Pour ma part, c'est bien de justesse,

Que j'échappais aux griffes des inquisiteurs,

Alertés par une sale petite traîtresse,

Qui de me dénoncer n'a pas eu peur,

Mais ma main vengeresse,

A depuis arrêté le battement de son cœur ;

Je l'ai fait avec grande tristesse,

Mais il le fallait ou à ses protecteurs,

De divulguer notre Secret elle aurait eu l'impolitesse,

Et cela aurait été pour nous un grand malheur.

En parlant d'inquisiteurs, qui appellent Foi,

Ce qui chez eux est en réalité Folie Meurtrière,

Ils n'ont pas trop apprécié, je crois,

Le massacre à la hache de leurs confrères,

Auquel à Avignonet (4), une nuit, tu participas,

Et c'est pour cela, je sais, que depuis tu préfères,

Rester quelques temps où tu es, là-bas,

En cet endroit dont le nom tu m'as dis de taire.

Et je me suis laissé entendre dire,

Que rancuniers comme ils sont,

La Crosse et le Lys conspirent,

Pour lancer à Montségur (5) un affront,

Mais c'est un peu du délire,

Car la Citadelle a de très bonnes fortifications,

Et c'est justement pour cette raison,

Que pour sa sécurité je songeais,

À porter chez les Bonshommes (6) notre Secret.

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(4) Avignonet, en Haute-Garonne (31)

(5) Montségur, illustre château haut perché de l'Ariège (09) qui accueillit la communauté dite « Cathare » (et à tord, voir point 6)

(6) Bonshommes, c'est ainsi que s'appelaient les fameux « Cathares » (terme qui ne se trouve dans aucun document d'époque, aucun registre d'inquisition, aucun poème de troubadours !)