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Notre lien à trois maintenant bien établi, nous décidâmes de partir en vacances ensemble. Notre projet était d’aller camper dans la ville voisine de mes vacances habituelles. Je présentais Marianne et Camille à mes parents. Camille ayant décidé de passer l’été en fille, c’est sous cet aspect qu’ils le connurent. Moi, avec deux filles, ils étaient fiers ! S’ils avaient su ! S’ils avaient su… qu’ils allaient savoir !
Nous avions deux tentes de deux places, un peu de matériel de cuisine, c’est tout. Le voyage aller se fit avec mes parents, qui nous larguèrent à cinq kilomètres de leur destination, avec un « Bon courage ! » et un « Soyez prudents ! ».
Nous nous sommes organisés, en étant deux à tour de rôle dans une des tentes. Quand j’étais avec Camille, nous faisions sac de couchage commun, j’aimais avoir mon ami contre moi.
Je découvris Marianne en maillot de bain. Elle était petite, un peu enveloppée, mais ses courbes étaient harmonieuses, ses rondeurs agréables à contempler. Comme elle était à l’aise avec son corps, elle le remuait avec classe ! Je le lui dis. Elle me renvoya un sourire si heureux, si gentil. Elle me complimenta également sur mon corps, mes yeux.
Camille avait déniché un maillot deux pièces qui mettait en valeur son corps gracile, tout en masquant son absence de poitrine. J’aimais également le regarder. Il le sentait, trouvait mon regard et m’envoyait son sourire. Que mes compagnonnes étaient agréables !
Quelques jours plus tard, je vis arriver à vélo Élias et un copain. De loin, j’étais déjà estomaqué par sa beauté. L’année passée, c’était un petit ange, il était devenu un héros grec. Marianne, devant ma stupeur, suivit mon regard qui aboutissait à Élias. En short, torse nu, il exposait sans gêne sa splendeur. Marianne me demanda si je le connaissais. Quand je lui répondis que c’était moi qu’il cherchait, elle me regarda stupéfaite. J’avais juste évoqué avec elle mon petit frère. Je levai le bras pour faire signe à Élias. Je glissai vite fait à Marianne que, s’ils voulaient bien s’occuper du copain, ce serait super, pour nous laisser en tête-à-tête avec Élias.
Camille captura le copain, que je ne connaissais pas, et me fit un clin d’œil. Je serrai Élias dans mes bras. Dans la joie de nous revoir, il me raconta son année, tout et rien pendant que nous nous éloignions de la plage. Avant que j’ai pu lui poser la moindre question, il me révéla le plus important pour lui : il avait trouvé un petit copain, de sa classe, et ils faisaient toujours leurs devoirs ensemble. Ses yeux pétillants me laissaient imaginer le genre de ces devoirs. J’avais oublié comme il était un garçon aussi déluré et à l’aise. Il était si jeune !
Aussitôt dissimulés, nous nous sommes retrouvés dans un vrai baiser. C’était pour cela qu’il était venu me voir. J’avais oublié ses irrésistibles ondulations gourmandes. Je lui demandai en riant s’il était en manque. Il rit à son tour, me disant qu’il avait trouvé tout ce qu’il lui fallait, mais que mon statut d’initiateur l’excitait énormément. Nous reprîmes où nous nous étions arrêtés l’an passé. Je ne pouvais quitter ses lèvres, mes mains emmêlées dans sa tignasse de soleil. J’avais ce garçon dans la peau. C’était autre chose, non comparable à mes autres expériences. De plus, mon affection fraternelle pour ce garnement me le rendait unique.
Nous avons fini la journée tous ensemble, Élias exhibant son insolente beauté et une joie communicative.
Le soir, Marianne me faisait la gueule. Elle avait raison. Je me sentais le pire des gougeas, un moins que rien. J’avais fait mes affaires presque sous ses yeux. Je ne savais pas quoi dire, car je savais qu’Élias revenait le lendemain et que je succomberai sans résistance. Camille me connaissait, il ne m’en voulait pas pour Élias, mais parce que j’avais blessé Marianne.
Nous sommes partis tous les deux, à ma suggestion, marcher le long de cette plage sans fin, découverte par la marée. Je ne disais rien, Marianne se taisait. Je n’essayais pas de lui prendre la main. Nous avancions, ressassant chacun nos douleurs. Je craquais le premier. Je la pris dans mes bras, lui disant l’estime, l’amitié, l’amour que je lui portais. J’utilisais le grand mot, car c’était mon ventre qui parlait, le fond de mon être. Je lui disais le salaud que j’étais, l’impossibilité de résister à mes pulsions, le mal que je lui faisais, l’impasse dans laquelle j’étais.
Elle se blottit dans mes bras, je sentis ses larmes sur mon torse nu, autant de gouttes de lave qui me brulaient. Elle me dit son impossibilité d’accepter mon comportement alors qu’elle me désirait tant. Elle me dit que c’était à elle de progresser, car moi, je ne changerai pas. Était-il possible d’avoir une vie amoureuse partagée ? Je lui dis que je voulais faire ma vie avec elle, que je ne savais pas me dominer, mais que j’allais y travailler, me faire aider, car c’était elle que je voulais. C’était à moi de changer, mais qu’elle me donne du temps. De toute façon, dans un an, les études risquaient de nous séparer… Elle se serra contre moi en murmurant : « Si tu savais comme je t’aime… ». Nous sommes rentrés ainsi, avec les derniers rayons de soleil dessinant un ciel magnifique. Avant de disparaitre dans sa tente, elle me dit « J’espère qu’Élias revient demain, il est tellement beau à regarder… et puis il te plait tellement ! ».
Une fois couché, dans les bras de Camille, ce fut à son tour de vider son cœur. Marianne était une fille unique, il ne fallait pas lui faire de mal. Mon comportement avait été à la limite de l’odieux. Aller baiser avec un garçon en la plantant sur la plage ! Il était déçu.
– Je sais, Camille, je sais…, répété à chacun de ses reproches.
– Tu n’as qu’une paire de couilles dans la tête, m’envoie-t-il en s’emballant.
– Tu es bien mal placé…, commencé-je, pris par la colère, car il appuie sur la vérité
Je me tais, horrifié par ce qui vient de sortir de moi.
– Qu’est-ce que tu dis ?
– Rien !
– Mais je n’ai pas entendu !
– Ferme-là ! Fous-moi ton poing dans la gueule, vire-moi de ta vie, je suis un salaud fini, une ordure !
Comment avais-je pu dire de telles choses à Camille, mon seul, mon vrai ami ? Qui étais-je pour déraper ainsi ? Je pleurai de honte, de rage, de mépris sur moi. Le pire fut qu’il me consola, lui à qui je venais de jeter ma merde en pleine figure. Je ne le méritai pas. Anéanti. Je plongeai dans un sommeil de cauchemars.
Le lendemain matin, le dégout était toujours dans mon esprit. Camille n’avait que des mots gentils, il me demandait pardon pour tout ce qu’il avait sorti la veille. Je n’osais pas lui répondre, encore ravagé par la honte. Puis il lança, juste avant de sortir, assorti d’un clin d’œil :
– J’espère qu’Élias va revenir aujourd’hui, il est tellement distrayant et gai. Lui, au moins, saura te changer les idées !
Notre petit déjeuner fut silencieux. C’est Camille qui nous proposa une étreinte à trois. Cela était bon et apaisant. La paix revint entre nous, rien n’était cassé. J’avançai plaintivement : « Si Élias revient… » et tous les deux, d’une seule voix, comme s’ils s’étaient concertés :
– On s’occupe du copain, toi d’Élias !
Que je les aimais, ces deux-là !
Quand Élias arriva en milieu de matinée, toujours souriant, toujours accompagné de son copain, Camille et Marianne m’encouragèrent d’un petit mouvement de tête. Nous nous éloignions.
Les jours passaient, avec ces rituels qui s’étaient mis en place. Marianne était en extase devant Élias et semblait me comprendre, avec une pointe de jalousie, d’envie.
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