Chapitre 2
Paris, mardi 27 mai 2025
23h43
C’était une belle nuit de printemps, fraîche, avec un léger vent qui traversait la rue. Un jeune garçon s’approcha d’un pas vif. Coiffé d’une casquette à la gavroche, on ne pouvait distinguer son visage. Et pour cause, aucun réverbère, aucune fenêtre n’éclairait la rue. Seule l’arête des toits se découpait sur le clair de lune, le reste de la rue étant condamné à la pénombre. Le jeune homme s’arrêta au milieu de la chaussée déserte et fouilla ses poches. Il en ressortit un petit objet qu’il posa au sol, recula de quelques pas et porta ses mains à ses oreilles. Quelques instants plus tard, un long sifflement strident résonna dans toute la rue, suivi d’une brève et unique répétition. Le silence revenu, le jeune homme ramassa rapidement l’objet et disparut dans la nuit au pas de course.
Non loin de là, à l’angle de la rue, un imposant immeuble s’animait. De style Art Nouveau, c’était une élégante bâtisse qui, sans totalement rompre avec le classicisme des immeubles Haussmanniens adjacents, en cassait certains codes : les rondeurs omniprésentes adoucissaient sa façade et la tourelle d’angle apposée en son sommet apportaient une touche raffinée à l’ensemble. Troublé par le vacarme qui venait de se produire, l’édifice sortit de sa torpeur nocturne et entrouvrit ses fenêtres pour en laisser sortir un flot de personnes complètement hébétées. Alors qu’ils se regroupaient tous sur leurs balcons, se questionnant les uns les autres dans l’espoir que l’un d’entre eux au moins ait vu quelque chose, le dernier étage resta insensible à l’émoi général. Son seul occupant était resté immobile, derrière sa fenêtre, les yeux perdus dans le vague. Il savait que le protocole d’urgence venait d’être activé et que la journée du lendemain s’annonçait difficile.
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