Réponse à "Élan de mignosité"

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Ma quinzième année contitua le moment charnière de mon existence, l’instant où j’égarais le pilier qui me constituait. Ma voix. Le choc fut immense, au sein de mon entourage. Le beau parleur le plus craint de l’établissement avec son timbre caverneux et sa tchatch sans bornes atteint de mutisme, la bonne blague. Sans l’intervention de la conseillère d’orientation, j’aurais pu faire passer mon handicap pour une nouvelle stratégie d’intimidation. Il avait fallu qu’elle l’ouvre, elle. Mais la petite brute que j’étais s’exprimait aussi aisément avec les mots jadis qu’avec ses poings. La plus grande victime de cette histoire, ce ne serait pas moi, promesse.

Sauf que les surprises ne préviennent pas, et le coup de foudre encore moins lorsqu’il vous frappe, lui non plus. Et ce jour-là, trois ans après l’accident de voiture qui m’avait coûté le timbre, tout a changé dans ma vie.

Son apparition, c’était la surprise imprévisible qui avait embelli mes journées, mes soirées, mes nuits, mes rêves. Son rire me collait des frissons intenses, ses regards faisaient décoller mon palpitant pour le carnaval de Rio en plein mois de décembre, alors qu’on se les gelait, à Vancouver.

Aujourd’hui…Je l’avais invité dans ce petit café où nous nous étions rencontrés, pile deux an auparavant. Lorsqu’elle arriva, vêtue d’une robe cintrée en laine qui enveloppait à la perfection ses courbes aussi chaleureuses que le café que je venais d’avaler, ma gorge se noua d’anticipation. J’étais putain d’anxieux comme je l’avais jamais été. Son visage s’illumina lorsqu’elle me vit et sans attendre, elle s’empressa de me rejoindre pour poser ses lèvres sur les miennes avant de s’installer.

Un an qu’on sortait ensemble.

Un an qu’elle s’offrait à moi et me rendait heureux.

Plus d’une fois elle m’avait sourit et décrit avec une douce élégie combien elle aurait aimé pouvoir m’entendre. Et étrangement, j’avais peur de la décevoir, maintenant. Son sourcil s’arqua en constatant que la table était vide, avant qu’elle ne ricane de façon espiègle.

- Tu as oublié ton portable, c’est ça ?

Notre moyen fonctionnel d’échanger, de communiquer.

- Tu m’as pourtant signifié que c’était important pour toi que je me libère plus tôt...Tout vas bien, tu es sûr ?

Je hochais lentement la tête et scannais son visage d’ange inquiet, dont les traits enjôleurs se détendirent. Comme toujours, la déesse de mes nuits désamorça avec habilité ce qu’elle supposait être le problème.

- Même sans ça, je suis capable de lire tes regards, Zac.

Noyé dans le ciel de ses yeux océan, mes lèvres s’entrouvrirent lentement tandis que les mots glissèrent, avec autant de profondeur et de simplicité que cinq ans auparavant.

- Je t’aime, mon Papillon…

Elle se figea et ses prunelles s’écarquillèrent de surprise sous mon intonation grave et rauque, qu’elle ne pouvait jusque là qu’imaginer.

- Et maintenant que je peux le faire, j’ai envie que tu apprennes à me connaitre autrement que par mes regards.

J’avais radouci au maximum mon éllocution et posé sur elle un regard tendre. Sa réaction que j’appréhendais fortement ne se fit pas attendre davantage. Manquant de renverser ma tasse, elle se jeta presque sur mes genoux avant d’entourer ses bras autour de ma nuque.

- Je t’aime aussi, haleta-t-elle entre les larmes qui dévalèrent ses joues.

Je la sentis sourire contre ma bouche, tandis qu’elle m’embrassait avec la passion qui la caractérisait si bien.

Bordel, mon ange…merci mon Dieu.

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