La Lecture

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Il y a peut-être une plus grande chasteté encore à provoquer son désir qu'à simplement se refuser à lui. (Attention, poème érotique et pornographique)

Je voudrais que tu sois allongée sur le lit,
Nue ; je voudrais que tu sois sur le ventre aussi ;
Je voudrais que tu aies un oreiller sous toi :
Ce serait un autel pour ton offrande à moi ;
Tu me tournerais le dos comme une inconnue
– C'est ce qu'il resterait de ta pudeur vaincue –
Et moi j'arriverais comme un diable attendu,
Toute ma volonté concentrée sur ton cul ;
J'apporterais la cerise sur ton gateau,
Un livre que, coquine, tu lirais tout haut,
Un livre déshonnête, un livre licencieux,
Un équivoque livre, un livre audacieux ;
Un livre cependant écrit dans un beau style,
Les phrases bien formées étant bien mieux habiles,
Comme sont les belles courbes en général.
Je te le donnerais comme au confessionnal
On donne parfois à réciter des prières ;
Tu te dresserais sur tes coudes, volontaire,
Dans un mouvement naïf, sérieux et sublime,
Et tu commencerais cette lecture intime,
Le dos plein de cambrure et la voix toute blanche.
Cela se passerait peut-être un beau dimanche,
Je viendrais m'installer au-dessous de tes hanches,
Tes fesses rebondies bordées par mes deux cuisses,
Et le sexe dressé aussi fort que je puisse
Dans l'axe de ton corps condamné à s'ouvrir ;
Je ferais sur ta peau la route du désir
Avec mes mains, tes épaules, ta nuque, je
Descendrais le long de ta colonne dans le
Creux de tes reins – où je voudrais pouvoir rester,
Comme à une oasis pendant la traversée
Du désert – je voudrais m'aventurer aussi
Dans l'envers de ton corps, par les contours précis
De ton buste, vers la naissance de tes seins ;
Je m'émerveillerais du berceau de mes mains ;
Ces deux seins bien fermes comme des oeufs fermiers,
Il s'y tiendraient comme dans deux beaux coquetiers ;
Je sentirais ta voix visitée d'un sourire,
J'aurais envie alors de commencer à lire
Ce livre de ton corps qui parle d'autre chose,
De certaines langueurs que parfois je lui cause ;
Ce serait le moment de passer à l'action
Et de donner enfin quelque coup d'éperons
À l'indolent cheval qui bien trop se complaît
Dans la majesté de sa croupe ; j'agirais.
Après avoir un moment plaisanté tes lèvres
Avec mon gland, je donnerais cours à ma fièvre.
Je te pénètrerais en t'écartant les fesses,
Tu te tairais soudain, je croirais que tu dresses
La tête comme si j'avais eu un levier ;
Tu reprendrais d'une lecture de brasier
Cette pornographie qui ne fait de quartier ;
Je polissonnerais dans ton sexe mouillé,
Je m'encanaillerais dans ton con tout entier
Comme sous la dictée. Je planterais mes poings
De part et d'autre de ton corps, je prendrais soin
D'écarter mes deux jambes au-dessus des tiennes,
Jointes, pour que, serré, mon sexe mieux y vienne ;
Tu jouirais un instant de la seule promesse
Que je serais en train de faire entre tes fesses :
Je me tiendrais au-dessus de toi, te touchant
Seulement de mon vit, c'est-à-dire au-dedans.
Le temps se suspendrait, tout tenu en haleine
Par l'imminence de notre intimité pleine.
Dans ta manière de lire (comment d'ailleurs,
En es-tu capable encore, ange travailleur ?)
J'entendrais l'espérance et le pressentiment,
La prière muette et le renoncement,
Et mon sexe viendrait comme un doigt sur tes lèvres
Faire dans ce beau trouble un pur travail d'orfèvre ;
Je m'engagerais très légèrement d'abord,
Et me retirerais sans disjoindre nos corps ;
Je ferais plusieurs fois ce coulissement pur,
Comme pour étudier sous toutes les coutures
La sensation divine et discrète à la fois
De mon sexe jouant à l'intérieur de toi.
Ce serait comme si je voulais esquisser
Un croquis du plaisir que tu m'aurais donné
Sur l'envers de ton ventre ; et je n'y tiendrais plus,
Soudain je donnerais un coup contre ton cul,
Tu aurais un râle de plaisir, de surprise,
Tu serais toute retournée d'être ainsi prise,
Je donnerais un coup encore, et puis encore,
Et je m'emporterais, je te baiserais fort,
Je te pilonnerais, je t'approfondirais,
Tu lâcherais le livre et tu t'effondrerais
Face contre le lit, la bouche grande ouverte ;
Je claquerais ces fesses qui seraient offertes,
Je te terrasserais, tu aurais des sursauts
Des frissons le feu tu me dirais de ces mots
Oh oui vas-y prends-moi vas-y défonce-moi
Oh putain c'est trop bon vas-y défonce-moi
Et je te ferais jouir et tu mordrais les draps ;
Moi je fatiguerais de tout ce beau combat,
Ton cul se révélant forteresse imprenable,
Brisant de haute mer, absolu, incassable.
Tu te retournerais sous moi comme une plage,
Je reverrais enfin la fleur de ton visage,
Tes cheveux longs et noirs, tes seins, ton ventre, et puis
La très chère toison qui est comme une nuit
Où je suis seul à savoir mettre des étoiles ;
Tu souris, tu me prends dans ta main, et dévoiles
Dans ta nuit et ton ciel les constellations
Qui marqueraient la fin de nos tribulations.
Je m'étendrais près de toi sur le lit, comblé,
Ne voulant plus rien d'autre qu'être à tes côtés
Au merveilleux désert qu'on fait avec l'amour,
Où cessent un moment les travaux et les jours.

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