Mon amour,
Si tu m’aimes tu comprendras pourquoi je pars, tu comprendras, je l’espère, toute la peine qui ravage mon cœur et tu te diras sans doute que tu ne pouvais rien et que c’est mieux ainsi. Tu ne souffriras plus je te le promets, mon amour. Nous aurions vécu l’amour que j’aimais nous ne l’aurions vécu mais comprends que maintenant je ne peux plus retenir mes larmes. Je ne peux plus supporter que tu me vois dépérir. Je meurs, mon amour. Et t’aimer m'est devenue trop dur, trop douloureux. Les mots que je couche ici resterons à jamais gravé au fond de mon âme, même quand la tombe me fera prisonnière de la terre. Ils sont la dernière lame qui brisera pour toujours ma raison. Je ne peux plus laisser mon âme défaillante entre tes douces mains. Elles me font trop de bien et trop de mal à la fois pour que je puisse continuer. J’aurais voulu tout t’offrir, te donner tout le bonheur du monde mais je ne pu t’apporter que larmes, jalousie et déshonneur. Et l’honneur d’un homme réside généralement dans le paraître. Ce n’est pas ton cas. Tu souffres trop avec moi.
M’aimes-tu?
Oui?
Donc tu comprendras pourquoi je te pose ici mes derniers mots. Plus jamais je ne parlerai, je n’écrirai, plus jamais je ne penserai. Tu as pansés bon nombre de mes blessures et pourtant de nouvelles apparaissent encore. Mon âme est perdue, tu le sais. Tu n’as plus à avoir peur. Je ne souffrirai plus et toi non plus. Je t’en fais la promesse. Le temps guérira tout je te le jure. Et même s’il ne guéri pas tout à fait ton chagrin, dis toi toujours que celle que tu as tant chéri est heureuse dans la mort et qu’elle a enfin trouvé la paix qu’elle n’a jamais sue avoir. J’ai tant espéré, tant désiré, tant attendu. C’était tout bonnement écrit que je meurs seule. Mon arrogance et mon égoïsme ne te blesserons plus. Le souffle de l’amour douloureux je l’enterrerai sous ma tombe. Plus profond encore que mon corps putride, il sera loin de toi. Je serai ta morte amoureuse. L’histoire ne connaîtra jamais mon nom. Personne n’entendra le nom de Julia Mirelonde dans les salles de classe. Les livres n’existerons pas. Je ne vivrai qu’au travers du vague souvenir que tu auras de moi dans quelques années. Je m’éteindrai avec toi. Mes idées malsaines dans mon crâne, mes idées pures dans le tien. Souviens toi de moi dans ma beauté et non dans ma colère. Oublie tout le reste. Oublie ma haine, ma peine, mes blasphèmes. La poésie du doux amour n’étais pas pour moi. Je fais partie de ses gens réfractaires qui sont morts dès la naissance. Les défaitistes, les pessimistes, n’ont pas droit à l’absolution. Les heureux vivent pourtant moins longtemps. Comme si Dieu avait choisi de faire durer la souffrance des gens souffrants plus de temps. Tu comprends maintenant pourquoi je n’allais pas à l’église avec toi. Non que je n’étais pas croyante, mais parce que je suis une enfant oublié de Dieu et les cieux en sont témoins. Peut-être que quelqu’un m’attend là haut, peut-être aurai-je ma place parmi les morts. Qui sait.
Mes derniers mots, ne les oublies pas, sont pour te dire à quel point je t’aime. A quel point tu m’as grandi. Mais même dans mon dernier adieu je suis égoïste...
Me pardonnes-tu?
Je comprendrai si tu voulais répondre non. Parce que je ne mérite pas le pardon, encore moins que l’on me porte n’importe quelle attention. Je ne mérite même pas la mort. La déchéance de mon âme, la brisure de mes pensées, l’abandon de mon corps ont maudis la beauté. Ils ont bafoué la bonté.
Vas à l’église. Pris pour moi, une dernière fois. Sois une ultime fois mon amour et sois une dernière fois bon avec moi. Pris Dieu de me laisser en paix dans ma mort. J’ai prié pour toi. J’ai demandé ton bonheur, tu mérite de connaître l’amour après moi. Tu mérites tout ce qu’il peut y avoir de beau et de bon sur terre.
A chaque pas que tu feras je serais de l’autre côté du miroir. Tu marchera sur mes mains. Je te soutiendrai dans la vie qui te reviens.
Si quand tu vois cette lettre tu es triste, tu te souviens du malheur, si tu éprouve de la rancœur, si ne vois en moi que la femme brisée, si tu ne vois plus que la morte, brûle la. Acharne toi sur ce plis, déchire le, détruis le. Et si le souvenir de ma chair, de mon visage, et de ma voix te fais mal, détruis la aussi. Si je te fais encore souffrir, détruit moi. Je comprendrai.
Alors j’espère de tout cœur que tu comprendras toi aussi que je ne t’en veux pas. Tu auras fait ce que tu avais à faire. Ma carcasse ne sera que plus légère si je te sais heureux. Et dans la putréfaction qui m’attend je sourirai. Je n’ai plus peur de mourir. J’avais juste trop peur de vivre.
Je t’aime, adieu…
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