’aujourd’hui même elle récusait. Elle avait dû faire un long travail pour sortir de ce tunnel.
C’était un sentiment de justice qui l’animait à présent, et les émotions qu’elle ressentait pour Lucas risquaient d’annihiler tout cela.
Elle se tourna à demi et aperçut Lucas arpentant le couloir, au téléphone, il avait l’air agité. Elle s’approcha discrètement.
– Oui, tu as bien compris ! Vendredi ! Tu as bu ou quoi ? Tu l’attendras à Vintimille, à l'endroit habituel, vers 14 heures. On te contactera sur place. Tiens-toi prêt et ne fais pas d’embrouilles ! Préviens Luigi !
Il raccrocha violemment et fourra son téléphone dans sa poche. Il le ressortit aussitôt pour passer un autre coup de fil. Puis il vint vers Emma, debout sur la terrasse, occupée à regarder le paysage.
– Mon amour, excuse-moi, je suis un goujat de te délaisser ainsi ! Finis ton verre, je t’emmène déjeuner.
– Ce n’est pas grave, chéri, je profitais de la vue. Tu as faim ?
– De toi, toujours…
– Je me refais une beauté et je suis toute à toi !
Elle se leva et d’une démarche chaloupée, se dirigea vers la salle de bains.
Elle ferma un instant les yeux, tiraillée. Elle n’arrivait pas à se décider. Elle soupira longuement. Elle prit enfin son portable et cherchait « Gary » dans ses contacts quand la poignée de la porte s’abaissa soudain, la faisant sursauter.
– Ça va chérie ?
– Oui, j’en ai pour une minute !
Ouf ! Heureusement qu’elle avait mis le loquet !
Elle remit vivement son smartphone dans son sac, tira la chasse d’eau, se lava les mains et sortit.
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