Le couple et le génie.
Un bruit sourd à demi étouffé, se fait échapper.
A moitié réveillée et contrariée, la mariée se redressait.
« Est-ce là un pet ? » demandait Orphée toute ébouriffée.
« Hélas non, cela vient du grenier ! » murmurait Timothé.
« Ma foi, emboitons le pas, voir ce qui cause tant de tracas. »
C’est par le bras qu’Orphée traina Timothé là-bas.
« J’ai peur ! » pleurait Timothé. « j’ai l’impression dans mon froc, je vais faire ca-»
« Ca-tastrophe ! s’exclama Orphée. La porte ! Regarde, va !
Celle-ci était dépourvue de ses vis, mal en pis.
“Sapristi ! Quel vil s’en est pris à nous, pauvres démunies ?”
“Qui ? Je ne te suis ! Dans mon froc, je sens que je vais faire pi-”
“Pi-tié ! Je ne suis point vil, mais génie ! Je n’ai point voulu vous pi-”
“Raté, le fou ! Fouille-le mon chou ! Bouge, et on te pend par les cou- ”
“Ouille ! poussa l’époux. Le fou me roue des coups !”
Tout à coup, il tenta le tout pour le tout avec son atout.
En casse-cou, il déjoue ses coups en faisant la roue.
“Jeunes gens, vraiment ! Entendez mes agissements mainte-”
“Nan ! Je sens que tu nous mens, j’en suis absolu-”
“Men-tir, m’emmènerait en enfer ! C’est peu enviant !”
Finalement, les amants ouvrirent les tympans, l’écoutant.
“Vous semblez honnêtes, ne soyez point abjectes !”
“A vos têtes, je vous dis, teste ! Et voyez de vos mirettes !”
“Ce sont des sornettes !” cria-t-elle à tue-tête.
“Faites ! Faites ! Mignonette ! Un vœu et un seul, je vous le répète !”
“Ben tiens, magicien ! Voici le mien ! Qui ne tente, n’a rien !”
“Je sens le purin, cela fait fort lointain, je n’ai plus eu un bon b-
“Hein ? Ne fais point l’épicurien ! Ce vœu ne vaut rien !
“Je suis un vaurien ? Fort bien ma chère ! Quel est le tien ?”
“Le mien ? Magicien ! Je souhaite un chérub- ”
“Hein ? Tu n’es pas bien ? Ce vœu n’est point au point !
“Et mon poing dans ton groin ? Tu en feras tout un foin ?”
“Par Merlin ! Tu en viens aux mains ! Fais gaffe, j’ai un témoin !”
Nerveux, l’ingénieux tenta de marcher sur des œufs,
pendant qu’eux, se foudroyaient des yeux en plein milieu.
“Mieux vaut les laisser en plein débat houleux !”
Ni un, ni deux, le génie s’enfuit à pas de leu.
“Vois ! Lorsqu’elle est aux abois, je suis tout en émoi.”
“Ma foi, à cause de ta réflexion à la noix…”
Leur voix flotta sans réponse sous le toit.
“Quoi ? Il n’est plus là ?” Ils restèrent pantois.
En effet, il s’est envolé ! Sans alerter,
A petits pas, ils quittèrent cet endroit là.
Le mari prit un bain et réfléchit à ce qui a été dit.
“Etait-il génie ou tout simplement fou ? Pourquoi chez nous ?
Sûrement un méchant ! Pourtant ...”
Les mirettes bien ouvertes, avant que ça ne parte dans les oubliettes, il sait qu’il doit faire sa fête.
Des coups de reins, un mal de chien, et “Oin, oin” on l’entendit bien au loin, le chérubin !
Eux, furent heureux, surtout elle qui ne demandait pas mieux !
Quoi ? Et l’autre, là ? Ma foi.. Cette histoire est pour une autre fois !
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