Dès l’arrestation, il fut alerté par un appel d’un de ses sbires, en faction à la frontière. Ce dernier lui relata toute la scène, insistant sur le déploiement anormal des forces de police intervenant un jour de semaine : avait-il été démasqué ? Et qui l’aurait dénoncé ?

Il raccrocha et s’effondra dans son fauteuil, atterré. L'image d'Emma lui vint aussitôt à l'esprit et une douleur fulgurante le traversa. Emma ! La femme qu’il aimait et à qui il avait donné son cœur et son âme ! Non, ce n’était pas possible !

Au bout de quelques minutes, cependant, son instinct de survie prit le dessus : après la douleur et la tristesse, il ressentait une bouffée de haine et de rage envers cette femme qui avait réussi à le faire tomber. Car comment les flics auraient-ils pu savoir ? II avait pris toutes ses précautions, comme d’habitude ; il n’y avait malheureusement que cette hypothèse, Emma était souvent auprès de lui ces derniers temps. Et de plus, il avait une confiance absolue envers ses gars.

En premier lieu, il devait quitter la scène en assurant ses arrières. Son esprit fonctionnait à toute vitesse, cherchant les possibilités et les moyens pour lui de se sortir de ce guêpier. Ah, il n’aurait jamais dû baisser sa garde ! Et pour une femme qui n’en valait pas la peine ! Mais qu’avait-il donc fait ?

Il savait ce qu’il lui restait à accomplir. Il prit son Iphone et agité, composa un numéro.

*****

16 heures. Il se trouvait dans le centre de Nice et cheminait pour atteindre l’avenue Jean Médecin. Il avait oublié qu’un Corso carnavalesque se déroulait cet après-midi et involontairement, il fut mêlé à la foule bigarrée et surexcitée. Il aperçut le Roi défiler suivi de la Reine et d'autres chars. Les rues étaient bondées et colorées. Il esquiva un lancer de confettis mais ne put éviter des jets de bombes serpentin qui l’atteignirent en pleine face et à l’épaule. C’était bien sa veine qu’il y ait Carnaval aujourd’hui ! Il eut du mal à contenir sa fureur, s’il pouvait tous les envoyer ad patres ! Il s’enjoignit au calme, il le fallait s’il voulait s’en sortir.

Il finit par déboucher dans une rue un peu plus calme et arriva à destination. Avant de franchir la porte de l’établissement, il se retourna, méfiant et inquiet. Il avait l’impression d’être suivi. Il regarda autour de lui : des passants, ne lui accordant aucun regard, un homme affublé de lunettes de soleil qui le dépassa, une femme aussi. Pourquoi ressentait-il un malaise qu’il n’arrivait pas à définir ? Anxieux, il se décida finalement à entrer.