Chapitre 4
Chapitre 4
Cela faisait douze heures qu'il avait débuté l'évaluation. En regardant le plafond au-dessus de lui, il se dit que c'était tout à fait inattendu. C'était presque ... un accident qu'il soit toujours là. Oh, il avait bien réussi quelques inflations avant, une dizaine peut-être, mais il avait échoué de nombreuses fois, s'arrachant des dispositifs sans parvenir au bout. L'appréhension de la douleur... Les examinateurs avaient vu qu'il avait mal, mais il était passé entre les mailles du filet et à présent, l'angoisse se faisait nouvelle. A la couveuse, il n'avait jamais pris vraiment le temps de s'entraîner aux épreuves suivantes. Oh il les connaissait de nom, il avait testé certaines choses plus par curiosité, puis par goût, que pour se préparer. Il consacrait toutes les heures possibles à la préparation de l'inflation après tout.
Il déglutit et se perdit dans les motifs étranges du plafond. Quel peuple était représenté dans cette petite chambre ? Il n'avait jamais vu autant de plantes différentes. Les murs étaient vitrés et derrière de petits climats étaient reconstitués pour faire pousser des essences particulières. La chambre était à la fois froide presque austère et pourtant très jolie et pleine de vie. Une dualité étrange. Il souffla doucement, il devait se lever, retourner au grand bassin pour se préparer consciencieusement puis, dès qu'il se sentirait près, il faudrait qu'il rejoigne la salle du grand rituel. Elle était juste après le bassin, il l'avait entraperçue. Il fallait passer par elle pour rejoindre la suite.
En se redressant du lit le plus confortable sur lequel il avait pu dormir, le petit Oom se sentit trembler d'appréhension. Le grand jour était arrivé, peu importe ce qu'il se passerait ensuite, il avait réussi une première très grande étape. Lorsqu'il se leva, ses jambes flageolèrent légèrement et il dut trouver un appui pour rester debout. Son ventre, ses entrailles et ses fesses le faisaient souffrir mais qu'importe aujourd'hui, il allait recevoir son nom.
Il marcha aussi vite que possible jusqu'au bassin où il se lava avec soin. Il savonna son corps tout en appliquant un soin particulier à ses aisselles et son entre-jambe. Il shampoigna ses cheveux avec une lotion qui sentait divinement bon, puis il les rinça et appliqua un produit inconnu qui les rendit plus doux que jamais. Enfin, il put se sécher et tout en soupirant légèrement à l'idée de tout ce qui l'attendait, il se lubrifia correctement. Ce rituel ne serait pas une partie de plaisir, un grand nombre d'entre eux l'échouaient, mais peu importe, ils repartaient avec un bien précieux : un nom et ainsi, ils n'étaient plus partie intégrante de la masse interchangeable d'anciens prétendants. Ils pourraient avoir des postes à responsabilité ! Ils avaient montré assez de courage et d'abnégation pour ça.
La salle du grand rituel était tout en longueur. Elle ressemblait à un long boyau et tous les deux mètres, la décoration, le type de sol, les murs, tout changeait. Pour atteindre la zone centrale, il devait donc marcher à travers ces décors qui lui rappelait le rôle des prétendants. Ils étaient là pour aider tout ces peuples et toutes ces espèces humanoïdes en mémoire de leurs ancêtres communs... Leurs différences étaient aussi importantes qu'elles étaient oubliables. Parmi les décors, il repéra les petites pierres blanches et noires, ici, il y en avait quelques autres d'une couleur argentée et d'un joli rouge. Plus loin le sol se fit froid, glacial et la décoration l'effraya. Il avança un peu plus vite jusqu'à voir la zone centrale. Il fut presque déçu qu'elle ressemble à la couveuse et en même temps, il était content de voir quelque chose dont il avait l'habitude.
Connaissant la suite de la cérémonie par cœur, il s'agenouilla et courba son dos jusqu'à ce que son front repose au sol. Un examinateur dissimulé dans un coin de la pièce s'approcha et glissa sa main dans une caresse qui se voulait réconfortante le long de son dos. Avec une aiguille, il le piqua au niveau de l'épaule, faisant perler une gouttelette de sang. Un rituel antique et complètement désuet mais qui venait rappeler l'importance de l'histoire. L'examinateur se redressa et marcha jusqu'au terminal des noms où il activa le système et laissa tomber l'aiguille ensanglantée dans la zone prévue à cet effet.
Immédiatement, le système en extraya toutes les informations possibles du groupe sanguin à l'ADN, il les relia aux informations de sa conception en couveuse, le jour où il avait été créé artificiellement et à la totalité de ses informations médicales. Un dossier complet se constitua alors et la machine lui offrit un nom. Sur le terminal, l'examinateur put lire : « Xa ». A ce nom, générique, viendrait s'ajouter des particules s'il réussissait d'autres épreuves et à chaque particule, sa vie pourrait grandement s'améliorer. Il connaissait la valeur des noms dans les systèmes de couveuse, alors il s'approcha doucement du garçon, lui caressa les cheveux et sur un ton des plus solennels lui dit la phrase rituelle :
- En ce jour, tu renais. En ce jour, tu deviens quelqu'un. En ce jour, j'accueille Xa.
Certains s'effondraient en pleurs, d'autres ne pouvaient s'empêcher d'exprimer leurs joies, mais le garçon resta prostré, choqué d'avoir réussi à atteindre ce nom. Xa. Le rituel n'était pas terminé et peut-être qu'il repartirait ainsi, avec une seule particule mais un bonheur immense.
- Afin de compléter ton dossier et de sélectionner les épreuves suivantes, tu devras être mis en cocon pour une mesure complète. Est-ce que tu es prêt ?
- Oui, je suis prêt.
- Parfait. Redresse-toi.
Xa, puisque tel était à présent son nom, se releva tout en gardant les paupières mi-closes. L'examinateur lui offrit une bille de fer qu'il prit fermement entre ses doigts.
- Si tu veux faire cesser le rituel, il faudra lâcher cette bille. Si tu la lâches, tout s'arrêtera irrémédiablement. Tu comprends ?
- Oui.
- Bien, je te laisse gagner le cocon dès que tu te sentiras prêt.
Le jeune observa l'espace désigné par l'examinateur et respira profondément comme pour tenter de chasser la peur. Ce n'était pas l'examen lui plus confortable qui soit et contrairement à une majorité d'autres épreuves, il ne pourrait pas le gérer. Il ne pourrait pas ralentir les choses ou les accélérer. Il pouvait uniquement décider de donner le départ de l'examen et l'arrêter prématurément s'il ne tenait plus. C'était encore un test de motivation mais ce qui allait se jouer là était bien plus important car c'était la totalité de son corps qui serait mesuré et analysé et en fonction des résultats, on pourrait lui annoncer qu'il ne correspondait à aucune des neufs espèces présentes aujourd'hui. Il pourrait être incapable de porter leurs petits ou de leurs plaire ou de les supporter physiquement parlant. Le clonage avait toujours sa part d'aléatoire.
Il savoura une seconde le pouvoir qu'on lui offrait, aussi maigre soit-il, puis il avança. Son objectif était simple : il devait parvenir à ne penser à rien, à s'isoler assez de son corps pour moins ressentir et surtout, surtout ne pas lâcher cette bille froide et lourde. Il posa ses pieds sur la surface molletonné et s'immobilisa. Autour de lui, des machines se mirent en action immédiatement, un voile se dressa jusqu'à refermer le cocon. En son sein, la gravité évolua pour le faire légèrement flotter et des premiers instruments de mesures vinrent à son contact. C'était de longues tiges de la circonférence de son petit doigt qui se mirent à le caresser. De l'arête de son nez à la courbure de ses épaules jusqu'à sa voute plantaire, tout ses traits furent catalogués, enregistrés, analysés. Par moment il ne put s'empêcher de remuer sous les stimulations notamment lorsqu'elles frôlèrent ses côtes ou ses pieds. Ce détail comme tout le reste fut pris en compte, puis les appendices se firent plus entreprenants en caressant ses lèvres. Comme demandé par le protocole, il entrouvrit la bouche et laissa la machine prendre le profil de ses dents, caressait sa langue et descendre à la limite de sa gorge dans un premier temps. Il y a eu un léger arrêt durant lequel Xa se força à prendre de longues et profondes inspirations puis la machine débuta l'exploration profonde, notant les réflexes de régurgitations, les tremblements et son rythme cardiaque. En réalité c'était toute la chimie de son corps qui était analysé alors que dans sa bouche, l'appendice enflait, le forçant à écarter les mâchoires autant que possible. Sans pouvoir s'en empêcher, il finit par se débattre, sans succès, mais il resta très fermement accroché à la bille, refusant de la lâcher et au bout d'un moment, l'appendice le libéra. Xa toussa pendant un moment, il avait mal à la gorge, mais déjà le pire moment de l'épreuve arrivait. Les appendices commençaient à s'en prendre à ses parties intimes.
Ce fut d'abord une lente caresse le long de son aine qui le fit frissonner, puis les contacts se firent plus précis encore, glissant sur sa hampe et sur ses bourses. Lentement, les appendices s'organisèrent pour que la caresse devienne prononcée. Le plaisir naquit au creux de ses reins et il fut stimulé sans aucune pitié jusqu'à la jouissance. Son sperme fut collecté, il servirait sans doute à divers usages au sein de la couveuse. Ayant un nom, il pouvait prétendre à influer le patrimoine génétique des génétiques futures. C'était un des nombreux droits qu'il avait obtenus.
Malheureusement, la partie la plus difficile de l'examen n'avait pas encore débutée et elle commença lorsque l'un des appendices se posa sur son anus qu'il avait soigneusement lubrifié. Il en aurait besoin se dit-il en sentant la machine le pénétrer légèrement et commencer à tester l'élasticité de sa chaire. En soufflant, il parvient à se décontracter alors que les mesures étaient prises. Un appendice glissa jusqu'au fond de ses boyaux pour observer la longueur maximale de pénétration. Bien-sûr avec un peu de travail, cela pouvait s'accroitre, mais cette première mesure serait un bon indicateur. Mentalement Xa savait que toutes les espèces dont la longueur moyenne excédée sa propre profondeur allait être écarté ce qui était des plus soulageant d'un point de vue physique, mais ça l'angoissait également. Et s'il n'en restait pas une seule ? Il se prit au milieu des manipulations plus pénibles les unes que les autres à espérer réussir. Lorsqu'un appendice força sa matrice, il hurla de douleur et de peur. Il n'y avait aucune délicatesse dans ces manipulations, rien qui ne puisse l'exciter ou le mettre en condition pour s'y préparer. Son corps était juste utilisé et manipulé sèchement pour obtenir une série de mesure qui s'ajouterait à son dossier d'identité.
Alors que l'appendice dans son ventre gonflait pour tester les circonférences tolérées, une autre s'approcha de son sexe pour s'enfoncer directement dans son gland. Le jeune Oom connaissait bien cette pratique, elle ne l'angoissait pas mais il détestait la manière de la machine. Il aimait lorsque des doigts se posaient sur lui, qu'ils le caressaient. Il aimait les encouragements tendres et la chaleur du corps de l'autre contre son front. Il aimait sentir l'odeur de l'autre aussi. Dans ce cocon inquiétant, il n'y avait ni chaleur, ni odeur, ni caresse, ni soutien quelconque. Il n'y avait qu'une bille de métal qui restait froide malgré sa poigne et des machines invasives.
Il se concentra sur sa respiration, il tenta d'oublier les tiraillements dans son ventre, les enjeux, les possibilités que son corps trop faible et petit allait lui fermer, il tenta de rester focaliser sur la joie immense qui l'avait assailli à l'instant où il avait entendu « Xa ». Peu importe les résultats, à présent, il était quelqu'un.
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