Colchique dans les prés
Colchiques dans les prés
Fleurissent, fleurissent
Colchiques dans les prés
C'est la fin de l'été
La feuille d'automne
Emportée par le vent
En rondes monotones
Tombe en tourbillonnant
Cette humble ritournelle, cette chanson de scout, me revient souvent dans les moments de tristesse.
Pourtant l'une de ses strophes parle de bonheur :
Et ce chant dans mon cœur
Murmure, murmure
Et ce chant dans mon cœur
Appelle le bonheur
Qu'il y a t'il de gai dans cet air languissant ? Il m'évoque de longues promenades en montagne, sous les alpages, le retour au camp. la pale beauté des colchiques, vénéneuses au milieu de l'herbe rare et des roches éparpillées, attire mon regard et me remplit de mélancolie.
Ah, que j'aimais ces lieux où le regard porte loin ! La lenteur du pas invitait à la rêverie. Quand le spectacle des montagnes immémoriales se faisait trop pesant, lorsqu'il me renvoyait à ma faiblesse d'homme, créature éphémère et risible, je baissais les yeux vers ces fleurs fragiles.
Elles me chantaient que si elles aussi ne savaient rien de la vie, elles appartenaient pourtant au même cycle morbide qui les revoyait fleurir chaque année puis s'éteindre et recommencer dans la même gloire empoisonnée, celle de l'espoir vain d'être au monde pour une saison vite dépassée.
Le temps s'écoule de mes veines et vient colorer le pastel des colchiques qui, sourdes à ma peine, continuent leur chant monotone.
Peut-être, d'autres êtres, nous regardent-ils comme nous regardons les colchiques. Leurs yeux se détournent vite et pour oublier cet instant triste, ils s'en vont rire dans le torrent des siècles, oublier qu'eux aussi s'éteindront un jour comme les étoiles même, sans avoir trouvé le sens des choses. Car tout se termine, il suffit juste d'attendre
Colchiques dans les prés
Fleurissent, fleurissent
Colchiques dans les prés
C'est la fin de l'été.
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