Ce long couloir
Il y avait ce long couloir.
Je le voyais tout blanc et très long.
Tellement long que je n'en distinguais plus le bout mais je pense avant tout que je ne voulais plus le distinguer.
Ce long couloir c'était moi ou plutôt des milliers de petites parties de moi.
Il était très étendu et très clair.
De part et d'autre de ce couloir, se trouvaient des dizaines de milliers de cellules toutes ouvertes.
Dans chacune d'elles, se trouvaient, une facette de ma personnalité.
Il y avait la moi endormie, dormant dans une position indescriptible comme d'habitude, la moi joueuse, s'énervant sur la manette de ma console, la moi sportive avec un bandana sur la tête se prenant sans doute pour un ninja, la moi gourmande assise à manger de la pâte à gâteau au chocolat à même le bol, la moi voyageuse, ses chaussures de marche et sac sur le dos ainsi que la moi studieuse, la moi espiègle, la moi coquine, la moi travailleuse, la moi hyperactive, la moi masculine, la moi féminine...et j'aurais pu continuer comme cela pendant des heures.
Mais pourtant lorsque tu es entré dans ma vie, tu es entré dans ce couloir dont j'essayais d'en cacher la porte comme si tu avais toujours su où elle se trouvait.
Je te revois dans ton costume bleu que j'aimais tant, ton flegme naturel, tes cheveux pleins de gel et ton sourire constant, traverser joyeusement et tranquillement ce long couloir comme si tu savais déjà où tu devais aller.
Tu as donc marché jusqu'au bout, tu as traversé cet interminable couloir dont même moi en avait oublié la fin, sans jamais, jeter, ne serait-ce qu'un seul coup d'oeil sur une des cellules de gauche ou de droite comprenant toutes, un trait différent de ma personnalité.
Tu as seulement été au bout.
Au bout, se trouvait la dernière cellule.
Celle dont j'avais oublié et voulu étouffé l'existence au profit des autres.
La porte de cette cellule était entrouverte.
Tu as entièrement ouvert la porte de cette cellule dans laquelle se trouvait un autre moi.
Cette fois, cet autre moi avait les cheveux longs et lisses, elle portait une robe blanche et simple. Elle était simplement recroquevillée sur elle-même par terre. Tu lui as simplement tendu la main puis de son regard semblant vouloir te dire qu'elle t'attendait depuis très longtemps ; s'est levée pour la prendre. Lorsqu'elle fut debout et assez proche pour le faire, le soleil est entré dans la pièce et l'a entouré d'un halo de sa lumière comme pour signifier qu'il était temps.
Dès notre première rencontre, tu savais déjà qu'il était temps pour moi que je prenne conscience que mon moi sensible devait sortir et désormais devenir, la partie la plus importante de moi.
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