« Un jour mon prince viendra
Un jour on s'aimera
Dans son château, heureux
Comme avant
Goûter le bonheur qui nous attend
Quand le printemps un jour
Ranimera l'amour
Les oiseaux chanteront
Les cloches sonneront l'union de nos cœurs un jour »

« Oh, ma bonne fée…

Je voudrais tellement être invitée aux soirées et rencontrer le prince comme mes sœurs !

Tu sais, plus je me regarde, plus je me dis que ma belle-mère a raison de dire à qui veut bien l’entendre que je suis laide. Voilà, je suis laide. C’est un fait.

— Allons, allons, Cendrillon. D’un coup de magie, tout peut s’arranger. Arrête donc de pleurer.

— Est-ce vrai ? Ne dis-tu pas cela simplement pour me rassurer ?

— C’est la stricte vérité, ma future reine. Bon, si on commence maintenant, tu ne sera jamais prête à temps pour la soirée, mais dans six mois il en réorganisera d’autres, je m’en suis assurée.

— Six mois à attendre ? C’est tellement long.

— Il faut souffrir d’un peu d’attente pour être belle.

— D’accord… Et du coup… on commence maint… »

La fée ne lui laisse pas le temps de finir sa phrase.

Elle commence son enchantement.

Bidi bidi bom bom
Bidi bidi bom bom
Bidi bidi bidi bidi bom bom
Bidi bidi bidi bidi bom bom

Un petit coup de scalpel sur le nez,

vite donnez-moi la morphine.

Faisons grossir ses seins et ses fesses,

usons de la liposuccion à toute vitesse !

Bidi bidi bom bom
Bidi bidi bom bom
Bidi bidi bidi bidi bom bom
Bidi bidi bidi bidi bom bom

« J’ai tellement mal ma bonne fée, la douleur m’est insupportable.

— Il faut bien souffrir pour être belle, ma future reine. »

Six mois passent et Cendrillon finit par recommencer à marcher.

La voici, accompagnée de sa bonne fée, faisant toutes les deux les boutiques enchantées.

Bidi bidi bom bom
Bidi bidi bom bom
Bidi bidi bidi bidi bom bom
Bidi bidi bidi bidi bom bom

Louis Vuitton, Chanel, Dior, Valentino !

Louboutin, Jimmy choo, tout y passe !

Maquillage, extensions, faux cils, que rien ne rate !

Bidi bidi bom bom
Bidi bidi bom bom
Bidi bidi bidi bidi bom bom
Bidi bidi bidi bidi bom bom

Le soir même, Cendrillon est déjà parée pour rencontrer le prince.

Elle fait exprès d’arriver en retard comme le lui a conseillé sa gentille fée.

Le charme opère, il la remarque et l’emmène valser.

Ils vont même un peu plus loin, puisqu’il l’emmène dans la chambre à coucher.

Minuit sonne et lui qui était si tendre, la repousse violemment.

« Écoute… C’était sympathique de coucher avec toi, avec tes belles formes.

Mais on va se l’avouer, tu es quand même très idiote.

Pensais-tu vraiment que j’allais finir ma vie avec toi ? »

Cendrillon se met alors à pleurer.

Il la laisse agoniser quelques minutes puis, embarassé, décide de la réconforter.

« Mais si tu veux…

Je veux dire…

On s’est bien amusé, pas vrai ? »

Les yeux regardant ses pieds, elle hoche la tête.

« Si tu veux, tu peux devenir ma maîtresse. »

La pendule résonne une seconde fois.

« Ah, tu m’excuseras. Il y a ma femme, Belle, qui ne va pas tarder.

Je ne sais pas si tu la connais.

Enfin je n’espère pas que tu la connaisses.

N’oublie pas, c’est notre secret.

Ah ! Et casse-toi rapidement, merci. »

Il ne manqua point dans un ultime geste de grâce de lui balancer sa chaussure en verre dans l’escalier. Quel homme bienveillant, ce prince Henri !

Ainsi, Cendrillon passa le restant de ses jours à ne tomber que sur des hommes voulant lui faire l’amour sans jamais vouloir la posséder.

Rentrant régulièrement en pleurs chez elle, une chaussure à la main, s’agenouillant et implorant la bonne fée.

Et en guise de réponse, un éclat de rire sarcastique lui répondait :

« Il faut bien souffrir pour être belle, ma reine. »

Au niveau de la moralité : Il y en a-t-il vraiment une ?

Que tu sois issue d'un enchantement, ou belle naturellement.

Que tu sois cultivée ou grande savante.

Princes à l'allure charmante ne riment pas nécessairement avec mentalité parfaite.