35-3 ma vie avec Charly

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J’étais heureux de retrouver ma vie à l’école et avec Eugénie en ce début de dernière année, la dernière avant le travail et la vraie vie.

L’été avait été éprouvant. Il avait débuté avec une nouvelle réjouissante pour moi : Marianne avait rompu avec Arnaud. Tout pouvait recommencer. À moi de ne pas rater ! Le début frisa la catastrophe. Marianne, aussi à la joie de me revoir, était venue m’attendre à la gare. Eugénie m’accompagnait et je n’étais pas préparé à cette confrontation. Mes deux amoureuses face à face et le pauvre couillon au milieu, incapable de la moindre parole et du moindre geste. Le comique de la situation m’échappa en ces instants. C’étaient des filles bien, avec de l’éducation et une tête bien faite. Après un léger flottement, les sourires et bises de bienvenue s’échangèrent, comme entre deux vieilles copines. Il était vrai qu’elles se connaissaient par ce qu’elles avaient entendu de l’autre. Je les suivis, car elles papotaient, m’ignorant totalement. Je n’avais pas encore repris mes esprits que nous voilà attablés dans un café. Je jouais toujours le rôle de la valise. Un peu trop, car elles se levèrent simultanément, se bisèrent, partirent chacune dans une direction opposée, délaissant le bagage lourdaud qu’elles pensaient appartenir à l’autre. Il me fallut un café arrosé pour redescendre sur terre.

Je courus chez Camille, mon cher refuge habituel et surtout le seul à pouvoir me sortir de ce guêpier. Il m’attendait, car Marianne m’avait devancé. Je pus enfin calmement retrouver celle que j’avais mise de côté dans mon cœur. Je retrouvais mes sentiments intacts. J’oubliais sa fugue de deux ans avec l’autre imbécile. Elle m’était revenue ! Je devinais qu’elle partageait ces sentiments, je voyais ses yeux briller vers moi.

Nous avons passé quelques jours à nous regagner, sous la bienveillance de Camille, trop heureux de ces moments avec ses deux amis. Le trio était réformé, le duo se ressoudait.

Après des promesses d’éternité et de toujours, je dus les quitter pour rejoindre mon lieu de stage. La tentative de suicide d’Élias allait me secouer durement. C’était la première fois que la mort s’approchait d’un être aimé. J’avais failli perdre mon petit frère adoré, je ne l’avais pas assez protégé.

J’avais délaissé Charly. L’année précédente, il avait perdu pied. Un coup de chance pour lui, car il avait été obligé d’abandonner son système de défense, travail et sexe. L’exploration de ses horreurs était douloureuse, mais il était content, car il sentait les causes se détacher de lui, ne plus l’attirer vers le fond.

Il était allé au Vietnam avec ses grands-parents. Il avait découvert sa famille de là-bas. Il avait entendu parler de sa mère, partie petite fille, belle, attachante, éveillée, admirée de tous. Sa mère, il l’avait laissée calcinée, dans tête. Il avait eu envie, avec ce voyage, de connaitre sa vie. Il avait interrogé, beaucoup, ses grands-parents. Entre les horreurs de la guerre, leur fuite, leur statut de réfugiés, leur vie avait recommencé. La perte de leur fille et de leur petite fille avait réactivé ces passés difficiles et douloureux. Mais ils aimaient tellement Long, le seul qui leur restait, qu’ils avaient fait cet effort pour le sortir de son traumatisme, pour qu’il vive. Il les avait écoutés. Cela ne mettait que plus de malheurs sur ses épaules. Il avait lâché prise. Ses grands-parents avaient trouvé un psy un peu particulier, de leur communauté, qui mélangeait psychothérapie, méditation bouddhique, yoga, techniques ayurvédiques. Il organisait des stages, et Charly les suivit dès qu’il le pût.

Quand je le revis en ce début d’année, il m’accueillit avec un sourire immense. Je n’avais vraiment pas l’habitude ! Toutes ces années de froideur, d’ignorance et de chaleur partagée ne m’avaient pas préparé. Comment ne pas fondre devant un tel accueil ! Je me blottis dans ces bras tendus, tellement heureux de voir sa progression.

Notre vie repris. Nous n’avions pas encore épuisé tous les bonheurs avec Eugénie. Si nous savions que nous ne vivrions pas ensemble, nous avions assez de richesses à partager et qu’il en resterait une relation longue et forte. Charly me sollicitait souvent. J’étais obligé de partager mon temps entre mes deux amours. Eugénie acceptait ce partage avec générosité. Si je soutenais Charly de toute mon âme, je ne pouvais le faire que parce qu’Eugénie faisait de même avec moi. Elle m’avoua qu’elle admirait Charly et que, lors de notre rencontre, elle espérait le connaitre par mon intermédiaire. Elle m’acheva en me disant que l’intermédiaire avait été une telle merveille à découvrir qu’elle avait abandonné son rêve pour cette réalité.

Toute son énergie passait dans ce travail de mémoire. Le reste de la vie, il survolait. Il avait laissé tomber le sexe. Il me dit que le couvercle de plomb sur lui s’était allégé. Il avait retrouvé, dans la suie, des souvenirs merveilleux avec sa mère, il avait senti à nouveau le grand amour qu’elle lui portait. Il pouvait maintenant s’y réfugier quelques fois. Mais il ne le faisait pas, car chaque fois, le cauchemar le rejettait. Il allait y arriver !

Ce qui me touchait, c’était que Charly osait maintenant parler de ses sentiments. Je m’investis tellement dans mon accompagnement que souvent je pleurais avec lui, pour lui. Je l’entourais alors de mes bras. Dans un de ces moments de fusion, il me murmura qu’avec ses grands-parents, j’étais le seul à le maintenir en vie, que je lui avais beaucoup donné. Il continua en me disant que les deux fois où nous avions fait l’amour (il emploie les mêmes mots que moi !), ce furent des expériences extraordinaires, douces, enveloppantes, généreuses. Il voyait, il savait que je voulais aller plus loin plus souvent. Mais sa fontaine à sentiments n’existait plus. Nous sommes restés longtemps soudés, sans rien nous dire. Puis je suis parti rejoindre Eugénie, je le lui avais promis. En le quittant, je lui dis.

– Charly, tu le sais bien, mais je te le dis. Je suis avec toi, complètement, prêt à tout sacrifier. Je crois que je t’aime.

Ce n’était pas la première fois que je lui disais. J’avais oublié que la fois précédente avait été suivie par une rechute insondable.

Je partis en refermant la porte avant qu’il me réponde.

Dans les bras d’Eugénie, comme elle me voyait troublé et la tête ailleurs, je lui expliquai ce qui venait de se passer. Mon affection immense pour ce garçon, ses tentatives d’évasion de sa prison. Elle me répondit qu’elle était heureuse de ce tout petit peu d’amour que je donnais à certains, elle s’en contentait, car tellement généreux. Je la confortai en lui disant que je l’aimais, que je ne savais pas comment évoluerait notre relation, mais qu’elle avait déjà une place irremplaçable. Elle me transporta dans le bonheur des étreintes, me calmant avant de trouver un doux sommeil.

Cette année curieuse allait se dérouler, continuant et profitant pleinement d’Eugénie, de sa vivacité, de sa force, de son entrain, sexuel et autre, me rapprochant affectivement de plus en plus de Charly, découvrant, sans surprise, un mec adorable, si torturé encore. Il allait m’associer à son travail, me décrivant les avancées, les retours en arrière. Chaque jour ou presque, une voiture venait le prendre pour le conduire chez son psy. Il se consacra à cette recherche, à fond.

Quand je vis Camille, je ne pus que lui parler de ce que je vivais, avec Charly. Iel l’avait toujours admiré, sans jamais pouvoir l’approcher, comme tout le monde. Nous avions été cothurnes de dortoir pendant longtemps. Il savait notre relation physique, elle se déroulait sous ses yeux. Iel n’a jamais été jaloux, car iel savait que c’était deux histoires distinctes, que je pouvais les mener de front sans rien retirer de l’un pour l’autre. Il était content pour Charly et surtout heureux pour moi, car il entendait ma joie de voir mon, notre, ami sortir de l’ornière. Il m’admirait pour le soutien que je lui portais. Comme Eugénie, il ne craignait pas de me perdre avec ce lien nouveau qui s’établissait avec Charly. Sa confiance me faisait chaud au cœur, car moi, je ne savais pas où j’allais. Depuis le début, bien des années auparavant, iel avait perçu ce lien bizarre et fort entre nous. Iel l’avait vu se distendre, se tendre, à m’étrangler, évoluer. Impossible de savoir ce qui allait advenir, mais ce lien racontait une étrange liaison. Qu’elle se finisse comme ça lui allait bien, du moment que j’étais heureux, la seule chose importante pour lui.

L’inattendu survint quand, un soir, Charly apparut plus heureux. Il me dit qu’il venait de lever un nouveau poids. Nous nous étreignions quand ses mains se mirent à parcourir mon corps. Je le stoppai. Mon affection pour lui était énorme, je vivais en même temps que lui, je l’aimais, mais je ne souhaitais pas avoir à nouveau une relation sexuelle, c’était du passé, du bon passé, mais du passé. Je cherchais à lui exprimer ce que je ressentais. J’en fus empêché par sa bouche qui vint quémander la mienne. Ce fut le choc. Je n’avais envie que de cela. Je laissai sa langue se mêler avec la mienne. Nous sommes partis pour un voyage incroyable, une fois encore différent de ce que nous avions vécu.

Quand nous nous sommes arrêtés par épuisement, nous étions en milieu de nuit. Impossible de rejoindre Eugénie. Alors que Charly dormait du sommeil des bienheureux, ma tête tournait. Que dire, que faire demain avec Eugénie ? Ne sachant pas mentir, je devais lui avouer ce coup de folie, mais aussi mes sentiments réels pour Charly. Eugénie accepta avec flegme ces paroles. Elle avait deviné depuis longtemps mon attachement amoureux pour Charly. Elle savait que cela finirait par nos retrouvailles complètes. Elle était heureuse pour nous. Je lui dis mon admiration pour sa gentillesse, sa générosité. Je voulais la récompenser, mais elle me dit qu’elle préférait que je fasse des tests avant de reprendre : elle admirait Charly, mais elle connaissait sa vie sexuelle débridée auparavant. Je ne m’étais pas méfié, dans une confiance absolue à mes amis. De plus, un petit répit permettrait peut-être à ma petite tête de faire des choix. Sa douceur me transporta à nouveau.

Avec Charly, nous nous retrouvions de temps en temps la nuit. Maintenant, il y avait des petits gestes, des petits mots de remerciements, d’expression du plaisir partagé. Je notais ces progressions, tellement elles m’allaient droit au cœur. Je m’attachais de plus en plus, devinant, espérant une très belle personne quand il aurait surmonté cela.

J’étais la seule personne au monde à le connaitre, même ses grands-parents n’en savaient pas autant sur lui, me répétait-il souvent. Je comprenais qu’il voulait dire que j’étais unique pour lui, que c’était à moi seul qu’il avait donné sa confiance, mais aussi que ma responsabilité était énorme. Je m’attachais encore plus. Heureusement que j’avais mes moments avec Eugénie. Elle savait déjà que j’étais en train de la quitter pour être entièrement à Charly. Je ne m’en rendais pas encore compte. Sa présence m’aidait beaucoup à aider Charly. Seul, j’aurais abandonné. C’était très lourd psychologiquement pour moi.

***

Je tenais Camille au courant de ces évolutions. Iel se réjouissait pour moi, avant de prendre un ton sérieux pour me demander : « Et Marianne ? ». Eugénie m’avait posé la même question et j’avais réfléchi. Marianne, iel le savait, c’était mon autre grand amour, avec Charly et lui. La blesser m’aurait été odieux et je voulais la conserver dans mon cœur avec le même rayonnement. Savait-iel, ce que Marianne espérait de moi ? Bien sûr, ils en avaient parlé. Marianne m’aimait, totalement, absolument. Elle attendait que je me déclare, que nous commencions une vie commune. Camille était au milieu, aimant l’une et l’autre, protégeant l’un et l’autre. Iel assurait son rôle avec importance. Comme iel me le dira, ce n’était ni pour Marianne ni pour moi, mais pour iel. Camille tenait à nous deux et voulait conserver le petit triangle du centre de sa vie. Son égoïsme lui fit trouver la voie du bonheur pour nous trois. Camille allait préparer Marianne à cette nouvelle, après m’avoir averti que c’était à moi de lui dire en face. Aux vacances suivantes, nous nous revoyions. J’hésitais, car voir Marianne accélérait mon cœur. Elle était vraiment la femme de ma vie. Lui annoncer que j’avais fait un autre choix était impossible. Était-ce vraiment le bon choix ? Pourquoi fallait-il choisir et désigner celui ou celle que l’on aime le plus ?

Nous nous sommes retrouvés au café et Camille prétexta un rendez-vous pour s’éclipser, sans m’avoir prévenu. Je n’étais pas préparé. S’iel nous quittait, c’est que nous étions prêts, tous les deux. C’était l’instant du choix de ma vie future. J’invitai Marianne à une promenade au Palais Royal, lieu calme et peu fréquenté. En marchant, je dis à Marianne ce qu’elle représentait pour moi, mon attachement. Elle me retourna des sentiments semblables. Elle commença avec une taquinerie :

– Sylvain, tu sais que l’on peut lire sur ton visage ce que tu veux dire. C’est écrit plus gros que dans un livre ouvert.

– Tu sais ce que je vais te dire ?

– Non, mais tu as quelque chose d’important à me dire, quelque chose qui nous concerne tous les deux.

– Oui, je dois te dire que je veux te rendre heureuse.

– Et… ou, Mais…

– Mais…

– Mais tu ne veux pas faire ta vie avec moi. C’est cela ?

– Non… Oui… Je pense que je ne suis pas fait pour toi. Tu seras malheureuse avec moi, tôt ou tard. Je ne suis pas assez clair sur mes gouts, mes orientations. Je suis comme ça. Je ne peux pas avoir une vie rangée.

– Tu sais qu’une femme ne tombe pas amoureuse d’un homme, mais du père de ses enfants. Mes enfants, je voudrais qu’ils soient de toi. Je veux regarder grandir des petits Sylvain.

– Marianne, ce n’est pas possible.

– Depuis que nous nous sommes rencontrés, je sais que tu n’es pas le bon choix pour moi, que cela tournera mal et que ce sera dur pour moi. Tes gouts, tes orientations, tu n’y peux rien, mais mon amour pour toi, je n’y peux rien !

– Mais notre amour n’est pas concerné. Je tiens trop à toi, je veux te garder dans mon cœur, avec la même force. Seulement, nous ne vivrons pas ensemble, tes enfants ne seront pas de moi. Je les adore déjà ! Je serai leur parrain, à tous !

– Sylvain, n’en rajoute pas. C’est dur ce que tu me dis là. Je t’aime, mais je t’en veux. C’est toi, l’homme de ma vie.

– Sur les milliards d’hommes sur terre, il doit y en avoir la moitié qui vaut mieux que moi. Tu sais, j’ai traité Arnaud dans ma tête de tous les noms et de tous les qualificatifs possibles. Mais je suis sûr que c’était quelqu’un de bien. Je m’en veux. J’ai été jaloux.

– Arnaud est quelqu’un de bien, mais ce n’est pas l’homme de ma vie.

– Marianne…

– Oui, j’ai entendu. La blessure est profonde, je vais pleurer, m’effondrer. Laisse-moi maintenant. Je te garde dans mon cœur, mais il faut que ça passe. Et ça fait mal.

– Je peux te consoler, t’embrasser ?

– Non, pars maintenant, s’il te plait.

Le cœur au bord des lèvres je la quittais. En sortant des jardins, je croisais Camille. Il nous avait suivis. D’une voix cassée, sur une interrogation de ses yeux, je lui dis :

– Va la consoler, elle a besoin d’un ami, d’un vrai !

– Ne t’en fais pas, j’assure le service après-vente. Toi, ça va aller ?

– Bof, je ne me suis jamais senti aussi merdeux.

– Va, mon ami !

J’étais loin de Charly, d’Eugénie, loin de chez moi. J’errai, le nez sur mes chaussures. Soudain, une illumination : Claire. Elle était à Paris, peut-être que… La revoir fut un plaisir. Nous avons retrouvé immédiatement notre complicité. Quand elle vit ma tête, elle comprit que c’était un appel au secours. Je lui défilai toute ma vie depuis la dernière fois que nous nous étions vus, avec la conclusion de ce jour.

– Tu restes fidèle à tes amours de lycée, tu restes fidèle à tes liens affectifs, c’est super !

– Tu trouves ? Pour les malmener ?

– Tu as été franc, c’est la meilleure solution. Marianne est une fille bien, elle va surmonter et tu vas la retrouver, de façon différente, mais vous allez construire autre chose.

– Mais elle, va-t-elle trouver un mec valable qui l’aimera autant que moi ?

– Mais oui, laisse le temps agir. Le plus incroyable là-dedans est le changement de Charly. Raconte-moi !

***

L’avenir se déroula comme elle l’avait prédi. Marianne reste mon amour. Elle a rencontré Florian. J’aime Florian qui prend soin de Marianne. Ils ont deux enfants, dont je suis le parrain.

Camille vit avec Swann, ils se connaissent depuis la fac. Swann est encore plus craquant que Camille. J'envie son petit nez, son fin menton en triangle. Un jour que Charly cherchait un cadeau, sans réfléchir, je lui demandais de me payer une chirurgie esthétique. Il refusa, me trouvant fort à son gout. J’insistais, il accepta. Je montrais une photo de Swann au chirurgien. Il m’interrogea longuement, car cela faisait très féminin. Le changement fut une réussite et, après un moment de confusion, tout le monde s'accorda à me trouver embelli. Personne ne connait mon inspiration.

***

Je partage la vie de Charly, entièrement. Il me dit que, dès sa majorité, il avait rencontré le cabinet qui gère sa fortune, ce que faisait son grand-père auparavant. Trop grande pour lui. Il a acheté un magnifique et immense appartement à Paris. Je supporte son bordel, d’autant qu’il paye plusieurs personnes pour le gérer. Moi, je travaille, ne voulant ni être oisif ni dépendre de lui. J’accepte cependant les vacances grandioses qu’il nous offre. J’apprends la vie de palaces, la vie de riche, tellement facile. Je lui demande alors des choses plus simples. Il s’en fiche, du moment que je suis heureux avec lui.

Lui s’occupe de ses affaires et passe son temps dans les associations qu’il soutient largement, toutes des associations d’aide aux victimes des trafics divers, à l’origine de sa fortune.

Ma vie est infernale avec lui. Il continue son travail sur lui. Il est réconcilié avec sa mère, il l’a pleurée longtemps dans mes bras. Sa petite sœur, il en a retrouvé l’amour du grand frère. Là encore, beaucoup de larmes ont été nécessaires pour accepter. Le plus dur reste son père, avec cette ambivalence d’amour reçu, de chaleur, de modèle, et cette brute sans cœur, responsable du drame. Il attaque, il se prend des coups, mais il finira par terrasser le monstre.

Il replonge régulièrement dans ses comportements insupportables. Je me retiens, puis j’éclate. Je me réfugie chez Camille et Swann ou chez Marianne, pleurer contre ce monstre sans âme. Puis, une fois la crise passée, il me manque tellement que je recours vers lui. Nous nous expliquons, nous promettant de ne plus nous faire du mal. Jusqu’à la crise suivante. Heureusement, leur fréquence baisse, lentement, mais elle baisse !

Je ne comprends toujours pas pourquoi ce garçon, cet homme, m’est indispensable. Je ne sais pas ce qui m’attire chez lui. Je travaille beaucoup sur moi pour découvrir la cause de cette soudure.

Nous sommes collés, inséparables, puis il a une tocade pour un petit minet un soir. De mon côté, pour me détendre, je dois avouer quelques aventures, bien que ma détente préférée soit entre Camille et Swann, mes deux anges.

Ma vie avec Charly s'éloigne doucement et de plus en plus souvent maintenant, je passe mes journées avec Vincent et mes nuits avec Leng.

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