Épilogue
Trois ans plus tard.
Je me réveille aux côtés de Gabriel, sa main caresse doucement mes hanches du bout des doigts, me provoquant d'agréables petits frissons. Il fait jour et les rayons du soleil se reflètent merveilleusement bien sur ses cheveux dorés, lui donnant l'air d'un ange.
Cette pensée me fait rire et il semble le remarquer :
- Puis-je savoir ce qui te fait rire de la sorte chaton ? me demande-t-il en parsemant des petits bisous partout sur mon visage.
- Et bien je trouve que le soleil sur tes cheveux te donne l'air d'un ange, mais nous savons tous les deux que tu es TRÈS loin d'en être un.
Il rit franchement et reprend ses caresses avant de m'embrasser en me serrant contre lui. Je me laisse volontiers plonger dans les délicieuses sensations. Je me sens tellement bien là, contre lui et j'aurais vraiment aimé ne pas bouger mais mon estomac montre son mécontentement en grognant fortement, ce qui fait pouffer Gabriel :
- Tu es un vrai goinfre chaton, lâche-t-il avec amusement.
- Tu peux parler toi ! Tu n'arrêtes pas de me dévorer dès que tu en as l'occasion !
- Allons petit chat, je sais très bien que tu adores ça.
Il dépose un baiser papillon sur mes lèvres avant de se lever, il a raison et ça m'énerve. Oui je l'avoue, j'adore quand il me mange.
Je me lève et enfile rapidement un boxer avant d'aller ouvrir la fenêtre et regarder la forêt au loin.
Gabriel et moi avons déménagé dans la montagne de Black Forest. Nous ne vivons pas dans la grande maison principale avec les autres, mais dans un chalet tout en bois décoré dans le même style victorien que le manoir principal, un peu plus loin.
Au début Gabriel n'était pas très favorable à cette idée, il disait qu'il ne pourrait jamais arriver à travailler en restant seul avec moi car il ne saurait résister à, je cite, « ton adorable petit corps de rêve qui me fait baver d'envie ». J'ai réussi à le convaincre en lui affirmant que lorsqu'il aurait besoin de travailler il s'isolerait dans son bureau et je ne le dérangerai pas. Ce qui a plutôt bien marché.
Et puis je me sens bien ici, entouré de verdure et de forêt. Certes elle n'est pas aussi belle que celle d'Arda Kelvar, mais elle est tout de même jolie, revigorante et apaisante.
D'ailleurs cela fait presque un mois que je ne suis pas allé voir mon père. Depuis que je l'ai retrouvé, je vais régulièrement lui rendre visite et vice versa. Gabriel ne m'accompagne pas à chaque voyage, il sait que parfois j'ai besoin d'être seul avec lui.
Mon ange passe derrière moi et m'enlace, venant déposer de petits baisers dans mon cou avant d'y faire un gros suçon qui me fait frémir de désir :
- Gab, ne me dis pas que tu as encore envie de faire l'amour après notre nuit de folie ?
- Non, mais j'ai envie de te marquer, pour que tout le monde sache que le petit trésor que tu es appartient déjà à quelqu'un. Et puis toi tu ne te gênes pas pour me marquer avec tes griffures et tes morsures.
- Ce n'est pas de ma faute si ce que tu me fais est aussi bon ! protesté-je en faisant la moue coquine.
Il rigole encore une fois avant de me prendre la main :
- Allons nourrir ce petit corps de rêve.
Nous descendons le petit escalier pour entrer dans la cuisine et nous nous figeons. En face de nous, roulé en boule sur le sol et entouré de déchets de nourriture, se trouve un jeune garçon qui ne doit pas avoir plus de huit ans, dormant profondément.
Il est entièrement nu, couvert de terre et de crasse et une queue et des oreilles de renard sont visibles :
- C'est quoi ça ? lâche mon déchu avec des yeux ronds comme des soucoupes.
Gabriel a l'air complètement surpris par la présence de l'enfant et je dois bien avouer que je le suis également. Cependant je me reprends assez rapidement :
- Viens, on en peut pas le laisser comme ça il faut prendre soin de lui. Tu t'occupes de la cuisine et moi je vais le laver d'accord ?
Il hoche la tête et je m'approche pour soulever délicatement le jeune garçon. Il a de petites griffes aux mains et d'adorables petits crocs tous mignons dans la bouche.
Je le conduis dans la salle de bain avant de faire couler rapidement un bain et de me mettre à le laver aussi doucement que possible pour ne pas le réveiller.
Je le décrasse de la tête aux pieds. L'eau devient rapidement noire. Sa peau est très pâle et ses cheveux sont d'un blanc pur, tout comme ses attributs de renard.
Une fois aussi propre que possible, je le sèche et lui fais enfiler l'un de mes hauts, c'est trop grand pour lui mais c'est toujours mieux que rien et je vais ensuite le mettre au lit.
Assis sur une chaise, je le regarde dormir. Il est vraiment adorable avec sa bouille enfantine et je craque complètement devant cet enfant venu de nulle part.
Gabriel finit par me rejoindre et il cligne des yeux en voyant l'apparence « propre » du petit garçon :
- Et bien, je m'attendais à tout sauf à ça. Tu sais ce qu'il est ? me questionne-t-il en s'approchant.
- Et bien ce n'est ni un Thérianthrope ni un Lycanthrope, je le sentirais si c'était le cas. De plus il dégage quelque chose d'assez étrange. Une aura que je n'ai sentie qu'une seule fois et qui venait d'un Kitsune, un Esprit Renard de la mythologie japonaise.
- Tu penses que c'en est un ?
- Oui, je ne vois pas trop ce qu'il pourrait être d'autre.
- Je vois, on devrait s'habiller. S'il se réveille il ne faudrait pas qu'il soit effrayé.
Je rigole et me lève pour enfiler un pantalon et un tee-shirt et Gabriel en fait de même avant de venir m'embrasser le front :
- Reste avec lui, je vais t'apporter de quoi manger.
- Merci beau Nephilim.
Il sort et je reporte mon attention sur l'enfant allongé dans le lit, des tas de questions se bousculent dans ma tête. Comment est-il arrivé ici ? Où habite-t-il ? Que lui est-il arrivé ? Toutes ses interrogations tournent en boucle dans ma tête et ce n'est que lorsque Gabriel revient avec la nourriture que j'arrive à détourner mon attention pour manger :
- Chaton, qu'est-ce qu'on va faire de ce petit ?
- Ben, nous allons l'aider à rentrer chez lui répondé-je en mastiquant.
Je termine rapidement mon petit déjeuner avant d'aller faire ma toilette et revenir au chevet du petit enfant.
Je sais que c'est étrange mais quand je le regarde, quelque chose en moi me hurle de le protéger et de faire en sorte qu'il ne lui arrive jamais rien, de prendre soin de lui et de tout faire pour qu'il soit en bonne santé. Comment puis-je ressentir ça alors que je ne le connais même pas ?
***
Je me suis endormi sur la chaise et c'est un faible couinement qui me sort de mon sommeil. Je me redresse aussitôt et regarde autour de moi avant de me rendre compte que le petit est réveillé et me regarde apeuré :
- Tu es réveillé ? Je suis rassuré, j'ai eu peur tu sais. Je m'appelle Killian, je suis ravi de faire ta connaissance, et toi comment tu t'appelles ?
Il me regarde, visiblement méfiant et je lui fais un doux sourire pour l'encourager à me répondre. Au bout d'un petit temps, il finit par lâcher du bout des lèvres :
- Feren. Tu vas essayer de me faire du mal ? demande-t-il d'une toute petite voix craintive.
Je le regarde, vraiment surpris par sa question, venant de la part d'un si jeune enfant. Je secoue la tête tout en continuant de le rassurer. Je lui parle d'une voix douce :
- Non, je te promets que je ne te ferais pas le moindre mal, au contraire, je vais bien m'occuper de toi.
- Et c'est qui le monsieur derrière ?
Je tourne la tête et découvre Gabriel dans l'embrassure de la porte. Il adresse un sourire à l'enfant et je reporte mon attention sur celui-ci :
- C'est mon amoureux, il s'appelle Gabriel et il est très gentil. Lui non plus ne te fera rien. Alors dis-moi Feren, comment es-tu arrivé chez nous ?
Il semble réfléchir et la moue qu'il affiche en cet instant est tout ce qu'il y a de plus adorable sur cette planète. Je dois me retenir pour ne pas le prendre dans mes bras et lui faire des papouilles. Mais d'abord, il me faut garder des distances afin de ne pas l'effaroucher :
- Ben, j'étais tout seul dans la forêt quand j'ai senti une odeur de nourriture. J'avais très faim alors j'ai juste suivi la piste et je suis entré par une fenêtre.
- Je vois, et qu'est-ce que tu faisais tout seul dans la forêt ?
Il semble se renfrogner un peu. On dirait que j'ai touché une corde sensible :
- Je me rappelle plus, couine-t-il faiblement.
Je vois bien qu'il ne dit pas la vérité, mais je sens qu'il n'a pas envie d'en parler. Afin de ne pas le brusquer, je n'insiste pas et je lui demande :
- Est-ce que tu as faim Feren ?
- Non, mais je crois que je vais faire dodo. Je suis fatigué.
Il baille et je souris, totalement attendri par ce petit bout d'homme à peine plus haut que trois pommes et je le laisse se rendormir sans rien dire avant de quitter la chambre.
***
Les jours passent et le petit Feren reprend rapidement des forces. Comme je l'avais deviné, c'est un Kitsune, il nous le confirme de lui-même lorsque nous lui posons la question. Cependant il reste toujours assez évasif sur les raisons qui l'ont poussé à se retrouver seul dans la forêt ou sur son passé. Dès que nous essayons de lui en parler il se renferme et dit qu'il ne s'en souvient pas.
Je viens de finir de lui lire une histoire et il dort à moitié, blotti contre moi. Il s'est vite attaché à nous et je crois qu'il est en manque d'affection :
- Dis-moi Feren, tu as des parents ? demandé-je doucement.
- Non, ils sont morts tous les deux. Du coup je suis tout seul maintenant.
Je le regarde s'endormir, le cœur serré par ce que je viens d'entendre. Ça me rend tellement triste de savoir qu'il est orphelin.
Je rejoins Gabriel dans notre chambre, il est déjà dans le lit en train de lire et lorsqu'il me voit, il fronce les sourcils et pose son livre :
- Quelque chose ne va pas mon amour ?
- J'ai appris que Feren était orphelin. Ses parents sont morts, lâché-je avec tristesse.
Je m'assois sur le lit et il m'enlace. Je me laisse volontiers aller dans son étreinte et il se met à me caresser le dos doucement :
- C'est triste, mais nous ne pouvons rien y faire, tu sais bien que ramener les morts à la vie est impossible. Enfin pas sans l'aide de Freyr, mais je doute qu'il accepte de faire cela.
- Je sais. Dis, tu as bien compris que j'adore Feren et je sais que tu l'aimes aussi. On pourrait peut-être l'adopter ?
Je lève la tête pour voir son visage, il me regarde perplexe :
- Attends, tu es sérieux quand tu dis ça ? Tu veux vraiment l'adopter ? Tu sais qu'un enfant ça change beaucoup de choses et puis est-ce qu'il le veut lui ?
- Je sais qu'un enfant ça change plein de choses, de plus il nous aime et vice versa alors où est le problème ? Mon amour je sais que c'est soudain mais je refuse de le laisser partir. Depuis que je l'ai rencontré, j'ai cette sorte de chose dans ma poitrine qui me dit que je dois prendre soin et m'occuper de lui. Et puis tu l'apprécies beaucoup non ? Tu le câlines et le traites comme s'il était ton fils.
Il reste un long moment sans rien dire, réfléchissant sans doute à ce que je viens de lui demander et finalement il soupire avant de m'embrasser :
- C'est d'accord chaton, j'accepte d'adopter Feren et qu'il devienne notre fils à condition qu'il le veuille lui aussi.
Le soulagement et le bonheur m'envahissent et je me jette à son cou pour l'embrasser encore et encore et, sans grande surprise, nous finissons par faire l'amour toute la nuit.
Le lendemain matin, je me lève tôt et prépare des gaufres, je sais que notre fils, ça me fait tout drôle de dire ça, adore en manger alors j'en fais autant que je peux :
- Bonjour mon chaton, murmure mon déchu en venant embrasser mon cou.
- Salut mon amour.
Je me tourne vers Gabriel qui m'embrasse et je vois ensuite Feren qui arrive dans un pyjama trop grand pour lui et son adorable visage encore tout chiffonné. Nous avons dû emprunter des habits à des mères vivant au manoir principal, nous irons lui en acheter plus tard :
- Bonjour Feren, lui dis-je en souriant.
Il lâche un petit « bonjour » en se frottant les yeux et je m'approche, un grand sourire sur le visage :
- Feren, j'ai une grande nouvelle à t'annoncer, Gabriel et moi avons décidé de t'adopter.
L'enfant nous regarde, les yeux écarquillés :
- Vous allez devenir mes parents alors ?
- Oui, enfin seulement si tu acceptes de devenir notre petit garçon à nous. Je sais qu'on ne se connaît que depuis quelques jours mais nous nous t'aimons beaucoup et je pense que tu ressens la même affection pour nous. Alors est-ce que tu acceptes de faire partie de notre famille ?
Son visage se transforme, un grand sourire s'affiche et illumine son visage. Il me saute au cou. Je le rattrape de justesse tout en évidemment miraculeusement de m'étaler sur le sol comme une crêpe :
- Oh ouiiiiiii !!!! crie-t-il avec joie.
Le voir aussi heureux me réchauffe le cœur. Gabriel s'approche et nous prend tous les deux dans ses bras. Je me sens bien, tellement bien et je serre encore plus l'enfant, mon fils, contre moi.
Je n'arrive pas à croire que j'ai enfin une famille rien qu'à moi. Depuis la mort de ma mère, j'ai toujours pensé que je finirai seul, incapable de trouver l'amour et continuant de fuir sans m'arrêter.
Mais maintenant, je sais que ce ne sera pas le cas, j'ai enfin trouvé le bonheur avec Gabriel et maintenant avec Feren.
J'ai trouvé une famille.
Ma famille.
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