V. La petite sirène

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« Bien loin dans la mer, l’eau est bleue comme les feuilles des bluets, pure comme le verre le plus transparent, mais si profonde qu’il serait inutile d’y jeter l’ancre, et qu’il faudrait y entasser une quantité infinie de tours d’églises les unes sur les autres pour mesurer la distance du fond à la surface.

C’est là que demeure le peuple de la mer. Mais n’allez pas croire que ce fond se compose seulement de sable blanc ; non, il y croît des plantes et des arbres bizarres, et si souples, que le moindre mouvement de l’eau les fait s’agiter comme s’ils étaient vivants. Tous les poissons, grands et petits, vont et viennent entre les branches comme les oiseaux dans l’air. À l’endroit le plus profond se trouve le château du roi de la mer, dont les murs sont de corail, les fenêtres de bel ambre jaune, et le toit de coquillages qui s’ouvrent et se ferment pour recevoir l’eau ou pour la rejeter. Chacun de ces coquillages renferme des perles brillantes dont la moindre ferait honneur à la couronne d’une reine.

Depuis plusieurs années le roi de la mer était veuf, et sa vieille mère dirigeait sa maison. C’était une femme spirituelle, mais si fière de son rang, qu’elle portait douze huîtres à sa queue tandis que les autres grands personnages n’en portaient que six. Elle méritait des éloges pour les soins qu’elle prodiguait à ses six petites filles, toutes princesses charmantes. Cependant la plus jeune était plus belle encore que les autres ; elle avait la peau douce et diaphane comme une feuille de rose, les yeux bleus comme un lac profond ; mais elle n’avait pas de pieds : ainsi que ses sœurs, son corps se terminait par une queue de poisson. »

Il était une fois… Une petite sirène qui aimait la beauté du monde.

Si vous saviez à quel point elle idéalisait les êtres humains.

Elle nage, elle tourne comme une tornade sur elle-même.

Les larmes aux yeux elle remercie la terre d’être née.

Elle remercie les océans, les mers, les lacs, les rivières.

Des poissons par milliers valsent avec elle.

Les yeux clos, elle continue encore et encore sa danse endiablée.

Elle voudrait que cette utopie ne s’arrête jamais.

Essoufflée, elle rouvre les yeux.

Des poissons par milliers morts autour d’elle.

Des sacs plastiques poisseux lui collent à la peau.

Des requins sans aileron gisent sur le sol.

À la surface de l’eau, elle perçoit une ombre géante.

Elle ne peut plus tournoyer, car un filet l’encercle dorénavant.

Si vous saviez à quel point...

Elle apprit à ses dépends la cruauté des êtres humains.

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