Chapitre 10
Paris, mercredi 28 mai 2025
Jour J, 12h10
Durant toute la matinée, le ciel avait rassemblé de lourds nuages printaniers au-dessus de Paris. On ressentait cette oppression jusque dans les cœurs et les poumons.
Plus que quiconque, Nathan percevait le danger d’un ciel chargé de vapeur. Il tourna alors son visage vers le Divin pour constater la menace qui pesait sur Paris. Une goutte de pluie s’écrasa sur son front et ce fut le déluge. De lourdes nappes d’eau s’abattirent dans la rue. Les quelques passants présents disparurent aussitôt. Nathan, lui, savait qu’il ne pouvait s’offrir le luxe de se défiler face à cette nature déchaînée.
Sans réfléchir, il se mit à courir en direction du centre-ville. A chacun de ses pas, d’immenses gerbes d’eau se retrouvaient projetées tout autour de lui. La pluie ruisselait le long de son visage et s’immisçait partout dans ses vêtements, imprégnant son corps d’un froid certes lancinant, mais également vivifiant.
Cette eau bénie des cieux, loin de le ralentir, l’encourageait au contraire à accélérer le pas. Bientôt il parviendrait aux abords de l’île de la Cité ; bientôt il traverserait le dernier pont qui reliait encore la rive droite à l’île ; bientôt il délivrerait Chloé ; bientôt il lui dirait les mots qu’il faut ; bientôt ils s’embrasseraient une dernière fois ; bientôt ils s’endormiraient main dans la main.
Focalisé sur ce seul objectif, il ne remarqua à aucun moment les trois ombres qui le suivaient. Elles le suivaient pourtant depuis qu’il avait quitté l’appartement ensanglanté du cadavre borgne.
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