On me met au défi d'écrire un texte utilisant les mots de la Marseillaise. C'est intéressant, et je me demande ce que penserait Rouget de Lisle en lisant ce qui va suivre.

Cet hymne guerrier à la gloire de la patrie ne me plait guère. D'ailleurs le terme patrie lui-même ne me convient pas. C'est un terme trop militaire, qui siet mieux dans la bouche des soldats, qu'ils soient féroces ou non.

C'est au son de ce chant guerrier qu'ont été menées bien des campagnes, que des bataillons ont fait couler le sang. Regardez ces soldats, fiers sous leur étendard sanglant. S'ils le décidaient, ils leur suffirait d'utiliser leurs armes pour instaurer une tyrannie.

Nous, citoyens, n'utilisons pas ce terme militaire, préférons lui simplement ce mot simple et concis: "pays".

Nous prêtons chaque jour nos cerveaux et nos bras à parfaire ce pays. Restons paisiblement dans nos villes et nos campagnes, vivons notre vie sans nous soucier d'égorger notre voisin car il est différent ou qu'il a passé la sacro-sainte frontière.

Rouget de Lisle n'aime certainement pas ce que je fais de ses mots si célèbres. Mais pourtant je vous assure, que si quelqu'un venait à attaquer vos fils ou vos compagnes je me dresserai à vos côtés. En attendant de devoir peut-être un jour faire couler le sang, je vais cesser de faire couler l'encre et retourner à mon jardin y creuser des sillons dans lesquels bientôt la vie grandira.