Elle viendra, prendra tout ce que tu as...

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Commençons par redessiner les contours. On offre ici un défouloir, un champ libre. On nous propose de déverser notre colère, on nous encourage même à ne pas la brider. Alors oui, nous allons devoir poser quelques limites. La colère… que crois-tu savoir d’elle ? Sans doute ton geste s’est-il motivé d’une réelle bienveillance. Sans doute, as-tu voulu permettre à qui le voudrait, de se libérer de ses angoisses et par la même de se révéler dans une oeuvre littéraire singulière. Sais-tu que par ce geste, tu as ouvert une porte infernale ? Sais-tu que c’est irréversible ?

Tu attendais quelques coups de gueule, deux ou trois états d’âme. Tu attendais ce que tu as reçu : radar, racisme et jeunesse dépravée. Tu as reçu des plaintes rien d’autre. Nous sommes bien loin de la colère. Pourtant, tu ne vas pas être déçu. Crois-tu que tout cela soit passé inaperçu ? Elle est en route. Ton invitation comme une invocation a été entendue. Elle approche. Tu veux de la colère ? Oh non, tu ne va pas être déçu. Regarde la ma colère, je te la livre.

Ma colère se fout de la courtoisie au volant, ma colère se fout de la couleur de ta peau. Ma colère méprise tes choix sexuels, elle a fait les siens. Ma colère n’attend rien de notre jeunesse illettrée. Ma colère n’a que faire de ton cancer, elle ne compte même plus tes morts. Ma colère n’a qu’un seul but, qu’une seule loi. Elle ne s’alimente que d’un feu.

Elle est écarlate, violente, sans pitié. Sur son passage rien ne survit. Elle terrasse toute résistance. Son cri est insupportable, mêlé de grincements stridents, d’explosions et de hurlements agonisants. Si je la laissais faire, elle se précipiterait sur toi, te projetterait sans répit contre les murs alentours. Elle saisirait tes membres un à un et les briserait par jeu. Elle te plaquerait au sol et enfin te pulvériserait le crâne à grands coups de massue.

Ma colère gronde comme le tonnerre. Imagine-toi ces dieux anciens, puissants et immortels. Imagine les se dresser et frapper, frapper encore, frapper sans repos le sol que tu foules.

La colère ? Tu es sûr de vouloir la rencontrer ? Même si tout me dit que tu n’en es pas capable, ferme les yeux et écoute moi. Écoute moi et laisse le monstre entrer. Laisse cette main ferme agripper une à une toutes les choses qui te tiennent en vie. Regarde la les broyer jusqu’à les réduire en cendres. Alors, retourne-toi et tente de trouver une raison à son geste. Regarde tout ce que tu aimes mourir, regarde tout ce en quoi tu crois disparaître. C’est bien là, et seulement là, que tu verras. Seul, brisé, c’est alors que tu verras l’injustice absolue. Pourquoi ? Parce que la colère n’a que faire de toi. Elle viendra, prendra tout ce que tu as. Elle s’en ira et rira. Elle rira de toi, pauvre mortel qui innocemment l’invoqua.

Chut… ne te débats pas. Tu ne voudrais pas connaître pire que cela ?

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