Mes mains caressent la terre, passent dans ses cheveux et nous fusionnons dans un présent sans date. N'ai-je pas déjà fait ces gestes au confins de la création ? J'étais allongée contre Elle comme l'enfant juste né sur le ventre de sa mère.

Nous sommes l'Univers.

Le soleil réchauffe les pierres sèches des murs et plus loin roucoulent des pigeons dans le petit bois de chênes verts. Au pied du Pech de Bugarach ronflent quelques moteurs, des véhicules de maintenant pendant que le vent sans âge siffle et me caresse, en amant délicat.

Les corbeaux bavardent et des cris d'enfants leur font écho. Le ruisseau m'appelle et je sais ses chants sur tous les tons. Aujourd'hui, il est paisible.

L'amandier floconne de pétales tendres. Il est toujours le premier à blanchir, Amandier l'Intrépide. Plus tard ce sera le figuier aux fleurs cachées dans les fruits qu'il offre en abondance, Figuier le Généreux.

Tant d'émois et de souvenirs millénaires dans ces vallées et collines d'Occitanie, délicieux pays.

23,02,2022, à Bugarach.