Extrait / Krys Rivane Deïdam

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Le bruit d'un calme ruisseau. La sensation d'un sol. Krys ouvrit les yeux sur un ciel bleu. Il s'était allongé quelques instants. La tête appuyée sur une petite bosse de terre et les pieds sur une autre. Il tourna les yeux, vit la couleur marron du sol. Les fines racines qui s'élevaient du sol, devenant de plus en plus épaisses jusqu'à porter un arbre pendu dans les airs. Celui à côté de Krys était vieux. Il le savait car le bout de certaines racines ne touchait déjà plus le sol. Le jeune homme se releva et frotta ses yeux pour essayer d'enlever une fatigue accumulée après deux jours et une nuit de marche sans s'arrêter. Krys ramassa une petite pierre marron sur sa droite, chercha ses compagnons du regard. Riviére, un jeune homme de vingt-deux ans n'était pas encore réveillé, se reposant sous l'ombre d'un arbre. Krys leva la tête vers le feuillage droit qui cachait Riviére du soleil. Il y jeta la pierre qu'il avait ramassée, ricanant d'avance à ce qui allait se passer. Au contact de la pierre l'arbre trembla, comme frissonnant. Le feuillage qui prit une couleur jaune se sépara de quelques dizaines de feuilles. Une légère poudre jaune se répandit dans les airs. Krys recula loin, sachant bien à quel point l'odeur qui allait s'en dégager était nauséabonde. Il y avait de quoi faire tourner de l’œil à quelqu'un de trop sensible, donc forcément de quoi réveiller ce cher Riviére. Un plan parfait. Le jeune homme se leva dans une grimace en criant une insulte. De mauvais poil, Riviére s'empressa difficilement de prendre son sac. Il ramassa son sabre et l'ajusta à sa taille. Il prit sa lance appuyée sur une racine. Tournant la tête à droite et à gauche, il aperçut Krys en train de rire et marcha vers lui sans penser à attacher sa lance dans son dos. Krys demanda en signe de bonjour :

" Alors Riväne, on fait des mauvais rêves ? C'est quoi cette grimace.

Riväne voulut maudire Krys mais ils n'eurent pas le temps de se disputer. Le troisième homme qui marchait avec eux dans ces forêts était réveillé lui aussi, et marchait à leur rencontre. Un homme grand, le corps recouvert d'une armure noire. Un visage dur et balafré. Une cicatrice commençait sur sa joue pour se terminer sur le haut de son cou. Une autre partait d'en bas de son œil et descendait le long de sa joue. Il lui manquait le lobe de l'oreille droit, comme une continuation de sa cicatrice. Une barbe mal rasée ajoutait au caractère rude de son visage. Des cheveux courts poussés en arrière commençaient à grisonner. Une épée sur son dos, son armure était marquée de l'insigne de la Veille. Un tigre mordant le cou d'un dragon agonisant. Seuls ceux qui défendaient les côtes du territoire humain face aux assauts des dragons portaient ce signe. De là lui venaient ses cicatrices, et son attirail de guerrier. L'homme s'adressa aux deux jeunes hommes avec une voix rauque:

"- Bonjour Krys, bonjour Riväne. Se tournant ensuite vers Krys, il ajouta: Récupère tes affaires, petit malin. L'entraînement matinal n'attend pas.

- Comme tu veux Deïdam. Répondit Krys en allant chercher son sac, son grand arc et son épée."

Riväne, regardait l'homme en armure. Deïdam, un homme qui était devenu si fort en s'entraînant deux fois par jour, tous les jours depuis qu'il était tout jeune. Il entraînait les deux amis depuis qu'ils avaient six ans mais Riväne se demandait si il pourrait un jour devenir aussi fort que son maître. Deïdam le grand épéiste. On disait de lui qu'il avait un jour réussi à faire fuir trois dragons noirs avec son épée alors qu'il était encerclé et que la garde entière était tombée. Les armes humaines avaient peu d'efficacité sur la peau des dragons, l'acier si génétiquement modifié soit-il résistait à peine au fléau des crocs acérés des bêtes gigantesques. Mais Deïdam, lui, avait réussi à vaincre trois de ses reptiles. Ils étaient plus grands que les ours que l'on pouvait voir sur la côte sud et pourtant Deïdam avait été si vif, si précis, si souple. Si courageux que les bêtes elles-même avaient pris peur. C'était sur son conseil que Riviére avait choisi de changer de nom. De toute façon les türoucks Oton et Bilba l'avaient appelé ainsi pendant plus de six ans. Il avait pris le nom de Rivane au moment même où Deïdam lui avait tendu une épée. Au moment où Deïdam les avait emmenés Krys et lui explorer la Terre nouvelle. La maîtrise de l'art de l'épée avait bien grandi depuis chez Rivane et Krys. Mais ils n'avaient pas encore la souplesse et la vitesse d'esprit de Deïdam. Leur style était bien loin de celui du grand épéiste. Il ferait sans doute plus de dégâts avec les lasers de sa lance sur un dragon noir qu'avec son épée. Il en était de même pour Krys avec son arc et ses explosifs. Les trois compagnons fouillèrent ensuite leur sac. Chacun en sortit une boule d'acier qu'ils posèrent sur le sol. Une fois activée, cette boule servait de moyen de transport le plus répandu chez les explorateurs. "Les araignées", de modèle H7 et H16, souples, minces, solides. Une fois les sphères dépliées, elles étaient ce qu'il y avait de mieux pour se déplacer dans un monde quasi-vide de routes. La petite crevasse qui se tenait à trente mètres des trois guerriers ne causerait par exemple ; aucun problème à ces araignées. Contourner la crevasse leur aurait pris à peine une minute. Cependant les machines avaient copié bien plus que l'apparence et l'agilité de l'insecte. L'inventeur Ji Hender, avait pris exemple sur l'habilité de l'araignée à tisser et à bâtir sa maison. Sa machine bâtissait des chemins. Douze fils suffirent pour que les trois compagnons puissent rejoindre l'endroit où ils avaient décidé de s'entraîner. Tandis que les pattes des araignées avançaient sans difficulté sur les fils de toile qu'elles avaient lancées. Krys ouvrit la discussion. Une anomalie était apparue sur le sixième écran. L'écran était taché et la vision impossible. L'homme abaissa le foulard qui couvrait son nez et sa bouche afin d'interroger Deidam, tout en essuyant en vain l’œil de la caméra à l'aide de sa manche :

"- Deïdam j'ai un problème sur un écran,

- Après l'entraînement. Répondit sèchement Deïdam. Il n'y en à pas sur les commandes ?"

Krys tourna la tête sur les côtés. Ça faisait longtemps qu'ils avaient appris à conduire sans regarder les commandes. Les dessins en mouvement, représentant les pattes schématiques de la machine étaient normaux. Les points sur lesquels étaient posés les doigts du jeune homme brillaient normalement. Alors Krys répondit non et la troupe atteignit le bout de la crevasse. Sur cette herbe verte Deïdam parla le premier :

" -Rangez les araignées. Rivane prend ta lance, Krys ton arc. Activez le mode entraînement et attaquez-moi ensemble. On s'attardera ensuite sur votre maniement de l'épée. "

Deïdam et Rivane vérifièrent que la protection de leur lame était verrouillée. Krys, que les quatre manettes qui commandaient à son sac de retirer les caches de protection des flèches, étaient abaissées. Ils vérifièrent ensuite tous les trois que les canons des armes eux aussi, n'étaient pas armés pour tuer.
Les trois hommes se positionnèrent. Deidam et Rivane firent un pas en avant. Les deux jeunes lancèrent la première attaque. Krys se lança dans une pirouette arrière, pour obtenir une distance nécessaire à la précision de son arc. Rivane fit tournoyer sa lance sur la gauche du grand épéiste. Krys avait son maître dans le viseur de son grand arc gris. L'hologramme de la cible concordait parfaitement avec la pointe lumineuse de la flèche d'entraînement. Dans les pensées de Krys la lumière toucherait le torse de Deidam, laissant sa marque et des ondes lumineuses en propagation sur l'armure noire. Mais la vitesse de Deidam trompa l'esprit de l'archer. La première flèche ne toucha pas sa cible. Rivane se lança alors à l'assaut. Les déplacements de Deïdam étaient parfaits, jamais de fautes. Dans un échange de feintes et de coups, l’épéiste se servit de son élève pour se protéger de l'arc de Krys. Rivane voulut mettre de la distance entre son maître et lui pour qu'une flèche de Krys mette fin à l'échange. L'archer attendait patiemment cet instant où Rivane s'écarterait. Il vit une occasion lorsque son ami lança une roue sur le côté. Deidam poussait Rivane du pied, un moment parfait selon lui. Cependant il se trompa une fois de plus. Au moment où Krys avait lâché la flèche Deidam était déjà à mi distance de lui. Fonçant avec son épaule sur l'estomac de l'archer. Une poussée fut suffisante pour que l'archer perde l'équilibre et que Deidam se mette en position pour tirer. La main posée sur la gâchette de son sabre, il dit une phrase en tirant:

" Je ne cherchais pas à me protéger lorsque j'étais face à Rivane. Mon plan était de me rapprocher de toi."

L'émetteur lumineux avait touché le cœur de Krys. La lumière était restée sur sa chemise. Rivane revint à l'attaque. Il fut vite vaincu par une clé de bras et Deidam lui dit ceci :

" Je n'avais pas les yeux sur toi. Mais là ils l'étaient. Concentre-toi sur une cible, vois tout le reste, sois intouchable face à ce qui te sépare de ta proie. Prenez vos épées maintenant."

Ils se battirent encore pendant quinze minutes avant de reprendre la route. Ils venaient du campement de l'Ouest et se dirigeaient vers le dôme bleu, apparut là où les tours du Japon semblait avoir atterri. Mais ils devaient encore passer par le campement de Qual et bien d'autres endroits avant de l'atteindre. Ça ne s'était pas vraiment bien passé au campement de l'Ouest. Leur première escale après qu'ils eurent quitté la Capitale. Beaucoup de gens avait compris qui étaient Krys et Rïvane et avaient voulut les agresser. Mais malgré cela, Rivane était de bonne humeur ce jour la. Alors il provoqua ses deux compagnons dans une course.
Les araignées accélérèrent et partirent en flèche face à elles. La barre de vitesse affichait facilement une centaine de kilomètre heure en quelques secondes chez ces machines. Zigzaguant entre les arbres, grimpant dans les branches, les trois compagnons foncèrent vers la suite de leurs aventures.
Le paysage était vite redevenu plus dense, le sol plus humide et les arbres plus nombreux, les racines des arbres se mêlaient de plus en plus, de plus en plus épaisses. Le paysage était devenu verdoyant, les racines formaient un sol lorsque Riväne menait la course. Un champ de coquilles formait des obstacles pour les trois coureurs. Certaines immobiles, d'autres avançant lentement portées par un long cou et des petites pattes larges. Sur la tête de certaines les trois points colorés tournèrent lorsqu'ils virent la vitesse où Deïdam passait. Des fourrures en forme de limace grimpaient et avançaient sur les branches des arbres. Dandinant avec leurs six pattes. Même les ailes des papillons étaient velues à cet endroit. Les premières herbes vinrent plus vite que Krys ne l'aurait cru. D'abord jaunes comme la paille, pour ensuite s'assortir au vert des feuilles. De petits êtres maigres et rouges sautillaient sur leurs quatre pattes. Une tête ronde avec un œil clignant., leurs grandes oreilles frétillant aux bruits des croassements de leurs congénères. Le relief s'abaissait de plus en plus sur la droite. Des lianes et des longues feuilles se nouant aux racines des arbres. Riväne ralentit pour longer le bord du fossé. Un petit lac avait élu domicile à cet endroit. Des crocodiles y barbotant. Dépassé par Krys, Riväne accéléra. Traversant cette forêt à toute allure. Ils allaient vite, plus vite que ces tortues qui planaient dans le ciel. Des serpents s'enroulaient autour des troncs. Le corps poussé par une fine nageoire, orienté par une petite tête à quatre yeux. Les deux yeux arrières, plus gros, noirs et sans pupille. Mais même sans pupille et sans iris, on ressentait son regard sur le côté. Les deux autres plus fins lançaient un regard pénétrant face à eux. Les machines filaient à toute vitesse entre les arbres. Le duvet artificiel sur leurs huit pattes aidant à un équilibre des plus stables. Par endroit, le sol se creusait en ligne, traçant des chemins naturels entre ces arbres. Les herbes s'entassaient parfois laissant certaines zones inaccessibles à la course des trois aventuriers. Riväne aperçut une autre crevasse sur sa droite. Peut-être y verrait-il encore des crocodiles. D'un signe de main, il appela ses compagnons pour venir jeter un oeil avec lui. Ils furent surpris. Le trou était bien moins profond que celui que Riväne avait longé précédemment. Le petit étang qui dormait au fond du trou était rempli d'algues. Des poissons y nageant paisiblement. Mais ce qui dormait au bord de l'eau attira néanmoins leur attention. Les insectes qui s'étendaient sous le soleil semblèrent curieux à la vue des araignées. Leur forme était la même, la différence se trouvait dans la taille de l'insecte et dans la queue qui pendait à l' arrière de leur corps poilus et sale.

" Je me posais des questions sur le Dôme bleu prononça soudain Krys

-Arrêtons la course ici alors. Continuons à avancer côte à côte et je vous raconterai les dernières nouvelles que j'ai reçu du campement capital ce matin, répondit le grand épéiste."

Les trois hommes s'enfoncèrent de nouveau dans les arbres en ralentissant l'allure de leur machine. Riväne écrasa un insecte qui le piquait au cou tandis que Deïdam reprenait la discussion. :

" Les dernières unités volantes ont réussi à poster des troupes à une trentaine de kilomètres du bouclier bleu ; A l'arrière du grand mur.

- Je m'interrogeais sur ce grand mur, intervint Riväne. Je me disais que cette fameuse montagne faite de roches nous sépare du reste de ce monde à l'ouest, tout en nous protégeant de cette infection qu'on détecte sous le bouclier. Je n'arrive pas à savoir si les présages que cela annonce sont bons ou mauvais.

- Je suis impatient d'être parmi les premiers à le savoir et à le voir. Répondit Krys.

- Voir le Japon. Moi, c'est ce que j'attends le plus.

- Cela, on le sait tous Rivane. Reprit Deïdam en rigolant. Les derniers relevés indiquent une diminution du virus dans l'air, mais le contact avec les hommes à l'intérieur reste impossible à concrétiser. Et personne n'est sûr du bien fondé de ces analyses. L'air n'a pas pu être totalement analysé par les machines.

- Comment ça avance du côté de la route dans les ronces ? Interrogea Krys.

- On n’a toujours pas atteint le bouclier, et trois autres hommes sont portés disparus. Répondit tristement Deïdam."

Rivane sentit une piqûre dans son cou. Il écrasa l'insecte et regarda sa main. De petites roches marron et de la terre étaient tout ce qui restait. Il Conclut alors la discussion en disant :

" C'est étrange d'habiter un monde dont on ignore tout."

Les serpents étaient de plus en plus nombreux autour des trois voyageurs. De plus, un bruit lourd se fit entendre à côté de Deidam, alors ils ralentirent l'allure. Une silhouette rampait et ondulait dans les herbes. Une longue queue de serpent jaune s'était mise en travers de la route des trois hommes. A cause de la vitesse ils ne purent s'arrêter. Cependant, la queue ne les stoppa pas et il n'y eut pas carambolage ou de chamboulement d'acier et de chair. A la place, elle se retira à toute vitesse. Mais le serpent ne lâcha pas l'affaire. Il se remit encore une fois en travers de la route des hommes. Ils le virent de face. La tête fière et calme. Un regard droit dans les yeux marron d'un cobra. Un ventre rayé de couleur dorée. Il recula au loin pour éviter l'impact avec les trois hommes. Encore et encore le serpent se mit en travers de leur route. Bloquant les tentatives de séparation des hommes. Krys fut le premier à faire le choix de sortir son arme. Il arma son arc, y posa une flèche. La précision donnée par le grand arc lui permit de tirer juste à côté de la queue du serpent. Comme l'espérait Krys, la flèche offrit la crainte à l'animal. Et le fit renoncer à leur barrer la route. Néanmoins le fier serpent ne s'en alla pas sans lâcher un dernier sifflement puissant et sans agiter sa langue en direction des trois hommes.

L'escapade les avait écartés de leur route de quelques mètres. Au bout d'un chemin creusé en sillon, une grotte ne laissait aucune lumière entrer en elle. Les trois explorateurs choisirent de ne pas y entrer. Cette grotte avait tout l'air d'être le repère de ce grand serpent qui les avait attaqués. Longeant la crevasse, ils se remirent à tracer entre les arbres d'un pas pressé. Les serpents étaient toujours aussi nombreux dans les branches et sur le sol. Impossible de faire quinze mètres sans en croiser au moins un. Certes on voyait courir ou voler quelques autres espèces, telles que ces énormes poules ou ces toutes petites sangsues volantes. Mais cependant, les serpents semblaient dominer cette partie de la forêt. Après vingt minutes à avancer, des reliefs de petites montagnes montraient leur pic aux trois voyageurs.
Dix minutes plus tard Rivane aperçut quelque chose à sa droite qui changea la direction du groupe. Il s'arrêta net pour appeler Krys et Deïdam à observer ce qu'il voyait entre les arbres, les lianes, et la mousse.
Ils s'approchèrent et contemplèrent cette porte de pierre qui donnait sur l'intérieur de la montagne. Tout était abîmé. Sali par le temps, rongé par la nature. Quatre rangées de pierres rondes, chacune marquée profondément d'une lettre. Un langage inconnu des trois hommes. Assis sur leur monture, ils relevèrent leur regard pour apercevoir la pierre dorée qui ornait l'entrée. La seule à porter une inscription en relief. Bordée de droite à gauche par d'étranges gargouilles, l'ouverture était sombre. L'ombre des arbres prenait beaucoup de place sur la lumière. Les trois hommes ne pouvaient voir ce que cachait cette entrée. Deïdam s'approcha d'une des gargouilles. La sculpture d'un être à deux têtes. Les yeux sur l'une, une bouche de carnivore sanguinaire sur l'autre. Son expression semblait montrer sa colère d'être condamnée à tenir entre ses mains une pierre marquée d'un dessin, qui ne s'arracherait jamais, ni de ses paumes ni du socle. Deïdam comprit que le dessin gravé représentait deux mains serrées. Impressionné par la finesse du dessin il toucha la pierre de la main. Il tourna la tête et annonça ce qu'il voyait à ses deux compagnons.

" L'autre représente une main qui tient une chose ronde. Répondit Krys le regard posé sur la pierre tenue par l'autre gargouille.

- Je crois qu'on a mis le doigt sur quelque chose d'intéressant, lança Riväne.

- J’envoie une image à la capitale. Dit Deïdam. "

Il lança un scanner global à travers les yeux de l'araignée. Trois minutes plus tard la réponse fut rendue. Personne n'était jamais entré là, puisque le lieu était inconnu aux réseaux du grand campement. Vous vous doutez bien que Rivane, Deïdam et Krys y étaient déjà entrés lorsque la nouvelle était annoncée. Ils avançaient à la lueur d'un flash puissant dans un long tunnel droit. Rien ne traînait sur le sol ou les murs. Ils virent à peine un rat pendant près de quinze minutes. Puis peu à peu, les murs commencèrent à arborer de nouveaux des gargouilles, certaines dormant, d'autres se tenant la tête, pensante ou torturée. A un premier virage l'une d'elle portait une lumière mauve. Krys grimpa sur le mur pour observer de plus près la source de cet éclairage. Une sphère de toile grasse, dans laquelle une lumière flottait. Il voulut d'abord la toucher mais il sut que c'était plus sage de continuer, sans toucher à rien pour l'instant. Il s'approcha néanmoins un peu plus près en éteignant son phare. Afin de voir l'aspect qu'aurait une des pattes de son araignée sous la teinte de cette lumière. Il n'eut le temps de n'y avancer qu'une patte. La lumière s'éteignit brusquement. Les flashs de Deïdam et Rivane s'éteignirent mystérieusement à leur tour. Le bruit de l'armement des armes se fit entendre. Rivane tourna la tête vers sa gauche, là d'où venait la lumière. Une lumière mauve souffla de nouveaux sur la pièce. Accompagnée d'un vent et d'un grondement, la sphère avait refait son apparition. La toile étirée et défaite formait une gueule prête à avaler le jeune humain. La lumière était plus vive, plus grande. Elle traçait l'ombre de Krys sur le mur. L'ombre d'un homme qui brandissait son arc, une flèche prête, et le regard droit sur sa cible. La flèche perfora la lumière au moment où son cri se termina. La toile se referme sur elle-même tandis que l'archer mettait de la distance entre elle et lui. Dans des mouvements de va-et-vient la boule s'agitait. Elle quitta la main de la gargouille pour se balançer dans toutes les directions, se jetant à deux ou trois reprises sur le sol et les murs. D'une pression sur un bouton de son gant, la flèche explosa. Deïdam tenta de rallumer son flash, mais sans effet.

" Cette chose n'est pas morte. Dit-il alors que la lumière de l'explosion disparaissait, les laissant dans un noir total. "

Le silence se réinstalla à peine quelques secondes avant la réapparition de la lumière derrière Krys et Rivane. Moins vive, mais semblant toujours aussi déterminée à attaquer les trois hommes. Tournant leur tête, ils ne virent pas Deïdam lancer une dague, ils n'entendirent que le bruit de l'acier qui pourfendait l'air. Avant de voir la lame transpercer le centre de la lumière. La toile perdit la solidité de sa structure et tomba en tas sur le sol. Les phares des trois voyageurs se remirent en marche et ils s'approchèrent de la toile.

:" Un piège ? Interrogea Krys.

- Un piège, je ne sais pas. Répondit Deïdam, mais ceux qui ont tracé ce chemin ne voulaient pas que n'importe qui y entre.

- Pourquoi faire un aussi long chemin dans la montagne, quel ermite peut bien avoir fait cela ? Il doit y en avoir bien plus d'un ici. Enchaîna Krys.

- Bien que ce soit tout ce qui ait été vu jusqu’à maintenant Krys, je doute fortement que ce chemin nous mène d'une quelconque manière à des ermites.

- Tout cela : la porte, la route, les gargouilles, cet étrange piège. Cela semble avoir été batti de la main d'une civilisation. Pourtant ,les unités volantes n'ont jamais identifié de trace de groupement d'habitations nulle part. Finit par dire Rivane."

Ils se remirent à avancer, éclairé par leur lampe dans un tunnel qui semblait ne jamais changer. Le phare de Krys croisa alors des dessins sur le mur. La troupe s'arrêta de nouveau pour les observer. Une autre preuve d'une trace de vie qui était passée par là il y à peu. Des écritures, au-dessus de dessins de monstres, de guerriers et de danseuses, de festins, et d'êtres mangeant autour d'un feu, de longues queues dépassant derrière eux. Ils continuèrent leur route, photographiant les dessins intéressants qu'ils voyaient. Le chemin se mit petit à petit à s'élargir. La forme de la route devenant de plus en plus rectangulaire. Une patte de l'araignée de Rivane finit même par heurter une marche. Le phare des trois hommes dirigeaient face à eux, ils virent que les restes d'un chemin de pierres menaient quelque part. Les trois aventuriers grimpèrent sur ce qui restait d'un escalier en ruine pour arriver sur la route.

"Étrange, pourquoi avoir mis un escalier et commencer à construire cette route uniquement à partir d'ici ? Nous devons savoir ce qu'il y avait dans cette grotte avant que tout cela soit détruit. Dit Krys

- Ce qui m'inquiète, c'est de savoir comment tout ceci a été détruit. Vous pensez qu'il y a un rapport avec cette étrange lumière de tout à l'heure ? Demanda à son tour Riväne.

- Peut-être bien. Mais peut-être qu'elle était déjà là avant. Nous avons retrouvé des dessins, mais il doit nécessairement il y avoir d'autres choses. Et pour ma part, ce qui m'inquiète, c'est que nous nous enfonçons de plus en plus profondément vers le bas."

Un regard vers le compteur de sa H7 et Rivane put comprendre ce que Deïdam voulait dire. Il lui avait semblé marcher tout droit jusque-là mais les chiffres qu'indiquait l'araignée prouvaient le contraire. L'écran affichait - 40° pour l'inclinaison. Une lumière apparut de nouveaux au loin. Les aventuriers s'en approchèrent. De nouveaux portaient par une statue. Mais il ne s'agissait plus d'étranges gargouilles. Ce qui était représenté la, se voulait beau et accordé à une certaine esthétique. Des statues représentant à gauche des silhouettes féminines et à droite des silhouettes masculines. Celles de droites portant d'une main une lance pointée vers le haut. Et de l'autre une lumière. Celles de gauche semblaient souffler sur le mâle, portant une lumière des deux mains vers eux. Ce n'était néanmoins, ni des hommes, ni des femmes. Leur visage était presque humain. Rivane crut même reconnaître une fille qu'il avait connue lorsque lui et ses deux compagnons avaient quitté le campement de l'ouest. Une certaine Esmelda. La statue avait le même petit nez mignon, le visage fin et de grands yeux. Leur crâne était rasé jusqu'à l'arrière des oreilles. Une queue, de cheveux droits descendant jusqu'entre leurs omoplates. La taille de leur buste était plus grande. Les femelles possédant deux poitrines. Leur bassin un peu plus incliné. Les sculptures ne laissaient malheureusement pas voir à quoi ressemblait le bas de leur corps, la représentation s'arrêtant à leurs cuisses. Une longue queue fine formait un arc de cercle au-dessus d'eux. Les mâles étaient semblables : Deux poitrines. Leur bassin plus incliné que celui des humains. Mais dans le sens inverse à celui des femelles. Des bijoux et des tissus ornaient les bras et la taille des statues. Les trois hommes éteignirent leur phare, réduisirent au minimum l'écart des pattes de leur araignée, mirent les deux jambes en avant et avancèrent entre les statues, en ligne l'un derrière l'autre, afin de ne pas toucher les cercles lumineux qui couvraient les murs tous les six mètres. En les observant plus en détail sur la route. Rivane remarqua que leurs mains étaient plus longues que celles des Hommes. Ceux qui avaient sculpté ces choses avaient pris grand soin du détail, plaçant jusque des aiguilles pour les cils. Bien que toutes les représentations portaient les mêmes coiffures, les mêmes vêtements et la même lance, chaque visage et chaque corps était différent. Les trois voyageurs avancèrent dans un couloir sur une vingtaine de mètres. La galerie tourna brusquement vers la droite. Les lueurs éclairaient les bouts d'un long tapis de mousse au sol. Le tunnel prenait fin au bout de ce dernier couloir. Krys interrogea le groupe :

" Cette lumière, c'est une lumière naturelle. Comment cela peut-il possible ? Comme tu l'as toi-même dit tout à l'heure Deïdam. Nous nous enfonçons.

-C'est bien ce que j'ai dit. Répondit Deïdam. Pourtant comme moi, C'est la lumière donnée par le soleil que tu vois en face de nous.

- Allons-y. Conclut Rivane. Nous ne sommes pas venus là pour reculer."

Les trois hommes avancèrent sans dire un mot. Néanmoins, le silence fut brisé alors qu'ils étaient arrivés au milieu du couloir. Le bruit d'un roulement de pierres se fit entendre au dessus de Rivane. Deïdam et Krys se déployèrent devant et derrière lui. Les trois hommes, l'arme dégainée avaient porté leur regard vers le haut. Deux lumières étaient apparues, éclairant vivement un visage de pierre. Sorti du plafond, un fasciés tout rabougris ouvrit doucement sa bouche. De la poussière en sortit, faisant même pleuvoir quelques petites roches sur Rivane. Tandis que la bouche bougeait doucement devant les yeux ébahis des trois hommes. Une voix roque et grave résonna dans les murs:

" Lhrin dolo s'trazaam."

Déconcerté Rivane lança à ses amis : de la pierre qui parle ?"

La voix ne répondit plus rien. Les lumières continuaient de briller en éclairant Rïvane. Le jeune homme commença à s'avancer doucement vers Deïdam pour sortir de la lumière. Sans réaction du grand visage Krys en fît de même. A peine quatre mètres plus tard, la voix résonna de nouveau dans les murs:

" Ka. Dit une voix grave.

Rien ne se passa sur le coup. Les trois amis furent d'accord sans même dire un mot pour accélérer le pas vers la lumière. Sortant de l'ombre à toute vitesse et en redonnant aux pattes de leur araignée une taille convenable pour continuer à avancer. Ils s'arrêtèrent tous les trois à la sortie du tunnel, ébahis par ce qu'ils voyaient.
C'était bien le ciel qui éclairait l'endroit. Une large ouverture sur le côté de la montagne faisait entrer la lumière dans une vaste pièce naturelle. Des colonnes de pierres grises et massives accompagnaient les voyageurs sur les longs chemins de dalles lisses et brillantes. Même toute la mousse et toute la poussière entassées sur celles-ci n'enlevaient rien à l'éclat de ces petits chemins. Plusieurs chemins menaient aux côtés de la pièce où des arbres morts restaient immobiles. Une rangée d'arbres blancs entourait un grand nombre d'arbres morts. Des lianes Sèches et des fleurs fanées grimpaient de toutes parts sur les pierres des colonnes. Rïvane resta béat face à ce que la nature avait réalisé à cet endroit. La hauteur des arbres diminuait graduellement entre les arbres blancs et les petits buissons près du centre de la place. Le cri d'un oiseau se fit entendre tandis que d'un battement d'ailes un grand volatile rouge à longue queue droite quittait le lieu. Le sol était plein d'herbes jaunes. Il n'y avait plus de vie dans cet espace, pensèrent les trois hommes. Le chemin face à eux menait à une large place centrale. Ils s'en approchèrent, observant les marches qui menaient à elle, observant ce carrelage d'or qui la bordait, intrigués par les inscriptions qui les couvraient. Un trône de pierre, incrusté de-ci de-là de pierres précieuses, était seul, sans régent, sans peuple à observer, du centre de la place. Rivane se remit en marche en regardant autour de lui. Krys lui, observa le trône. Il vit un étrange bâton posé sur le côté de celui-ci. Deïdam posa une main sur la manche de son épée. Rivane ouvrit ses oreilles et entendit lui aussi les bruits de pas qui approchaient de derrière le trône. Les trois hommes reconnurent la main qui se posa au-dessus. C'était cette même longue main qu'ils avaient vue chez les statues. Mais Rivane ne s'attendait pas à voir une couleur de peau d'un vert si clair, à la limite du turquoise. Les ongles noirs de sa main semblaient si épais, la peau de ses doigts si écailleuse. A la place des bijoux d'étranges dessins couvraient toute la main et la peau écailleuse du poignet qui montait lentement au-dessus du dossier. Des courbes, des points, et des symboles peints en bleu sur une peau remontaient jusque son avant-bras. Des tatouages de cadrans entouraient des dragons à trois têtes au-dessous de son avant-bras. Le reste du corps se hissa petit à petit sous un lourd manteau noir. La main agrippa le haut du trône et une voix agressive et sifflante sortit de l'arrière de celui-ci:

" Ka!

- Faîtes attention. C'est sûrement lui qui a posé le piège ici, dit Deïdam à l'égard de ses compagnons"

Le bras arrêta son mouvement. La main se serra contre le plus gros rubis qui ornait le trône et un chuchotement indistinct se fit entendre. Un vent souffla dans la pièce. Se dirigeant dans le sens du trône. Un être sauta alors, il sauta plus haut qu'un homme aurait pu sauter. Les trois hommes virent un manteau noir monter dans le ciel. Il se souleva au moment où l'être redescendait, jusqu'à ses genoux un court instant. Les trois hommes écarquillèrent les yeux lorsqu'ils virent les jambes qui portaient cet être si haut. Pas de pieds, du moins pas comme les humains les imaginent. Bien que sa taille n'en diffère pas, trois extrémités portaient trois griffes noires. Sa peau semblait vieille, abîmée et mêmes flasques par endroits. La peau de sa cheville, comme celle de ses genoux, comme celle de ses poignets ; écailleuse et épaisse. Le monstre garda un équilibre parfait pour arriver accroupi sur le haut du trône. Une fois debout Ils virent que ce monstre devait mesurer facilement deux ou trois têtes de plus qu'eux. Encapuchonné, ses yeux et son front restaient invisibles pour les trois hommes. La peau de son visage était ridée comme jamais celle d'un homme ne pourrait l'être, sa nuque était fripée. Le vert de son cou était bien plus foncé que celui de son visage, laissant comme une tache descendant entre les pectoraux et sur les clavicules du monstre. Le manteau était ouvert et laissait le haut de sa première poitrine visible. Les trois hommes purent ainsi voir que même son corps était couvert de dessins. Les mêmes cadrans que sous son avant-bras. Mais les formes aux quatre coins de ceux-ci étaient différentes. Des étoiles et des tridents avaient remplacé les pointes.
Le vent souffla de nouveau dans la pièce, dans le sens inverse, comme émanant du monstre lui-même. Une fumée bleue s'éleva de l'intérieur du manteau pour monter jusqu'au visage du monstre. Deïdam lui-même baissa son arme face à ce qu'il voyait. La vapeur prenait forme, dessinant quatre mains remplies de vide. Des mains aux fines griffes comme les siennes, caressèrent sa bouche et ses oreilles avant de disparaître.
Déconcertés, les trois hommes restèrent sans bouger. Le monstre mystérieux descendit alors aux bas du trône, comme un humain arrogant aurait descendu un escalier, se baissa pour récupérer le bâton posé au sol tandis-que les voyageurs étaient encore perdus dans leur silence. Dans un mouvement lent, le monstre ôta sa capuche et montra son visage à Rivane et ses compagnons. Les coins de son visage semblaient écailleux. Ce monstre était vieux. Les rides que portaient son front et son nez le confirmaient. Mais ce fut les cheveux du monstres qui intriguèrent le plus les trois hommes ; ils étaient blancs Était-ce l'âge qui avait fait cela ? Comme pour les hommes. Qui plus est, la coiffure de cet être n'était pas semblable à celle des statues. Ses cheveux n'étaient pas droits. Emmêlés et sales, des dreads locks sortaient de l'arrière de son crâne pour s'entasser dans sa capuche. Ses sourcils étaient longs, s'élevant en deux pointes sur la fin. Rivane n'avait vu cela sur aucune statue. La plupart ne portaient à peine qu'un petit trait au-dessus des yeux. Des yeux fins munis d’un iris et d'une pupille réduits à un seul et même point jaune. Façe au silence des trois inconnus l'être s'assit dans le trône et dit d'un ton amusé :

" Il n'y a pas de piège ici."

Les trois hommes se regardèrent d'abord sans comprendre. Puis Rivane répondit:

" Vous parlez notre langue. Qui êtes-vous ?

- Je suis Greilön. Le plus grand sorcier de mon peuple. Les dgeïkos. Et vous, qu'êtes-vous ? Acheva-t-il en tenant son bâton droit à côté de lui."

Riväne observa le sceptre de haut en bas avant de retourner la tête vers le monstre pour répondre. Une pierre rouge était enroulée par des lianes à une branche épaisse remplie d'inscriptions, qui laissaient l'écorce dans un piètre état.

" - Nous sommes trois voyageurs. Nous sommes des humains. Notre peuple a échoué sur cette planète il y a à peu près une vingtaine d'années.

- Mmm. Fit la voix mystérieuse de l'être au deux poitrails. Il faut dire que ça fait longtemps que je ne suis pas sorti d'ici. Êtes-vous nombreux à avoir atterri ici?

- Nous sommes des millions.

- Réellement ? Répondit le monstre d'un air curieux.

- Vous parlez parfaitement notre langue et comprenez toutes les notions que nous utilisons. Continua Rivane. Comment est-ce possible ?

- Ma magie est puissante humain, dit mystérieusement l'être en manteau. Vous semblez étonné de tout ce que vous voyez.

- Et pas vous. Intervint soudain Deïdam. Vous parlez de magie. Vous dites qu'il n'y a pas de piège. Alors qu'est-ce qui nous a attaqué à l'entrée ?

- La magie n'est dangereuse que pour les ignorants. Et vous et votre peuple, humain. Semblez ignorer beaucoup de choses. Dit le dgeïko d'un air haineux.

- Sommes-nous vraiment les premiers hommes que vous voyez? Acheva Deïdam."

Le sorcier rigola aux éclats en réponse à la question de Deïdam.

"- Pourquoi rire si fort pour des mots sans humour ? Demanda Krys en s'avançant."

Le sorcier cessa de rire et regarda les hommes en souriant.

"- Pour cacher un autre bruit. Répondit calmement le dgeïko. "

Un sifflement sonna à la droite de Rivane. Les hommes tournèrent la tête autour d'eux pour voir que la situation avait changé. Une multitude de serpents zigzaguait entre les colonnes.

:" Ces serpents sont semblables à ceux que l'ont trouve facilement aux alentours des campements. Certains sont sûrement dangereux. Cria Deïdam, un regard interrogateur vers le sorcier. Pour y répondre celui-ci dit sombrement:

" Bien sûr que je connais les Hommes. J'ai vu ce monde mourir et renaître dans son œuf. Vous n'êtes pas les premiers de votre espèce qui ont osé s'avancer ici. J'ai tué tous les autres. Je vous hais tous. Je connais votre histoire. Vous allez détruire mon peuple. Vous allez subir ma colère pour être entré ici, puis voir la mort comme fin à votre voyage."

Le sorcier frappa sur le sol avec son bâton et le cœur de la pierre rouge sembla s'illuminer quelques secondes. Dubitatifs, les trois hommes restèrent d'abord sans bouger, attendant de voir la suite des événements. Les bruits des serpents s'amplifièrent et en regardant autour d'eux, les voyageurs virent tous les serpents accélérer leur allure et foncer droit sur eux.
Deïdam prit le premier la décision de bouger. Il se mit en position et ouvrit le feu sur le sorcier. Ce n'est pas par ignorance que le sorcier était resté assis face aux trois hommes armés. Pas par abus d'ego qu'il resta sans sourciller face aux tirs de Deïdam. Les lasers de l'homme n'atteignirent pas leur cible. Le sorcier était protégé. Sa magie. C'était sa magie qui avait fait lâcher sa gâchette à Deïdam. Qui avait donné l'espace d'une seconde, un désespoir profond au regard du grand épéiste, lorsqu'il avait vu les lasers ralentir et s'arrêter net sur un champ de forces invisibles, se décomposer. Tachetant l'air face à Greïlon, de larges pellicules de lumière se fragmentaient dans des couches palpables d'illusions. Le monstre avait bel et bien déjà vu des hommes. Et invincible face à leurs armes, les avait tous tués.

" Il faut qu'on sorte, cria Krys, la gâchette laser enclenchée sur son arme. Foncez vers la sortie Je vous couvre."

Le dos tourné aux deux autres le jeune homme ouvrit le feu vers les serpents. Mais fuir n'était pas une issue possible. Les serpents venaient de tous côtés, y comprit de l'ouverture de la montagne. Ils venaient nombreux face à Rïvane et son maître.

" Défendez vos vies! Cria rageusement Deïdam alors qu'une masse plus conséquente de serpents arrivaient sur son flanc gauche."

Sur leurs pieds, Krys se plaça au centre des deux autres guerriers. Tandis qu'à l'aide de leur lance et de leur épée Rivane et Deïdam repoussaient et assommaient les serpents un à un. Le sorcier restait sans bouger. Observant les mouvements en cercles de Riväne et les coups rapides du grand épéiste. Sans l'appui des feux de Krys le combat aurait été impossible pour Rivane. Cependant, la longue portée des tirs de sa lance, un rayon plus large et plus long pour dévaster des zones plus grandes, lui permettait d'avancer. L'entraînement qu'offrait Deïdam avait donné une défense et un regard affûtés à Krys. Manier l'arme blanche était plus qu'utile pour un voyageur de ce nouveau monde. Krys gardait un œil sur le sorcier, pourquoi ne bougeait-il pas ? Pourquoi les serpents ne l'attaquaient-ils pas ? Ce sourire ignoble sur le visage de cet être, que voulait-il dire ? Il n'était pas comme les Türoucks qui l'avaient élevé. Aucun autre comme lui n'avait été vu par les hommes. Était-ce un de ces démons dont parlaient parfois les vieilles personnes. Krys n'avait aucune réponse. Il ne savait qu'une chose. L'être leur avait promis leur mort. S'enfoncer dans son terrier ne pouvait signifier leur salut. Tous ceux qui avaient croisé sa route étaient morts. Réflexe de guerrier, Krys tira deux fois vers le sorcier. Il vit à son tour le bouclier. Mais il devait encore tenter quelque chose. Il libéra le champ face à lui des serpents trop proches, fit tisser et s'étendre le fil de son arc et sortit une de ses flèches. Cet imbécile de sorcier n'avait sûrement jamais eu un arc humain face à lui. Krys connaissait son arc par cœur. Il eut le temps de régler le temps et la puissance de l'explosion qui allait suivre et cria à son ami d'enfance :
"Rivane couvre-nous."Le message de l'assaut fut net et précis. Rivane ouvrit le feu sur les serpents face à Deïdam et prenait sa place. A peine la flèche avait-elle été décochée que Deïdam s'avançait. Krys se retourna et se remit à ouvrir le feu sur les serpents. Pour le reste, il avait confiance en son ami Deïdam.
Le visage du sorcier parut soudain méfiant face à la scène. Il se leva et tendit la main, préparant quelque chose contre Deïdam. L'homme était sur ses gardes, mais la flèche explosa à ce moment. Un bruit de verre brisé éclata tandis que le sorcier se protégeait de l'explosion. Deïdam sauta sur l'occasion alors que les flammes n'étaient pas encore éteintes. Sa lame piqua à travers le feu. Une pointe meurtrière venait des flammes vers le visage du démon. Mais le grand épéiste avait oublié que ce n'était pas un homme qui se tenait face à lui. L'être sauta loin et ne fut que blessé par l'acier tranchant. Son manteau déchiré laissait voir une plaie sanguinolente due au coup de Deïdam. A l'étonnement de l'épéiste, la peau n'avait pas résisté plus que celle d'un homme. Blessé, il ne se remit pas debout. Deïdam le vit se déplacer comme un lézard. Fuyant lâchement alors que les armes de l'homme avaient brisé sa magie dont il été si fier. Laissant une traînée de sang épaisse et foncée sur le sol. Deïdam observa cette énergie bleue qui se refermait sur son épée pour disparaître, comme des flammes qui n'avaient rien à brûler. Des coups de feu résonnèrent à sa droite. Krys ouvrait le feu sur le sorcier qui disparaissait entre les colonnes et la végétation. Sans succès, les deux hommes perdirent le sorcier de vue lorsqu'ils entendirent l'appel à l'aide de leur troisième compagnon :

" Un coup de main s'il vous plaît."

¨Deïdam observa son élève. Bien que les serpents attaquaient nombreux, les yeux de Rivane gardaient leur calme. Ses mouvements restaient simples et efficaces. Ses coups, précis, secs, rapides et forts. Sa défense, impénétrable. La danse du lancier et de sa lance était parfaite et destructrice.

Krys ouvrit le feu pour aider son ami. Le silence s'installa lorsque celui-ci relâcha sa gâchette pour la dernière fois. Les serpents n'attaquaient plus.

:" Faites attention, dit Deïdam, il est toujours en vie.

- On doit le retrouver tout de suite. Ce n'est pas sage de l'épargner. "

Les trois hommes prirent la direction empruntée par le sorcier, Krys en tête. Ils passèrent une dizaine de colonnes et zigzaguèrent entre les buissons. Rivane s'arrêta un moment et détourna son attention de la chasse. Quelque chose le gênait. Comme si, il sentait qu'il devait retourner voir ce trône de plus près. Les yeux de retour sur la cible de son arme, le doigt sur la détente. La main gauche serrée sur la garde avant de son bâton. Mais c'était trop tard. Il ne vit rien venir. Aucune cible sur laquelle ouvrir le feu. Il se sentit décoller du sol. N'ayant plus le contrôle de son propre poids, il se vit partir de plus en plus haut. Son cri et les regards de Deïdam et Krys autour d'eux ne changèrent rien. Son corps fut brusquement attiré vers le bas et il chuta à toute vitesse sur l'herbes jaunes. Les deux hommes encore debout ouvrirent le feu face à eux. Un cri retentit. Le sorcier avait été touché. Les tirs se centralisèrent. Trois secondes plus tard la voix de Rïvane appela ses deux compagnons:

" Là bas ! Cria-t-il en pointant son doigt vers l'ouest."

Encore allongé sur le sol, difficilement, il se mit à ouvrir le feu entre les colonnes à sa droite. Deïdam et Krys coururent plus près des marches de la place centrale pour avoir une visibilité plus nette. Le sorcier sautait à toute vitesse entre les colonnes. Les deux hommes le mirent en joue à leur tour, mais la voix glaciale du sorcier résonna de nouveau dans la place.

" Pauvre imbécile. Dit-il alors qu'il grimpait en haut d'une colonne."

Du sang coulait sur sa main. Les questions furent dissipées. Le cri entendu dans les buissons venaient d'une blessure à l'épaule. Cependant la brûlure ne semblait avoir ralenti ses mouvements d'aucune façon. Les yeux fixés sur les trois humains, il prononça le mot : " Kak". Les sons qui sortirent ensuite de sa bouche n'étaient pas des mots, juste d'étranges gloussements et raclements de gorge auxquelles s'ajoutèrent un sifflement à la fin. Tandis que Rivane s'appuyait sur ses mains pour se relever, une boule de feu fut crachée par le sorcier en direction des hommes debouts. Le sorcier redescendit au moment où Rivane ouvrit le feu. Les cliquetis de l'arme vide offrirent une occasion au sorcier. Le jeune homme n'eut pas le temps de recharger que les flammes se formèrent à une douzaine de mètres de lui. Le pire, c'est qu'elles arrivaient droit vers lui sous la forme d'une sphère à la taille exponentielle. Les trois hommes se jetèrent sur le côté pour éviter les flammes. La troupe fut dispersée, mais il n'y avait pas de blessé à déplorer. Le sorcier en avait profité pour s'approcher plus près de ses proies. Krys s'avança alors fièrement sortant une flèche et dépliant son arc. Il se tint droit, tendit la flèche et attendit, calme, sûr de lui, le regard concentré. L'être se montra entre deux colonnes, zigzaguant de droite à gauche sur ses quatre membres. Sa queue recourbée en arc de cercle, il ouvrit les bras, un sourire dédaigneux sur son visage. Krys, même s'il fut surprit par les quatre bras de son ennemi, ne perdit nullement sa droiture. L'être maléfique rigola avant de s'adresser à Krys:

" J'ai vu ce que ton arme peut faire. J'éprouve encore moins de peur face à elle maintenant, que j'en éprouvais la première fois que je l'ai vue.

- Krys sourit ironiquement et répondit : Pourtant, comme la première fois, tu n'avais pas vu cette la lumière sur ta poitrine. Et pourtant, c'est bien ce point rouge qui signe ton arrêt de mort. Riväne, Deïdam, couvrez les champs gauches et droits. "

Le sorcier regarda, interrogateur la lueur dont parlait l'homme avec l'arc étrange. Le bruit des armes recommença à retentir alors que la flèche était décochée. Le sorcier se cacha derrière une colonne afin d'analyser la situation. Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'il vit la flèche tirée changeait sa trajectoire en plein vol. L'arrière de la flèche tournant la pointe dans sa direction. Il n'avait pas beaucoup de choix, alors il se remit à se déplacer entre les colonnes, slalomant entre les tirs. Rampant parmi les buissons, s'éloignant entre les branches des arbres. De saut en saut, il détourna par la droite pour revenir à la charge sur les trois hommes. Il s'arrêta brusquement, le dos appuyé à un arbre pour se concentrer à l’abri des feus humains. Lorsqu'il baissa les yeux sur ses mains jointes, son attention fut de nouveau attirée par la lueur sur sa poitrine. Un regard qui s'était baissé au mauvais moment. Car les douleurs qui accompagnèrent la vision qui suivit furent les dernières du sorcier. La flèche l'avait suivi et transpercé pour se ficher profondément dans l'écorce du végétal. Elle avait touché sa cible au point de laisser son corps, mollement accroché à l'arbre. Toute sa sorcellerie ne l'avait pas aidé. Les armes des hommes, surtout cet arc qu'il n'avait jamais vu, ne portaient que la mort en elles. Et contre cela, le sorcier ne pouvait rien faire. La main serrée sur la flèche, le sorcier ferma les yeux sans vraiment comprendre à quel moment il avait failli. Il eut néanmoins la chance de mourir avant l'explosion, ne ressentant pas son thorax s'éparpillait, ses bras et sa tête se séparer de son corps.
Une minute plus tard, les trois hommes étaient toujours silencieux autour des restes de ce sorcier.

" Je dois aller voir le trône, annonça Rivane.

- Il y a plus important ici, je crois. Répondit Deïdam.

- Restez ici si vous voulez. Je ne trouve pas d'intérêt à observer les restes de cette chose.

- Prenez une photo et envoyez-la au campement capital quand le réseau sera rétabli. Conclut Rivane en se détournant du centre d'attention."

Le jeune homme se retourna pour marcher vers le centre de la place. Deïdam et Krys se regardèrent et haussèrent les épaules, perplexes devant la réaction de leur ami, mais ils restèrent néanmoins faces au cadavre de Greilön. La mort l'avait fauché aussi naturellement que n'importe quel être. Et cela, malgré tous ses pouvoirs. Son corps était tombé et la vie était partie. Sa sorcellerie, finit dans le silence comme finit toute chose. Mais qu'avaient-ils bien pu tuer ? Un cri de Rïvane éloigna Krys et Deïdam de leurs pensées.

Rivane voulait pousser le trône. " Venez m'aider à dégager ça. Il y a quelque chose là-dessous."

Intrigués, les deux amis rejoignirent le troisième. En vérité, Rivane pensait avoir entendu un bruit lorsqu'il s'était approché du trône. Mais lorsqu'il le signala, ses deux compagnons tendirent l'oreille sans qu'aucun son n'y entre. Sur leur garde tous les trois ils essayèrent de déplacer le bloc de pierre à la force de leur bras, une tentative vaine. Néanmoins, la base du trône se souleva légèrement, laissant aux trois hommes quelques secondes pour apercevoir les bouts d'une grille.

" Pensez-vous vraiment que l'on devrait pousser ce trône ? S'exclama soudain Krys. Dans cet endroit tout semble attaquer dès qu'on touche à quelque chose."

Riväne voulut répondre :

"Je suis sûr d'avoir..."

Mais il fut coupé par un bruit qui venait d'en dessous du trône. Cependant, cette fois-là Deïdam et Krys furent bien obligés d'admettre qu'ils l'avaient entendu aussi.

" Déplions les araignées. "

Encore un avantage de ces inventions. Avancer dans le monde sans se faire ralentir par un éventuel éboulis ou encore un cul de sac. Les pattes des machines en plus d'être fines, rapides, disposant d'un équilibre des plus perfectionnés, poussaient des choses avec une force propre à elles. La force des machines et ainsi, sous la poussée des trois araignées, chevauchées par les explorateurs le bruit de la roche et de la ferraille qui frotte et s'entrechoque se fit entendre. Le trône se déplaça sur quelques centimètres, soulevant une poussière jaune et révélant les bouts d'une grille, en quadrillage, aux larges barreaux en pierres noires. " Augmentez la force de poussée " Cria Deïdam. Les pattes arrières se dressèrent alors et sous une poussée commune, le trône bascula pour tomber lourdement sur le côté. Soulevant un autre nuage de poussière et laissant peu à peu la lumière pénétrer entre les fers, dans un antre mystérieux et obscure. La lumière n'éclairait qu'un mur et un sol vide. A part l'ombre de la grille, on ne distinguait rien en bas. Un tunnel avait-il été creusé sous le trône ? Mais alors pourquoi cette étrange grille qui semblait ne pas avoir été faite pour s'ouvrir ? Puis, soudain, une forme avança dans l'ombre, et une silhouette apparut dans la lumière. Un visage, et de grands yeux d'enfant levaient la tête vers les trois hommes.
Un autre être semblable à Greïlon se tenait debout sans bouger sous la grille, une pierre taillée dans la main. Rivane, Krys et Deïdam restèrent silencieux et immobiles. Ils voyaient que c'était un enfant, il n'avait pas cet air menaçant qu'avait Greïlon. L’atmosphère n'était pas morbide autour de lui. Sa peau était la même tout comme sa posture et la queue qui dépassait du bas de son dos. Des tissus blancs noués entre eux couvraient son corps. Ses yeux comme ceux de Greïlon étaient jaunes, mais on distinguait deux nuances dans les yeux du petit. Et c'est le regard que portaient ces grands yeux qui convainquit les trois hommes de l'innocence de l'enfant. Ses yeux étaient plein de curiosité, et en même temps, semblaient supplier quelque chose aux trois hommes. Il lâcha la pierre qu'il avait dans la main. Alors Deïdam tenta d'établir le contact. Peut-être comme Greïlon le petit saurait les comprendre et leur parler.

" Bonjour toi. Nous sommes des humains."

Au hochement de tête interrogateur que le petit répondit, il était sûr et certain qu'il ne comprenait pas Deïdam. Une série de sons fut émise par l'enfant à son tour. Comme lorsque la roche ou le sorcier avait parlé, ils ne comprirent pas les mots du petit. Mais des sons plus primitifs et des gloussements se mêlaient aux cris de l'être enfermé. Les trois hommes se regardèrent cherchant une solution dans les yeux de l'autre. Mais avant qu'ils aient pu dire quoi que se soient, de nouveau, le petit avait déjà bougé. Il s'avança vers le mur, son regard toujours levé vers les trois hommes, agrippa les parois et se mit à grimper. Les trois hommes ne se levèrent pas, mais prirent néanmoins leur arme. Un sale réflexe de guerriers. Lorsqu'il fut au niveau de la grille l'être s'arrêta. Les trois hommes virent à nouveau cet air de supplication dans les yeux de l'enfant. Tendant la main vers la grille, iil sembla s'adresser de nouveau aux humains. Une aspiration et un sifflement précédèrent le mot "lyri". Le petit tira sur la grille sans que rien ne se passe. Puis, sans détourner le regard des trois hommes, il recula. Puis, sans que l'espoir ne quitte son regard une seule seconde, il attendit que les trois hommes le comprennent et l'aident.

" J'ignore si on doit tenter de le libérer ou si l'on doit en apprendre plus. Dit calmement Rivane.

- En tout cas, c'est sûr que c'est ce qu'il attend. Répondit Deïdam.

- Il semble inoffensif. Qu'est-ce qui a bien pu le mener là-dedans. Vous pensez vraiment qu'il est enfermé ? Relança Krys.

- Ce que je vois, reprit Rivane, c'est que ses barreaux n'ont pas été conçus pour en faire une entrée ou une sortie. Nous devrions essayer d'y entrer. Tout cela m'intrigue vraiment.

- Tu as vu la solidité de cette chose. Répondit Krys en secouant vainement sa main sur la grille. "

Rivane vit l'espoir dans les yeux du petit grandir encore plus à ce moment-là. "Explosifs." Fut sa réponse lorsqu'il vit cela.

-Ce serait dangereux. Tu ignores ce qu'il y a en dessous, intervint alors Deïdam. Krys et Rivane n'avaient même pas remarqué que leur maître s'était levé. Tandis qu'ils discutaient, celui-ci s'était mis debout et avait retiré son sac à dos. Il faisait des signes d'une main pour dire à l'enfant de se reculer. Rivane et Krys se levèrent à leur tour lorsqu'ils virent ce que Deïdam avait choisi de faire. Dans sa main gauche, une garde de roche portait une étrange lame. C'était cette troisième épée que Deïdam cachait ; cette épée qu'il avait refusé de montrer à ses deux compagnons, l'épée avec laquelle il aurait, selon la rumeur, fait fuir les dragons.
Les deux jeunes ne comprirent pas vraiment ce que comptait faire leur maître avec une épée. Mais pourtant, Deïdam avait l'air si fort cette arme à la main. Ses deux élèves regardèrent attentivement lorsque Deïdam se mit à retirer le fourreau de pierre. Une lame séparée en deux par une ligne d'une couleur de lave. Les tranchants de l'épée ne semblaient pas différents de ceux d'une épée normale aux yeux de Krys et Rivane. Bien que son gris fût bien plus clair, plus pâle que toutes celles que les deux amis avaient pu voir jusqu'ici. Plus que les sabres dans les souvenirs de Rivane, ceux que son père avait ramenés du Japon. Rivane se souvenait à quel point son père refusait qu'il les touche, posés sur leur socle noir face à une tapisserie couleur or. Quoi qu'il en soit, cette épée là, devait être lourde, même pour Deïdam.

" Ce n'est qu'une épée. Que comptes-tu faire ? Couper la pierre de ces barreaux ? Demanda Krys ironiquement.

- Contente-toi de reculer. Répondit Deïdam sans même le regarder. Un jour, je vous raconterai l'histoire de cette épée et vous comprendrez. "

Les deux élèves se retranchèrent alors pour assister à la scène. Une légère vapeur commença à s'élever des bords de la lame tandis que la ligne de lave se déversait vers ses tranchants. Lorsque Deïdam souleva l'arme d'une main Krys ne put pas s'empêcher de lancer :

" Tu devras vraiment nous raconter cette histoire Deïdam, et le plus tôt possible."

Sans prêter attention aux propos de son ami, Deïdam laissa le poids de la lame s'abattre sur les barreaux. Il lança trois coups et fit tomber une parcelle de la grille. Un bruit lourd retentit sous l'impact. Soulevant un nuage de poussière qui fit reculer le petit être dans l'ombre. Le passage été suffisant pour que le petit sorte. Deïdam rengaina son arme dans son fourreau de pierre et se recula pour observer la réaction de l'être. Rivane et Krys eux, gardèrent un instant les yeux sur Deïdam, béats face à ce qu'ils venaient de voir. Lorsqu'ils se reconcentrèrent tous les deux sur ce qui se passait en bas, l'enfant sautait gaiement autour et au-dessus de la grille tombée. Il grimpa de nouveau aux parois du mur, les yeux brillants. Les trois hommes se reculèrent, mais le petit être libre se mit à sauter entre eux, s'accrochant à leurs vêtements pour se balancer, grimpant sur l'armure de Deïdam. Les trois hommes furent d'abord surpris, mais finir par en être amusés, il sentait que l'être était juste en train de s'amuser. Il arrêta ses sauts pour se tenir debout face à Deïdam, un regard si reconnaissant dans les yeux. Il ne souriait pas mais ses grandes oreilles bougeaient de haut en bas, sa queue se balançant et tournoyant sous la joie. Il agrippa l'avant de Deïdam qui ignorait quoi faire, et se remit à siffler et à prononcer le mot "lyri"
Contrairement à tout ce qu’auraient cru les trois explorateurs, soudain, le petit sauta de nouveau dans son trou. Descendant le mur et s'enfonçant dans l'ombre à toute vitesse. Deïdam voulut tendre la main pour le retenir mais bien trop tard. Les trois hommes étaient de nouveau face à un dilemme. Que faire maintenant ? Devait-il suivre le petit, ou en avait-il déjà assez fait ? Rivane prit alors une sage décision en décidant d'y aller en éclaireur.

Une fois en bas, la corde détachée autour de sa taille et la H7 déployée, il commença à s'avancer dans l'ombre. Ses phares allumés, il cria aux deux autres de descendre, leur traduisant oralement ce qu'il voyait.

" Des tunnels, ça à l'air vraiment long et complexe. On pourrait s'y perdre facilement. Ce n'est pas une bonne chose d'y aller à l'aveuglette.

-Ne nous éloignons pas de notre but. Je pense que nous venons de découvrir quelque chose. Informons la capitale, qu'elle envoit des hommes. Pour notre part, continuons vers le dôme bleu. Nous nous sommes déjà bien éloignés de notre route. Lança Deïdam."

Les trois hommes ignoraient ce qu'ils venaient de déclencher. Était-ce une bonne ou une mauvaise chose d'avoir ouvert la porte de ces tunnels. Rivane ne mentait pas, il y avait plus d'une vingtaine d'entrées face à lui. Lorsqu'il longea le mur, il put voir que chacune semblait mener à sa propre direction. Que leurs gestes entraînent une bénédiction ou un cataclysme pour l'Homme, Rivane savait qu'il ne serait pas bien vu que son nom et celui de Krys y soient associés. Bien des hommes leur vouaient encore une haine féroce pour les événements causés par leur père. En particulier lui, le fils du livre de la vérité du fou. Lorsqu'au bout de dix minutes rien ne sortit des tunnels. Rivane remonta pour rejoindre ses deux amis et reprendre leur route. Ramassant au passage la pierre laissée par l'enfant. Leur regard n'était plus le même sur les statues taillées dans les murs des couloirs. Les lumières avaient perdu leur teint mauve pour briller d'un blanc plus chaleureux. Avoir mis fin au jour du sorcier avait réellement changé l’atmosphère de ce lieu.

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