Chapitre 15
Xaer avait observé le Liis durant des heures entières et ce n'était pas passionnant : il ne bougeait pratiquement pas. Le soir venu, ils s'étaient couchés ensemble dans le grand lit, sans se toucher même du bout des doigts. Le petit Oom n'avait pas osé initier le contact et ainsi, les jours étaient passés. Lentement et sans trop de variations en dehors d'une chose particulièrement importante : le vaisseau avait quitté l'orbite de la couveuse. Jamais il n'aurait pensé qu'il puisse s'en aller ainsi sans avoir copuler avant. Le Liis n'avait pas vérifié qu'ils soient compatibles ! Depuis il se posait beaucoup de questions comme : et s'ils n'y arrivaient pas, allait-il le ramener à la couveuse ? Ou l'oublier dans un coin du vaisseau ? Voir ailleurs ? C'était difficile à définir face à ce mâle si froid.
Néanmoins ses observations lui apprirent un certain nombre de choses. Kalaas'ynsguris était calme, patient et il semblait ne pas avoir réellement de sentiment. Plus important encore, il répondait aux questions et s'ils ne se comprenaient pas forcément, il faisait visiblement de son mieux pour être franc. Il acquit donc l'impression qu'il devrait parler à son lié pour que la situation évolue d'une manière ou d'une autre. Cinq jours s'étaient écoulés lorsque couché dans le lit dans lequel il avait tellement souffert, Xaer se lança.
- J'aime être guidé et je ne sais pas prendre de décisions. Je ne peux pas... Dire quoi faire ou quand le faire, mais j'aimerai faire ce que tu désires. J'aimerais... J'ai toujours voulu... porter la vie.
Kalaas'ynsguris ne répondit rien à cela, mais il se redressa sur un coude, repoussa une mèche de ses longs cheveux derrière son épaule et saisit sa mâchoire pour l'embrasser. Aussitôt, le petit prétendant se sentit fondre. Ses membres tremblèrent d'excitation et d'envie, il osa attraper l'épaule de son compagnon qui le chevaucha dans un mouvement ample. Entre eux, leurs érections se touchèrent et se frottèrent l'une contre l'autre. Xaer frémit en sentant celle, si dure, du Liis. Les piques étaient impossibles à ignorer et pour la première fois il comprit que la reproduction mécanique qu'il avait testée était en réalité petite. D'ailleurs son propre sexe lui parut bien frêle à côté de l'autre virilité.
Sans vraiment regarder, le Liis appuya sur le mur au-dessus d'eux qui s'ouvrit dévoilant un pot dans lequel il trempa les doigts avant de les redescendre sur Xaer. Doucement, avec une espèce de révérence étrange, il posa des baisers sur le corps de son prétendant et ceux jusqu'à atteindre son pubis qu'il embrassa avec dévotion. Il remonta sa cuisse, la caressa tendrement et posa ses doigts huileux sur l'intimité du garçon. Elle était si serrée que cela lui parut impossible, mais leurs érections avaient toujours de belles tailles alors il commença à le préparer. Il ne put s'empêcher d'observer son visage alors qu'un premier doigt le pénétrait. Autour de cet unique doigt, la chaire se contracta, le serra avec une force surprenante et le garçon ferma les yeux en gémissant d'excitation.
Il se sentit fouillé alors que le doigt coulissait lentement comme pour apprécier sa texture interne. Assez rapidement, les va-et-vient débutèrent avec une certaine amplitude. Xaer les accompagnait de son mieux en venant à la rencontre de ce doigt inquisiteur, lorsqu'il fut légèrement plus souplement un second doigt se profila contre son entrée. Ce fut plus difficile, un glapissement lui échappa alors qu'il était à la fois pénétré et recouvert de baisers si doux que bien vite, il se détendit autour de ces deux doigts réunis. Kalaas'ynsguris ne chercha pas à en faire pénétrer un de la plus, mais en contrepartie, il le massa longuement, appuyant sur la chair, la forçant à s'assouplir. Sous ses doigts, le corps de Xaer se façonnait. Heureusement, le Liis n'hésitait pas une seule seconde à ajouter du lubrifiant en quantité. Lorsqu'il jugea son petit partenaire prêt, il se redressa et l'observa tout en positionnant la première partie dure de son sexe contre son entrée palpitante. Les petits mouvements sans doute incontrôlés lui donnaient l'impression que Xaer lui embrassait le sexe.
Sans lui poser la question, il laissa ses hanches partir vers l'avant et la pointe l'ouvrit. Il poussa sans s'arrêter jusqu'à mi-longueur. Ce serait plus difficile ensuite. Un second pique touchait à présent le pourtour de l'anus, s'il poussait simplement, il faudrait une grande souplesse pour qu'il le pénètre, alors il débuta quelques aller-retours tout en observant le garçon. Il sentait divinement bon. Ses joues étaient rouges et son souffle court. La brume semblait avoir envahie ses yeux. Délicieux. En jouant du bassin et en s'aidant de l'une de ses mains, il parvient à faire rentrer la seconde partie proéminante de son sexe. Il le grifferait de l'intérieur, il appuierait sans pitié sur ses chaires, mais avant il l'embrassa de la plus douce de manière. Xaer l'observa, choqué, tout en s'adonnant pleinement au baiser, caressant cette langue si pâle de la sienne. Comment un être aussi froid et dur pouvait lui faire ressentir autant de choses ? La pensée fut fugace et les sensations revinrent avec force.
Le pénis fut poussé à l'intérieur, le faisant grimacer, mais il avait l'habitude. A la fin de la préparation avec Goort'lu, ce dernier l'installait devant une machine qui poussait furieusement un sexe Liis en lui, le griffant sans la moindre pitié jusqu'à ce qu'il jouisse et il finissait par venir invariablement. Bien d'autres avaient abandonné, mais pas lui, lui avait appris à y trouver son plaisir. Revenant à l'instant présent, il sentit la nouvelle poussée du sexe palpitant et il y répondit par un gémissement d'extase. Petit à petit, la griffe avança dans son corps jusqu'à venir, à chaque poussée, toucher l'entrée de sa matrice, lui faisant faire un petit bond alors que son cœur s'accélérait. Il se sentit se couvrir de sueur froide, et pourtant il se sentait tellement bien. Il en voulait encore, encore plus, encore un peu, mais il laissa le Liis décider du moment où il s'enfoncerait bien fort car une partie de lui se souvenait très bien de ce que cela lui ferait. Ce serait néanmoins différents de ses précédents essaies : Kalaas'ynsguris était bien plus gros et imposant.
Il eut un baiser, encore, puis le Liis lui saisit les hanches pour l'immobiliser et il plongea en lui. La première pointe frappa le fond de son rectum, s'engageant un peu plus loin encore alors que dans le même temps l'autre épine brisait littéralement son col, le brutalisant sévèrement. A l'instant même où il fut déchiré, Xaer éjacula entre eux. De la gorge du Liis sortit un gémissement rauque alors que sous lui, le jeune prétendant haletait, choqué, sans parvenir à crier. Ils ne bougèrent pas immédiatement, mais très vite, ce fut évident. La constatation s'abattit sur le prétendant comme un sceau d'eau glacée. Kalaas'ynsguris n'avait pas joui.
Il était toujours en lui, mais Xaer se sentait de plus en plus mal, horrifié en réalité. Il avait encore échoué. Cette fois-ci ce serait décisif, il allait forcément le ramener à la couveuse et tout ses efforts auraient été vain. Il ne pouvait pas lui donner de petits. Il tenta de reculer mais sa propre chair s'était refermée sur le Liis l'emprisonnant en lui.
- Ne bouge pas, tu vas te blesser. Je vais te détendre.
L'odeur autour d'eux se fit plus sucrée à tel point que le jeune Oom se sentit fondre. Son intimité se relâcha très légèrement et dans un grand mouvement Kalaas'ynsguris s'arracha à lui. Contrairement à son examinateur, il ne vint pas vérifier son intimité comme s'il était sûr de ne pas l'avoir blessé à moins qu'il s'en désintéresse. Après tout, Xaer s'était montré non concluant. Pourquoi s'occuper encore de lui ? pensa amèrement le garçon.
- Je pensais que tu étais préparé à cette forme de pénétration.
- Je suis désolé.
- Pourquoi ?
- Je... J'ai échoué.
- Non. Personne ne réussit du premier coup. Ca a été un très bon moment, je te remercie de l'avoir partager avec moi et je m'excuse pour la douleur. Préfères-tu rester seul maintenant ?
Xaer ne put s'empêcher de dire non et voyant que le Liis ne partait pas, il se permit de se blottir contre lui. Il tremblait. Il se sentait horriblement mal. Et puis, la voix de Kalaas'ynsguris s'éleva dans les airs, froides et étranges à la fois. Le mâle parlait tout en regardant le vide.
- Il y a des choses que tu dois comprendre. Nous venons de deux mondes particulièrement différents. Tu as grandi dans une couveuse, avec plusieurs autres espèces et tu as été préparé à certaines cultures. Mon monde vit en autarcie, nous vivons par nous-même depuis bien longtemps déjà. Mon père et ma mère n'étaient pas nés lorsque nous nous sommes fermés aux autres. Je ne comprends pratiquement rien de vos attentes. N'as-tu pas aimé ce contact ? Tu as joui pourtant. Est-ce que ce n'est pas l'expression de ton plaisir ?
Un silence passa sans que Xaer ne parvint réellement à lui répondre. Il tremblait toujours mais la main du mâle caressait son épaule en douceur comme s'il tentait de le rassurer. Voyant que le silence ne serait pas brisé, le Liis reprit :
- Tu as décidé d'instaurer ce moment, tu as joui, pourquoi n'es-tu pas heureux ? J'avais espoir que tu ais pardonné l'acclimatation.
- Je... Je n'ai pas à pardonner. Je dois t'offrir du plaisir et j'ai échoué.
- Personne n'aurait réussi mieux que toi. As-tu aimé ?
- Oui...
Le Liis eut l'air satisfait, il se courba pour l'embrasser et tranquillement, il le coucha tout en le caressant avec application. Se penchant sur son corps, il posa une ligne de baiser sur son torse et descendit là où la semence l'avait maculé. Il l'observa un instant, la lécha et fut surpris par le goût plus fort qu'il ne l'aurait attendu mais pas inintéressant. Tout en poursuivant les caresses du bout des doigts, il poursuivit sa route.
- Que... Que fais-tu ?
- Je t'offre du plaisir. Chuchota-t-il tout près de son gland avant de le prendre en bouche.
Xaer poussa un cri devant l'acte inattendu. Il n'avait jamais... été dans la bouche de quelqu'un et la pression, les coups de langues, tout était si bon qu'il en frémit. Il venait de jouir peu de temps avant, mais l'anatomie Oom leur permettait d'enchainer les coïts assez facilement. Il attrapa les épaules du Liis comme pour se stabiliser alors qu'il était déjà assis. Sa peau était toujours aussi dure, mais elle lui donna l'impression d'un soutien fiable et stable, alors il contracta ses doigts dessus.
Sans la moindre difficulté, le Liis l'avala entièrement lui offrant une gorge profonde vibrante et douce. Lorsqu'il fit glisser toute la longueur de sa hampe jusqu'au fond de sa gorge pour la troisième fois, Xaer ne put s'empêcher d'exploser, ses reins se mirent à remuer comme prit d'une vie propre et pour éviter de saisir la tête de son compagnon, il se rabattit sur les draps. Kalaas'ynsiguris avala la semence sans la moindre difficulté puis il recommença à clairsemer sa peau de baiser. Il remonta jusqu'à son cou, glissa en direction de sa bouche qu'il l'embrassa avec ferveur puis, sans prévenir se redressa fit un geste étrange et partit à la salle d'eau, laissant Xaer complètement démuni.
Que venait-il de se passer ? Il ne comprenait absolument pas mais ça avait été si bon, il était monté si haut et le retour à la réalité était brutal. Il regarda l'espace par lequel son compagnon avait disparu et il sentit les doutes recommencer à l'assaillir. S'il parvenait à trouver son plaisir sans peine, il n'avait toujours pas réussi à en offrir réellement. Il avait échoué, mais le Liis semblait s'y attendre et s'en accommodait, peut-être aurait-il une autre chance ? Le droit de réessayer ?
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