Chapitre 9
Le domaine sur lequel il s’était installé était immense, mais Roch’mey était l’Akoutie d’une couveuse bien plus grande encore et ses installations devaient être à la hauteur. Le plus souvent, il en tirait une grande fierté, mais lorsqu’il fallait les traverser lentement, à pied, c’était bien moins agréable, surtout lorsqu’il se sentait aussi frustré.
La journée avait pourtant bien commencé, parmi les dossiers, il avait repéré un jeune prétendant particulièrement prometteur et il avait décidé de lui offrir son accompagnement. C’était un véritable honneur.
Pour l’occasion, il avait assigné à l’androgyne une pièce plus grande que la normale ce qui ne serait pas de trop pour accueillir les deux colonnes centrales. Huit espèces à tester, cela promettait un véritable marathon qui aurait dû lui prendre au moins la journée, peut-être même plus. Lorsque l’Akoutie était arrivé, il avait posé ses yeux sur le si joli corps de Yu et il avait eu envie de le prendre immédiatement. Entre ses cuisses nues, son sexe lourd s’était dressé jusqu’à venir frapper son ventre dans une attitude quémandeuse. Le garçon avait eu une jolie moue gourmande, mais très professionnelle, Roch’mey l’avait invité à faire la première partie de l’épreuve : une découverte manuelle. Très vite, il avait compris qu’il y aurait un problème. Tout en marchand de sexe en sexe, les frôlant sans plus d’attention, le regard du garçon ne le lâchait pas. C’était deux jolies pupilles vertes encadrées de très long cils noirs. Sous ses doigts distraits, la majorité des sexes artificiels se dressèrent, mais il ne s’en occupa pas, à la place, il se tourna, minaudant autour de l’Akoutie. Ce fut à ce moment-là qu’il sut que Yu allait échouer.
Le garçon s’arrêta devant le sexe lourd reproduisant l’anatomie Koros et il le caressa sans lâcher Roch’mey du regard. Il se mordilla les lèvres et se pencha pour prendre la machine en bouche, lorsque l’Akoutie rugit :
- ASSEZ !
Les jolis yeux du prétendant s’ouvrirent bien grand sous la surprise alors qu’il s’immobilisait totalement. Il ne comprenait pas où il avait fait une erreur, mais il eut peur lorsque le mâle si fort et puissant marcha sur lui avec un pas guerrier pour le saisir par les épaules et le plaquer contre le mur avec rudesse.
- Que crois-tu faire exactement ? Tu joues ta vie, garçon. Si tu veux que je t’envoie directement à la couveuse pour avoir l’insigne honneur d’allaiter les petits, dis-le immédiatement car je le ferais !
Yu frémit. Il avait certes obtenu un nom, une seule et unique particule, à peine une ébauche, mais il espérait bien réussir cette épreuve, la suivante et toutes les autres après mais plus que tout, il savait ce qu’il voulait. Il voulait offrir un compagnon fertile à son Akoutie. Il voulait siégeait à ses côtés. Jamais il ne se serait attendu à ce que ses tentatives de charmes lui attirent de la colère. Faute de savoir quoi faire, il poussa ses reins en avant, frôlant la virilité durcit de l’Akoutie, il lui plaisait clairement alors où était le problème ?
- Je te donne ta dernière chance. Tu dois les toucher correctement, tu dois penser à ces sexes, tu dois glisser tes doigts dessus.
- Et si je ne veux que le tien ?
- Alors tu n’auras rien.
Ce n’était qu’un jeune ambitieux idiot… avec un corps à faire bander n’importe qui et des manières qui feraient chavirer bien des cœurs, seulement, s’il restait dans cette pièce, il échouerait et ce serait du gâchis. Il pourrait toujours le récupérer en rattrapage, mais le garçon ne le méritait pas. Il ne s’agissait pas seulement d’écarter les cuisses ou de se laisser féconder, il fallait être un partenaire digne de ce nom, il fallait être réellement motivé.
Roch’mey fit un pas en arrière et quitta la pièce, appelant une examinatrice en espérant que cela limiterait les distractions. Effleurant une paroi, elle se modifia instantanément pour lui offrir les dossiers qu’il cherchait. Il le relut rapidement et décida de rejoindre un autre prétendant qui pourrait peut-être s’avérer prometteur. Malheureusement au fur et à mesure de la journée, il n’alla que de déception en déception. Oh les jeunes prétendants étaient parfaits en soit, la majorité était très impliquée et il passa un excellent moment avec un petit Kri, un certain Al. Il avait été sélectionné pour les Koros et il lui demanda très respectueusement s’il pouvait effectuer une partie de son examen avec lui. Il rougissait joliment et il s’était tant et si bien appliqué en sa présence que Roch’mey le lui accorda. Il avait des lèvres délicieuses. Malheureusement il ne montrait aucun intérêt pour le sexe Liis et d’après les dossiers, c’était le cas de la majorité des prétendants. Aucun n’avait réussi à tirer la moindre éjaculation à la machine qui était pourtant réglée pour que ce soit le plus simple possible. Le véritable Liis serait autrement plus difficile à satisfaire et … autrement mieux membré également.
Une bonne partie de la journée s’était écoulée lorsqu’il décida de passer dans plusieurs salles au hasard. Il aimait faire ça pour découvrir des talents inattendus. Il s’assurait juste d’arriver entre deux épreuves et de ne pas gêner au bon déroulé de l’examen. En s’arrêtant devant une porte anonyme, il ouvrit le dossier, attendit un instant qu’une partie se termine, puis il rentra. Aussitôt, les deux se tournèrent vers lui.
- Faites comme si je n’étais pas là.
Ils obéirent, le prétendant posa des mains maladroites et timides sur la verge qui lui était visiblement inconnue. L’examinateur s’était penché contre lui et il le caressait tout en lui murmurant quelques consignes à moins que ce ne soit des encouragements à l’oreille. Roch’mey adorait observer les examinateurs au travail. Le garçon prit la verge dans sa bouche, lentement, patiemment et en jouant avec ses mâchoires, petit à petit il parvint à l’avaler entièrement, sans la moindre aide.
Avoir le regard de l’Akoutie sur lui l’excitait. Il s’appelait If depuis quelques heures et s’il ne répondait pas encore parfaitement à ce nom, il était fier de le porter. Sa fierté grimpa encore d’un cran lorsqu’au moment où il posa les doigts sur le sexe Koros de son examinateur, Roch’mey les rejoignit. Il reçut ses caresses avec délices : lui, le petit rien, il était caressé par l’Akoutie !
Allant de plaisir en plaisir, Roch’mey visita bien des pièces jusqu’à ce que la fatigue ne le prenne. Il sortit pour se reposer un moment. Les évaluations étaient en train de se terminer, machinalement, il observa les résultats concernant les Liis, pas un seul prétendant n’avait obtenu une éjaculation. En soupirant, il décida de vérifier ceux qui avaient réussi à obtenir une érection, ils étaient horriblement peu nombreux, puis il les tria en fonction de la durée des dites érections. La majorité d’entre eux avait terminé l’évaluation, mais ce n’était pas le cas de tous. Il se mit en marche pour rejoindre la fin de l’évaluation de Xa. Le garçon devait être épuisé, mais il était curieux de le rencontrer. C’était l’un de ceux qu’il avait repêché, juste au cas où.
Lorsqu’il arriva dans la pièce, le jeune prétendant était en train de terminer le coït avec l’anatomie Nicti. Ce n’était clairement pas une partie de plaisir, le sexe avait déchiré la paroi de sa matrice pour s’enfoncer profondément à l’intérieur. L’examinateur avait dû saisir les hanches du garçon pour l’aider et les larmes baignaient ses joues. S’il n’avait pas connu Goort’lu ou plus généralement les Geresandres, il aurait pu croire à une scène d’une grande cruauté mais il savait qu’il n’en était rien. En y regardant de plus près, il nota que Xa avait noué ses mains derrière le cou de son examinateur et qu’il s’y accrochait fermement alors que la main de ce dernier caressait sa petite verge semi-molle dans une tentative d’apaisement.
- C’est très bien, très bien… Décontractes-toi encore un peu… Voilà… Il faut le laisser te remplir.
Le sexe Nicti se positionnait directement dans la matrice et la remplissait de semence. Pour réussir l’épreuve, il devait supporter l’inflation et à voir son visage, c’était un échec. Goort’lu le savait sans doute lui aussi, mais il ne trancha pas, aidant le plus jeune à se dépasser autant que possible. Ni l’un ni l’autre ne remarquèrent l’Akoutie qui observait ce petit ventre s’arrondir au rythme des jets de semences.
- Oui, Xa, c’est bien, je suis fier de toi.
Le garçon pleurait encore, lâchant des hoquets angoissés tout en observant avec de grands yeux son examinateur mais pas une fois il ne demanda à être délivré. Sans réellement le vouloir, l’Akoutie se mit à penser à Yu. Un modèle magnifique mais s’il avait eu ce regard, cette acceptation, ce dévouement… Il aurait été parfait. Malheureusement le corps sans le mental ne servait à rien. Il posa un regard triste sur Xa avant de conclure pour lui-même que le mental sans le corps n’était pas plus utile. Le garçon se blessait pour rien. Ils attendirent néanmoins que le sexe mécanique se calme pour le déloger des reins chauds et meurtris. Le jeune prétendant fut posé au sol et Roch’mey s’avança paisiblement.
- Goort’lu. Xa.
- Akoutie, c’est un honneur. Répondit l’examinateur avant d’ajouter : Désirez-vous procéder à l’examen ?
- Hum… Oui, pourquoi pas.
Xa n’avait pas dit le moins mot et il se positionna si sagement que Roch’mey se sentit frémir de l’intérieur. Chaque année, lors des examens, il repérait quelques prétendants. Il n’hésitait pas à les retrouver, après, pour jouer avec ceux qui n’avaient pas été emmené. Néanmoins, il n’avait jamais ressenti le besoin de posséder réellement un prétendant, de le faire sien et d’essayer de faire naître la vie entre ses reins. Ce n’était jamais arrivé jusqu’à maintenant et devant ce prétendant moins que passable en vérité, il sentit un frémissement d’envie qu’il ne comprit pas.
En s’avançant jusqu’à la croupe tendue, il repensa aux autres jeunes qu’il avait visité aujourd’hui et aux éjaculations qu’il leur avait offert. Son corps avait pris bien du plaisir mais alors que ses doigts se posèrent sur le garçon, ce qu’il ressentit fut tout à fait différent. Il observa sa propre main, énorme, immense, épaisse, sur la fesse si frêle du petit Oom. Il repensa à son dossier : retard de croissance. En le lisant, il n’avait pas bien compris, il n’avait pas bien évalué la réalité que cela représentait. Il se souvint qu’il l’avait proposé aux Geresandres, mais en écartelant son anneau d’un seul et unique doigt, il sut que c’était une erreur. Il n’en serait pas capable, ni aujourd’hui, ni demain, ni dans un an.
Sans pitié, il enfonça un second doigt, bien trop gros dans son fondement et les écartela pour examiner la zone. Il nota une trace de sang, mais rien de véritablement inquiétant. Il remua les doigts, les fit pénétrer plusieurs fois et comme s’il ne s’intéressait pas vraiment au garçon sous sa poigne, il demanda :
- Il reste les Onabias, c’est bien cela ?
- Oui et… les Geresandres.
Sous ses doigts, il sentit la chair se détendre et bientôt, il put toucher l’entrée de la matrice. Le sexe qui y été passé était certes particulièrement fin par rapport aux autres, mais il présentait néanmoins une épaisseur certaine qui avait laissé une empreinte durable sur l’anatomie du garçon. Il était blessé un peu plus que de raison. L’Akoutie se pinça légèrement les lèvres.
- Va me chercher du baume, s’il-te-plait.
L’examinateur grimaça en comprenant ce que cela signifiait et obéit immédiatement. Dès qu’il le put, Roch’mey s’en couvrit les doigts et alla caresser les parois de la matrice, provoquant sursaut et glapissement du garçon. Il avait dû se forcer particulièrement pour ne pas demander à être libéré. Goort’lu s’en sentit nauséeux, il caressa les cheveux du garçon durant la totalité des manipulations pénibles. Mais l’Akoutie le rassura à son tour :
- Ce n’est presque rien, ne t’inquiètes pas. Tu as bien fait ton travail. Quel est la suite du programme ?
Il avait vérifié le dossier avant et il connaissait la réponse, mais il voulait aider son examinateur à se ressaisir.
- … Le Onabia et … et le Geresandre.
- Très bien. Je ne doute pas que tu puisses l’accompagner dans cette épreuve, mais …
L’Akoutie sortit les doigts du rectum du plus jeune et le fit se redresser, lui saisissant le menton pour qu’il le regarde.
- Ecoute-moi bien, Xa… Je vais te donner un ordre et tu vas m’obéir, n’est-ce pas ?
- Oui, Akoutie.
- Je veux que tu te relèves et que tu me désignes les sexes dont tu as envie et uniquement ceux dont tu as envie, peu importe tes résultats. Est-ce que c’est clair ?
Le garçon acquiesça encore, il tremblait légèrement et il n’avait qu’une envie, retrouver les bras de Goort’lu pour se glisser dedans et s’y réchauffer, néanmoins, il avait reçu un ordre et il obéirait quelque en soit les conséquences.
Xa observa autour de lui, il repensa au goût, à la texture, à la forme, à la dureté, à sa propre excitation face aux différents sexes. Son regard s’arrêta un court instant sur le sexe de son Akoutie qui était plus large que son avant-bras alors qu’il était au repos. Il ne ressentit pas l’envie de le recevoir en lui-même s’il aurait aimé l’embrasser. Finalement, il fit quelques pas vers son plus grand échec et vers ce mur si apaisant. Il baissa la tête car même s’il en avait reçu l’ordre, il savait ce que ce choix signifiait. Il était recalé, mais il n’aurait pas le moindre regret : il avait été au bout de lui-même.
- D’accord. Goort’lu, je te laisse le conduire en zone de repos. Vous viendrez tout les deux demain dans mon bureau.
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