Bonheur contagieux. Je grimpais sur le guidon du vélo quand tu pédalais, on partait à l'assaut des avenues, renversant presque les passants qui eux n'avaient rien demandé. Nos regards nos sourires notre amour notre amour notre amour…

Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Ça m'a hantée. J'ai pleuré notre rupture comme la mort d'un proche, comme ma mort à moi, j'ai fait le deuil de moi-même cette fille que je ne connais pas. Le monde entier s'abattait sur moi, et je lui criais à ce monde entier cet enfoiré : pourquoi pourquoi pourquoi ? Je revois ton sourire avec cette sauce mexicaine qui dégouline, les restaurants, les avenues encore et la pluie qui tombe, ou la neige je ne sais pas, mon dieu je ne m'en souviens pas. C'est passé, c'est fini ? Vraiment, pour la vie ? Je revois ton rire ton sourire tes yeux de gamin, tes doigts qui déverrouillent d'un code ta porte d'entrée, et ta maison ce château mon refuge, ce cocon cette prison, l'arche de Noé pendant le déluge. Ta cuisine, moi sur toi, koala, la terrasse, le sol en bois et même ton chat que je ne piffrais pas, et mon malaise face à ta mère n'en parlons pas, et le pire : ranger la vaisselle, je me trompais toujours de tiroir, mon amour j'étais perdue chez toi mais partout ailleurs je ne suis pas. Qu'as-tu fait qu'as-tu fait ? Le temps est passé mais réveille-toi, je t'aimais tu m'aimais, on n'était pas mieux comme ça ? Cette piscine ces bouquins ce parc ces avenues cette gare miteuse ces tacos dégoulinants ces plats de pâtes ces plats thaïs et ces pizzas sans champignons, ces vélos ces envolées sous la pluie dans le froid dans la nuit, mon amour mon amour réveille-toi, on n'est pas maintenant, on n'est pas là. Mon amour mon amour, dis-moi que tous ces mois sans toi je les ai rêvés...

Aujourd'hui je rêve la nuit d'un autre que toi. Comment as-tu pu me laisser faire ça ?