HÉRITAGE
J'avais dans l'idée
Que la musique des mots
Qui résonne comme un appel lointain
Était bien plus qu'un accent.
Un accent !
Comment réduire à ce petit
Rien du tout
Le Marin impétueux chargé de sel,
Le Cers comme un second souffle,
Le causse roussi où
Grillent les sauterelles,
Le lourd silence
De la neige de nos hivers,
Le roulement des «R»
Comme les pierres des torrents,
Toutes les intonations de la lumière,
Et ces mots comme des étoiles
Dans la conversation de cette femme
De là...
Cependant,
Quand ils nous eurent tout volé:
Nos terres, nos noms, nos rêves,
Jusqu'à notre langue natale,
Quand ils eurent tout saccagé:
Nos fêtes, nos peines, nos cœurs,
Ils nous laissèrent pour morts,
Dans la poussière de nos murs abattus,
Et nos larmes amères.
Ne resta plus au fil du temps
Que cet accent, infime et précieux héritage;
C'est ce qu'ils ont crû...
Mais ils n'ont pas vaincu
Notre âme ardente.
Et, ça et là, amoureusement gardées
Et transmises de bouches à oreilles rebelles,
Fleurissent toujours les enivrantes
Fleurs du Languedoc.
Mention d'Honneur décernée par le SPER à Nîmes,
pour les "Jeux Floraux de la Lyre d'Or" , 2007.
MAZARIA
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