Chapitre 17

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Je passe les deux plus belles semaines qu'il m'ait été donné de vivre depuis des années. Gabriel n'a pas arrêté de s'occuper de moi. Il m'a fait l'amour tous les soirs et même plusieurs fois pendant la journée. Quelquefois tendrement mais aussi férocement. J'ai expérimenté l'amour physique sous toutes ses formes et la plus étrange a été celle d'inverser les rôles. En fait, nous avons adoré ça tous les deux. Et puis, niveau sexuel, il est impossible à épuisé mon amant ! J'ai adoré tous nos moments de plaisir partagé. Nous avons aussi appris à mieux nous connaître en discutant longuement, corps et âmes parfaitement connectés.

Et « cerise sur le gâteau » j'ai savouré le droit de sortir dans la forêt ! Certes, toujours accompagné mais je m'en fiche parce que pour la première fois depuis que je suis avec eux, je me suis senti libre.

Ai-je songé à un seul moment m'échapper ? Non ! Je me sens bien avec Gabriel, et il va m'aider à retrouver la paix et la liberté. Que demander de plus à la vie ? J'ai pris un plaisir ultime à me balader dans la forêt, à fouler la mousse, courir, respirer les senteurs boisées... Mon côté animal était fou de joie et Gabriel satisfait de me voir si heureux a fait en sorte de renouveler cette sortie quotidiennement. Il a même trouvé le temps d'organiser un pique-nique en invitant Azraël ? J'étais comblé.

***

C'est notre dernière nuit ici et nous voulons en profiter pleinement. Alors que je me la remémore, je ne peux qu'être reconnaissant envers Gabriel qui m'a fait crier tellement fort que je pense que toute la forêt nous a entendus :

- Ton frère va nous gronder demain, je couine en me lovant un peu plus dans ses bras.

- Je m'en fiche totalement chaton. Mais tu es sûr que ça va ? Tu as l'air triste.

- C'est que je n'ai pas envie de partir, j'adore cet endroit, je m'y sens bien. Quand je pense à ce que nous allons devoir affronter je n'ai pas du tout envie de rentrer à Dark City.

- Oh chaton, je te comprends tout à fait. Mais je te promets qu'une fois que nous aurons réglé le problème, tu seras enfin libre de vivre heureux, et puis je te donne ma parole que je vais définitivement leur faire passer l'envie de s'en prendre à toi, même si pour cela je dois tuer toute la meute.

Je suis tellement touché par ses paroles. C'est la première fois depuis des années que je suis aussi important aux yeux d'une personne. Ça me réchauffe le cœur et je lui fais un grand sourire avant de l'embrasser à pleine bouche. Il répond à mon baiser tout en serrant mes hanches dans ses mains.

Puis il se recule et m'étreint encore plus contre lui avant de me dire :

-Repose-toi, j'ai assez épuisé ce joli corps et demain, on se lève tôt.

Je ne cherche pas à résister plus longtemps et je me laisse volontiers glisser dans les bras de Morphée, chaudement enfermé dans le cocon protecteur que m'assure Gabriel.

Comme toutes les nuits depuis deux semaines je ne fais pas de cauchemars, c'est tellement agréable et apaisant de pouvoir dormir en emmagasinant de beaux rêves.

Le lendemain comme prévu nous partons assez tôt, mais je prends tout de même le temps de déguster le fabuleux petit déjeuner que nous ont préparé les femmes qui vivent ici.

À pieds, Gabriel, Azraël, Aaron et moi rejoignons les voitures.

Faire le chemin à l'envers me paraît étrange car je ne suis plus dans le même état d'esprit qu'à l'aller. Je suis confiant en l'avenir. Cependant, au fur et à mesure que je m'approche de la ville, une boule d'angoisse prend forme dans mon ventre. Je sais que je n'ai aucune raison de stresser, après tout, Gabriel m'assure de sa protection, mais je n'arrive pas à me détendre. Ma méfiance et ce besoin de me protéger sont tellement ancrés en moi ! Les vieilles habitudes ont la dent dure. Et puis, je pense sans arrêt au moment où je vais affronter mes ennemis en présence de Gabriel et de son gang.

Mon petit ami semble d'ailleurs sentir ma tension car il passe un bras autour de mes épaules et me serre contre lui avant de m'embrasser. Je le laisse me procurer cet instant de sécurité et je lui fais ressentir mon émotion en ronronnant. Il se recule et prend mon visage en coupe pour me regarder droit dans les yeux :

- Hey, déstresse chaton, je te promets que tout se passera bien, on va leur botter le cul tellement fort qu'ils le sentiront pendant plusieurs années, dit-il pour me tranquilliser.

Je rigole et lui adresse un petit sourire crispé avant de fermer les yeux. Je me sens un peu plus rassuré maintenant :

- Au fait, ajoute-t-il. Je souhaite que tu m'accompagne pour aller chercher le magicien, du moins, pour être plus précis « le négocier ».

- Quoi ? Pourquoi je dois y aller aussi ? demandé-je avec perplexité.

- Dans les gangs, même si nous sommes alliés nous restons du genre méfiant. Leur chef veut simplement vérifier à quoi et à qui va servir la magie de l'homme qu'il va nous prêter.

- Cela me semble juste. Quand y allons-nous ?

- Dès que nous arriverons en ville. Ensuite j'enverrai un message au chef de la meute pour conclure d'un « rendez-vous ».

J'opine de haut en bas de la tête. Je vais mettre à profit le temps de ce voyage pour me reposer un peu car ces derniers jours n'ont pas été de tout repos, non pas que je me plaigne... Je me laisse donc bercé par le ronronnement du moteur, bien emmitouflé dans l'étreinte apaisante de Gabriel, pour finalement m'endormir du sommeil du juste.

***

Finalement nous arrivons deux heures plus tard. Gabriel me réveille tout doucement en me caressant tendrement la tête. Malgré cette caresse, je grogne :

- Arrête de bougonner Killian. Nous sommes arrivés au Quartier Général de l'autre gang.

Je regarde par la fenêtre, je ne vois qu'un immeuble abandonné. Je sors avec le déchu ainsi que Azraël. Cela me sécurise de les avoir à mes côtés. Aaron n'en a pas l'air mais il est plus fort que ce que l'on pourrait croire. Gabriel se tourne alors vers nous :

- Bon, à partir de maintenant vous ne prenez la parole que si on s'adresse à vous et pour le reste vous me laissez gérer, dit-il avec sérieux et gravité.

Nous hochons la tête et le suivons à l'intérieur. La grande porte de l'immeuble grince quand nous y pénétrons et à peine avons nous tous franchi le seuil que nous nous retrouvons entourés d'une dizaine d'hommes armés de la tête aux pieds.

Gabriel lève les mains en l'air, d'un mouvement pondéré et nous l'imitons sagement :

- Je suis Gabriel, votre patron m'attend pour un entretien. Les hommes qui sont avec moi ne tenterons rien, lâche-t-il avec calmement.

Les hommes hésitent, je n'arrive pas à distinguer leur visage car ils portent tous des cagoules ; l'un d'eux s'avança en baissant son arme :

- Très bien, suivez-moi.

Il tourne les talons pendant que les autres hommes retournent se cacher dans l'ombre, seul trois nous escortent nous tenant en joug.

Le hall d'entrée est vaste, totalement désert, sombre et poussiéreux. Il ressemble vraiment à l'intérieur d'un immeuble en ruine. L'homme nous fait passer par une porte en métal qui nous mène dans un long couloir, avant de nous faire descendre une volée de marches seulement éclairées par des ampoules nues au plafond.

J'ai l'impression de m'engouffrer dans les profondeurs de la terre. Nous arrivons finalement devant une autre porte qui nous permet de pénétrer dans une vaste pièce presque vide. Il n'y a qu'une table avec des chaises en fer et des bougies éclairent l'endroit.

Nous sommes invités à nous avancer. Nos « gardes du corps » se positionnent contre les murs, j'aperçois deux autres gardes dans le coin de la pièce :

- Gabriel, quelle joie de te revoir mon ami. Je t'en prie assieds-toi, claironne une voix joyeuse et débonnaire.

Je sursaute. Un homme est assis sur l'une des chaises en face de nous. Il est carrément beau ! Avec une peau très pâle, de longs cheveux noirs attachés en catogan lâche et ses yeux sont d'un rouge profond. Un vampire ! Je comprends mieux pourquoi la pièce est éclairée par des bougies. Il est vêtu d'un costume très chic et une cravate noir met en valeur sa peau blanche. Son visage est cependant d'une beauté froide.

À ses côtés se tient un jeune homme possédant des cheveux d'un bleu électrique et des yeux dorés, habillé de la même manière que le vampire et il nous regarde fixement.

Gabriel s'assied en souriant et nous l'imitons dans un silence total :

- Caïn, je suis moi aussi ravi de te revoir. Comment vas-tu ? demande Gabriel poliment.

- Très bien merci, et je constate que toi aussi tu vas bien. Mais venons-en rapidement au fait. Je te présente Vanyel, le mage de mon gang, j'ai cru comprendre que tu avais besoin de ses services.

- C'est exact et je serais très honoré que tu acceptes de me le prêter le temps que je règle une affaire assez délicate.

- Je pense que c'est tout à fait possible, seulement j'aimerais beaucoup savoir ce que tu comptes faire avec lui. Les mages sont rares dans la ville, tu concevras donc que je sois méfiant.

- Je saisis tout à fait, et je te promets que je ne ferais rien qui mettrait sa vie en danger. J'ai simplement besoin qu'il lance deux sortilèges pour moi, le premier serait un sort de dissimulation, nous avons besoin d'être indétectables par la magie ou le flair de loup-garou. Le second : est un sort de distorsion, pour éviter qu'un sorcier ne puisse deviner ou voir nos véritables intentions. Est-il en capacité de nous aider ?

Le vampire semble réfléchir et il regarda ensuite le dénommer Vanyel qui hoche la tête :

- Oui, c'est tout à fait dans mes cordes. Combien de temps voulez-vous qu'ils fassent effet ? demande le jeune homme aux cheveux bleus.

- Disons une bonne semaine fera l'affaire je pense, répond mon déchu.

Caïn acquiesce tout en regardant Gabriel avec un regard perfide qui me fait penser à un serpent qui vient de repérer sa proie :

- Bien, je suis d'accord pour te rendre ce service, mais je demande quelque chose en échange.

Je sens que Gabriel se crispe, mais il ne le montre pas et garde son air aimable et souriant, un vrai comédien celui-là !!

- Que souhaites-tu donc contre les faveurs de ton mage ?

- Rien de bien compliqué : j'aimerais que tu m'aides à gagner un conflit avec le gang Shadow qui possède le seul hôpital de la ville.

Gabriel fronce les sourcils, je ne connais pas ce gang, mais apparemment l'idée de se dresser contre eux ne lui plaît pas du tout :

- Tu sais que j'ai signé un pacte de non-agression avec Shadow ? Si je le romps, je risque de perdre la confiance des autres gangs.

- Je vois, alors dans ce cas, laisse-moi venir et profiter gratuitement des marchandises du « Plaisir Coupable ».

Gabriel soupire, mais il a l'air plutôt content que le vampire ait changé d'avis :

- D'accord, marché conclu. Vanyel peut-il lancer les sorts maintenant ? Et surtout, peut-il le faire à partir d'ici ?

Le mage opine de la tête :

- Oui je peux, il me suffit de le déclencher sur toi, puis ton lien spirituel avec les membres de ton gang se chargera de l'appliquer sur eux, comme un effet boule de neige.

Je pousse un ouf de soulagement ! Au moins ce sera fait rapidement et plus vite ça le sera, plus vite je pourrais en finir une bonne fois pour toutes avec cette histoire. Le mage se lève de sa chaise et s'approche de nous, ses yeux scintillant légèrement puis il les ferme, commençant à réciter une formule dans une langue que je ne comprends pas. Il faut dire que je n'ai jamais étais très doué en magie. Ce n'est pas le domaine de prédilection des Thérianthropes.

Il continue de baragouiner et un grand pentacle se dessine sur le sol, nous englobant Gabriel, Azraël, Aaron et moi. Je ressens une grande quantité d'énergie monter du dessin qui se met à briller de plus en plus fort, s'ensuit une lueur blanche qui apparaît et qui commence à entourer mon corps, ainsi que celui des autres et je me sens étrange. Je ressens physiquement l'espace de quelques secondes qu'un film protecteur se pose sur ma peau puis cette sensation disparaît ainsi que le pentacle au sol.

Le mage nous sourit et retourne près de son boss :

- Voilà, les sorts dureront plusieurs jours et ils viennent de s'appliquer à tous les membres du gang. Je ne sais pas qui est le sorcier qui accompagne les loups mais il est puissant, le sort de traçage qu'il a déposé sur celui aux yeux violets est vraiment complexe.

Gabriel hoche la tête :

- Nous le savons, hélas. Comme nous n'ignorons pas que le seul moyen de nous débarrasser de ce sorcier est de le tuer. Merci mon ton aide Caïn.

Mon amoureux se lève et nous l'imitons avant de saluer le vampire puis de partir. Ce n'est qu'une fois à l'extérieur du bâtiment que je relâche la pression, mes muscles se détendent petit à petit. Nous montons dans la voiture qui nous ramène à l'immeuble luxueux qui fait office de Quartier Général au gang de Gabriel.

Une fois arrivés, chacun regagne ses quartiers personnels, pour évacuer à sa manière le stress accumulé lors de cette entrevue.

Quant à moi, je me laisse tomber sur le canapé en poussant un grand soupir de bien-être et Gabriel vient près de moi avant de me prendre dans ses bras pour me câliner :

- J'ai décidé qu'à partir de maintenant tu pourras te déplacer comme bon te semble dans l'immeuble, et aussi en ville. Même si je pense que te balader seul alors que la menace des loups est présente n'est pas une bonne idée. Mes hommes ne te feront rien, ils ont tous compris que tu étais à moi alors ils ne te toucheront pas, et s'ils le font, tu as le droit de les tuer ou de leur faire payer leur désobéissance. Ils sont tous informés de mes desiderata.

Je le regarde, vraiment surpris. Je me sens heureux, car il me considère comme son petit ami et non comme un prisonnier et cela me réchauffe de nouveau le cœur. Je l'embrasse rapidement voulant le remercier de la confiance qu'il me témoigne :

- Merci Gabriel, lâché-je d'une voix remplie d'amour et de gratitude.

- De rien. Maintenant il est temps de mettre notre plan à exécution et d'attirer les loups dans notre piège.

Un sourire diabolique, mais qui le rend diablement sexy, se dessine lentement sur son visage. Je sens que ça va devenir vraiment amusant !

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