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"Je ne réfute pas l'existence du blanc et du noir, je dis juste que le monde est gris."
Ange A Yine
Ange
Devant ce vieux bâtiment, nous nous entretuons. Pourquoi ? Ça n’a réellement aucune importance. Ce qui compte, c'est que tant qu’on n’en aura pas éliminé les trois-quarts, ils continueront d’essayer de nous tuer. C’est comme ça et pas autrement.
Ndeli à mes côtés, se bat pour deux comme d’habitude. Décidément, peu convaincu, par ma capacité à défendre ma propre vie. Je souris chaque fois qu'il achevait un adversaire pour moi.
Je ne sais pas trop ce qui se passe autour de nous, gagnons-nous ? Perdons-nous ? Tant que mon couteau transperce les chairs, je sais que ce n’est pas encore terminer.
Quand mon couteau a commencé à fendre l’air, il m’a fallu un moment pour comprendre ce qui se passait. J’ai tourné sur moi-même afin de balayer l’horizon. Mes yeux se sont d’abord braqué sur la longue trace d’hommes gris amoncelés les uns sur les autres. Les corps de mes adversaires mourants annonçaient ma trajectoire. On aurait dit qu’ils formaient une longue ligne de sang gris menant jusqu’à moi. Mais au lieu de mon sang, ce seraient plutôt des bouts de mon âme qui aurait suinté durant la bataille. Ensuite, coupant le silence, des cris de victoire me surprirent. Avant que je ne puisse tirer sur l’une de mes nouvelles cibles grise, Ndeli saisit mon poignet, accrochant mon regard de ses yeux gris si perçant. Pour moi, ses yeux avaient le pouvoir de voir l'âme des gens. Peut-être avait-il lui aussi marché sur des bouts de la mienne. C’est alors que je vis ce que mes yeux avaient omis de voir la première fois, au-delà des débris de mon âme. Nos morts à nous. Je fus prise d’un haut-le-cœur lorsqu'il me tira à l’intérieur du bâtiment.
Assise a même le sol, le regard fixer vers le champ, attendant que mon cerveau, de demeurer se décide à faire ‘tilt’ et arrive à la conclusion que je refusais de m’avouer. Les sens toujours en alerte, je sentis peser sur moi un regard insistant. Me retournant, je rencontrais le regard de Ndeli qui affichait cette expression idiote de compassion, et peut être même, d’inquiétude ? Puis avant que je puisse lui dire d’aller se faire foutre, je vis les hommes en gris entrer sans que personne ne leur oppose de résistance, ils ordonnèrent que l’on se regroupe dans le champ.
Alignés en rang de huit, d'un coup d’œil, nous devrions être une quarantaine. Ils n’avaient clairement pas l’air plus nombreux que nous, je ne comprenais toujours pas pourquoi on n’était plus en train de se battre. 5 gris se dirigèrent vers nous et se dispersèrent entre nos rangs. L’un d’entre eux se vint vers moi d’un pas alertent semblant vouloir m’intimider. Ndeli s’interposa entre nous deux. Il saisit mon ami par le col de son t-shirt et le tira hors des rangs, je leur emboîtais le pas. On se retrouva au milieu de la place sous le regard de tous. L’homme se retourna, me dévisagea avec ses yeux de hibou. On se défia du regard pendant quelques secondes encore avant qu’un de ses semblables ne l’interpelle mettant ainsi fin à cette mascarade. Il partit rejoindre ses compagnons, je fis de même. Le regard furibond de Ndeli me fit rigoler. Mon attitude déplace attira l’attention de l’assemblé, je me tins tranquille, j’ai beau faire ma maline, je n’ai aucune envie de mourir.
Debout, je regardais partout, autour de moi, nos ennemis entraient et sortaient du bâtiment, comme dans un moulin, ce lieu qui était notre base pendant ces trois derniers mois. Ils installaient les blessés à l’intérieur du bâtiment sur des brancards.
J’étais assez impressionnée qu’ils se donnent la peine de soigner les blessés vue le massacre qu’ils avaient pris soin d’organiser. Ça ne devait être qu'un test d’intégration. J’aurais dû poser plus de questions sur ce job.
À voir Roger allongé pénard sur ce lit de fortune, mais lit quand même, je l’aurais presque envié, s’il ne tenait pas son bras gauche coincé sous son aisselle droite, et puis sa jambe faisait un drôle d’angle, non finalement debout, je me portais mieux.
Un mouvement attira mon attention, c’était un homme qui s’avançait vers nous, encore, curieuse, je le dévisage des pieds à la tête, court type, claire de peau, et yeux vide, qui n’exprimaient aucune émotion. Le type s’approcha à moins d’un mètre du rang et prit la parole :
- je suis le major Mbouya, nous ne sommes pas des monstres, donc vos blessés seront épargnés, en ce qui vous concerne, pour vous aider à relâcher la pression après cette bataille, nous organiserons des combats, les gagnants seront récompensés comme promis vos vies ne sont pas en danger, il ne s’agit donc pas de combat à mort.
Là, je ne réussis pas à retenir mon rire. Je sentais même une larme d’émotion tenter de se frayer un chemin.
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