Chapitre 22
Il ne semble même pas surpris par ma décision, il a même un doux sourire sur le visage :
- Oh chaton, je suis tellement content que tu te décides à le rencontrer. C'est ce qu'il y a de mieux à faire. Je te soutiendrais quoi qu'il arrive.
Rassuré et ravi qu'il soit d'accord avec moi, je me sens apaisé de ne plus être tout seul.
Je l'embrasse une dernière fois avant de sombrer de nouveau dans le sommeil.
***
La vue que j'ai devant moi à mon réveil est plus qu'appréciable. En effet mon beau blond se balade nu comme un ver dans la chambre. Sa peau est encore luisante de sa douche et je ne peux m'empêcher de dévorer du regard les courbes parfaites de son corps, les muscles de ses bras et ses jambes, ses abdos bien dessinés, ses petites fesses rondes et fermes et surtout, son sexe parfaitement proportionné.
Il n'a pas l'air d'avoir remarqué que je suis réveillé et que je le dévore littéralement des yeux. Je profite un moment du spectacle avant de me manifester :
- Mmmmmm, je veux bien te voir tout nu tous les matins moi, lâché-je avec un regard gourmand.
Il se tourne vers moi, surpris mais pas gêné pour un sou et un radieux sourire éclaire son visage :
- Moi je veux bien jouer les mannequins pour toi si ensuite j'ai le droit d'abuser de ton petit corps de rêve.
Je rigole et le laisse ramper sur moi pour m'embrasser. J'adore nos moments de tendresse et je lui abandonne volontiers mon corps.
Malheureusement il finit par se reculer, un peu trop vite à mon goût et il m'adresse un regard contrit :
- J'ai des choses importantes à faire ce matin chaton, mais je te promets que ce soir je m'occuperai de tes petites fesses d'amour.
Je soupire bruyamment. Cela me rend triste qu'il n'ait plus le temps de s'occuper de moi le matin. Mais l'important est qu'il m'aime toujours et je le regarde s'habiller avant de me lever et venir contre lui :
- C'est pas grave, tu es occupé je peux comprendre. Allez, va prouver aux autres que c'est toi le meilleur chef de gang !
Je l'embrasse tendrement et il file. Je me retrouve tout seul, planté au milieu de la chambre désœuvré.
Une fois habillé, je rejoins le salon où je me retrouve nez à nez avec Aaron.
Exalté, il se jette à mon cou. Il est devenu très tactile avec moi ces derniers temps, je ne sais pas ce qui lui arrive mais il est tellement adorable que je ne peux pas lui refuser mes bras. Cela a d'ailleurs tendance à énerver et à rendre Gabriel jaloux et encore plus possessif :
- Et bien, je peux savoir ce qu'il t'arrive pour que tu sois aussi excité qu'une puce ? lui demandé-je en rigolant.
- J'ai appris pour toi, tu vas retrouver ton père ! C'est génial !
- Comment tu sais ça toi ?
Je suis franchement étonné qu'il soit déjà au courant n'ayant informé personne. Sa mine désolée me dit que je risque de ne pas vraiment aimer sa réponse :
- Et bien tu sais que je suis encore un apprenti vampire alors je ne contrôle pas vraiment mes pouvoirs. Parfois je capte les pensées des gens sans le vouloir et hier j'ai intercepté les tiennes, quand tu disais à Gabriel que tu allais retrouver ton père.
Il est bien trop mignon pour que je lui en veuille ! Histoire de le rassurer, car il se mord la lèvre, je lui réponds :
- Ce n'est rien, tu n'as pas fait exprès et puis tu sais je vais peut-être retrouver mon père, mais ce n'est pas forcément une bonne chose. Je ne pense pas qu'il y ait de quoi se réjouir de ça. Bref, et si on mangeait ? Je meurs de faim !
Son sourire revient sur son visage et il s'assoit sur le canapé avant de prendre une poche de sang dans laquelle il plante une paille en fer. Je me mets à ces côtés et je commence à déguster les gaufres, mon pêché mignon :
- Ça ne te manque pas la nourriture humaine ?
Il me regarde et secoue la tête avec un sourire qui ne dévoile pas ses dents pleines de sang :
- Non, enfin ça dépend des plats, certains mets me manquent et d'autres non. Mais le sang est vraiment bon tu sais, mon groupe sanguin préféré c'est le B positif. Tu es de quel groupe toi ? me questionne-t-il après m'avoir donné sa réponse.
- Je ne sais plus, je crois que pour les humains je suis O négatif. Mon sang est compatible avec n'importe qui.
- Dis, je peux goûter ton sang ?
Je le regarde, les yeux écarquillés. Je ne vois aucune trace de malveillance ou même de fourberie, je n'y vois qu'une sincérité et une curiosité très prononcées. L'animal en moi gronde, il n'a pas vraiment envie de laisser un vampire planter ces crocs dans mon cou et je dois avouer que moi non plus :
- Écoute Aaron, j'aurais bien dit oui mais, comment dire, le Léopard en moi ne se laissera jamais faire et je ne veux pas qu'il te blesse, tu comprends ?
Il me regarde, un peu triste que je ne veuille pas mais il hoche la tête avant de se remettre à boire. Il comprend que je ne veux que le protéger :
- Tu restes avec moi aujourd'hui Aaron ? l'interrogé-je en me rapprochant de lui.
- Oui, Gabriel n'avait pas envie que tu te retrouves encore tout seul alors il m'a demandé de venir te tenir compagnie. On fait quoi ? J'ai bien envie de refaire « Crash Of Titans » en multi avec toi, il nous reste encore pas mal de boss à éclater !
Je rigole un peu, Aaron arrive toujours à me rendre joyeux. Son côté enfantin et insouciant est un vrai bonheur et puis je le considère comme mon petit frère :
- Ok ! Mais c'est moi qui joue le Crash blanc !
Il me tire la langue puis me tend la deuxième manette avant de lancer le jeu.
Nous passons toute la matinée à jouer, emportés par notre enthousiasme, nous n'avons pas vu le temps passer jusqu'à ce qu'un des hommes nous apporte notre repas qu'il pose sur la table basse. Je pose ma manette et demande au vampire assis près de moi :
- Est-ce que tu sais pour combien de temps Gabriel sera absent ?
- Pourquoi ? Tu t'amuses pas avec moi ? me répond-il, inquiet.
Je rigole devant son air tout triste et j'ébouriffe ses cheveux flamboyants :
- Si, j'aime bien être avec toi et je ne m'ennuie jamais. C'est juste que j'aie besoin de lui parler, c'est tout. Je voudrais lui demander quand je pourrais partir pour Arda Kelvar, et aussi s'il veut venir avec moi.
- Et moi, je pourrais vous accompagner ?
Je le regarde en hésitant, je ne suis pas très chaud à l'idée de l'emmener avec nous, les Thérianthropes n'aiment pas les vampires. Je sais que ma réponse va m'affliger mais je ne veux pas qu'il lui arrive malheur par ma faute :
- Aaron, ce n'est pas une bonne idée. Ceux de mon espèce n'aiment pas les gens comme toi, les vampires, et ils ne doivent pas non plus beaucoup apprécier les étrangers. Je ne sais même pas comment ils vont réagir quand moi je vais aller là-bas alors que je suis comme eux, alors tu imagines avec un étranger ?
- Mais tu as pourtant dit que tu allais demander à Gabriel de venir avec toi ! C'est un étranger lui aussi ! Pourquoi lui il peut t'accompagner et pas moi ?! C'est vraiment pas juste ! grogne-t-il en croisant les bras pour bouder.
Je le regarde, je culpabilise de l'avoir attristé, je n'aime pas le voir comme cela et je le prends doucement dans mes bras :
- Je sais mais je ne veux pas qu'il t'arrive malheur par ma faute, et puis Gabriel n'acceptera jamais que je parte sans lui. De plus, il sait se défendre mais toi tu es encore un jeune vampire, tu seras bien plus en sécurité ici, tu comprends ? Je n'aime pas devoir te refuser quelque chose, mais là je le fais pour te protéger tu comprends ?
Il hoche la tête et se blottit tout contre moi pendant que je le câline. Je me promets de me faire pardonner à mon retour. Une fois que je le sens complètement calme, je me recule pour lui sourire :
- Je reviendrais vite tu sais, je ne t'abandonnerai pas.
Au final c'est ça le problème, il a trop peur de me perdre tout comme il a perdu ses parents. D'un certain côté il me ressemble, lui aussi n'a plus de famille et même si nous en avons trouvé une autre au sein du gang de Gabriel, notre vraie famille nous manque terriblement.
Mais contrairement à moi, il n'aura plus jamais la possibilité de voir ses parents. Moi il me reste ce père que je déteste et aime en même temps alors que lui il n'a vraiment plus personne au monde.
Il me fait un petit sourire et je me lève pour m'étirer avant de le regarder :
- Ce n'est pas l'heure de ton entraînement avec Lothaire ? lui dis-je pour lui changer les idées.
- Oui, j'y vais. À plus tard Killian, enfin sauf si tu pars et que je n'ai pas terminé, dans ce cas je te souhaite un bon voyage et surtout bonne chance avec ton père.
Je le regarde partir, le cœur lourd, je n'ai pas envie de le laisser seul ici, mais ma décision est mûrement réfléchie.
Je sors de la chambre pour partir à la recherche de mon amoureux, avec un peu de chance, il aura fini de gérer ses affaires.
Je le trouve en pleine conversation dans son bureau avec l'un de ses hommes. Ils n'ont pas remarqué que j'étais là et je ne cherche pas à les interrompre. J'attends sagement qu'ils finissent et quand son lieutenant sort, je m'approche de lui :
- Ta matinée s'est bien passée Gabriel ? lui demandé-je.
Il se tourne vers moi et me fait un grand sourire, puis il s'approche et m'embrasse tendrement :
- Oui, même si j'aurais préféré la passer à te faire l'amour ! Je m'occuperais de toi ce soir tu peux me croire !
Ses mains descendent et viennent agripper mes fesses, ce qui me fait pousser un petit cri de surprise. Je souris, amusé, j'adore quand il joue à l'amoureux transi en manque et il le sait très bien, malheureusement je vais devoir le décevoir :
- Ce soir ce ne sera pas possible, parce que je compte partir avec Learco pour le royaume de mon père. Je sais que c'est précipité mais je veux le faire rapidement, afin de tirer un trait sur ça et enfin passer à autre chose. Je suis venu te demander si tu comptais venir avec moi car j'ai peur d'y aller seul sans toi.
Je pose ma tête contre son torse et il ne lui en faut pas plus pour passer ses bras autour de moi et me serrer contre lui :
- Chaton, tu sais bien que si tu me le demandais j'accepterais de t'accompagner au bout du monde ! Évidemment que je viens avec toi ! Mais est-ce que Learco acceptera que je vous suive ?
Je me fige, je n'ai pas pensé à cette option. Pour moi il était logique et naturel qu'il vienne mais notre invité pourrait tout à fait refuser. De plus, rien ne me dit que même s'il se joint à nous, il sera bien accueilli par les autres Thérianthropes.
Cependant je sais que je n'aurais jamais le courage d'affronter mon père seul, sans Gabriel près de moi je ne m'en sens pas la force :
- Je le convaincrais ! J'ai trop peur d'y aller sans toi. Je sais que je ne serais pas capable de le rencontrer tout seul.
Gabriel resserre ses bras rassurants sur moi :
- On devrait lui en parler tu ne penses pas ? m'assuré-je en levant mes yeux vers lui.
Il hoche la tête et se rend avec moi dans la chambre de Learco. Celui-ci semble passionné par la télévision, il n'y en a pas chez lui ?
- Learco, je veux partir, maintenant et je veux que Gabriel vienne avec nous ! lâché-je de manière aussi autoritaire que possible.
Il écarquille les yeux et se mord la lèvre, visiblement il n'a pas l'air très ravi par ce que je viens de lui dire :
- C'est interdit d'emmener des étrangers tu sais, ton père a lui-même instauré cette règle et personne ne peut y déroger. Je suis désolé, mais ton ami ne peut pas venir avec nous.
- Dans ce cas je n'irai pas ! Le problème est réglé ! Et puis je te signale que techniquement moi aussi je suis un étranger puisque même si je suis un Thérianthrope, je n'ai pas suivi les autres là-bas. Dois-je te rappeler que puisque mon père est le roi, ça fait de moi un prince ? Tu oserais désobéir à un ordre de ton prince ?
Je n'aime pas devoir jouer sur les sentiments et le pouvoir que me confère mon statut de fils de roi, mais je ne vois pas d'autre manière de le convaincre d'emmener Gabriel avec nous. Et puis je sais aussi qu'une fois arrivé, je devrais continuer à revendiquer mon statut afin d'éviter que mon déchu se fasse tuer :
- Bon...c'est d'accord, il peut venir avec nous, dit-il avec résignation.
Je trouve qu'il rend les armes bien vite, mais je me sens soulagé. Gabriel également. Autant battre le fer tant qu'il est chaud, aussi annoncé-je :
- Bien, nous partons tout de suite dans ce cas, avons-nous besoin de prendre des affaires ?
- Non, une fois arrivé dans mon royaume, vous serez sans doute directement amenés au roi et on vous donnera un logement et tout ce dont vous aurez besoin. Mais comment allons-nous arriver jusqu'au passage pour aller dans mon monde ?
- Nous irons en voiture, je conduirais et nous la laisserons là-bas pour quand nous reviendrons, tout ce que tu auras à faire sera de me guider. Es-tu prêt à y aller ? demande mon déchu.
Learco hoche la tête et se lève, il n'a pas l'air à l'aise dans son jean et son tee-shirt et quand il met ses baskets encore moins :
- Tu n'as jamais mis de vêtements de ce genre avant ? l'interrogé-je en le voyant si mal à l'aise.
- Non, nous ne nous habillons pas comme ça chez nous. Vous le verrez quand nous y serons. En attendant je n'ai pas d'autres vêtements et je préfère porter ça plutôt que de me balader nu.
Je comprends ce qu'il veut dire car je me suis parfaitement rendu compte que les hommes de Gabriel aiment mater ! Ceci dit, moi tant qu'ils ne me touchent pas cela me va !
Nous sortons rapidement de l'immeuble pour nous diriger vers la voiture de Gabriel. Celui-ci s'est chargé de donner ses consignes pour assurer le bon fonctionnement de son gang en son absence. Il a même confié les rênes à Lothaire, ce vampire qui a le don de me faire peur.
Une fois installés dans la voiture, comme pour la télévision, Learco semble être complètement subjugué par la radio. C'est à croire qu'il n'en a jamais vue ! Pourtant ça fait à peine plus de quinze ans que les Thérianthropes sont partis se cacher, il devrait donc connaître la technologie.
Gabriel démarre après avoir conseillé à Learco de s'asseoir à l'avant pour qu'il puisse mieux le guider et nous partons.
***
Le trajet dure plusieurs heures, enfin c'est mon impression, mais je crois que c'est juste le trac qui fait ralentir le temps. En tout cas pour moi, ce voyage a duré une éternité.
Learco nous a amenés dans un coin complètement paumé. Nous sommes sortis de la ville puis avons pris une petite route peu fréquentée, tellement abandonnée que le bitume se trouve dans un état pitoyable.
Après avoir laissé la voiture, nous avons marché un long moment à travers des buttes caillouteuses et couvertes de petites touffes d'herbes mortes.
Nous voici donc maintenant devant un petit temple en pierre, ici le ciel est aussi gris qu'à Dark City.
L'édifice est de taille moyenne et les grosses portes sont entrouvertes. Je regarde Learco :
- Nous sommes arrivés ? demandé-je tout en regardant l'autre Thérianthrope.
- Oui, suivez-moi.
Je ne suis pas vraiment rassuré, mais quand il faut y aller... Aussi, je ne cramponne à la main de Gabriel.
À l'intérieur il n'y a qu'une salle complètement vide à l'exception d'une arche également en pierre sur laquelle sont gravés d'étranges symboles qui ressemblent à des runes :
- C'est ça le portail ? questionne Gabriel.
Learco hoche la tête sans rien dire et il s'approche de l'arche avant de poser sa main sur la surface de la pierre.
Il ferme les yeux et murmure quelques mots et soudain, toutes les runes se mettent à luire d'une lumière bleu clair mêlée à du violet.
Puis des filaments commencent à émerger des runes pour s'entrecroiser entre eux et recouvrir petit à petit tout l'intérieur de l'arche. Nous nous retrouvons donc devant un énorme tourbillon de bleu et de mauve et Learco se tourne vers nous :
- Le portail est ouvert, vous êtes prêts ?
Je le regarde, je ne sais pas si je suis prêt, mais maintenant que je suis ici, je ne peux plus faire marche arrière. Il faut que je prenne mon courage à deux mains et que je fonce !
Je prends une grande inspiration toujours en serrant la main de Gabriel et sans hésiter un instant de plus j'entre dans le tourbillon.
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