Partie 2 - La femme à la hache

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David avait fini son boulot et il avait hâte de rejoindre sa charmante femme et sa fille. Il n'avait que peu de trajet en voiture et il arriverait à la maison d'ici cinq minutes. S'il savait ce qui l'y attendait, il serait parti plus vite...

Il écoutait ce bon vieux Pink Floyd,groupe dont il était fan depuis la grande époque. Il avait même essayé de faire ce genre de musique expérimentale avec ses amis du lycée, quand il était encore jeune et célibataire. Mais aujourd'hui, il ne pouvait plus que chantonner les chansons de son groupe favori alors qu'il rentrait du travail.

« The lunatic is on the grass »

Il est impressionnant de constater à quel point un cerveau peut subir de lourds dommages en très peu de temps. On entend dire que ceux qui deviennent fous suite à un choc sont des esprits faibles,prédisposés. On ne peut pas devenir fou comme ça. Et puis,qu'est-ce que la folie ? La schizophrénie ? La paranoïa ? La psychopathie ? Beaucoup considèrent qu'il faut être fou pour vivre dans le monde actuel. La psychose serait un moyen de l'inconscient pour nous faire oublier la réalité vraie au profit d'une réalité plus confortable. On peut donc supposer que nous sommes tous fous à différents niveaux. La psychiatrie a toujours fasciné David, mais il ne pensait pas y être confronté un jour.

« The lunatic is in my home »

David arriva chez lui, la superbe maison Lentsh, toujours aussi bien entretenue avec ses immenses sapins. Il s'agissait du cocon parfait, un château fort imprenable. Un endroit où respirait le calme et la sérénité,mais pas aujourd'hui. D'ailleurs, il trouva bizarre qu'un véhicule de pompier soit garé ici. Cela l'inquiétait, il pensait qu'un accident domestique avait eu lieu. Pourvu qu'il ne soit rien arrivé à Lisa.

Lisa était la formidable fille à son papa et en contre-partie, il lui autorisait tout. Margaret ne le disait pas, mais elle était un peu jalouse de la complicité entre elle et son mari. Après tout, c'est elle qui l'avait porté.

Il était peu probable qu'il soit arrivé quelque chose à Margaret, Lisa n'aurait pas été capable d'appeler les pompiers à son âge.David ouvrit le portail et se dirigea vers la maison.

La porte d'entrée était fermée, mais les clés étaient dessus... Il les tourna et entra :

- Chérie, je suis rentré !

Aucune réponse. David décida d'aller se chercher une bière au frigo puis il vit la baie vitrée ouverte et la traversa. Il découvrit une traînée de sang par terre, il la suivit sans prendre le temps de décapsuler sa canette et trouva sa femme à genoux aux pieds de sa fille, ainsi qu'un homme en tenu de pompier qui était allongé là, dans une marre de sang.

- Margaret ! Que s'est-il passé ?

- Je... Je... Je...

Il était inutile d'attendre une réponse de Margaret...

- Je vais appeler les policiers, ils verront ce qu'il faut faire.

- Non, non, non ! Je veux voir personne, je peux voir personne, je veux plus rien voir !

Margaret était comme hystérique. Sa fille était étendue là. Elle semblait avoir la jambe cassée et son crâne devait avoir été fendu par la hache qui se trouvait à côté. L'homme aussi.

- Margaret, c'est toi qui... ?

- Non, juste le pompier. Il a laissé tomber Lisa du toit, elle souffrait trop !

La voix de Margaret partait dans les aiguës en fin de phrase et échappait à son contrôle.

- Margaret, que s'est-il passé ? Raconte-moi.

Il semblait désemparé, sa femme était couverte de sang et avait le regard vide. Elle qui était si belle, qu'avait il bien pu arriver pour que Margaret soit dans cet état et que leur fille soit morte ?

L'histoire de Margaret était confuse, elle parlait d'un psychopathe qui avait tué un pompier et avait récupéré sa tenue pour ensuite venir ici faire semblant de relever les installations électriques alors qu'en fait, il était venu pour la tuer. Elle lui avait planté le couteau de cuisine dans le mollet, mais Lisa était sur le toit et il l'a vu. Il lui a dit de sauter donc elle l'a fait et elle s'est cassé la jambe puis il lui a brisé le crâne. Mais Margaret avait réussi à récupérer la hache et à tuer le pompier. Et depuis, elle n'avait pas bougé.

- Ma chérie, tu es choquée, il faut que j'appelle quelqu'un pour venir s'occuper de toi et pour aider Lisa et déblayer ce gros pompier.

- Non. Personne ne doit venir voir ma fille dans cet état-là !

- Mais il faut bien que quelqu'un s'en occupe.

- Non ! Je ne veux voir personne ! je ne veux voir personne !

Margaret devenait hystérique, David se rendait bien compte qu'il n'y avait rien à faire. Il se releva pour aller chercher un téléphone. Il n'avait jamais de portable sur lui, il était un de ces paranoïaques des ondes. On ne sait jamais ce qui nous traverse réellement et des gens avaient dit que c'était ça qui causait les cancers. Donc David alla dans la maison chercher le fixe. Mais il était coupé, il n'y avait pas de tonalité, le téléphone ne servait à rien...

-Margaret, où est ton portable ?

Pas de réponse.

- Margaret ?

Il n'était pas normal que Margaret ne réponde pas, et c'est vrai qu'elle avait l'air bizarrement choquée. Elle avait ce sourire sur les lèvres,tordu et qui ne disparaissait pas. Ce sourire de fillette qui sait qu'elle a fait une grosse bêtise, mais qui doit charmer son papa pour ne pas qu'il la punisse. Mais il ne correspondait pas au tonde sa voix ou à ses propos. Ce n'était pas un sourire normal, on voyait qu'il était sur le visage alors qu'il n'avait pas à y être. Comme s'il était là indépendamment de la volonté de Margaret.

David sorti à nouveau de la maison, mais Margaret avait disparu. Elle avait dû quitter les deux cadavres. La hache n'était plus là non plus.David avait besoin de Margaret pour récupérer son téléphone portable et pouvoir appeler les flics. David fit le tour du jardin,mais il ne vit personne. Il n'y avait pas un bruit. Il retourna à l'intérieur.

- Margaret ! Tu es où ?

- Je suis là !

Margaret avait dit ça d'une voix enjôleuse, celle qu'elle utilisait lorsqu'elle se sentait d'humeur coquine.

- Tu peux me prêter ton téléphone ?

- Viens le chercher !

- Donne-le-moi s'il te plaît.

- Qui veux-tu appeler ? Ton amante ?

- Tu sais très bien que je n'aime que toi.

- Menteur ! J'ai entendu ta conversation au téléphone l'autre fois !

- Quelle conversation ? De quoi tu parles ?

- De toute façon, les hommes ne font que nous tromper ! On est là, on vous fait confiance. On vous laisse vérifier notre installation électrique puis vous décidez de nous tuer ! Et bien j'ai déjà tué un homme et s'il le faut, je recommencerai !

- Margaret? Tu es sûr que ça va ? File-moi ton portable s'il te plaît.

- Je vais te donner beaucoup mieux.

Margaret avait la hache... Elle se dirigea vers David qui ne savait pas où se mettre.Sa femme avait pété un câble et il n'avait aucun moyen de le réparer. Il est vrai qu'elle avait vu sa fille mourir et qu'elle avait été obligée de tuer un homme, ça chamboule un peu les habitudes. Et alors qu'il réfléchissait aux causes de cette folie, Margaret s'approchait, traînant la hache au sol. Il prit peur, fit demi-tour et partit se réfugier dans le jardin.

« Thunder in your ear »

Margaret le poursuivait, doucement, laissant traîner la hache par terre. Il se réfugia auprès des deux cadavres.

- Margaret, arrête !

- Arrêter quoi ? Je n'ai encore rien fait.

- C'est toi qui as tué notre fille aussi ?

- Tu aurais préféré que je meure à sa place, avoues !

- J'aurais préféré qu'aucune de vous deux ne meure, vous êtes les deux personnes les plus importantes pour moi.

- C'est moi qui l'ai achevé ! Elle était tombée du toit et avait une jambe brisée, je lui ai donc fendu le crâne pour l'empêcher de souffrir. Et je vais faire pareil avec toi, pour ne pas que tu sois triste d'avoir perdu ta très chère fille. 

- Je suis déjà au delà de la tristesse Margaret

- Maintenant je dois te tuer ! Sinon tu raconteras à la police comment j'ai tué ma fille !

- Réfléchi, si tu me tues, tout le monde saura que c'est toi la meurtrière, il n'y a personne d'autre ici.

- Ça t'arrangerait ! Mais non, je vais te tuer.

« You shout and no one seems to hear »

Et c'est ainsi que Margaret lui enfonça la hache dans le crâne. David n'avait rien fait pour éviter le coup. Devant Margaret, il y avait les 3 cadavres. Elle monta se changer, nettoya la hache, la mit dans le coffre de la voiture, puis partit.

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